Hum, j'ai un peu honte sur ce coup-là. J'avais promis de poster cet OS il y a des semaines et des semaines mais je n'arrivais pas à le finir, et maintenant que c'est fait je me rends compte qu'il est super court donc je n'ai pas vraiment d'excuse
Voilà donc la bête^^
Bonne lecture
ooOoo
Charles Xavier était allongé sur son lit, dans l’obscurité toute relative de sa chambre, occupé, comme chaque fois qu’il était seul, à ressasser nombre de choses. Et comme toujours dans ces moments-là, c’était principalement vers une seule personne qu’étaient tournées ses pensées. Erik. Toujours Erik, parce qu’il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour lui en permanence alors même que son compagnon l’avait fui des mois plus tôt, mettant entre eux le plus de distance possible. Charles avait su dès le début que cela finirait ainsi, ils étaient bien trop différents, avaient des points de vue trop opposés pour demeurer des alliés. Et pour cela il ressentait de la peine pour Erik. Cet homme qui avait passé près de vingt ans seul, à préparer sa vengeance. A présent qu’il l’avait obtenue, il était parti retrouver sa solitude. Parce qu’il ne pouvait être heureux ainsi. Qu’il soit inquiet pour l’avenir des mutants soit, cela Charles pouvait le comprendre même si lui n’était pas du même avis, mais de cette volonté de lutte perpétuelle contre les humains ne sortirait jamais rien de bon. Et Erik ne trouverait jamais la paix qui lui avait toujours tant fait défaut.
Charles avait tenté de lui offrir un semblant de stabilité durant les quelques semaines qu’avaient duré leur collaboration, il avait essayé de lui apprendre que la violence ne résolvait pas tout, que la rage et la colère ne devaient pas être permanentes, mas il avait échoué. Au début Erik s’était montré réceptif, alors le jeune professeur avait espéré plus fort. En vain. Et finalement il comprenait. Lors de ses rares insertions dans l’esprit de son ami, il avait lu tant de souffrance, de peine, de peur aussi… Tous ces sentiments qu’Erik tentait de dissimuler alors même qu’ils le détruisaient peu à peu.
Le professeur ne put retenir un grand sourire lorsqu’il entendit la porte de sa chambre s’ouvrir. Cela faisait suffisamment longtemps qu’il n’avait eu de visite nocturne pour qu’il se prenne à espérer que ce serait pour ce soir. Il avait eu raison manifestement. Il vit la silhouette traverser rapidement la pièce puis venir s’installer à ses côtés sur le matelas. Lui-même tenta de s’installer un peu mieux, maudissant une énième fois ses jambes inertes.
« - Bonsoir Charles, souffla l’homme d’une voix douce.
- Bonsoir Erik.
- Chaque fois que je viens, j’avoue m’attendre à un comité d’accueil en bonne et due forme. C’est à croire que tu perds tes réflexes.
- Je ne suis pas dupe Erik, qui que je mette sur ta route je sais bien qu’il ne pourrait faire le poids. Je ne vois pas l’intérêt de risquer inutilement des vies.
- Sage décision mon ami, sourit Lensherr.
- Ce que j’ai perdu en mobilité j’ai dû le gagner en sagesse, plaisanta Xavier. »
Mais comme à chaque fois lorsqu’il tentait un trait d’esprit sur son handicap, cela ne faisait que jeter un froid. Erik culpabilisait suite à l’évènement qui avait privé son ami de l’usage de ses jambes, Charles n’avait jamais eu à fouiller son esprit pour le savoir. Heureusement, il n’était pas au courant de tous les détails de l’affaire, pensa amèrement le professeur, bien décidé à emporter ce dernier détail dans sa tombe pour ne pas affliger davantage ce compagnon, dont la souffrance était déjà bien trop pour un seul homme, fut-il doté de capacités aussi extraordinaires.
Les médecins qui avaient soigné Charles après sa blessure sur cette plage, ignorants tout des pouvoirs de celui qui se faisait désormais appeler Magneto, n’avaient jamais compris comment la balle responsable de tout ce gâchis avait quitté la blessure. Mais ce qu’ils savaient en revanche et n’avaient pas caché à leur patient c’était l’origine de la paralysie. Et c’était justement cela que Charles ne voulait pas qu’Erik apprenne. En entrant, la balle n’avait que des dégâts minimes, en ressortant en revanche, elle avait provoqué des blessures plus graves encore. Endommageant irrémédiablement la moelle épinière. Erik, sous l’impulsion du moment, avait voulu bien faire, avait voulu réparer son erreur, fonçant tête baissée en faisant alors preuve d’une humanité avec laquelle il ne semblait plus s’embarrasser désormais. S’il avait su la vérité, Charles craignait que cela ne le transforme davantage en ce monstre dont il était si proche par moment.
« - Tu n’as jamais été drôle Charles, déclara Erik.
- Je n’en ai jamais eu la prétention. »
Charles aimait cela. Cette complicité simple et désarmante qui les avait unis dès leur rencontre malgré leurs différences, à moins que cela n’ait été justement grâce à elles. Cette proximité faite sur de banals petits détails de la vie courante.
En fait, Charles aimait Erik, même s’il lui avait fallu longtemps pour l’admettre. Et il savait qu’Erik l’aimait également, pour cela il n’avait pas eu besoin de fouiller son esprit. Pour autant, ils n’en avaient jamais parlé. Ah quoi bon ? Aborder ces sentiments n’aurait été qu’une souffrance supplémentaire là où il y en avait déjà tellement eu. Inutile, superflu. Comme tant de choses entre eux.
Serrant davantage son compagnon entre ses bras, Lensherr inspira profondément, s’imprégnant de son odeur, celle qui lui manquait tant quand il quittait ensuite le manoir. L’exil n’était pas facile et c’était toujours plus dur encore après l’une de ces rencontres. Charles et lui avaient eu si peu de temps que c’était injuste qu’ils soient ainsi condamnés à ne plus que se croiser.
Tandis que sa main se promenait sur le torse de l’autre homme, une question, la même que d’habitude dans ces moments-là, l’obsédait totalement. Question qu’il ne s’était jamais résolu à poser au principal intéressé. Et comme Charles avait promis de ne plus utiliser sa capacité avec lui, cela restait un non-dit supplémentaire entre eux.
Erik se demandait effectivement si Charles, lorsqu’il avait été privé de l’usage de ses jambes avait également perdu l’usage d’une partie plus intime de son corps. Ou alors était-il encore capable d’honorer quelques beaux spécimens fraîchement arrivés dans cette nouvelle école ? Cette dernière pensée éveillait systématiquement chez lui la morsure perverse de la jalousie. C’était cruel et très certainement égoïste de sa part, mais imaginer qu’il avait pu être le dernier à partager pareil moment d’intimité avec lui l’emplissait d’une joie sourde quoi que tout à fait malvenue.
Parce que les deux hommes avaient eu une nuit, une seule. Unique, ce qui ne la rendait que plus inestimable. Et ironiquement c’était justement la veille de leur séparation. Raven l’attendait dans sa chambre ce soir-là, désirant sans nul doute s’offrir à lui, mais après un baiser, pourtant d’une passion indéniable, il avait préféré fuir. Puis après l’accrochage qui avait suivi entre la jeune femme et son frère, les deux hommes s’étaient retrouvés dans la bibliothèque avant finalement déchouer dans la chambre du télépathe.
Une seule nuit et depuis lors Erik n’avait plus eu personne d’autre. Il ne voulait plus personne, dut-il vivre encore une centaine d’années. Alors imaginer qu’il en était de même pour l’autre homme l’arrangeait bien, l’empêchant toujours à la dernière seconde de poser la fameuse question.
Erik donna quelques nouvelles de Raven, Charles aimant s’assurer qu’elle allait bien, puis ils parlèrent de tout et de rien. Eviter les sujets sérieux, réellement importants, était devenu leur sport favori et ils étaient plutôt bons à feindre que tout était pour le mieux.
Et l’heure tournant inexorablement, le manipulateur de métal estima qu’il était grand temps pour lui de s’éclipser discrètement. Il n’aurait pas fallu que qui que ce soit ne le surprenne à errer dans le coin.
Il embrassa brièvement Charles puis quitta la pièce sans un regard en arrière, parce que c’était toujours plus facile ainsi. Et pour les quelques semaines à venir, quoi que bien entourés par leurs alliés respectifs, ils seraient à nouveau seuls, désespérément seuls. C’était seulement trop rarement blottis l’un contre l’autre qu’ils se sentaient réellement entiers.
THE END.