Allez, je me lance. J'avais besoin d'écrire ces mots depuis que j'ai vu le film donc voilà
C'est très court, rien de bien transcendant, mais il fallait que ça sorte ainsi.
Bonne lecture
ooOoo
Athos avait quitté précipitamment la pièce, et sa colère était presque immédiatement retombée. A présent debout devant la petite fenêtre du couloir, il s’en voulait presque pour avoir tenu pareils propos. Milady ne valait pas une telle réaction et concernant ses conseils à D’Artagnan… Ce n’était encore qu’un gosse, il avait le droit de conserver ses rêves naïfs concernant les femmes, il aurait tout le temps ensuite de faire ses propres erreurs. Ça forgeait le caractère après tout. Quoi que pas toujours de la bonne façon le concernant.
Il esquissa ce qui ressemblait davantage à une grimace qu’à un sourire en voyant Aramis, l’air préoccupé, venir vers lui. Le mousquetaire s’arrêta à quelques pas de lui et le fixa avec attention, restant silencieux un moment.
« - Comment va le gamin ? s’enquit finalement Athos.
- Il te prend pour ce que tu es, quelqu’un de bourru et borné.
- Il n’a pas tort. »
L’autre homme acquiesça avec un petit rire sans joie.
« - Cela fait un an mon ami, il serait peut-être temps de passer à autre chose, ne crois-tu pas ?
- Elle m’a brisé le cœur, souffla Athos. »
C’était la première fois qu’il le reconnaissait à voix haute, la première fois même qu’il se l’avouait à lui-même et étrangement cela faisait du bien.
Son ami lui adressa un regard compréhensif et leva le bras, posant sa main sur sa joue en une caresse tendre. Athos, appréciant le contact, esquissa un sourire empreint de mélancolie.
« - Tu te souviens de ce que tu m’as dit ce soir-là ? chuchota-t-il. »
L’autre homme hocha la tête. Nul besoin d’être plus précis, ils savaient parfaitement de quelle soirée il s’agissait. Celle-là même qui avait changé tellement de choses entre eux.
« - Eh bien tu avais raison, reprit Athos. T’aimer aurait été bien plus simple.
- Mais…, souffla Aramis avec un défaitisme évident.
- Mais je n’y arrive pas. »
Son ami haussa les épaules de dépit. Il s’y était attendu, c’était déjà en substance la même réponse que celle obtenue cette fois-là quand lui-même avait avoué son amour. Et finalement ce n’était peut-être pas plus mal. Assumer ce sentiment au quotidien n’était pas été chose aisée et n’était très certainement pas compatible avec sa propre foi. Athos lui facilitait la tâche finalement par ce déni.
« - Je le voudrais vraiment, mas je n’y arrive pas. »
Aramis hocha doucement la tête tandis qu’un sourire triste naissait sur ses lèvres. Une nuit quelques mois plus tôt, alors qu’ils bavardaient tranquillement de ces sentiments qui les séparaient tout en les rapprochant tellement, les choses s’étaient accélérées et ils avaient échangé baisers enfiévrés et caresses passionnées, puis ils avaient bien failli se donner l’un à l’autre. Pourtant ils avaient cessé au dernier moment, de l’initiative autant de l’un que de l’autre. Aramis ne le regrettait pas. Ils n’étaient pas prêts à ce moment là, ne le seraient probablement jamais et ce n’était finalement qu’un mal pour un bien. Ne pas souiller leur lien par l’acte physique ne faisait que donner plus de force à leur attraction respective. Leur relation n’en était que plus spéciale, unique.
Après un bref regard échangé, Athos prit l’initiative de déposer un baiser chaste sur les lèvres de son compagnon avant de se blottir tout contre lui. L’étreinte fut douce, d’une tendresse rare, l’un en profitant pour tenter de guérir son cœur brisé, l’autre de se convaincre qu’agir ainsi était la meilleure chose à faire. Et tant pis si la frustration demeurait.
« - Je t’aime, ne put retenir Aramis contre l’oreille de son camarade. »
Celui-ci se contenta d’acquiescer, tout en se demandant comment son cœur parvenait à gérer simultanément deux sentiments aussi contradictoires que cette détresse qui lui faisait mal et ce bonheur qui semblait l’illuminer. Apparemment rien dans sa vie n’était simple, et pourtant il ne l’aurait échangée pour rien au monde.
« - Un jour peut-être…, souffla-t-il presque malgré lui.
- Peut-être un jour, répéta Aramis. »
Ou pas. Qu’importe. Cela ne voulait plus dire grand-chose.
Ils se séparèrent en entendant du bruit à proximité. Une porte qui s’ouvre, les éclats de voix de Portos, le rire de D’Artagnan… Envers et contre tout la vie continuait, même si parfois cela leur apparaissait être une épreuve plus qu’autre chose.
THE END.