En re-regardant quelques films avec RDJ récemment, je me suis rendue compte d'une chose: depuis que j'ai vu
Sherlock Holmes, je n'arrive plus à l'imaginer hétéro dans quelque film que ce soit. Devant
Zodiac, puisque j'étais en mode slash (ce qui est mon état permanent en ce moment
) j'ai réalisé que Rob et Jake Gyllenhaal pouvaient faire un couple tout à fait crédible et tout à fait bavant, d'autant à mon sens leurs deux personnages sont totalement PDE dans certaines scènes.
Alors je ne sais pas si cette fic va intéresser grand monde, mais tant pis, moi je me suis beaucoup amusée à l'écrire
Bonne lecture
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Alors que la clarté du soleil levant inondait la chambre, Robert ouvrit les yeux en grognant avant de décider que les garder fermés serait certainement plus judicieux. Il avait la sensation que sa tête allait exploser tant elle lui faisait mal. Bien qu’il n’ait aucun souvenir de la veille, il ne doutait pas un instant que sa consommation d’alcool avait dû être pour le moins excessive. Impressionnant comme son image de parfait boy-scout en avait pris un coup depuis qu’il était devenu ami avec Paul Avery. Ce genre de réveils, aussi douloureux que dégradants, le faisait presque regretter l’époque où il ne fréquentait personne au bureau. Et pourtant, Avery avait une personnalité tellement exubérante, fascinante, que malgré touts ses bonnes résolutions, il le suivait à chaque fois dans ses soirées d’ivrogne.
Rouvrant précautionneusement les yeux, il se tourna vers le côté en grimaçant afin d’apercevoir son réveil. Mais un détail attira son regard avant. De l’autre côté du lit, les draps étaient froissés, l’oreiller aplati... Quelqu’un avait dormi avec lui dans ce lit, pas besoin d’être Sherlock Holmes pour s’en apercevoir. Ainsi, en plus d’accompagner Paul dans des bars pour certains particulièrement sordides, voilà qu’il ne trouvait rien de mieux à faire que de ramener de la compagnie à la maison. Compagnie qui était très certainement tout aussi sordide que les lieux où il l’avait trouvée. Pathétique. Il était devenu pathétique.
Malgré la gueule du bois du siècle et ses difficultés à se concentrer, Robert parvint néanmoins à prendre une décision, et non des moindres. C’en était fini de ses soirées avec Paul. Définitivement !
Le seul point positif dans l’histoire c’était que sa conquête n’était pas du genre collant puisqu’elle était déjà partie. Cela lui évitait de devoir la mettre dehors. Encore que, étant donné sa mémoire défaillante, il n’aurait pas été contre l’apercevoir ce matin… Oui, décidément, il se devait de prendre les mesures adéquates avant que sa vie ne devienne aussi sordide que celle de son ami.
Fort de cette décision, et puisque l’excès d’alcool se faisait encore un peu trop sentir dans son organisme, il se rallongea, bien décidé à dormir encore quelques heures. Pourtant, alors qu’il s’était approché du milieu du lit en s’allongeant, une odeur pour le moins atypique s’était fait sentir. Suffisamment atypique en tout cas pour le sortir brusquement de sa torpeur. Cette odeur qui n’était pas la sienne n’était pas non plus celle d’une femme. Tabac, eau de toilette typiquement masculine, discrète effluve musquée de sueur…
En fait, ces senteurs ne lui faisaient penser qu’à une seule personne.
« - Impossible ! s’écria-t-il en se redressant vivement. »
Où alors s’il avait dormi là c’est en tout bien tout honneur, le temps de cuver son vin. Tout à ses réflexions, Robert occulta bien vite l’existence d’un canapé parfaitement confortable et à même de remplir ce genre de fonctions dans le salon. Secouant la tête pour tenter d’y voir un peu plus clair et raviver les souvenirs de cette soirée qui s’avérait finalement plus mystérieuse que prévue, Robert en était là, plongé dans ses pensées, lorsque Paul fit son apparition dans la pièce.
Levant les yeux vers lui, Robert sursauta en découvrant le spectacle qui lui faisait face. Alors qu’un peu plus tôt il avait émis le souhait de voir qui avait partagé son lit, à présent il voyait, et probablement plus qu’il n’aurait voulu pour le coup. Une éternelle cigarette au coin des lèvres, un verre à la main, Paul se tenait à présent nonchalamment debout au pied du lit, et totalement nu. Déglutissant avec difficulté, Robert se passa une main tremblante dans les cheveux. Bon sang, mais qu’est-ce qu’il avait fait ?
« - Enfin réveillé Bobby ? lança gaiement le journaliste en s’asseyant au bord du lit.
- Euh… oui, répondit Robert, pas vraiment sûr de lui. »
Peut-être qu’avec un peu de chance il allait bientôt découvrir qu’il était en plein cauchemar.
Paul lui tendit le verre qu’il tenait.
« - Tiens, bois ça, ça te fera du bien.
- C’est quoi ? interrogea le dessinateur en prenant machinalement l’objet.
- Aspirine. J’ai fait une descente dans ton armoire à pharmacie.
- Merci. »
Robert avala le contenu d’un trait avant de grimacer puis laissa son regard s’égarer sur le corps de l’autre homme, qui s’exposait sans la moindre pudeur. Il prit alors conscience de sa propre nudité et remonta le drap aussi haut qu’il le pouvait sur son torse.
Paul, qui ne semblait pas s’être rendu compte des tourments de son ami, se pencha vers la table de chevet et laissa tomber sa cigarette dans le verre qui trônait là, où elle atterrit dans un fond de whisky. Il s’approcha ensuite davantage de Robert, un sourire clairement coquin sur les lèvres. Comprenant ce que cela signifiait, Robert recula autant qu’il le put.
« - Bobby ?
- Ecoute Paul, j’ai… euh… En fait je n’ai pas vraiment de souvenirs très clairs de la nuit dernière. »
Paul, pas plus perturbé que cela, éclata de rire.
« - Je devrais m’en vexer étant donné les circonstances, mais vu la quantité d’alcool que nous avons ingurgitée je n’en suis pas vraiment étonné. »
Robert hocha la tête. Concernant l’alcool, il n’avait eu aucun doute. Ce n’était évidemment pas cette partie des évènements qui le taraudait.
« - En fait, quand j’ai dit pas de souvenirs très clairs, je voulais plutôt dire pas de souvenirs du tout. Est-ce que toi et moi on a… »
Paul se laissa tomber en arrière sur le lit, poussant un soupir faussement affecté
« - Je pensais pourtant être parvenu à te laisser un souvenir un peu plus impérissable que ça.
- Alors on l’a vraiment fait ? insista Robert.
- Oh oui. Et sur le moment tu semblais avoir vraiment apprécié. »
Robert ferma les yeux en soupirant. Passé le choc initial, il devait avouer n’être nullement choqué par la découverte de ce qu’il s’était passé entre lui et Paul, même s'il ne s’était jamais douté que les choses pourraient évoluer de cette façon entre eux. D’ailleurs, concernant Paul ce n’était pas vraiment une surprise. Bien que marié, le journaliste n’avait jamais dissimulé son attirance pour le sexe fort. Cette image de bisexuel excentrique ne le gênait pas le moins du moins du monde, mais après tout il semblait capable d’assumer absolument tout. Robert en revanche n’avait jamais franchi la moindre limite. Même sa première gueule de bois ne remontait qu’à quelques mois, alors une liaison homosexuelle semblait un peu incongrue dans sa vie si bien rangée. Il n’avait même pas le souvenir d’avoir déjà ressenti la moindre attirance pour quelque homme que ce soit. A croire que l’alcool était parvenu à mettre à jour une partie bien enfouie de lui-même, mais qui semblait pourtant bien exister puisqu’il en était arrivé là.
Durant cet instant d’introspection de la part du dessinateur, Paul s’était redressé et le fixait avec intérêt. Après être finalement parvenu à l’attirer dans ses bras après plusieurs semaines d’un rapprochement stratégique, ce petit incident de parcours ne lui apparaissait pas bien insurmontable, s’avérant même plutôt être un défi enthousiasmant à relever. Décidant qu’un peu de culot ne serait pas de trop face à la soudaine réserve de son ami, il se rapprocha de lui et posa ses lèvres sur les siennes.
Etonné, Robert ouvrit brusquement les yeux, mais ne rompit pas le baiser pour autant. Paul avait un goût de cigarette, mais ce qui frappa surtout le jeune homme c’était la douceur indéniable de l’échange. Refermant finalement les yeux en soupirant d’aise, il accepta volontiers les bras qui l’entourèrent et entrouvrit les lèvres tandis qu’enfin des images de la veille lui venaient à l’esprit.
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12 heures plus tôt.
Lâchant son crayon, Robert s’étira en baillant avant de se frotter les yeux. Dire qu’il était épuisé était un euphémisme, il tombait tout bonnement de sommeil. Cette histoire de Zodiac, ces messages codés, ces recherches qu’il menait en toute discrétion, lui prenaient énormément de temps et son travail s’en faisait souvent ressentir, aussi faisait-il de plus en plus régulièrement des heures supplémentaires pour rattraper son retard.
Jetant un regard sur sa montre, il réalisa qu’il était près de vingt-et-une heures. Pas étonnant qu’il se sente si las. Il remarqua alors que la pièce était vide, mis à part Paul bien évidemment, qui, installé à son bureau, tapait avec frénésie sur sa machine à écrire. Rien d’exceptionnel là-dedans, Paul donnait bien souvent l’impression de vivre ici.
Robert se leva et alla le rejoindre, s’asseyant sur son bureau, comme il le faisait bien souvent.
« - Robert ? Encore là ? s’étonna le journaliste. »
Comme toujours, plongé dans son travail, il avait perdu tout contact avec ce qui se passait autour de lui.
« - Comme tu le vois, sourit le jeune homme. Mais je vais rentrer. Tu devrais faire de même, tu ne crois pas ?
- Probablement, répondit évasivement Paul. »
Il retira ses lunettes, cala une cigarette au coin de ses lèvres et fixa son ami d’un regard mystérieux tout en allumant son briquet.
« - Robert ?
- Oui Paul ?
- On va boire un verre ? »
Tandis que Graysmith pesait le pour et le contre de cette proposition, Paul alluma sa cigarette et inhala avec délectation la fumée. Robert, qui quelques minutes plus tôt ne rêvait que de rentrer chez lui, hocha finalement la tête. Ses sorties avec Paul étaient toujours tellement intéressantes qu’il était difficile pour lui de lui refuser quoi que ce soit.
« - D’accord, allons-y.
- Bien ! »
Comme c’était à prévoir, le verre se transforma en davantage et lorsque les deux hommes quittèrent le Mortiz quelques heures plus tard, Robert, qui n’avait pas les habitudes éthyliques de son ami, tenait à peine debout. En parfait gentleman, et puisque lui-même, malgré une consommation d’alcool ingurgité plus importante, n’en ressentait que très peu les effets, Paul décida qu’il serait plus prudent de raccompagner son ami jusqu’à chez lui. Ce qu’il fit sans la moindre arrière pensée, même si lui et Robert seuls dans la maison de ce dernier en pleine nuit était quelque chose qui lui avait souvent traversé l’esprit.
Arrivé à destination, le journaliste accepta avec plaisir la proposition du jeune homme d’entrer boire un dernier verre. Les deux hommes se retrouvèrent donc installés côte à côte sur le petit canapé, chacun un verre de whisky, que Paul avait été étonnée de trouver ici, à la main.
Robert, que l’abus d’alcool rendait décidément bien euphorique, aborda nombre de sujets aussi divers que variés, laissant à peine à son ami le loisir de placer un mot de temps en temps. Et soudain, le dessinateur sembla retrouver subitement son sérieux. Se tournant vers Paul, il planta son regard brûlant dans le sien.
« - Paul, dis-moi, est-ce que tu l’as déjà fait avec d’autres hommes ? »
L’interpellé, un peu pris de cours par une telle question, se demanda si cette conversation était vraiment en train d’avoir lieu ou s’il s’agissait plus probablement d’un effet de son imagination échauffée. Dans le doute, il préféra se contenter d’une réponse évasive.
« - De quoi tu parles ?
- Ben, tu sais, de toi et un autre homme… dans un lit, reprit Robert d’une voix un peu pâteuse. Bien sûr que tu l’as déjà fait, reprit-il immédiatement sans laisser à l’autre homme le temps d’en placer une, c’est tout à fait ton genre. Pourquoi est-ce que je me donne la peine de te poser une question pareille ?
- C’est effectivement une bonne remarque, s’amusa Paul. Je ne crois pourtant pas m’être montré particulièrement discret à ce niveau là. Je peux savoir pourquoi cet aspect de ma vie t’intéresse ?
- Aucune idée. Je suis curieux, voilà tout.
- Probablement. Si tu as d’autres questions, n’hésite pas.
- Ça ne te gêne pas d’en parler ?
- Tu as déjà remarqué que quoi que ce soit me gênait ?
- Pas faux, confirma Robert avec un petit sourire. »
Se rendant enfin compte de la tournure que prenait la conversation, le jeune homme hésita un instant à la poursuivre. Pourtant, constatant que son aîné n’y voyait pas d’inconvénient, il reprit finalement la parole, d’une voix simplement un tout petit peu moins assurée que précédemment.
« - Et c’est comment ?
- Bien, répondit Paul avec la franchise qui le caractérisait toujours. Très bien. Evidemment, parfois c’était meilleur que d’autre fois, mais franchement ça vaut le coup. Bien sûr, toi tu n’as jamais pratiqué.
- Ça irait un peu à l’encontre de mon image de parfait boy-scout, remarqua Robert, signifiant du même coup qu’il était parfaitement au courant des rumeurs à son propos qui courraient au bureau. Mais…
- Mais quoi ? demanda Paul. »
Pour toute réponse, Robert se contenta de se jeter sur lui, l’embrassant avec une fougue qui les surprit autant l’un que l’autre.
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Le reste était plus flou dans l’esprit du dessinateur. Deux corps en sueur, unis dans une danse aussi vieille que le monde, l’impression d’être parfaitement à sa place, et surtout, surtout, l’explosion de sensations.
« - C’était bon, dit-il en s'écartant subitement de Paul. Je me souviens que c’était bon. A chaque fois. »
Le journaliste éclata d’un petit rire satisfait sans pour autant relâcher son étreinte.
« - Tant mieux si tu t’en rappelles. C’est que je ne me suis pas trop mal débrouillé.
- Certainement pas. Alors… on pourrait peut-être recommencer, non ? lança lentement Robert avec une assurance qui électrisa son ami. »
Celui-ci fit mine de réfléchir un instant puis repoussa Robert en arrière sur le lit, s’installant sur lui à califourchon.
« - On pourrait, ouais, confirma-t-il avant d’écraser ses lèvres sur les siennes. »
THE END.