- Le titre de la fic: L'espoir d'un soleil - Le film concerné: Entretien avec un vampire - Le pairing: Louis/Armand (mais même si j'ai vu le film, je me suis basée un tout petit peu sur le livre, pour Armand, il n'est donc pas vraiment adulte... ni noir de cheveux...) - Le rating: Bouarf... y'a rien de choquant dans cette fic, pour une fois! [Edit: Rating G]
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J'étais seul. Encore et toujours seul. A croire que la solitude était une compagne plus fidèle que n'importe quelle autre femme. Elle ne vous trahissait pas et revenait toujours vers vous lorsque vous l'attendiez le moins. Cavalière d'une nuit, de toujours, d'éternité, j'avais l'impression qu'elle était ma promise. Éternellement à mes côtés, je ne pouvais la voir, mais je la sentais toute proche de moi. Ma belle, va-t-en, je n'en puis plus, je suis las de toi, je ne souhaite plus ta présence. Mon corps se meurt à ton contact. Va-t-en. Culpabilité chérie, je crois que tu n'es plus requise. Si vous existez, Dieu Miséricordieux, dites mois pourquoi ! Je me perds dans les affres d'un cauchemar incessant qui a débuté depuis cette nuit là. Je suis devenu un monstre de la pire espèce, je survis en tuant. Dieu si vous existez, achevez ma misérable vie ! Mais vous n'écoutez pas les prières des démons, je le sais. Depuis le temps que je vous appelle.
Jamais je n'aurais dû commettre l'erreur de raconter mon histoire à cet humain, jamais je n'aurais dû simplement me souvenir de ses évènements qui ont signé ma folie. Les séparations m'avaient détruit aussi surement que le feu détruisait le papier. De mon âme, il ne restait que des cendres. Et les seules personnes qui pouvaient ranimer les braises de mon espérance n'étaient plus de ce monde ou alors je les avais impitoyablement reniés.
Et aujourd'hui, les remords me rongeaient. Je souffrais chaque jour un peu plus.
Nous étions en décembre, proche de noël. Cette fête qui avait perdu beaucoup de sens pour moi, si tant est qu'elle en ait eu un jour. Il faisait noir mais il était inutile de le préciser au vu et au su de ma nature. Il fallait surtout savoir que je m'étais enfermé dans mes appartements, rideaux fermés et toute source de lumière bannie. Recroquevillé dans un coin de la pièce, mes jambes étaient repliées contre mon torse, mon menton était posé contre mes genoux tandis que je laissais filer mes pensées. Lestat, vampire libre et impérieux, beau sans conteste. Celui que j'avais tenté de tuer avec Claudia, ma si tendre fille. Qu'ils avaient impitoyablement tué. Tout cela était la faute d'un seul et unique. En raison sa jalousie et son amour, ce vampire au corps d'enfant avait purement et simplement massacré celle qui faisait de ma si triste vie, quelque chose de moins sombre. Armand. Je le haïssais, je l'abhorrais. Mais je l'aimais. Ho oui je l'aimais. Comme un ami, comme un fils. Et bien plus encore. C'était pour cette raison que sa trahison m'avait porté un tel coup.
J'avais deviné depuis longtemps ce qu'il éprouvait à mon égard, mais j'avais fait mine de ne rien voir. J'aurais dû comprendre, savoir que cela n'aurait qu'attiser sa colère. Un vampire dans un corps si jeune mais possédant un âge déjà avancé. Il était mon aîné, bien plus sage que moi. C'était étrange que de le savoir et de devoir le respecter en tant que tel alors qu'il n'avait qu'un corps de douze ans ! Et je ne cessais de penser à lui. Il hantait ma mémoire, mes souvenirs et mes rêves. Chaque nuit je pensais pouvoir voir sa petit tête blonde, chaque nuit je pensais apercevoir son corps svelte et gracile, chaque nuit je croyais revoir sa magnifique, sa sublimissime, sa transcendante beauté. Mais tout ne se passait que dans ma tête.
Je me relevai, près à tenter de sortir, de prendre l'air et de me nourrir. Je n'avais que trop tardé, à présent la faim me tenaillait et me faisait trembler. Je descendis jusque dans les rues et ruelles où les préparatifs de la fête battaient leur plein et sans réfléchir, mes pas me guidèrent vers un endroit plus sombre. J'allais vers le quartier chaud, seul lieu où je pourrais avoir de la nourriture sans que la disparition de ma victime ne soit trop remarquée. Sans que je ne m'en rende compte, j'y étais entré, ça sentait… désagréablement mauvais. L'urine, la transpiration, les ébats « amoureux » et d'autres choses encore qui me donnaient la nausée. Les regards convergeaient vers moi mais mes yeux vides ne voyaient rien. Strictement rien. Quand soudain je me cognai à quelqu'un. Je relevai la tête et vis que cela était un homme. Ni beau ni laid. Tellement commun. Je savais ce qu'il était. La promesse d'un peu d'argent devrait le faire venir à moi. J'allais à nouveau tuer, honte sur moi. Je ne voulais pas, cette vie m'était insupportable mais j'en avais encore plus assez de sentir cette froidure en moi. J'avais besoin de lui et de son sang pour me réchauffer. Alors je me composai un visage avenant et lui offris un sourire qui le séduisit dans la seconde. Je lui tendis ma main et il la prit, la serrant comme s'il craignait que je ne le repousse. Et je fis le chemin en sens inverse. Je l'emmenai dans ma chambre et entrepris de lui faire vivre sa dernière nuit. Qui serait la plus mémorable de toutes.
Je me relevai, m'éloignant ainsi du corps nu et sans vie qui se trouvait sur mon lit. Son sang coulait à présent en moi, réchauffant mon propre corps comme j'avais réchauffé le sien au cours de la nuit. Je devais me débarrasser de lui maintenant. Je m'habillai prestement et couvris le cadavre, l'amenant dans ma voiture, le disposant dans le coffre. Je ne craignais même pas de me faire accoster ou arrêter par la police. Cela était arrivé qu'une seule fois et ils n'avaient même pas imaginé que je transportais un mort. Comment quelqu'un comme moi pourrait-il se salir les mains ? Très simplement, seulement cela n'effleurait jamais les consciences. Mais je savais qu'en cette nuit, personne ne me chercherait. La dépouille fut abandonnée non loin d'un quartier peu fréquenté où de nombreux bandits sévissaient. Je passai le reste du temps à déambuler sans penser à rien jusqu'à ce que je sente l'aube arriver et que la fuite vers un lieu sombre ne se fasse pressante. Mais voilà, du coin de l'œil et durant une fraction de seconde, j'aperçus une petite silhouette blonde tourné au coin d'une rue. Une rue trop étroite pour que mon véhicule y pénètre. Un regard rapide vers le ciel m'apprit que je n'avais simplement pas le temps d'hésiter. Soit je rentrais soit je suivais cette… Chose. Au risque de ne rien trouver et de mourir sous les asseaux du soleil. Le choix fut vite fait. Je garai rapidement mon automobile et sortis en trombe pour me précipiter vers l'endroit où je l'avais vu disparaître. Mais il n'y avait rien là. Si ce n'était des clochards dormants et des déchets malodorants. Mon regard fouilla les alentours, espérant le voir. Et quelques mèches de blés volèrent et je fus certain que mon cœur se réveilla. Sensation pour le moins étrange. Je courus vers elle, silhouette que je désirais tant. Je perdais toute notion de prudence. J'en venais même à oublier l'aube. Jusqu'à ce que je m'écroule à terre, en proie à une douleur fulgurante. Le soleil était là. Il se levait. Et je me trouvais toujours dehors à sa merci.
Je pensais réellement que cela en était fini de ma pauvre petite vie. A travers mes yeux mi-clos, je le vis devant moi qui me souriait, indifférent aux rayons qui allaient le toucher. Armand. Il fallait qu'il s'en aille, qu'il se sauve et qu'il se cache dans l'ombre et qu'il préserve son existence. Je voulais le sauver, lui prendre la main et le protéger comme Madeleine l'avait inutilement fait sur ma tendre Claudia. Mais seul un gémissement pitoyable sortit de mes lèvres. Révolté par tant de faiblesse je me forçai à me redresser et à me diriger vers lui. Non, ne fuis pas là-bas ! Pas vers le soleil ! J'avais envie de pleurer de désespoir. Je mourrais rien qu'à l'idée de le voir brûler devant moi, je craignais plus pour lui que pour moi. Il m'était incroyablement précieux. Je sentais à présent ma chair frémir, bouillir. Je n'avais plus le temps. Et pourtant je continuais à le poursuivre. Jusque dans une maison où il pénétra. La fraîcheur et le noir m'accueillit chaleureusement, salut inespéré de cette aube tueuse. A genoux derrière la porte close, je fouillai la pièce de mes orbes émeraude, espérant trouver la personne que je cherchais. Mais il ne s'y trouvait pas. Mon affliction fut sans pareil. Je sentis les larmes venir à mes yeux mais ravalai le tout pour de bon, refusant catégoriquement de me laisser aller à la tristesse. Je me redressai et commençai à faire le tour de la maison avant de me rendre compte que bon sang, elle était habitée. Une gamine se tenait juste en face de moi, ses grands yeux me fixant sans ciller.
- Maman ! » hurla-t-elle, me faisant sursauter par la même occasion.
- J'arrive Sharona ! » et la mère arriva en courant pour s'arrêter net en me voyant. « Ho. Puis-je vous aider Monsieur ? »
Je crois sincèrement qu'il s'était passé trop de chose en trop peu de temps. Si je n'étais pas déjà mort, je suis certain que j'aurais pu crever d'un arrêt cardiaque. Je me frottai la nuque, gêné de devoir expliquer ma situation. Je savais aussi que ce geste avait beaucoup d'effet sur les mortels. J'offris à la mère un sourire avant de prendre la parole.
- Pardonnez mon intrusion impromptue Madame. J'ai cru voir une personne entrer avant moi. Un jeune homme aux cheveux décolorés, c'est… mon fils. »
- Navrée, mais personne n'est entré ici à part vous. Etes-vous certain de ce que vous dites ?
- Oui. A moins que mon imagination ne m'ait joué un vilain tour. Je préfère croire qu'il est ici que dehors, mort. »
- Mort ? Votre fils est-il en danger ? »
- Tous les jours, à chaque levé de soleil. Nous ne supportons pas la lumière de l'astre lumineux. Il nous tue. Nous souffrons de forte photosensibilité. »
- Oui, je comprends. Désirez-vous rester ici en attendant ? Je suis certaine qu'il va bien. Ne vous en faites pas. Je peux demander à Sharona de le chercher si vous le désirez. »
- Non… Mais merci de la proposition. Si elle venait à trouver son cadavre, je crois que je ne le supporterais pas. »
Elle me sourit avec un air indulgent. Elle devait me prendre pour un jeune père ne sachant pas comment s'y prendre avec les enfants. Elle n'avait même pas idée du temps que j'avais passé avec eux. Un soupire s'échappa de mes lèvres tandis que je suivais la dame de la maison. Elle me conduisit dans une pièce tout aussi sombre, la chambre d'ami. Et me laissa là, avec le choix de me reposer. Ce que je fis avec plaisir. Même si mon sommeil fut troublé par des cauchemars violents. Je me réveillai en sursaut au crépuscule, le corps en sueur, persuadé qu'Armand était mort. Mon rêve m'avait semblé si réel que j'arrivais presque à m'en persuader. Et j'avais mal au fond de moi rien que d'imaginer sa disparition. Je sortis du lit calmement malgré le fait que j'étais tout simplement effondré moralement. Je fis le lit, histoire que mes hôtes n'aient rien à me reprocher. J'étais bien partit pour partir sans leur dire au revoir mais c'était sans compter cette femme qui se tenait devant la porte. Elle semblait différente de ce matin. Son regard était plus profond et je su qu'elle était au courant de quelque chose. Mon sang déjà froid se figea et mon visage se décomposa sous l'effet de la peur.
- Ma fille a fouillé les alentours. Elle n'a trouvé nulle trace d'enfant blond. Ne perdez pas espoir, vous le retrouverez. Du moins je l'espère car en vous voyant, je ne peux m'empêcher de songer à une chose. Cet enfant est votre vie. S'il venait à mourir, vous n'hésiteriez pas à le suivre. »
Ce qu'elle disait était la stricte vérité. Si Armand venait à disparaître, je crois que je sombrerais dans une folie définitive. Je m'inclinai sous son regard étonné. Et je la remerciai de m'avoir logé si généreusement. Et sur ces paroles, je me précipitai dans la nuit avec la ferme intention de trouver celui que j'étais censé détester. Ma course dura des heures mais je ne sentais pas la fatigue. Mes pas résonnaient dans le silence et les rues se succédaient rapidement. Pourtant j'avais l'intime conviction que je me dirigeais quelque part et que tout n'était pas dû au hasard. Comme un nouveau don qui s'éveillait en moi. Je savais que je trouverais quelque chose là bas, à la fin de cette avenue. Elle déboucherait dans une allée en cul-de-sac. Et je trouverais quelque chose là-bas. Une odeur me fit brusquement chanceler, violente, elle m'avait assaillit. Le parfum de la décomposition, putréfaction avancée et cadavres démembrés... Mes yeux verts se posèrent sur un macchabée et j'eus un haut le cœur. Je distinguais nettement les stades de décompositions. Une partie de son visage avait été rongé par des rats tandis qu'à d'autres endroits je distinguais les os et des lambeaux de chairs tombés, dévoilant ainsi une partie des muscles tendus. Les yeux… Ses globes étaient vides. Il y avait également une absence totale de langue. Son ventre avait été ouvert à la face du monde et ses organes dispersés un peu partout autour de lui. Enfin, ce qu'il restait, c'est-à-dire pas grand-chose si ce n'était des miettes. Il avait été vidé entièrement de son contenu et de sa substance. Je détournai mes orbes de ce spectacle macabre et entrepris d'avancer moins vite, faisant attention à où je mettais les pieds. Ma tête me tournait, les émanations qui régnaient ici étaient tout simplement insupportables. Je commençai à tousser, attirant ainsi le regard de quelques personnes. « Un jeune homme perdu ici ? Quelle aubaine ! » Devaient-ils se dire. « Faible en plus. » Mais ils n'approchaient pas, ils se contentaient d'attendre avidement ma chute pour m'achever en toute tranquillité et me dépouiller. Un sourire amer étira mes lèvres et je me redressai entièrement dans une posture fière et arrogante. Je ne craignais rien et cette assurance les déstabilisa. Mes pas se firent assurés, claquant dans le silence de la nuit. Et une voix me parvint. Rauque, désireuse, assoiffée d'un plaisir qu'il ne pouvait assouvir qu'en compagnie de quelqu'un d'autre. Une voix détestable, si peu harmonieuse. Un râle, raclement d'ivrogne mélangé sans subtilité à celle d'un drogué. Des rires que je jugeais de débiles, des timbres graves abominablement mâtures, des hommes sans le moindre doute. Agés. Mais moins que moi.
Et à travers ce brouillard d'abominations, une fragrance douce, à peine perceptible effleura mes narines. Celle de la jeunesse éternelle à la beauté irréelle. Je pressai le pas et tombai sur une scène qui me laissa sans voix. Ils étaient six. Six hommes à l'entourer. Six hommes à désirer une seule et unique chose. Mon dieu, je sentais leurs désirs ! Ils me brulaient au plus profond de moi-même, laissant une marque indélébile, une souillure immonde et innommable. Crasseux, les dents jaunies et les cheveux mal coupés et graisseux, ils le taquinaient de plus en plus méchamment, cherchant à le faire tomber et à enlever ses vêtements.
Ils allaient le violer.
Je l'entendais clairement dans ma tête. Et pour la première fois de ma vie, je sentis une haine sans nom monter en moi, une rage effroyable qui ne s'éteindrait qu'une fois ces sous-merdes écrasées, c'était une haine plus grande encore que celle que j'avais ressentie lors de la mort de Claudia. Mon cœur me criait violemment vengeance, et je ne pouvais que l'écouter avec raison... Mon visage était déformé par la colère et une aura lugubre que je ne me connaissais pas s'éleva autour de moi, créant un charisme écrasant et faisant naître en mes futurs adversaires une peur incommensurable. Ils se tournèrent quasi tous vers moi. Quelques uns restèrent près de lui, l'acculant vers un mur. Ils ne semblaient même pas prendre ma menace au sérieux même si la crainte rongeait leurs cœurs moisis ! Oui, ils pensaient surement qu'un homme seul ne viendrait pas à bout de quatre autres hommes armés.
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C'est censé être un OS, mais il est un peu long ^^" je posterai donc la suite un autre jour =D
Dernière édition par Valren le 05 Mai 2010 14:30, édité 1 fois.
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