Voici un One shot Jack/Will (la relation est suggèrée mais bel et bien réelle!)
Je me souviens, c’était ma première exécution.
Je me souviens quand il est arrivé sur la place, encadré par la garde. Je me souviens de son visage, de son expression de tranquille assurance, de cette malice qui brillait dans ces yeux, même à deux pas de la fin. Je me souviens de ses mains liées devant lui. Je me souviens du bourreau, tout de sombre vêtu, attendant sur l’échafaud. Je me souviens qu’il a demandé qu’on ne le laisse pas suspendu là trop longtemps. Il également demandé si l'on pouvait lui rendre ses affaires, quand ce serait terminé. Son compas, son pistolet. Son chapeau et son manteau. Il voulait les avoir avec lui dans la mort. Je me souviens qu’il ne semblait pas effrayé du tout. Il était si serein. Je me souviens de sa maladresse au moment de monter à la potence. Je me souviens qu’il s’est excusé après avoir marché sur le pied du bourreau. « Pardon » a-t-il murmuré. Pardon.
Je me souviens du roulement des tambours, je me souviens de son attitude impassible, alors que le bourreau lui passait la corde autour du cou. Je me souviens très bien.
C’est moi qui étais de garde devant sa cellule. Je me souviens de lui avoir parlé deux jours après son arrivé. Je connaissais sa légende, vous voyez. Il était étendu à même le sol. Je lui ais demandé s’il avait besoin de quelque chose. Je n’étais pas sensé faire ça, mais je l’ai fait quand même. Il me fascinait. Et je peux bien vous le dire à présent, j’éprouvais une grande admiration pour cet homme. C’est toujours le cas. Je crois qu’il n’apparaît des êtres tels que lui qu’une fois tout les cents ans. C’était réellement quelqu’un.
Il m’a dévisagé longuement, sans doute surprit par ma sollicitude. Puis il m’a répondu-je m’en souviens parfaitement, chaque mots est gravé dans ma mémoire- il m’a donc répondu : « Merci, mon garçon, à présent je n’ai plus besoin de rien » Je me souviens que son sourire incongrue en de telles circonstances m’a serré le cœur. J’allais retourner m’asseoir quand il m’a tout à coup rappelé : « Mon garçon? Tout bien réfléchis, je ne serais pas contre un dernier verre, de rhum, si possible »
Je me souviens d’avoir hoché la tête sans un mot. Le lendemain, je lui ai apporté une bouteille. Je me souviens de lui avoir passé à travers les barreaux. Je me souviens qu’il a posé sa main sur la mienne, un court instant, en inclinant la tête. « De rien, monsieur » Ais-je dit. Ça l’a fait rire et il a répondu : « Non, non, pas monsieur. Jack, si tu veux, ou capitaine Sparrow. Mais je t’en prie, je ne suis pas un monsieur » Je me souviens que cette réplique m’a fait de la peine, sans que je sache pourquoi.
Ensuite nous avons souvent discuté lui et moi. Je me souviens, je lui ai demandé s’il avait peur de mourir. Il m’a lancé un curieux regard avant de répondre : « Non, mon gars, je ne crains pas la mort. C’est-ce qui vient après qui m’inquiète un peu » Il a avalé une gorgée de rhum. Je me souviens de ce regard charbonneux posé sur moi, lorsqu’il a dit ça. J’ai réalisé alors, que cet homme était déjà mort, à l’intérieur. Depuis longtemps. Je me souviens qu’il a ajouté que l’océan allait lui manquer, aussi. Et son navire. Le célèbre Black Pearl. Il m’a dit que la Royal Navy l’avait coulé. Il semblait réellement peiné. Je me souviens, je lui ai demandé de me faire le récit de ses aventures sur l’océan, de me parler du Pearl. Je me souviens que ça lui a fait plaisir. Alors il m’a raconté.
Ca lui faisait du bien et j’ai pu entendre des histoires extraordinaires. Et il était heureux en évoquant ses souvenirs. Je lui suis si reconnaisant de les avoirs partagés avec moi.
Je me souviens qu’une nuit, je l’ai entendu chantonner doucement. Je me souviens, ça faisait : Yo ho, yo ho, a pirate's life for me. We pillage, we plunder, we rifle, and loot, Drink up, me 'earties, yo ho. We kidnap and ravage and don't give a hoot, Drink up me 'earties, yo ho. Je me souviens qu’il a proposé de me l’apprendre. J’aime beaucoup cette chanson.
Je me souviens de lui avoir demandé un jour, s'il ne pensait pas que son ami allait venir le sauver. Comme la première fois. J’avais entendu cette histoire, bien sur, comme tout le monde. Je me souviens qu’il a souri tristement. Il a répondu que non, cette fois, personne n’allait l’arracher aux mains du bourreau. Et puis, il a ajouté à voix basse, comme s’il se parlait à lui-même : « Je ne peut pas lui en vouloir »
Je me souviens de lui avoir serré la main, la veille de l’exécution. Je me souviens de lui avoir dit mon admiration. Il m’a remercié en souriant, de ce sourire que j’avais apprit à apprécier, ce sourire qui va sans doute me hanter très longtemps. Probablement pour toujours. Je me souviens qu’il avait l’air touché.
Je me souviens du roulement des tambours. Je me souviens qu’il a fermé les yeux. Je me souviens de la main du bourreau sur le levier. Je me souviens que son ami est finalement venu. Hélas, bien trop tard. Il a crié son nom, tandis qu’il tentait de se frayer un passage jusqu’au pied du gibet. Je me souviens que le capitaine Sparrow a baissé les yeux sur lui. Je me souviens du sourire radieux qui à alors illuminé son visage. Et les tambours se sont tus. Et la trappe a basculé. J’ai parlé avec le bourreau, par la suite. Il m’a raconté que dans le silence qui à suivit, juste avant qu’il ne tombe, il a entendu le capitaine Sparrow murmurer : On se revoit dans la prochaine vie, William.
Je me souviens du cri déchirant de William Turner, un hurlement ou se mêlaient l’angoisse, l’horreur, le remord et le chagrin. Je me souviens très bien. Je me souviens qu’il a lui-même coupé la corde, avec son couteau. Je me souviens du silence pesant, tandis qu’il berçait son ami dans ses bras en sanglotant, le suppliant de se réveiller, disant qu’il avait été tellement stupide, qu’il n’avait rien comprit. Jurant entre ses larmes que s’il se réveillait, il lui ferait toujours confiance maintenant. Je ne laisserais jamais plus personne se mettre entre nous, si tu reviens, Jack, je ne laisserais jamais plus personne se mettre entre nous. Répétait-il, en une poignante litanie.
Je me souviens que très peu d’yeux sont resté secs, à ce spectacle. Je me souviens de la façon dont les badauds quittaient peu à peu la place, lentement. Certains baissaient la tête, d’autres regardaient par-dessus leurs épaules. Ceux là même qui criaient ’’A mort le pirate!’’ étaient à présent silencieux, gêné et honteux.
Je me souviens qu’il nous a fallut prés de deux heures pour le convaincre de le lâcher. Moi, Murtogg et Mulroy. Finalement, à force de cajolerie et de douceur, nous avons réussi à desserrer son étreinte. Je me souviens de ses cris et de ses larmes. Je me souviens de cet homme, capitaine de corvette, qui c’est alors approché. D’une voix très douce il a proposé de prendre le pirate sur son navire, et de l’ensevelir au large, comme il en avait émit la volonté. Je me souviens du regard emplit de détresse que lui à lancé William Turner : « Mais, on ne peut pas faire ça. Il va se réveiller, il n’est pas mort! Il ne peut pas mourir, pas lui! C’est Jack Sparrow! » Je me souviens que le capitaine a posé une main sur son épaule, sans rien dire.
Je me souviens que nous avons finalement transporté la dépouille du capitaine Sparrow jusqu’au port. William insistant pour aider à porter son ami. Je me souviens à quel point le corps du pirate m’a paru léger. Je me souviens d’avoir assisté au départ de la corvette. Je me souviens de m’être sentit étrangement épuisé, nauséeux. Je me souviens, d’être rentré chez moi et d’être resté éveillé toute la nuit, incapable de trouver le sommeil, les cris et les suppliques du pauvre Turner, résonnant toujours à mes oreilles.
Je me souviens d’avoir présenté ma démission dés le lendemain. Je me souviens du regard d’incompréhension de mon supérieur. Je me souviens de l’avoir interrompu au beau milieu de son discours sur le fait que je finirais par m’habituer aux pendaisons. Et que après tout ce n’était rien d’autre qu’une saleté de pirate. Je me souviens de lui avoir répondu froidement que cette saleté de pirate avait plus de dignité et de grandeur dans le bout de son petit doigt que lui-même n’en aurait jamais dans toute sa personne.
Et je suis partit.
Je me suis fait marin, sur un navire marchand. Ainsi désormais je navigue sur cet océan que le capitaine Sparrow aimait tant. Un jour, j’ai revu le capitaine de corvette. Il m’a raconté que William Turner était resté jour et nuit dans sa cabine, veillant la dépouille de Jack Sparrow, ne prenant ni nourriture ni boisson. Il m’a raconté qu’une fois au large ils ont rendu le corps du capitaine Sparrow à la mer. William n’a pas pleuré, m’a-t-il dit. Sans doute parce qu’il n’avait plus de larme. Le garçon a regardé le corps de son ami s’enfoncer dans l’océan, sans un mot, son visage emprunt d’un immense chagrin. Gilmoore m’a dit que les matelots ont tous retirés leurs couvre-chefs, et ont baissé la tête. Tous connaissaient le capitaine Jack Sparrow. Je veux dire, tous avaient entendu parler de lui, et certains l’avaient même déjà rencontré.
Après les funérailles, le capitaine a proposé à William de le transborder sur le premier navire faisant route vers Port-Royal qu’il croiserait. Mais le garçon a répondu qu’il ne rentrait pas à Port-Royal. Il a demandé s’ils pouvaient le laisser à Tortuga.
Je me souviens que Gilmoore m’a ensuite confié ce qui c’était passé la nuit avant qu’ils n’arrivent sur l’île. Il a vu le garçon à genoux prés du bastingage, pleurant en silence. Il c’est approché pour le réconforter et il l’a entendu qui répétait inlassablement "Je vous en prie rendez le moi, je vous en prie rendez le moi, laissez le moi encore un peu, je vous en prie rendez le moi" Le capitaine l’a aidé à se relevé et l’a conduit dans sa cabine. Il lui a offert du brandy. William c’est effondré au but de seulement trois verres. Il c’est endormi la tête dans ses bras. Ses joues étaient humides de larmes.
Le lendemain, il a débarqué à Tortuga. Le capitaine lui à demandé si ça irait, s’il était sur de ne pas vouloir rentrer à Port-Royal. William l’a remercié puis a ajouté qu’il ne retournerait jamais là-bas. Et il est descendu à terre. Il c’est éloigné, petite silhouette solitaire au milieu de la foule. Je me souviens que le capitaine m’a avoué qu’en le regardant disparaître, il a sentit son cœur se serrer, sans qu’il puisse expliquer pourquoi.
Oui, je me souviens de tout cela. C’était ma première exécution. Et ce fut aussi la dernière. Je me souviens du grand capitaine Jack Sparrow. Je me souviens du pauvre William Turner. Je me souviens de tout. Je veux me souvenir toujours. J’ignore ce qu’est devenu William. J’espère que les choses se sont arrangées pour lui. Je souhaite sincèrement qu’il ait trouvé la consolation.
Il n’y a plus de pirates aujourd’hui. Je suis un vieil homme désormais. Dans le quartier où je vis, il y à beaucoup d’enfants. Lorsque les beaux jours vont revenir, je vais retourner m’asseoir dans le petit parc où ils savent me trouver. Ils viendront à moi en courant, m’entoureront et lèveront leurs grands yeux vers moi : « Raconte, nous grand-père! Raconte encore les aventures du grand capitaine pirate Jack Sparrow! » Et je leur raconterais. Ils les connaissent par cœur, mais ils adorent ces histoires.
Tout comme moi.
Ca vous plaît?
_________________ Moi ? Je suis Azemaria la faiseuse de miracles! Jeteuse de sors de la caste des mages, gardienne des secrets et fileuse de contes! Mais surtout je suis l' épouse de Davy jones, Impératrice des océans et maitresse des eaux!
trinquons mes jolis yo ho !
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