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 Sujet du message: [Finie] BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-13
MessagePosté: 09 Mai 2019 15:05 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Inscription: 27 Avr 2019 14:56
Messages: 185
L'histoire se passe juste après le début de Endgame. Petit spolier dans les premières lignes sur le début du film. Il y aura un spolier plus important plus tard, je préviendrai.

Chapitre 1 :

Thanos était mort, Thor lui avait, finalement, coupé la tête : Ils l’avaient trouvé dans sa cabane, lui avait pris le gant où les pierres étaient encore fixées. Captain Marvel l’avait activé puis s’était chargé des pierres. Tout était rentré dans l’ordre. Steve était de retour au Quartier Général des Avengers, il avait fini par se réconcilier avec Tony qui lui avait rendu son bouclier. Cependant, ce dernier gardait rancune à Bucky Barnes qui était là, lui aussi. Après avoir cru le perdre encore une fois, Steve l’avait finalement retrouvé et convaincu de venir à la base avec eux. Il avait eu bien du mal : Bucky était déprogrammé mais pas guéri. Il était hanté par de vieux démons qui le rendait terriblement instable et insociable. Il parlait peu, ne se confiait pas, même pas à Steve… Tony l’évitait, admettant qu’il n’était pas responsable, toutefois sa présence le rendait nerveux.
Après quelques jours de repos, une petite fête fut organisée. Rien d’extraordinaire : mais il fallait célébrer la disparition de Thanos. Un apéro dînatoire où chacun pourrait se détendre, se changer les idées. Seraient présents : Tony, Pepper, Clint, Bruce, Natasha, Thor, Wanda, Peter, Sam, Rodey et Buck (peut-être…) Les autres étaient repartis très vite, ne se sentant pas à leur place au QG de Stark.
A huit heures, ils se retrouvèrent dans la salle de réception avec quelques invités, quelques amis proches. On échangea des plaisanteries, des souvenirs, bons, moins bons. Buck n’était pas là. Tony tapa sur l’épaule de Steve : « Sharon n’est pas venue ?
- Non, elle n’est pas aux États-Unis.
- Ah, dommage c’est une chouette fille.
- Oui…
Steve semblait distant, ailleurs. Tony s’impatienta :
- Un truc qui ne va pas ? Interrogea t-il.
Steve haussa les épaules.
- Rien… Le fait qu’il ne soit pas là, vous arrange bien, non ?
Tony prit un air étonné.
- Il n’est pas venu ?
Il observa rapidement à droite à gauche avant de reprendre avec une surprise feinte :
- Oh ! Je ne m’en étais même pas aperçu !
- Bon ça va… Laissez tomber !
Tony fit un effort.
- Bon, ça va, on fait une trêve. Il est où ?
- Dans sa chambre, je suppose… Je ne suis pas sûr que c’était une bonne idée de l’amener ici…
- Pourquoi l’avoir fait alors ?
- Il ne voulait pas rester au Wakanda. Où serait-il allé ? Il aurait traîné on ne sait où ?! Il n’a plus que moi, Tony…
Stark admit en soupirant :
- Je ne peux pas dire que je l’apprécie énormément… Mais vous pouvez rester tant que vous voudrez… Le temps qu’il aille mieux, je suppose.
- Ça risque de prendre du temps. Il souffre de stress post traumatique. Tout ce qu’il a dans la tête le hante…
- Je connais ça, reconnu Tony, il devrait voir un bon psy… j’en connais…
Steve l’interrompit.
- Laissez tomber, Stark, j’ai essayé. Il ne veut rien entendre.
- Quel emmerdeur !
- Tony !
- Quoi ! Quoi ? c’est vrai !
- Non ! Il ne me parle pas, à moi ! Comment voudriez-vous qu’il se confie à un étranger !?
- C’est quelques fois plus facile.
- Il est fermé comme une huître… Ce que HYDRA lui a fait n’a pas de nom… Je ne peux pas m’empêcher de me reprocher de n’avoir pas pu le sauver en 44… Nom d’un chien ! Il a subit tout ça à cause de moi !
Steve passa une main nerveuse sur son visage, Tony le prit pas l’épaule en remarquant :
- Vous ne pouvez pas vous reprocher ça ! On ne peut pas toujours sauver tout le monde…
- Malheureusement… Mais je voudrais le sauver maintenant, puisque j’ai une nouvelle chance. Je l’ai perdu et retrouvé tellement de fois, que là, je voudrais réussir à le garder, un peu… Le temps qu’il aille mieux… Seulement, j’ai l’impression qu’il cherche toujours a fuir…
Stark constata :
- A sa place, je fuirai aussi…
Steve s’emporta :
- Il faut qu’il arrête ça ! Ça ne le mènera à rien !
La conversation s’arrêta là, Tony lança soudain en montrant l’escalier au fond de la grande salle :
- Tiens ! Quand on parle du loup !
Bucky Barnes venait d’apparaître sur les dernières marches. Il avait coupé ses cheveux et Steve avait l’impression de retrouver le Bucky de Brooklyn. Il portait un jean neuf et une chemise à carreaux rouges. Il s’était arrêté au pied de l’escalier. Il avait l’air perdu, hésitant. Prêt à rebrousser chemin à la moindre alerte. Natasha lui adressa quelques mots. Il parut balbutier une réponse en esquissant un sourire mal à l’aise. Cela amusa Steve : finalement le Bucky de Brooklyn était loin, car son ami, en ce temps là, ne perdait jamais ses moyens devant une fille.
- Je crois qu’il va avoir besoin d’un peu de soutien, dit-il.
Il abandonna Stark afin de rejoindre son ami à l’autre bout de la salle. Bucky lui sourit et bougonna :
- Je suis venu pour te faire plaisir, mais je regrette déjà…
- Pourquoi ? Ils ne vont pas te manger ! Ce sont tes amis aussi maintenant !
Bucky jeta un coup d’œil vers Stark qui, à présent, parlait avec Sam.
- Mes amis ? Fit-il dubitatif, pas tous… Tony Stark me déteste, et je le comprends…
- Il s’habituera… Viens, on va boire quelque chose.
Une fois au bar, il ajouta :
- Une bière ?
- Non… un whisky.
- T’es sûr ?
- Oui.
- Ok ! Fit Steve au barman, alors deux whisky.
Bucky sourit.
- Toi ! Un whisky ?
- T’inquiète ! Je fais plus que tenir l’alcool. Maintenant ça ne me fait plus rien. Quand je t’ai cru mort, la première fois…
Il s’arrêta. Buck demanda :
- Quoi ? Continues !
- J’ai voulu me saouler, reprit-il, je n’ai pas réussi. J’aurai bien voulu pourtant… Ça faisait tellement mal…
Buck sourit puis avala une gorgée de whisky.
- Tu n’as rien à te reprocher… Je connaissais les risques…
- Oui, mais ça ne change pas le fait que je n’ai pas pu te sauver.
- Je suis là.
- Oui, après combien de souffrances.
- Tu as souffert aussi.
- Rien d’aussi traumatisant.
- Qui te dit que je suis traumatisé ? Bougonna Buck en fronçant les sourcils.
- Ne te fais pas plus fort que tu n’es. Je te connais Bucky.
Celui-ci eut un petit rire bref.
- Ça, c’est ce que tu crois…
- On avait quoi quand on s’est connu ? Dix ans ?
- A peu près…
- J’étais petit, pas bien costaud… Toi, tu savais déjà cogner… Mais je t’ai vu pleurer quand ton père te rossait.
Buck eut un rire qui admettait beaucoup de choses.
- Il n’y allait pas de mains mortes, reconnut-il, je venais me réfugier chez toi. Ta mère était adorable…
- Ça la rendait malade de voir dans quel état tu étais à chaque fois… tu t’installais dans ma chambre, une nuit ou deux. J’avais droit à mon épave…
- J’avais besoin de toi, Steve.
- Je sais, plus tard, c’est moi qui aie eu besoin de toi, tu as toujours été là.
- J’avais appris à me défendre, la violence engendre la violence. A quinze ans j’ai cassé la gueule à mon vieux, il ne m’a jamais retouché après…
- On ne peut pas te le reprocher…
Steve regarda son ami dans le fond des yeux, puis ajouta :
- Tu as besoin d’aide, Bucky.
Ce dernier secoua la tête avec obstination.
- Personne ne m’aidera cette fois. Ma situation est insoluble…
- Qu’est ce que tu comptes faire ?
- Je ne resterai pas, Steve, c’est impossible.
- Mais pourquoi ? On prendra un appartement, on sera indépendant. Je peux t’aider, Bucky !
- Non, tu ne peux pas ! Tu ne t’imagines pas à quel point tu ne peux pas !
Il commanda un second whisky, ses mains tremblaient.
- Ne bois pas trop… soupira Steve.
Buck regarda son verre, l’œil amusé :
- Je n’ai pas touché à un verre d’alcool depuis plus de soixante-dix ans…
- Raison de plus.
- Je ne serai pas un boulet pour toi, Steve, jamais. Tu as le droit de faire ta vie. Il y a cette fille…
- Sharon.
- Oui, Sharon. Occupe-toi d’elle, moi, je me débrouillerai…
Steve cogna du poing sur le bar.
- Merde ! Bucky ! Tu ne seras jamais un boulet pour moi.
- Tu dis des gros mots maintenant.
- C’est pas drôle, Bucky.
Celui-ci tendit la main pour ébouriffer la chevelure de son ami.
- Je ne suis pas un cadeau, Steve, aujourd’hui encore moins qu’avant.
- Je m’en fiche !
- Tu me fais penser au gamin têtu de Brooklyn ! »
Steve avait envie de pleurer, il devinait l’insupportable souffrance de son ami mais ne parvenait pas à l’empêcher de fuir. Ça le rendait furieux et triste à la fois. Il allait relancer la conversation, fermement décidé à ne pas lâcher si facilement, lorsque Buck dit en montrant la salle par dessus l’épaule de Steve : « Sam me fait signe qu’il veut te présenter à quelqu’un, tu devrais y aller…
Steve se retourna. En effet, Sam lui fit signe de le rejoindre. Il s’éloigna du bar en disant :
- Bouge pas, je reviens, on n’a pas fini tous les deux.
Il ramena un plat de petits four devant son compagnon, en ajoutant :
- Manges-en ! Sinon tu vas être bourré ! »
Il fut plus long que prévu. Sam lui présenta plusieurs personnes, puis ce fut Clint qui vint lui parler. Natasha se joignit à eux, puis d’autres. Quand Steve revint au bar. La plateau de petits four avait disparu.
- T’as tout mangé ?
Buck toujours appuyé sur le bar, n’avait pas bougé. Il observa son ami comme s’il était parti depuis trois heures et répondit :
- J’ai pas mangé, j’ai bu… je me noie.
- Buck ! Combien en as-tu avalé !
- J’en sais rien, j’ai pas compté…
Le barman se pencha vers Steve et remarqua :
- Beaucoup trop ! Et je ne lui ai pas servi le dernier.
- Sers-le moi ! Râla Buck en cognant son verre sur le bar.
- Arrête ça ! s’emporta Steve, viens t’asseoir, on va manger quelque chose.
- J’ai pas faim !
Il le traîna jusqu’à un divan dans lequel il le poussa rudement.
- Reste là, ordonna t-il en le menaçant du doigt, je t’apporte à manger.
- Je veux un verre !
- Non, je crois que tu t’es assez noyé comme ça !
Comme Thor était assis sur le divan de l’autre côté de la table basse en compagnie de Bruce et Wanda, Steve ajouta à son attention : « Surveille-le deux secondes, s’il essaye de bouger, assomme-le !
- Ok, pas de problème, accepta l’asgardien vaguement amusé.
Steve revint très vite avec un plateau qu’il posa devant Buck.
- Allez mange !
L’autre n’avait pas l’air décidé. Steve s’assit près de lui et remarqua :
- L’alcool ne t’a jamais réussi, ça n’a pas changé…
- Je vais bien…
- Avale ça ! Intima Steve en lui mettant une mini pizza sous le nez.
Buck la prit et l’engloutit en une bouchée.
- Je voudrais pouvoir ne plus penser… Soupira t-il en passant une main sur son visage, me noyer pour de bon…
- Il faut que tu dormes…
Buck rit.
- J’ai dormi pendant des années ! Maintenant, je ne peux plus fermer l’œil !
- J’ai connu ça aussi, avec le temps ça s’arrange…
- Pas pour moi, ça empire… »
La plupart des invités étaient partis. Tony, Pepper, Sam, Clint, Rody, Natasha, qui étaient encore là, se joignirent à eux, emplissant les divans et approchant quelques chaises. Buck devint silencieux, ses yeux se fermaient, c’était un délice de pouvoir dormir. Quelques secondes après, sa tête roula du dossier du divan sur l’épaule de Steve. Tony remarqua : « Il a son compte !
- Il n’a jamais supporté l’alcool…
- Je vois ça, fit Thor, il paraît costaud pourtant…
Tony l’interrompit.
- Et il l’est ! j’en ai fait l’expérience !
Perdu dans ses pensées, Steve remarqua :
- Il a toujours su se battre… Même avant qu’on…
Il eut un geste large.
- Oui, même avant qu’on lui fasse toutes ces horreurs… Le seul qui lui faisait peur c’était son père…
- Son père ?! s’étonna Sam.
- C’était une brute qui passait ses nerfs sur lui…
- Merde, fit Tony, je ne savais pas ça...
Il eut un geste large avant d’ajouter :
- Allez, Steve ! puisqu’il dort, parle nous de lui, je vois que t’en meure d’envie !
Steve jeta un coup d’œil au visage endormi sur son épaule puis commença :
- Il est arrivé dans mon quartier quand on avait dix ans. Je n’avais pas beaucoup d’ami, j’étais pas le genre de gamin populaire que suit toute une troupe d’admirateurs… Lui aurait pu l’être, il avait du tempérament… La première fois que je l’ai vu c’était un matin en partant pour l’école. Il y avait un attroupement de gamins, je me suis approché : il était là avec un énorme œil au beurre noir. Plusieurs gosses se fichaient de lui, se moquer des nouveaux c’était leur truc ! Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai voulu le défendre, j’ai lancé en m’approchant : « Laissez-le tranquille !
J’avais à peine fini ma phrase que Buck protestait :
- Je suis capable de me défendre tout seul ! »
Tout ce que j’ai réussi à faire c’est retourner les moqueries contre moi. En quelques secondes j’étais bousculé, insulté. Il a tout de suite pris ma défense. Et, en effet, il était capable de se défendre tout seul. Il en a amoché deux les autres ont vite filé, on est tout de suite devenus inséparables…
- L’œil c’était son père ? Demanda Sam.
- Oui, il se prenait des coups régulièrement. Sa mère avait peur, elle n’osait rien dire, il l’aurait frappée aussi. Il était seul à la maison, sa sœur était mariée. Moi, j’étais fils unique, on a appris à s’entraider. J’avoue que les premières années il avait plus besoin d’aide que moi. Plusieurs fois par semaines son père le cognait, ça n’arrêtait pas. La plupart du temps, il encaissait, mais parfois il échouait chez moi… Il craquait...
- Il n’a pas eu de chance, remarqua Natasha.
- Il a fini par se rebiffer. Un soir, son père s’en ai pris à sa mère… Il lui a cassé la gueule… il avait quinze ans : son père ne les a jamais retouché après ça. Je me souviens qu’il est arrivé chez nous, le visage en sang, il n’arrêtait pas de répéter qu’il avait tué son père. Il faut avouer qu’il l’avait laisser sur le carreau et que son vieux a mis près d’une semaine à s’en remettre. Il a eu la belle vie après ça et c’est plus souvent moi qui aie eu besoin de lui que le contraire, jusqu’à ce que je le retrouve dans cet horrible endroit à la base d’HYDRA. Je ne sais pas ce qu’ils lui avaient fait à l’époque mais il était déjà bien secoué… Je regrette qu’il m’ait suivi après ça. Bon sang, il aurait pu avoir une belle vie. Au lieu de ça…
Steve regarda de nouveau son ami près de lui, Tony soupira :
- Si on pouvait prévoir l’avenir…
Buck s’agita. Il leva le nez de l’épaule, observa Steve et sourit d’un sourire bizarre. Ses yeux brillaient, l’alcool l’enveloppait d’un petit nuage. Finalement, il entoura son ami de ses bras, le serra avec fougue, puis déclara en fourrant de nouveau son nez dans l’épaule : « Ah… qu’est ce que j’aime quand t’es là…
Cela fit sourire l’assemblée. Sam remarqua :
- L’alcool le rend attachant !
Tony pouffa de rire :
- Surtout pour Steve !
Celui-ci s’agita : la situation le dérangeait. Il tenta de repousser son ami qui s’accrocha en lui reprochant :
- Steve… Je suis bien là…
- C’est ça ! Râla l’autre, t’es bourré, imbécile ! Lâche-moi un peu !
Buck s’agrippait toujours :
- Non… je t’aime… je t’aime tellement… Marmonna t-il en le serrant de toutes ses forces.
Vaguement embarrassés, les autres restèrent silencieux. Natasha constata très bas :
- C’est pas attachant, c’est amoureux que ça le rend…
Furieux, Steve le bouscula rudement en s’écriant :
- Non, mais t’as pas fini de dire n’importe quoi ! À ce niveau là, faut vraiment que t’évites l’alcool !
Buck sembla sortir de la torpeur où l’avait jeté les verres de whisky et le sommeil soudain. Il se redressa et ses yeux égarés croisèrent le regard furibond de Steve. Brutalement refroidit par l’air mécontent de son ami, il s’inquiéta :
- Qu’est ce qui se passe ? qu’est ce que j’ai fait ?
Steve bougonna en le scrutant, l’œil sombre :
- Tu débloques complètement !
- Ah… fit Buck qui ne se souvenait plus de ce qu’il avait dit.
Ce fut Thor qui précisa de sa voix grave, un peu amusée :
- Tu étais très amoureux…
- De qui ? s’inquiéta Buck en rougissant brusquement :
Thor ne dit rien, il se contenta de montrer Steve du menton. Buck se leva rapidement, il chancela, se troubla, puis s’excusa en s’éloignant :
- Je vais me coucher… je suis désolé, Steve, c’est l’alcool… j’aurais pas dû boire… je m’en vais… sois pas fâché, c’est idiot…
Steve le regarda disparaître dans les escaliers, une main accrochée à la rampe. Sa colère retomba, il se trouva un peu bête. Il s’agita sous les regards curieux qui le scrutait puis fini par grommeler :
- Il est idiot quand il boit…
Ce fut Tony qui lança le pavé dans la mare en constatant :
- Il a peut être dit ce qu’il tait habituellement…
Tous le regardèrent, ahuris. Steve s’indigna :
- Stark n’en rajoutez pas !
Natasha observa :
- L’alcool rend certains hommes sentimentaux, ça ne veut pas dire qu’ils ont de réels sentiments amoureux pour leur meilleur pote !
Tony expliqua :
- C’est pas ce qu’il a dit qui me fait dire ça. C’est sa réaction après coup. Si j’avais fait ça à Rodey, même si il avait eu l’air fâché, j’en aurais plutôt rigolé…Ton copain, lui, a eu l’air bigrement gêné quand il a comprit ce qu’il avait dit, comme s’il regrettait d’avoir trop parlé…
Steve se sentit horriblement mal à l’aise. Rodey avait l’air d’accord, car il avoua :
- Oui, c’était plutôt marrant, c’est la façon dont il l’a pris qui a jeté un froid…
Natasha tenta de détendre l’atmosphère en remarquant :
- C’est ridicule ! Steve m’a dit que c’était un coureur de jupons !
- Ça ! s’empressa d’affirmer Steve, il m’en présentait une nouvelle toutes les semaines !
- Ça ne change rien. En 40, encore plus qu’aujourd’hui, on ne se vantait pas de ces choses là…
- Tony ! Ça suffit ! Trancha Steve, ça va bien. Vous avez un esprit horriblement tordu !
- Quoi !? Répliqua l’autre, votre esprit bien pensant d’il y a 70 ans s’en trouverait choqué !
Steve eut un mouvement excédé :
- C’est mon ami ! Je le connais mieux que vous !
- C’est toujours ce que l’on croit…
Soudain, Steve devint silencieux. Une petite phrase que Buck avait lancé quelques heures plus tôt alors qu’il le priait de le laisser l’aider. Phrase qui lui avait parue anodine sur le moment, mais qui, dans ce contexte nouveau, avait un sens. Il avait dit très clairement d’un ton qui s’était fait provocant :
- « Non, tu ne peux pas (m’aider) ! Tu ne t’imagines pas à quel point tu ne peux pas ! »
Cette phrase disait très nettement, que lui, plus que personne, ne pouvait pas l’aider. Pourtant, il était son meilleur ami, Bucky n’avait plus que lui, sa présence aurait dû le réconforter. Pourquoi avait-il insisté sur ce point ? Pourquoi avait-il dit : « Tu ne t’imagines pas... »
Il se répétait en boucle ces quelques mots : « Tu ne t’imagines pas... »
Son silence inquiéta Natasha, elle vint s’asseoir près de lui en remarquant :
- N’écoute pas Tony… tu sais comment il est !
Steve eut l’air de sortir d’un rêve, il constata :
- Et s’il avait raison…
Stark eut l’air content de lui. Les autres s’observèrent plutôt étonnés. Natasha s’indigna :
- Voyons ! Steve ! Tu ne vas pas prendre ce délire au sérieux !
Pensif, Steve, reprit :
- Stark a raison, on connaît les gens que par ce qu’ils veulent bien nous montrer. Buck était un taciturne, pas très bavard. Il ne me parlait pas souvent de lui. Les filles c’était un jeu. Il n’avait aucun mal à en trouver une… Même deux, en général il en trouvait une pour moi. Ça ne marchait jamais, mais il n’abandonnait pas. Il lui est même arrivé plusieurs fois, quand j’admirais une de ses conquêtes, de me proposer de me la laisser… ça me paraissait bizarre, c’était hors de question… Il lui arrivait d’avoir des coups de blues, dans ces moments là, soit il ne voulait plus me voir, ni moi ni personne, soit il me disait : « Laisse tomber les filles, on va passer du temps ensemble !
- Rien que nous deux! » C’était son leitmotiv quand il avait un coup de cafard. Pendant quelques jours, je ne voyais plus de filles passer… et, s’il avait le malheur de boire un peu, il répétait : « Qu’est ce qu’on est bien tous les deux ! » Seulement, ça n’avait jamais été aussi loin que ce soir… Ce soir, c’était vraiment bizarre… Je…
Comme il s’arrêta, Natasha demanda :
- Tu quoi ?
Steve secoua la tête lentement :
- Je regrette d’avoir mal réagi, j’aurai pas dû le prendre aussi mal. J’aurais dû en rire, c’était stupide de me mettre en colère…
- Là, je suis d’accord, fit Tony, tu as mis de l’huile sur le feu en le prenant de cette façon.
- Le pauvre Buck, fit Sam, s’il avait pu rentrer sous terre, il l’aurait fait.
Steve soupira, se leva et s’éloigna pour aller boire un verre au bar. Les autres demeurèrent un moment silencieux, groggy par les dernières paroles de Steve. Si tous, un instant plus tôt, prenaient la chose à la légère, à présent ils restaient pensifs, Tony se rendait bien compte qu’il venait de remuer quelque chose qu’il aurait mieux valu ignorer. Il finit par aller rejoindre Steve au bar. Il s’assit près de lui et s’excusa : « Je crois que j’aurais mieux fait de me taire…
Steve haussa les épaules.
- Vous en faites pas trop Tony, demain je pense qu’il aura oublié…
- J’en suis pas certain. Il avait l’air sérieusement dessoûlé d’un coup…
- Merde…
- Comme vous dîtes, fit Tony.
- Déjà qu’il n’était pas en grande forme. Il ne dort pas, il reste des heures à regarder dans le vide, il a maigri… on croirait un zombie…
- Vous pensiez vraiment ce que vous nous avez dit tout à l’heure ? Demanda Tony.
- Pourquoi ? C’est vous qui avez commencé !
- Oui, mais maintenant j’aimerais pouvoir vous dire que je déconnais…
- Vous déconniez ?
- Malheureusement, non.
- Moi non plus. Tous ça, je n’y avais jamais réfléchi. J’espère sincèrement que je me trompe…
- Peut-être était-il juste très bourré, souffla Tony.
- Juste très bourré… » Soupira Steve sans trop y croire.

Wanda était depuis longtemps allée se coucher. Elle dormait. Sa chambre se trouvait à peu près en face de celle de Buck. Elle se réveilla brusquement. Un bruit, un choc, cela venait de la tirer de son sommeil. Elle se leva, sortit dans le couloir en pyjama et écouta. Il y eu un long silence, elle allait retourné se coucher lorsqu’elle entendit quelque chose tomber dans la chambre d’en face. Elle tapa doucement contre la porte mais n’obtint aucune réponse. Elle se dit que c’était idiot et pourtant son instinct lui disait qu’il se passait quelque chose d’anormal. Elle frappa à nouveau puis appela : « Buck ?! Ça va ?
Comme elle n’obtint pas de réponse, elle tenta d’ouvrir la porte mais la trouvant fermée, elle hésita puis décida d’aller en parler aux autres qui, certainement, étaient encore en bas.
Mis à part Tony et Steve qui parlaient au bar, elle les trouva assis autour d’une table. Surpris, ils se tournèrent vers elle. Elle se trouva stupide, toutefois, elle dit quand même : « J’ai l’impression qu’il se passe un truc chez Buck…
- Un truc ? Questionna Tony alors que Steve bondissait déjà vers l’escalier.
- J’ai entendu le bruit d’une chute assez lourde... »
Elle n’eut pas à en dire plus, tous se précipitèrent à la suite de Rogers. Celui-ci arriva le premier et, après avoir secoué la porte sans obtenir de réponse, il la défonça sans ménagement. Dans la chambre, il n’y avait personne. Le lit était fait, il n’y avait pas de fouillis particulier. La salle de bain attira le regard de Wanda qui était entrée la dernière. Elle s’approcha et avant même d’entrer vit la quantité énorme de sang qui couvrait le carrelage : « Oh mon Dieu… fit-elle.
Steve bondit dans la pièce. Le carrelage blanc était rouge. Il hurla à l’attention de ceux restés en arrière : « Appelez les secours, vite ! »
Stark et lui tombèrent à genoux dans la mare de sang. Buck s’était tailladé les veines du bras en zig zag de l’intérieur du coude à la paume de la main. Steve s’empara d’une serviette pour compresser les plaies pendant que Tony prenait le pouls au niveau du cou : « Il vit, dit-il, mais il a perdu beaucoup sang…
Là, il s’aperçut qu’il y avait du sang sous la tête du blessé et que cela ne venait pas de son bras. Il souleva les cheveux sombres du carrelage et continua :
- Il a dû se cogner en tombant…
Steve observait les doigts de son ami. Son regard parcouru la pièce : le miroir au dessus du lavabo était brisé. La scène apparaissait très clairement : Bucky était venu là, s’était regardé longuement dans la glace. Puis, dans un geste de fureur, il avait brisé le miroir d’un coup poing. Pour cela, il s’était servi de sa main valide, les traces de coupures aux jointures étaient nettes. Cela n’avait pas dû atténuer suffisamment sa rage car il s’était emparé d’un des débris du miroir et s’était ouvert les veines sans ménagement. Le sang dans le lavabo indiquait qu’il était resté debout un long moment avant de s’écrouler. Sa tête avait heurté le radiateur porte-serviettes sur le mur derrière lui, lui entamant largement le cuir chevelu. La chute avait été lourde et c’est ce qui avait sans doute réveillé Wanda. Il avait dû tenter de se relever en s’accrochant aux tiroirs du meuble près de lui, puis était retombé en arrachant l’un d’eux, certainement le second bruit qui avait alerté la jeune femme. Steve avait enroulé une serviette bien serrée autour de l’avant bras sanglant. Le visage de son ami était livide, il le prit par les épaules, pour le soulever légèrement. Une fois qu’il l’eut posé sur ses genoux pliés, il marmonna désespéré : « Mais Bucky qu’est ce qui t’a pris ! Tu t’es toujours battu pour vivre et là… Bucky ! mais c’est pas vrai !
Les autres s’étaient éloignés, il n’y avait plus que lui et Stark dans la salle de bain. Steve, les larmes aux yeux croisa le regard de Tony :
- C’est à cause de moi…
- Ne dîtes pas ça…
- Vous savez pourquoi il fait ça ! j’avais l’air si furieux, il a dû se haïr…
Il secoua la tête, désespéré avant d’ajouter :
- Se haïr encore plus…
Stark devinait aussi bien la scène que lui. Buck devait avoir un truc sur le cœur depuis bien longtemps, en une nuit tout avait dérapé.
- Steve, dit-il, ce n’est pas votre faute, s’il a voulu mourir ce n’est pas votre faute !
Et, pour donner plus de poids à sa phrase, il poursuivit :
- Ce n’est pas votre faute si vous ne partagez pas ses sentiments.
Steve passa ses doigts sur les joues livides, même de ça il ne savait plus quoi penser, il secoua la tête avec désespoir :
- C’est un cauchemar ! Je pensais l’aider… Tony ! Mais qu’est ce que j’ai foutu !
- Il vit, Steve… il s’en tirera, il a la peau dure.
L’autre hocha la tête en serrant son ami contre lui.
- Oui, fit-il, il est solide, il en a vu d’autre… Bucky… tiens le coup…
Puis brusquement furieux il s’écria :
- Mais bon sang, les secours, ils sont où !?
Tony s’excusa :
- Mon hôpital privé n’a pas de personnel ce soir, il faut attendre les secours extérieurs… Natasha a dit qu’ils arrivaient…
- Oh mon Dieu, Bucky, je ne veux pas te perdre encore une fois… me fais pas ça !
Son regard fit le tour de la salle de bain, il dit encore :
- Tout ce sang… il y en a tellement…
- On en a 5 à 6 litres dans le corps, Steve… Il n’y en a pas 5 litres sur le sol.
Steve le scruta d’un œil sombre qui semblait dire :
- Encore heureux…
Sam apparut à la porte :
- Ils arrivent…
En quelques secondes la salle de bain fut investie par l’équipe médicale. Tony et Sam entraînèrent Steve dans la chambre. Tony lui promit :
- On va suivre l’ambulance avec ma voiture, à l’hôpital on attendra des nouvelles. Sam, que font les autres ?
- Ils sont en bas, je pense qu’ils vont attendre ici, moi, je viens avec vous.
- Ok, fit Stark, on attend qu’ils l’embarquent et on y va... »
Steve, la tête dans les mains, attendait. Ses oreilles bourdonnaient et la voix de Bucky répétait : « Tu n’imagines pas à quel point tu ne peux pas (m’aider)... »


Dernière édition par stucky76 le 25 Oct 2019 13:46, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 09 Mai 2019 18:11 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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même si je connais pas beaucoup cet univers j'aime ce début...
vivement la suite!!

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Le verbe aimer est un des plus difficiles à conjuguer : son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif et son futur est toujours conditionnel. (Jean Cocteau)

Petite citation empruntée à la signature de Chtimi 252... (ps si tu veux que je la retire dis le moi. Je le ferai bien évidemment)


Dernière édition par ptitepointe le 10 Mai 2019 19:16, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 09 Mai 2019 18:53 
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Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!! J'adore ce début ! Ça fait longtemps que je n'ai pas lu de fic Stucky, mais ce début est vraiment prometteur.

C'est normal que j'ai envie de gifler Steve pour sa réaction ? Pfff quel couillon ! :P

:suite:


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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 09 Mai 2019 20:21 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Merci de m'avoir lue, voici un second chapitre.

Chapitre 2 :

Sam et Steve attendaient : assis dans la salle d’attente. Tony tournait en rond. Sam bougonna : « C’est pas bientôt fini ! Vous pouvez pas vous asseoir !
- Non, fit l’autre, j’ai besoin de bouger.
Sam le foudroya du regard. Depuis près d’une heure qu’ils étaient là, Steve n’avait pas dit un mot. Assis, le visage dans une main, il ne semblait même pas conscient qu’ils étaient là. Ce ne fut que lorsque la porte s’ouvrit, qu’il bondit sur ses jambes pour questionner le médecin.
- Comment il va ?
- Il a tranché l’artère cubitale en plusieurs endroits, il a perdu plus de trois litres de sang. N’importe quel homme serait mort… Sa constitution particulière lui a permis de survivre. On l’a placé sous transfusion. Une chose est sûre : il ne voulait pas se rater : il devrait être mort. Il a aussi une plaie importante au cuir chevelu, mais sans gravité pour lui...
- Je peux le voir ? Demanda Steve.
- Il n’est pas conscient, cependant vous pouvez venir.
Il leur indiqua la chambre où Buck avait été installé, une poche de sang accrochée au-dessus de lui. Steve prit une chaise et s’assit près du lit.
- Tu vas rester là ? Demanda Sam.
- Oui, je ne le laisserai pas se réveiller seul.
Stark s’approcha du blessé, ébouriffa les cheveux sombres et remarqua :
- Et bien beau brun, tu es plus endurant que tu ne le pensais.
Il fourra ses mains dans ses poches, puis ajouta :
- Je plains l’équipe de nettoyage, 3 litres de sang sur le carrelage, la vache !
La plaisanterie fit sourire Sam, il répliqua :
- Une chose est certaine c’est que s’il c’était agi de vous ou de moi, on serait mort. Il faut des surhommes comme lui ou Steve pour survivre à ça.
Steve rectifia :
- Sur le sol, il n’y en avait pas plus de 2 litres : il y en avait bien 1 litre dans le lavabo…
- Intéressant, remarqua Tony, ça veut dire qu’il a résisté un sacré bout de temps avant de s’écrouler…
Il tourna un peu en rond dans la chambre, regarda par la fenêtre jeta un coup d’œil à la poche de sang en constatant :
- O négatif… pas facile comme groupe…
Son regard tomba de nouveau sur Buck.
- Il a l’air fragile, comme ça… Un soldat de l’hiver un peu chamboulé.
- Ne l’appelez pas comme ça, lui reprocha Steve.
- Oui, bon ! Répliqua l’autre, votre Bucky va bien, moi, je vais rentrer chez moi ! Je ne suis pas un surhomme et j’ai besoin de dormir. Wilson vous venez avec moi ?
- Oui, fit Sam.
Il se leva, tapota l’épaule de Steve, puis ajouta en sortant avec Tony :
- Je passerai prendre des nouvelles demain, salut Steve. »
Steve les suivit des yeux puis son regard revint se poser sur le visage trop pâle de son ami :
- Tu es complètement idiot, Buck d’avoir fait ça, soupira t-il, je serai toujours ton ami…
Il prit la main droite qui reposait sur le lit, sous un long pansement qui couvrait tout l’avant-bras, et la serra dans la sienne.
- Crétin... »
Les heures passèrent et Steve s’endormit. Il glissa lentement dans le sommeil puis dans le rêve. Il se retrouva dans sa maison de Brooklyn à table avec sa mère. Il avait 14 ans et demi, n’en paraissait pas plus de 12. Il retrouvait le joli visage un peu fatigué de sa mère, ils mangeaient des pommes de terres, il n’y avait pas de viande. Soudain, on frappa à la porte, il était 19h00. Tous deux se levèrent pour aller ouvrir. Ils ne furent guère surpris de trouver Buck le nez en sang, la lèvre éclatée, la pommette fracassée. Il serrait un de ses bras contre lui. Il venait de prendre 15 ans, il était déjà plus grand que Mme Rogers, plutôt mince, mais nerveux, un garçon habitué à se bagarrer contre plus grand que lui. Pourtant, là, son visage tuméfié était couvert de larmes. Mme Rogers referma la porte derrière eux puis l’entraîna jusqu’au vieux fauteuil dans lequel il se laissa tomber en disant : « Je ne rentrerai plus jamais chez moi…
Steve s’assit près de lui pour passer un bras réconfortant autour des épaules de son ami. Sa mère demanda en approchant sa main du bras qu’il serrait contre lui :
- Ça va ton bras ?
- C’est rien Madame, je me suis juste tordu le poignet en tombant.
- Tu es sûr qu’il n’est pas cassé ?
Il tendit son poignet et le bougea en grimaçant :
- Ça fait mal mais ça bouge, donc pas de casse.
Mme Rogers alla chercher de quoi désinfecter les plaies les plus importantes, puis lui demanda s’il voulait manger quelque chose.
- Non, répondit-il, on avait fini…
Sur ce, apercevant l’assiette encore pleine de Steve, il ajouta :
- Va finir de manger, tu vas manger froid à cause de moi.
- Tu sais j’ai plus tellement faim…
- Va vider ton assiette sinon tu resteras maigrichon toute ta vie !
Sa mère sourit et Steve obéit. Quand il eut fini, il prit un morceau de chocolat, le cassa en deux et revint s’asseoir près de Buck.
- Tiens !
Son ami ne refusait jamais un morceau de chocolat. Il le mit dans sa bouche, le faisant fondre lentement pour profiter plus longtemps du goût. Mme Rogers se mit à faire la vaisselle, Steve proposa :
- Je viens t’aider, M’an !
- Non, reste avec Bucky.
Celui-ci déglutit avec difficulté, Steve vit sa lèvre inférieure trembler :
- Ça va, Bucky ? s’inquiéta t-il.
Le joli visage ravagé du garçon était tiraillé entre la colère et la douleur. D’abord il enragea :
- Je vais le tuer ! Je te promets qu’un jour je vais le tuer !
Sans savoir quoi dire, Steve posa sa main sur une épaule. Buck le regarda, ses yeux se remplirent de larmes et il se laissa tomber dans ses bras en pleurant. Il se laissa aller contre lui en sanglotant comme un gosse : Steve aurait voulu être plus vieux, plus grand et plus fort pour pouvoir le défendre.
Il l’entoura tout de même de ses bras frêles, son regard croisa le sourire de sa mère qui semblait dire : « Tu vois, lui aussi a besoin de toi...
Buck cessa assez rapidement de pleurer mais, à sa grand surprise, il resta contre lui. Il ne bougeait plus, comme s’il dormait. Sa mère tricotait, lui souriant de temps à autre, les minutes s’écoulaient et son ami qui faisait une tête de plus que lui, ne bougeait pas de contre lui. Steve trouvait presque ça inquiétant. Sa mère finit par souffler doucement :
- Ne t’en fais pas…
Steve observa les cheveux sombres ébouriffés qui s’appuyaient contre sa chemise puis finit par murmurer :
- Bucky, ça va ?…
Comme il n’eut droit qu’à un grognement étouffé, il ajouta :
- Tu veux rester dormir ?
Cette fois l’autre répondit :
- Oui, je voudrais rester là toujours…
Le rêve devint flou. Cette dernière phase se répercutait aux oreilles de Steve : « Je voudrais rester là toujours... »
A présent, il n’y avait plus que le fauteuil râpé, Bucky dans ses bras et cette phrase. Steve n’était plus le garçon de 14 ans, il était adulte, grand et fort et la phrase prenait un sens nouveau. Il était dans ses bras et c’est là qu’il voulait rester pour toujours…
Il regarda de nouveau la chevelure sombre, Buck avait grandi lui aussi, pourtant il avait toujours l’air si fragile. La voix de Stark résonna : « Il a l’air fragile, comme ça... »
Puis Buck dit encore :
- Tu n’imagines pas à quel point tu ne peux pas (m’aider) !
Et encore cette ultime phrase :
- Je voudrais rester là toujours... »
Steve se réveilla en sursaut. Derrière les stores le jour apparaissait en pointillé. Son ami respirait lentement, il était toujours inconscient et Steve tenait encore ses doigts entre les siens…
Il somnola une partie de la matinée, tourna en rond dans la chambre, vit plusieurs infirmières passer, l’une d’elle changea la poche de sang en remarquant : « Avec celle-là ça devrait suffire, heureusement car des poches de O négatif c’est pas ce qu’on a le plus…
Steve n’aurait même pas pu lui donner son sang. Il sourit à l’infirmière en déclarant :
- Il est solide, ça lui suffira.
L’infirmière sortit, la porte se referma, une nouvelle heure s’écoula. Il était presque midi lorsque Sam entra un paquet à la main. Il le posa sur la table roulante, jeta un coup d’œil à Buck et remarqua :
- Rien de neuf, il dort toujours…
Il s’assit près de Steve tira la table près d’eux puis dit en ouvrant le paquet :
- Je suis sûr que t’as rien mangé depuis hier, tu veux un hot-dog ?
- J’ai pas faim…
- Tu rigoles ? Un corps pareil, faut le nourrir !
Il lui mit un hot-dog sous le nez.
- Allez mange !
Steve soupira, mais obtempéra, sentant bien qu’au fond, il avait faim.
- Alors, quoi de neuf ? Continua Sam.
- Rien, répondit Steve entre deux bouchées, il n’a pas bougé…
- Tu crois vraiment qu’il a fait ça à cause de la conversation stupide d’hier soir ?
- Ça se pourrait…
Sam parut hésiter puis fini par ajouter :
- Tu crois qu’il est vraiment amoureux de toi ?
- Ça se pourrait…
- T’es sérieux là ?
- Oui… Et ça ne date peut-être pas d’hier…
- Tu veux dire quoi, là ?
- Que quand on était ados, il était déjà très câlin…
- Câlin ?!!!
- Dès qu’il avait un chagrin, il finissait dans mes bras. Quand j’y pense, à présent, avec un regard neuf, il avait l’air d’aimer ça…
- Sans rire !?
- Chaque fois que son père le cognait il finissait dans mes bras. Il aurait pu pleurer dans les bras de ma mère, moi c’est ce que j’aurais fait, mais lui, c’était dans les miens. Même quand il ne pleurait plus, il y restait des heures…
- Ah ??!
- Ouais… quand son père a cessé de lui cogner dessus, il a trouvé autre chose…
- Quoi ?
- Les chagrins d’amour…
- Il se faisait larguer ?
- C’est ce que je pensais, à l’époque. Aujourd’hui, je me demande si ce n’était pas un prétexte pour se faire consoler…
- Tu ne t’ai jamais posé de questions ?
- Non, il avait besoin de moi, j’étais là, comme lui était là, quand j’avais besoin de lui.
- Il a joué à ça longtemps ?
- Il a arrêté brusquement. Un jour il m’a dit qu’il ne se ferait jamais plus larguer, qu’il prendrait les devants… Il a dit : « Je ne viendrais plus pleurer sur ton épaule, c’est plus de notre âge… Il est devenu plus distant, les filles ont défilées, il jouait au tombeur… Il avait des crises de cafard terribles…
- Un type bizarre, quoi…
- Quand j’y pense maintenant, oui... Il y a eu la guerre… il est parti.
- Oui, la suite, je la connais.
- Il aurait donné sa vie pour moi… et je donnerais la mienne pour lui, sans hésiter. Quand il est tombé de ce wagon, j’aurais donné n’importe quoi pour inverser les rôles… Aujourd’hui encore je le vois tomber et ça fait encore mal…
Sam rit, lui mit une claque dans le dos, puis remarqua, moitié sérieux, moitié rieur :
- Steve ! Je crois que tu l’aimes aussi !
- Je l’aime, oui. Mais peut-être pas comme il voudrait...
- Ça, tu ne peux quand même pas te le reprocher !
- Me le reprocher, non, mais m’interroger, oui.
- Sur quoi tu t’interroges ?
- Sur ce qu’il devait ressentir pendant toutes ses années. Je pense qu’en grandissant il a commencé à avoir honte. Il est devenu plus distant, il courait après les filles comme pour se prouver quelque chose et moi, idiot que suis, je ne me suis jamais rendu compte de rien. Malheureusement, rien à évolué : hier, il avait horriblement honte… moi, j’ai réagi comme un imbécile et même, maintenant, je ne saurais pas quoi lui dire…
- Tu trouveras, Steve, c’est ton ami, tu trouveras les mots…
Près d’eux, Buck remua : un sursaut bref. Sa tête roula sur le côté, il marmonna quelques chose d’incompréhensible puis ne bougea plus. Sam observa le profil à la barbe naissante, la bouche entrouverte, les joues un peu creuses, l’épaisse chevelure sombre, tout ça avec cet air un peu fragile qui sautait aux yeux. Il se tourna vers Steve pour demander :
- Tu le trouves comment ?
Steve eut un sursaut.
- Quoi ! Fit-il, c’est quoi cette question ?!
- Tu le trouves comment ? répéta l’autre, c’est simple comme question !
- Il est beau… Il a quelque chose de terriblement…
Il ne trouvait pas le mot, Sam insista :
- Continue ! Tu m’intéresses !
- T’es con, Sam ! Je n’ai pas envie de coucher avec lui ! c’est mon ami depuis toujours ! Il représente énormément pour moi, c’est tout.
Sam avait l’air dubitatif, il continua :
- Ok ! Mais tu ne m’as toujours pas dit ce qu’il a de terriblement… Terriblement quoi ?
- Sam, arrête !
- Tu devrais te poser la question, Steve. Il te manque un mot là, il faudrait que tu mettes la main dessus.
- Oui, c’est ça… plus tard. »
Sam n’insista pas davantage, ils parlèrent d’autre chose puis Sam s’éclipsa en milieu d’après-midi. Steve demeura un peu seul et, le soir, vers 19 heures, ce fut Natasha qui vint lui tenir compagnie. Ils discutèrent d’abord de tout et de rien quand, sans prévenir, la jeune femme lança :
- Sans rire, Steve ! c’est sérieux ce délire avec Barnes ?!
- Laisse tomber, Nat, j’en ai déjà causé avec Sam…
- Je veux savoir ! Il y avait quelque chose entre vous ou pas ?!
Steve s’indigna :
- Mais non !
- Bon ! Alors c’est juste lui qui en pince pour toi, c’était ça hier soir ! l’alcool lui a fait dire des trucs qu’il avait toujours gardées pour lui !
- Je crois que c’est ça… et plus j’y songe, plus je crois que c’est ça…
- Ça te fout en rogne ?
- Non, plus maintenant… je regrette la façon dont j’ai réagi… Je vois toujours la honte sur son visage quand il s’est enfui… Bon sang ! j’aurai dû le retenir !
- Tu ne pouvais pas deviner qu’il irait jusque là…
- J’aurai dû prévoir…
- Personne ne pouvait imaginer qu’il ferait un truc pareil !
- Tu vois, Nat, maintenant, quand je repense à tous ça, il me revient des trucs… Tout à l’heure, juste avant que t’arrives, un souvenir m’est revenu…
Comme il semblait hésiter, Natasha l’encouragea :
- Vas-y ! raconte.
- C’était à l’époque où il jouait au tombeur. Combien de filles ont défilées entre ses bras entre ses 20 et 25 ans, je ne sais pas, mais un sacré paquet…
A cette époque, il est devenu plus distant avec moi, il disparaissait pendant plusieurs jours… Un soir, je rentrais du boulot, quand sa mère est venue frapper à la porte. Ça faisait près d’une semaine que je n’avais pas vu Bucky, je bossais toute la journée, j’étais passé plusieurs fois chez lui, sa mère m’avait dit qu’elle ne savait pas où il était. Je m’étais dit qu’il jouait les jolis cœurs avec une fille quelque part…
Sa mère m’a dit qu’elle était inquiète, qu’il fallait que je vienne avec elle. Je l’ai accompagnée jusque chez elle et là, elle m’a dit que Bucky était enfermé dans sa chambre depuis deux jours. J’ai pensé logiquement qu’il avait un chagrin d’amour, chose qui, il est vrai, ne lui était plus arrivé depuis longtemps. Je suis monté à l’étage et j’ai tapé à sa porte. Sur le coup, il m’a envoyé promener, j’ai insisté… Il a fini par m’ouvrir. Ça sentait horriblement le renfermé dans sa piaule, j’ai voulu ouvrir une fenêtre, il a hurlé qu’il voulait rester dans le noir. Je sentais qu’il était en détresse, il y avait longtemps que ça lui était arrivé, mais je voulais l’aider. Je me suis assis sur son lit, près de lui et j’ai demandé : « Une fille t’a fait de la peine ?
Il a ri bizarrement… j’ai insisté :
- Je croyais que les peines d’amour, c’était fini ?
Il a encore rit puis a bougonné :
- J’aimerai vraiment que ça finisse…
Il s’est pris le visage à deux mains, il semblait tellement perdu, je ne comprenais rien. On ne lui connaissait pas de relation sérieuse. Bêtement, j’ai encore demandé :
- Je la connais ?
Cette fois, il a éclaté d’un rire qui m’a fait froid dans le dos, il m’a regardé et a marmonné cette phrase bizarre :
- Si tu pouvais lire dans mes pensées, Steve, tu ne me poserais pas cette question, tu prendrais cette porte et tu disparaîtrais de ma vie… »
Encore un fois, j’ai rien compris… Ce n’est qu’aujourd’hui que je commence à comprendre…
Il me faisait de la peine, j’ai voulu le prendre dans mes bras… Quand il était plus jeune et que son père le cognait, je le consolais souvent… Il a très mal réagi : il a fait un bond en arrière en bougonnant : « Ne me touche pas, Steve ! Laisse-moi ! Ça vaut mieux…
J’ai dit :
- Je veux juste t’aider, Bucky…
Alors il a dit cette phrase :
- Tu ne peux pas m’aider, Steve… »
Nat ! Cette phrase, il me l’a dit de nouveau hier soir. Il m’a dit : « Tu ne peux pas m’aider, Steve ! Tu ne t’imagines pas à quel point tu ne peux pas m’aider... »
Comme il restait silencieux, Natasha prit la parole :
- Le soir, dans sa chambre, tu es parti après qu’il t’ait dit ça ?
- Non… J’ai fini par réussir à la prendre dans mes bras, il a craqué puis tout est rentré dans l’ordre, je n’ai jamais su ce qui s’était passé…
- Et tu ne t’es jamais posé de questions ?
- Non, c’était Bucky et ses crises de cafard, il m’en a fait d’autres...
- Et hier soir, t’as répondu quoi quand il t’a dit que tu ne pouvais pas l’aider ?
- Il avait l’air bouleversé… Je lui ai dit de ne pas trop boire, j’aurais dû mieux le surveiller…
- Tu n’es pas sa nounou, Steve !
- Non, mais je suis son ami, il n’a plus que moi…
- Il doit tenir sérieusement à toi, si après tout ce qu’il a vécu il ressent toujours la même chose…
- Nat, ne dit pas des trucs comme ça… c’est gênant…
- Eh ! On ne parle que de ça depuis tout à l’heure !
- Oui, car c’est tous ces détails idiots qui nous ont menés là…
- Ce ne sont pas des détails idiots, Steve ! Ce sont des souvenirs importants de ta vie que tu n’as pas su décrypter sur le moment. Je pense que dans les années 40 encore plus que maintenant, on ne parlait pas de ça…
Steve eut un petit rire triste.
- Non, fit-il, « mon Dieu quelle horreur ! » aurait dit ma mère, la sienne, nos voisins… son père l’aurait tué…
- Tu ne crois pas qu’il a, plus d’une fois, eu envie de se tuer lui-même ? Hier soir, il a peut-être juste concrétisé quelque chose qu’il avait déjà, par le passé, eu souvent envie de faire…
Steve ne trouva rien d’autre à répondre que :
- Pauvre Bucky… Il a fallu, en plus, que HYDRA lui mette toutes ces saletés dans la tête, ils se sont servis de lui pour tuer…
- Mourir pour oublier, Steve, et peut-être aussi pour ne pas avoir à affronter encore ton regard après ce qu’il avait dit sous l’emprise de l’alcool…
Steve posa les yeux sur son ami. Il glissa sa main sur le drap pour enfermer les doigts inconscients entre les siens. Natasha suivit le geste du regard et murmura :
- A toi de savoir à quel point tu l’aimes…
- Je ne sais pas, Natasha, je ne sais plus... »
La nuit tomba de nouveau sur l’hôpital. C’était Tony qui était là à présent. Il avait amené des sandwichs, ils avaient mangé en discutant de choses sans importances puis le silence était retombé. Tony, la chaise tournée vers la fenêtre regardait les lumières dans la nuit. Steve songeait : il voyait Buck le soir de son départ pour le front. Il était fier dans son bel uniforme, il voulait passer la soirée avec lui… il avait même amené des filles, histoire d’être dans les codes. Lui, l’avait laissé tomber pour tenter de s’engager une nouvelle fois... Cela l’avait mené jusqu’ici… Buck l’avait pris dans ses bras pour lui dire au revoir et avait fini sa soirée avec les filles… Quand il l’avait retrouvé tant de choses avaient changées, Buck le regardaient avec des yeux plein d’admiration, il l’aurait suivi au bout du monde, il aurait pris tous les risques pour lui, « pour le p’tit gars de Brooklyn », qu’il disait…
Ce ne fut pas la voix de Stark qui le tira de ses pensées, mais celle de Bucky : « Steve…
Elle était pâteuse et hésitante cette voix, grave et tremblante. La voix de quelqu’un qui se réveille sans y croire. Tony ne bougea pas. Steve se leva pour venir s’asseoir sur le lit, face à son ami. Il sourit doucement :
- Oui, Bucky, ça va…
Comme Buck tentait de se redresser, Steve l’obligea à rester tranquille.
- Ne bouge pas, idiot, tu es faible, il te manque encore plus d’un litre de sang.
- Ouais, fit Tony, le carrelage n’a pas apprécié…
- Je suis où ? Demanda Buck.
- A l’hôpital, répondit Steve, évidemment. Tu te souviens, on t’a trouvé baignant dans ton sang ?
Buck jeta un coup d’œil à son bras. Son visage trop pâle était à présent assez rouge, il serra les dents, évita le regard de Steve et bougonna :
- Fallait me laisser mourir…
- Non, Bucky, il ne fallait pas faire ça. Quoi que tu aies dans la tête, il ne fallait pas faire ça !
L’autre souffla très bas.
- Je me fais horreur… je me suis toujours fait horreur…
- Bucky… avec le temps les choses s’arrangent…
Son ami se mit en colère :
- J’ai cent ans, Steve ! Pour certaines choses rien a changé ! Alors, je ne crois plus que ça changera ! Il fallait me laisser mourir !
- Jamais, Bucky… ce fut tout ce que trouva à répondre Steve.
Il ne pouvait pas lui dire qu’à présent il savait de quoi il parlait, ce n’était franchement pas le bon moment.
Buck passa brusquement de la colère à l’inquiétude. Son regard bleu se posa de nouveau sur Steve, il dit d’une voix qui s’excusait :
- Je suis désolé, pour hier soir… j’étais bourré, j’ai dit n’importe quoi…
Comme Steve ne répondait rien, il continua, presque suppliant :
- Je ne boirai plus, Steve, je suis désolé…
Steve sourit et dit gentiment :
- Si ça te fait te trancher les veines, non, ne boit plus.
Buck passa une main sur son front, il regarda encore autour de lui, ses yeux s’attardèrent un instant sur Tony, puis ils revinrent sur Steve. Il se décida à poser la question qui lui brûlait la langue depuis son réveil :
- Steve, commença t-il, hier… Je ne me souviens plus, j’ai dit quoi pour que ça te mette tellement en colère ?
- Rien de grave.
- Steve, quoi que j’ai dit, j’étais bourré, tu sais comment je suis…
Steve lui coupa la parole.
- Bucky ! c’est pas ce que t’as dit qui pose un problème… C’est pourquoi, à cause de quelque chose que tu croies avoir dit, tu t’es ouvert les veines !?
- Qu’est ce que j’ai dit ? Insista désespérément Buck.
- Tu as dit que tu m’aimais, que tu étais bien dans mes bras.
Steve avait dit ça assez froidement mais sans colère. Son ami le regardait, la bouche ouverte, sa lèvre supérieure, légèrement avancée, avait l’air égaré. Steve lui sourit doucement et ajouta :
- Rien qui valait la peine de t’ouvrir les veines…
Buck finit par regarder ailleurs, sa main droite tremblait. Steve voulu la prendre dans la sienne, l’autre la retira promptement. Steve fronça les sourcils et reprit les doigts avec vigueur :
- Tu as les mains brûlantes ! Remarqua t-il, tu as de la fièvre !
- J’ai chaud…
Tony se leva.
- Je vais chercher quelqu’un…
Il disparut dans le couloir. Steve tendit la main pour toucher le visage de son ami. Celui-ci se laissa faire les dents serrées. Steve s’attarda sur une joue puis retira ses doigts.
- Tu as de la fièvre… Ton corps n’a pas l’air d’apprécier le litre de sang qu’on t’a donné.
Buck le dévisagea, l’œil sombre.
- Il aurait mieux valu me laisser mourir.
Steve s’emporta :
- Bucky, tu m’énerves !
- Pourquoi vous m’avez sauvé ! En quoi je le méritais, j’ai tué des gens !
- Ça c’est pas nouveau ! Ne me prend pas pour un imbécile ! c’est pas à cause de ça que t’as voulu mourir !
Comme un médecin entrait, il se tut. L’homme appuya un thermomètre sur le front buté du malade et remarqua :
- Sa température est à 39,8° C, il réagi mal à la transfusion… Je vais demander qu’on lui amène du paracétamol…
Il disparut et Tony reprit sa place près de la fenêtre. Steve reprit :
- Tu sais très bien pourquoi t’as voulu mourir !
Bucky serrait les poings, il avait l’air furieux. Il fixait Steve, le regard noir. Il enragea :
- Alors si tu sais si bien les choses qu’il y a dans ma tête, il fallait me laisser mourir !
- Tu es mon ami, rien ne changera ça…
Buck frappa l’oreiller avec l’arrière de sa tête, détourna le regard et, passant de la colère au désespoir, il soupira :
- Je ne m’en sortirai jamais…
Comme la conversation ne menait finalement à rien, Tony intervint :
- Ça c’est certain… tu en as trop dit hier soir, maintenant, mon garçon, tu vas devoir assumer !
Buck se renferma comme une huître, bougonnant entre ses dents :
- J’étais bourré ! Arrêtez de prendre ça au sérieux !
Steve s’était levé et tournait, à présent, en rond dans la pièce. Il s’arrêta au pied du lit et, le menaçant du doigt, il répliqua :
- C’est sérieux, Bucky ! Tu t’es ouvert les veines au point de perdre la moitié de ton sang !
L’autre ne répondit pas, le visage fermé : il regardait le mur. Une infirmière entra avec une plaquette de paracétamol qu’elle posa sur la table de chevet. Buck l’ignora, continuant à fixer le mur. Elle se tourna vers Steve en disant :
- Il faudrait qu’il en avale deux…
Steve lui fit signe qu’il allait s’en occuper : elle sortit. Il versa un peu d’eau dans un verre, extirpa deux cachets de leur enveloppe transparente puis, s’asseyant de nouveau sur le lit face à son ami, il demanda gentiment en lui tendant le verre d’une main, le paracétamol de l’autre :
- Allez, avale ça…
Comme l’autre ne bougeait pas, il ajouta encore plus gentiment :
- S’il te plaît, Bucky…
Celui-ci s’empara brusquement des cachets les fourra dans sa bouche, vida le verre d’eau puis le lui rendit en le fusillant du regard. Tony remarqua :
- Steve, j’admire votre patience, votre ami a une tête à claques !
Steve ne releva pas la remarque. Il regardait le profil boudeur qui fixait de nouveau le mur. Il n’avait pas envie de s’énerver : il devinait la souffrance de Buck. Il dit doucement :
- Parle-moi, Bucky…
La pomme d’Adam roula le long du cou, sous la barbe naissante : il y avait des larmes dans les yeux bleus. Steve répéta : - - - -- Bucky…
Celui-ci, sans cesser de regarder le mur, finit par répondre :
- Tu veux que je te dise ce que j’ai sur le cœur…
- Oui, Bucky, je pense qu’il est temps que tu le fasses.
- Steve…
Ce dernier laissa son regard errer sur la lèvre supérieure qui tremblait, vulnérable. Buck, après une longue hésitation, reprit :
- Steve, je suis désolé… j’ai jamais pu m’en empêcher…
Une larme s’échappa du regard d’azur, il l’essuya rageusement, ravala les autres, puis continua :
- Quand on était gamin, je t’aimais comme un frère, mais ça n’a pas duré… Ça c’est vite gâté…
- J’imagine, Bucky…
- Je ne suis pas sûr que tu puisses imaginer, Steve…
- Je fais de mon mieux…
- A treize-quatorze ans, tu te sens tellement…
Il chercha longtemps avant d’avouer, la voix tremblante :
- … Anormal…
Steve préféra laisser le silence apprécier. Buck poursuivit :
- Au début, j’ai longtemps profité de chaque instant qui me rapprochait de toi…
Il rit tristement.
- Tu devais me trouver collant…
- Non Bucky, je n’ai jamais pensé ça…
- En même temps, comment t’aurais pu imaginer un truc pareil… Tu te disais « pauvre Bucky, toutes ces filles qui le font pleurer ! » Alors que je pleurais sur moi…
Il s’arrêta, renifla, passa le revers de sa main sur ses yeux, puis reprit :
- Les filles, Steve ! Elles m’adoraient ! Mais moi, je ne ressentais rien. Je me disais que je finirais bien par en trouver une qui me ferait le même effet que toi… tu parles…
Il se tut encore une fois et son regard bleu vint se poser sur Steve :
- C’était avec toi que j’avais envie d’être… Alors j’ai pris du recul, je me suis battu pour que jamais, jamais tu ne te doutes de rien ! … Ni toi, ni personne… hier soir, j’ai tout foutu en l’air… Je me sens moins que rien, qu’est ce que je vais faire de tout ça, de tout ce gâchis autour de moi. J’ai tué, j’ai menti à mon meilleur ami… pendant tout ce temps, tu n’as jamais su quel pauvre type j’étais…
- Tu es quelqu’un de bien, lui assura Steve.
Buck renifla encore, passa sa main sous son nez puis souffla avec un rire amer :
- Je ne crois pas, non… Je ne méritais pas tout ce que tu as fait pour moi…
- Je le referai encore, Bucky.
- Steve… Quand je t’ai retrouvé… quand tu m’as sauvé d’HYDRA… tu avais tellement changé…
- Tu m’as aimé moins…
- Non, ça a été pire… Il aurait mieux valu que je meurs le jour où je suis tombé du train… J’en aurais fini avec tout ça…
- Bucky… reprocha doucement Steve.
- Il a fallu que je fasse toutes ces horreurs et, qu’au bout du compte, je te retrouve…
- Quand est ce que la mémoire t’est revenue ?
- C’est revenu par bribes… HYDRA avait tellement manipulé mon cerveau, je ne savait même plus qui j’étais… Je te connaissais… Ça me faisait mal à la tête…
- Pourquoi tu m’as sorti de l’eau ?
- A cause de ce que tu as dis avant de tomber « je serais toujours là pour toi » à ce moment là j’ai su que tu étais quelqu’un de vraiment très important pour moi…
- Tu es allé au musée ?
- Oui… Quand j’ai vu les photos, ton nom, mon nom… Je me suis rappelé… De tout… alors je me suis dit qu’il valait mieux que je ne te revois jamais… Je voulais juste me cacher et finir ma triste existence loin de tout ça… loin de toi…
- Excuse-moi, je ne savais pas, je voulais juste t’aider.
- Je te l’ai dit, tu ne t’imagines pas à quel point tu ne peux pas m’aider, il faut me laisser partir loin de toi…
- Non !
- Tu es toujours aussi tête de mule, Steve…
- Tu as besoin de moi, je ne te laisserai pas tomber.
- Même maintenant que tu sais ce qui me trotte dans la tête ?
- Je me fiche de ce qui te trotte dans la tête ! Je ne te laisserai pas tomber pour que tu ailles traîner ton chagrin dans des endroits sordides.
- La solitude ne me fait pas peur, Steve, je te l’ai déjà dit, je ne veux pas être un boulet.
- Tu fais chier ! Bucky !
Sortant de son silence, Tony se leva et remarqua en s’approchant du lit :
- Bravo le beau ténébreux tu as réussi à lui faire dire un gros mot. Comme tête à claque tu te poses là.
Buck le foudroya du regard, Tony continua :
- Oups ! Je suis mort !
Il donna une tape sur la tignasse sombre en poursuivant :
- La voilà la tête de mule ! Steve, c’est d’un bon coup sur la tête qu’il a besoin, histoire de redevenir amnésique et de nous foutre la paix.
- J’aimerai bien… bougonna Buck.
Tony leva les yeux au ciel, s’assit de l’autre côté du lit et remarqua :
- Je plaisantais ! Imbécile.
Buck le fixait rageusement, il continua quand même :
- Bon, maintenant, je vais te dire ce que, moi, j’ai sur le cœur. Je t’ai vu tuer froidement mes parents. Je t’ai haïs pour ça, j’aurais voulu te tuer.
Brusquement, les yeux bleus se troublèrent, Buck cessa de fixer Stark : son regard s’égara de nouveau contre le mur.
- Et oui, poursuivit l’autre, t’en as gros sur le cœur, maintenant, je m’en rends compte… Tu n’étais qu’une arme entre les mains d’HYDRA, vouloir te tuer c’était comme vouloir piétiner la chaise contre laquelle on s’est cogné, c’était un exutoire, mais sur le moment, j’étais aveuglé…
- Je ne voulais tuer personne, murmura Buck, je n’avais aucune raison de tuer tous ces gens, à part votre père, je ne les connaissais même pas…
- Tu l’as reconnu ? Questionna Tony une pointe d’émotion dans la voix.
- Peut-être, j’en sais rien… HYDRA m’avait mis le cerveau en miettes… sincèrement, je regrette tous ce que j’ai pu faire… Je ne dors pas une nuit sans me réveiller plusieurs fois au milieu d’horribles cauchemars. Parfois, j’ai peur de fermer les yeux, peur de m’endormir…
Stark croisa le regard de Steve. Celui-ci, silencieux, attendait ce que Tony allait pouvoir conclure de tout ça. Ce dernier tendit le bras pour lui tapoter l’épaule avant de se lever et de reprendre :
- Tu as besoin d’aide Bucky Barnes, Captain a raison, si on te laisse comme ça, tu finiras par te jeter du haut d’un pont… Et tu te rateras encore une fois…
Il fit le tour de la chambre, revint près du lit, puis continua :
- Bon, il y a, en plus, le problème numéro deux. Second problème que je trouve, d’ailleurs, infiniment moins grave que le premier.
Steve et Buck lui jetèrent un regard inquiet.
- Bah oui ! Fit-il, on est au XXIème siècle ! Fini les années 40 ! tu es amoureux de ton meilleur pote ! Et alors, tout le monde s’en fout !
- Ça va, Tony, lui reprocha Steve un peu gêné.
- Quoi ! Rétorqua Stark, c’est un problème entre vous deux !
Il vint s’asseoir de nouveau près de Buck.
- Buck, dit-il en le regardant franchement, tu n’as pas la lèpre, tu n’es pas pestiféré ! Bordel ! Tu es juste amoureux, c’est pas la fin du monde ! Moi, j’aime Pepper ! Clint aime sa femme ! Baner aime Natasha mais ne se l’avoue pas ! Thor aimait son frère complètement dérangé ! Wanda aimait Vision ! Peter aime les mauvais films rétros ! Sam ! Sam… je ne sais pas, mais il aime sûrement quelqu’un ou quelque chose ! On aime tous, plus ou moins… Toi, t’as pété un plomb avec ton meilleur pote, il faut l’assumer, accroche-toi, il finira peut-être par craquer !
Steve se défendit :
- On se calme ! Stark ! Ne lui donnez pas de mauvais conseil…
- Quoi ! s’indigna l’autre, vous ne voulez pas vous faire draguer par votre meilleur ami ?!
Steve n’eut pas le temps de répliquer, Buck le prit de court :
- Ça suffit ! Lança t-il, pas question que je le drague…
Il se prit la tête à deux mains :
- Quelle horreur ! Stark taisez-vous !
Tony poussa un profond soupir.
- Il est vraiment coincé le beau brun…
- Arrêtez, Tony, ordonna Steve, ça va bien. On a comprit les grandes lignes.
Il serra l’épaule de son ami entre ses doigts et continua :
- Ça va aller, Bucky, puisque Tony a l’air de t’apprécier, maintenant, on peut revenir à un débat plus constructif…
- Si tu le dis… soupira Buck.
- Oui, je le dis. Tu vas rester à la base avec nous, ne plus boire d’alcool, trouver un truc qui te branche, un bon psy… et moi et Tony, on t’aidera de notre mieux…
Le regard de son ami se perdit en direction du mur, il ne dit rien. Tony se désespéra :
- Jamais vu une tête de mule pareille !
- Ça finira par lui passer, » assura Steve, il voulut prendre la main dans la sienne : les doigts s’échappèrent, fébriles, mais inflexibles…


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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 10 Mai 2019 19:17 
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j'aime beaucoup les souvenirs qu'on analyse différemment des années après... A qui ça n'est jamais arrivé...
J'aime bien ce chapitre! pauvre Buck... il faut qu'il s'accroche!!

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Le verbe aimer est un des plus difficiles à conjuguer : son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif et son futur est toujours conditionnel. (Jean Cocteau)

Petite citation empruntée à la signature de Chtimi 252... (ps si tu veux que je la retire dis le moi. Je le ferai bien évidemment)


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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 10 Mai 2019 21:51 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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ptitepointe a écrit:
j'aime beaucoup les souvenirs qu'on analyse différemment des années après... A qui ça n'est jamais arrivé...
J'aime bien ce chapitre! pauvre Buck... il faut qu'il s'accroche!!

C'est ce que j'apprécie avec ces deux personnages, c'est qu'ils ont tout un passé derrière eux. C'est très intéressant de les imaginer gamins, ados puis adultes dans Brooklyn dans les années 30-40.


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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 10 Mai 2019 21:52 
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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 10 Mai 2019 22:15 
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cybelia a écrit:
Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!! J'adore ce début ! Ça fait longtemps que je n'ai pas lu de fic Stucky, mais ce début est vraiment prometteur.

C'est normal que j'ai envie de gifler Steve pour sa réaction ? Pfff quel couillon ! :P

:suite:


La surprise et l'embarras, parfois, font dire des choses qu'on ne pense pas forcément...


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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 10 Mai 2019 22:19 
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CHAPITRE 3


Tony était parti, il était tard, l’hôpital s’était endormi. La fièvre faisait trembler Buck, il claquait des dents. Bourré de paracétamol, il aurait fallu qu’il dorme. Seulement, il s’obstinait à garder les yeux ouverts, rivés au mur. Steve, lui, était fatigué. Il parlait dans le vide, l’autre ne répondait pas. Assis sur la chaise, près du lit, il luttait pour ne pas s’endormir. Un moment, il somnola quelques minutes, s’éveilla en sursaut. Son regard tomba sur son ami qui n’avait pas bougé d’un pouce. Il avait les joues rouges, il respirait rapidement, sa bouche tremblait. Steve s’attarda sur la lèvre supérieure, vulnérable et boudeuse. Il eut brusquement envie de l’attraper de le secouer, ou, peut-être tout simplement de le prendre dans ses bras, comme quand ils étaient gamins et que Buck craquait sous les coups de son père. Steve souffla :
- Ça va, Bucky ?
Celui-ci continua à l’ignorer. Steve hésita, réprimant l’élan de tendresse qui le tenaillait toujours.
- Bucky ? Continua t-il, tu ne veux plus me parler ? »
L’autre serra les dents. Il parut résister de longues secondes, puis des larmes envahirent son regard. Sans quitter le mur des yeux, il fut secoué de longs sanglots qu’il tentait dans des efforts désespérés de retenir. C’était poignant, il y avait tant de douleurs encaissées depuis des années qui ressurgissaient dans ce sanglot que Steve se leva d’un coup. Il tomba, plus qu’il s’assit sur le lit, le saisissant par les épaules pour tenter de l’obliger à le regarder. Têtu, l’autre garda la tête tournée vers le mur. Steve saisit la mâchoire butée entre ses doigts et tourna le visage vers lui.
- Bucky ! Je suis là, Bucky, regarde-moi ! Bucky !
Le regard bleu très pur le regardait, à présent, les larmes contenues le faisait scintiller, elles s’échappèrent en silence, glissèrent sur les joues. Il murmura :
- Si je ferme les yeux, je vais les voir…
- Qui ça, Bucky ?
- Tous les gens que j’ai tué, froidement, en les regardant dans les yeux…
Ce fut au tour de Steve de craquer.
- Oh, Bucky… soupira t-il.
Il le saisit avec vigueur dans ses bras et l’y serra avec force. L’autre tomba contre lui, brûlant, réticent, mais incapable de résister. Ses mains finirent même par entourer son ami dans une étreinte farouche. Steve le pressa plus fort, Buck enfouit son visage dans son épaule, Steve lui caressa les cheveux. Des cheveux sombres, épais, redevenus courts.
- Je vais rester là, promit-il, le temps qu’il faut…
Buck rit dans son épaule en remarquant :
- Ça risque de durer longtemps…
- Tant pis, ça prendra le temps qu’il faut.
Disant cela, il s’installa contre la tête du lit, le serrant et le gardant dans ses bras. Buck se laissa faire, la fièvre lui vrillait le crâne, il n’avait plus la force de se rebeller.
- Tu te rappelles ?... Commença Steve.
- Oui, fit l’autre.
- Tu t’endormais contre moi quand on était gosses…
- Tu étais le seul remède à mes cauchemars…
- Déjà… soupira Steve.
- C’était mon père, mes cauchemars…
- Il te cognait tellement fort… Je me sentais tellement inutile…
- Tu n’étais pas inutile.
- Merci, ça me fait plaisir. Et maintenant, je pourrais être utile à quelque chose ?
Il y eut un court silence, Buck finit par avouer :
- Oui, Steve, je n’ai que toi…
Ce dernier sourit, content.
- Bucky, reprit-il, il y a un truc que je ne comprend pas, ça fait plus de deux ans maintenant que je t’ai retrouvé. Tu paraissais tenir le coup… Et là, depuis que tu es rentré du Wakanda, tout va mal, qu’est ce qui s’est passé ?
- Mes émotions m’ont rattrapées… HYDRA m’avait programmé à ne plus rien ressentir… bien sûr, mes sentiments sont revenus par bribe quand je me suis retrouvé, quand je t’ai retrouvé… Toutefois, je restais froid, hermétique… Au Wakanda, ils m’ont déprogrammé… c’est une bonne chose et je les en remercie, plus personne ne pourra prendre le petit livre rouge et me faire faire tout ce qu’il veut… Malheureusement, il y a un bémol, je suis redevenu sensible… sensible à ce que j’ai fait, à toutes ces horreurs… et à toi, aussi…
Steve sourit et plaisanta :
- Oui, mais moi, ça ne te fait pas faire de cauchemars…
Comme l’autre restait silencieux, il s’inquiéta :
- Ça te fait faire des cauchemars ?
- Non… souffla très bas Bucky.
Steve curieux, vaguement amusé par la tournure des choses, continua :
- Eh ! Ne me dit pas que tu rêves de moi ?
- Je préfère rêver de toi que de certaines autres choses…
Steve eut un rire bref.
- Oui, j’imagine...
Il hésita avant d’ajouter :
- Je fais quoi, dans tes rêves ?
Buck ne répondit pas, il se contenta de le serrer de toutes ses forces. Steve sourit.
- C’est ça que je fais ? Interrogea t-il.
Il sentit la tête sur son épaule dire oui, il poursuivit :
- Donc, c’est des rêves agréables ?
- Oui… fit encore la tête.
- Alors fais-les, Bucky, ça ne me dérange pas. Rêve de moi tant que tu veux.. et essaies d’oublier le reste… si c’est possible.
Buck revint sur la soirée de la veille :
- Tu avais l’air si furieux…
- Ne reviens plus là-dessus…
- Je m’en voulais tellement, je me suis dit que si je mourais, tout ça serait enfin fini…
- Je ne veux pas que tu meurs, idiot.
- Je m’attendais à ce que tu me fasses plein de reproches, que tu me dises que j’étais répugnant…
- N’importe quoi !
- Pardon, Steve…
Celui-ci sentit que les bras de son ami se détendaient. Il regarda le visage sur son épaule, il dormait : les joues en feu, la bouche entrouverte. Comme ça, avec ses cheveux courts, il avait l’impression de retrouver le Bucky de 15 ans, avec, il est vrai, un peu de barbe en plus. Il sourit et murmura en fermant les yeux à son tour :
- Tu es mon ami, idiot... »
Tony avait passée une mauvaise nuit, tout le ramenait à Barnes au fait qu’il avait voulu le tuer. Assis devant sa tasse de café, il passa sa main sur son visage : « A quoi bon casser le fusil qui a tué… C’est pas lui le coupable, c’est celui qui le tient » Il se reprochait d’avoir réagit sans discernement… Le jour se levait à peine dehors, pourtant, il finit d’avaler son café et décida d’aller voir comment ça allait à l’hôpital. Les couloirs étaient déserts, il regarda sa montre, remonta le sac à dos qu’il portait sur une épaule : il n’était pas encore sept heures. Il croisa une infirmière qui lui sourit largement en remarquant : « Vous êtes matinal Mr Stark, on n’a pas encore servi les petits-déjeuners !
- Vous inquiétez pas ! Je me ferais tout petit ! »
Il s’arrêta devant la porte, frappa, personne ne répondit. Il ouvrit sans bruit, entra dans la pièce : son regard tomba sur le lit. Il resta la bouche ouverte quelques secondes puis la referma en levant un sourcil étonné. Les deux autres qui s’étaient endormis à plus de quatre heures du matin, n’avaient pas bougés. Steve était toujours assis contre l’oreiller, le nez en l’air : il ronflait. Contre lui, entre ses bras, jambes repliées, le nez dans son cou, Buck l’enlaçait, endormi lui aussi. Tony alla s’asseoir près de la fenêtre. Cependant, ce ne fut pas par le vitre qu’il regarda. Il laissa errer son regard un peu amusé sur les deux hommes endormis. Il se demanda s’il ferait ça avec Rodey, si celui-ci était très très malheureux… non, décidément, non… il ne le prendrait pas dans ses bras… du moins pas de cette façon. Il y avait un truc bizarre avec ces deux là. Buck l’avait bien compris… mais Steve, lui, où en était-il avec tout ça…
La porte s’ouvrit, une jeune fille apportait le petit-déjeuner sur un plateau. Tout comme l’avait fait Stark, elle s’arrêta net, observa les deux dormeurs puis posa son regard sur Tony. Il lui fit « chut... » en appuyant un doigt sur ses lèvres. Elle sourit en posant le plateau sur la table avant de s’éloigner en remarquant tout bas : « Ils sont trop mignons...
La porte se referma doucement, Stark rectifia :
- Ils sont trop bizarres... »
Une demi-heure s’écoula. Ce fut Steve qui s’éveilla le premier. Il ouvrit les yeux, regarda le plafond, baissa la tête : son regard tomba sur les cheveux de Buck. Il évita de bouger pour ne pas le réveiller. Il se contenta de lever le bras pour se frotter les yeux puis regarder l’heure à son poignet. Ceci fait, il reposa doucement sa main sur le bras de son ami. Il tourna la tête, apercevant Tony, il sursauta : «Tony, qu’est ce que vous foutez là ?
L’autre sourit.
- Je vous retourne la question : et vous ? qu’est ce que vous foutez là ?
- Je dormais… bougonna Steve.
- C’est ce que j’ai vu…
Il observa Buck avant d’ajouter :
- Il va mieux ?
- Je ne sais pas, avoua t-il, il a craqué en tout cas…
- C’est pour ça que vous êtes là ?
- A votre avis ?
Tony le dévisagea, les sourcils froncées, songeur. Steve sourit puis poursuivit visiblement amusé :
- J’ai l’impression d’avoir de nouveau quatorze ans…
- Vous faisiez ça, à quatorze ans ?
- Je vous ai dit que son père le tabassait…
- Oui.
- Quand il craquait, ça finissait souvent comme ça…
- Votre mère, elle ne disait rien ?!
- Non, elle disait que tout grand et fort qu’était Buck il avait besoin du petit Steve.
- Et le « petit Steve » il était content de lui ?!
- Oui, j’étais fier de pouvoir l’aider…
- Et vous avez joué à ça longtemps !?
- Jusqu’à ce que son père cesse de le cogner, il avait quinze ans…
- Les chagrins d’amour ne le menaient pas dans votre lit, eux ?
- Non, quand même pas… il pleurait sur mon épaule, c’est tout… il ne venait plus passé la nuit chez moi. Il a juste voulu le refaire le jour…
- Hum ? Interrogea Tony.
- Le jour de l’enterrement de ma mère… j’avais dix-huit ans… J’ai préféré rester seul.
- Vous êtes bizarres tous les deux...
Steve allait répliquer or, au même moment, son ami sursauta contre lui, il l’entendit marmonner :
- Non, je ne veux pas…
Il le secoua doucement.
- Bucky ! Réveille-toi !
L’autre releva brusquement la tête, ses yeux tombèrent sur Steve:
- Steve… fit-il, comme s’il voyait un revenant.
Steve sourit avant de s’extirper du lit et remarquant :
- Bah oui, qui veux-tu que ce soit !
Il s’étira de tout son long. Tony vit le regard encore embué de sommeil de Buck s’attarder sur le long corps élégant. Il se troubla soudain et détourna le regard rapidement. Steve, qui décidément ne voyait rien, lui ébouriffa les cheveux en plaisantant :
- Ne compte pas me faire dormir dans ton lit toutes les nuits !
Bucky se recroquevilla dans un coin du lit avec un air de chien battu. Steve regretta ses paroles, il lui secoua l’épaule :
- Mais s’il le faut vraiment, je le ferais…
- Non, ça vaut mieux pas… bougonna Buck.
Steve passa encore sa mains dans les cheveux courts. Ensuite, il disparut dans la salle de bain. Le regard de Buck tomba sur Tony :
- Vous êtes là, vous…
- Ça t’embête ?
- J’m’en fous…
Tony sourit.
- Charmant, moi qui pensait te faire plaisir.
Buck le scruta d’un regard sombre, Stark continua :
- Tu ne m’aimes pas, hein ?
- Vous avez voulu me tuer…
- Rancunier ?
- Non, pas vraiment.
- Alors fais pas cette tête là ! À chaque fois que tu me regardes on croirait que tes yeux lancent des éclairs !
Il eut un petit mouvement amusé de la tête et ajouta :
- Pas comme quand tu regardes Steve…
- Vous n’êtes pas Steve !
- Non, le seul point en commun que j’ai avec lui c’est que je veux t’aider aussi.
- Pourquoi vous voulez m’aider ?
- Parce que je t’aime bien.
Buck avait l’air de ne pas trop y croire. Tony s’énerva :
- Bon, j’ai essayé de te tuer ! Ok ! Je regrette, je te l’ai déjà dit, alors on n’en parle plus…
Buck resta silencieux.
- Buck, fit Tony en rapprochant sa chaise du lit, il t’aime le grand imbécile dans la salle de bain, et pas comme il le croit.
L’autre fixait le mur d’en face silencieux. Tony s’écria en lui tapant sur la tête :
- Mais arrête de fixer ce mur !
Quand il l’eut obligé à se tourner vers lui, il continua :
- Il t’aime bien plus qu’il ne le croit, il faudrait juste qu’il en prenne conscience.
- Je ne suis pas certain de vous croire…
- C’est ce qu’on verra…
Steve ressortit de la salle de bain, il s’était rafraîchi le visage, ses cheveux étaient un peu mouillés. De nouveau, le regard de Buck s’attarda sur lui. Il prit le plateau et vint se rasseoir sur le lit en le posant sur ses genoux :
- Alors, dit-il, qu’est ce qu’on a là ? Des œufs, du bacon, un yaourt, une banane et un jus d’orange… C’est bon tout ça… allez assis et mange.
L’autre obéit sans conviction et s’empara de la banane. Steve lui arracha des mains :
- Non, pas ça en premier !
Il poussa les œufs aux plat sous le nez de son ami qui bougonna comme une évidence :
- Steve !
- T’aime toujours pas ça ! Bon, en plus il sont froids. Donne, moi ça ne me dérange pas. Mange le bacon…
Il engouffra les œufs pendant que Buck mangeait le bacon avec beaucoup moins d’appétit. Alors dit Steve en s’adressant à Tony :
- Qu’est que qui nous vaut votre visite si tôt le matin ?
- Rien de particulier, je n’arrivais pas à dormir…
- Vous avez déjeuner ?
- J’ai pris un café…
Steve avala une dernière bouchée.
- Pourquoi vous n’arriviez pas à dormir ?
- Je pensais à Barnes.
- Hum ? s’étonna Steve, pourquoi ?
- Je ne sais pas… peut-être parce que j’ai essayé de le tuer et que je me le reproche un peu.
- C’est gentil ça…
Il ouvrit le yaourt pour le poser devant Buck.
- Tiens, mange ça, je crois me souvenir que t’aime bien.
Il enfonça la cuiller dans le pot puis se tourna de nouveau vers Stark :
- Je vais devoir m’absenter dans la matinée, vous pourrez rester un peu avec lui.
- Je peux rester seul, s’indigna Buck.
- Non, j’aurais trop peur qu’il te prenne l’idée de passer à travers la vitre.
- Mais non, Steve…
- Je resterais avec lui, accepta Tony.
Buck lui jeta l’un de ses regards noirs. Stark remarqua :
- Steve, si votre ami avait des poignards à la place des yeux je serais mort plusieurs fois en 24 heures…
Steve se leva pour prendre son blouson.
- J’ai rendez-vous à 9 heures à l’autre bout de la ville, je file… Bucky…
Il le regarda longuement, ouvrit la porte puis lança avant de disparaître :
- Sois sage, je reviens ! »
Buck mangea la banane, avala le jus d’orange puis, poussant résolument les couvertures, il s’assit sur le bord du lit. Il portait une longue chemise bleue d’hôpital, il avait toujours son regard sombre et ses lèvres boudeuses. Tony prit le sac qu’il avait posé à ses pieds et le fit glisser jusqu’au lit : « Tiens, dit-il, Steve m’avait demandé de te ramener des fringues, les tiens étaient un peu tachés…
L’autre bougonna un merci puis s’empara du sac avant de disparaître dans la salle de bain. Tony se dit que s’il comptait s’en faire un ami, c’était pas gagné.
Il se leva enfonça ses mains dans ses poches et observa le soleil qui éclairait la ville. Les grands immeubles miroitaient sous le ciel bleu, un gros oiseau passa devant la fenêtre. Les minutes défilèrent, il demeurait dans ses pensées. Ce fut le bruit d’une chute dans la salle de bain qui le tira de ses réflexions. Il se dépêcha d’aller ouvrir la porte. Buck était pieds nus, habillé du jean sombre et du tee shirt noir à manches longues qu’il lui avait apporté, seulement il était tombé sur les fesses entre le lavabo et les toilettes. Tony éclata de rire devant son air furieux. Il lui tendit la main en remarquant : « Pas encore la grande forme à ce que je vois… allez viens… »
Il l’aida à se remettre sur ses pieds. Buck avait le visage et les cheveux mouillés, le robinet coulait. Tony stoppa l’eau et lui tendit une serviette. Il s’essuya le visage, jeta la serviette sur le lavabo, passa une main dans ses cheveux humides, puis au moment de faire un pas en direction de la chambre, il s’accrocha à l’épaule de Stark, celui-ci observa : « Bon, je crois qu’il vaut mieux que tu retournes au lit !
Buck s’allongea à nouveau sur le lit, par dessus les couvertures cette fois : Là, il fixa les yeux sur le plafond blanc. Stark soupira :
- Ça t’arrive de sourire, d’arrêter de faire la gueule !
- Non.
- Bon, ça va, j’en ai marre, lança Tony.
Il se dirigea vers la sortie avec un mouvement d’impatience.
- Je me casse ! Continua t-il, jette-toi par le fenêtre si ça t’amuse, j’m’en tape !
Il espérait que cela fisse réagir le boudeur, malheureusement, ce fut un coup d’épée dans l’eau. Il soupira, referma la porte qu’il avait commencé à ouvrir puis vint s’asseoir sur le bord du lit.
- Non, dit-il, j’ai promis de rester, je reste. On va parler tous les deux.
- J’ai pas envie.
- Je m’en fous, mon p’tit gars…
- Je ne suis pas votre petit gars !
Tony haussa les épaules :
- Je trouvait ça mignon, mais bon, si ça te plaît pas, on oublie…
L’autre le foudroya du regard.
- Ah non ! Ça suffit, tu arrêtes de me regarder comme ça !
Il observa le regard bleu qui fixait de nouveau le plafond et continua :
- Oui, c’est mieux comme ça, regarde le plafond et répond juste à mes questions.
Buck poussa un gros soupir, Tony poursuivit :
- Tu comptes faire quoi quand tu auras repris des forces.
- M’en aller.
- T’en aller où ?
- J’en sais rien.
- Tu comptes te planquer dans des endroits peu fréquentables et finir ta vie comme ça ?
- Ça ne vous regarde pas.
- Je m’intéresse à toi, donc, ça me regarde.
Comme l’autre lui lançait un nouveau regard assassin, il secoua la tête en montrant le plafond :
- Non, non, non, pas de ça avec moi, tu regardes le plafond.
Buck obéit en haussant les épaules. Stark reprit :
- Et Steve, tu le laisses tomber, comme ça ?!
- C’est mieux pour lui.
- Ça c’est toi qui le dit ! Je ne suis pas d’accord, il a tout fait pour te tirer de la mélasse dans laquelle t’étais englué. Et, comme ça, tu voudrais le laisser tomber !
- Il n’a pas besoin de moi, c’est moi qui aie besoin de lui…
- C’est pour te rassurer que tu dis ça ?
- J’en sais rien.
- Quand tu sais pas quoi répondre tu dis « j’en sais rien », c’est peut-être pratique pour toi mais agaçant pour les autres.
Buck poussa de nouveau un profond soupir. Tony s’impatienta :
- Allez, j’en ai marre de tourner en rond, on va aller droit au but. Tu veux te le faire oui ou non ?
Son interlocuteur sursauta, fixa sur lui des yeux écarquillés et s’offusqua :
- Mais vous êtes un grand malade !
Tony rit.
- C’est marrant, remarqua t-il, quand on parle de ça clairement, tu prends toujours cet air choqué, comme si tu étais un saint ! j’ai vu la façon que tu as de le regarder, me prend pas pour un imbécile, ta passion pour lui n’a rien de platonique !
- Merde.
- Charmante conversation. On ne dit pas de gros, ordre du Captain, ensuite, sois un peu franc avec toi-même, tu n’as pas du tout envie de partir loin de lui, ce que tu voudrais, c’est le mettre dans ton lit.
- Je me dégoûte…
- Revoilà les grands mots. T’es chiant Barnes ! Tu m’emmerdes !
- Pas de gros mots.
- Tiens, tu fais de l’humour maintenant !
Buck se redressa brusquement. Il s’assit face à Tony et répliqua :
- Avoir envie de faire certaines choses ne veut pas dire qu’on est obligé de les faire ! je ne sais pas pourquoi Steve me fait cet effet là, j’ai toujours essayé de me battre contre ça. Il m’a toujours attiré mais, en plus, il a fallu qu’il devienne beau comme un dieu ! c’était de plus en plus difficile de me débattre avec ça ! Merde ! Stark ! Steve aime les filles !
Tony eut un sourire bizarre, il posa juste une courte question qui laissa l’autre un peu embarrassé :
- Et toi ? t’aime les garçons ?
Buck mit quelques secondes avant de répondre :
- Non, à part Steve…
- Réfléchis, pour te changer les idées, avec qui tu couchais, avec des filles ou des garçons ?
- Des filles…
- Pourquoi ? Question de facilité ou question de goût ?
- J’en sais rien.
- Ah ! La fameuse réponse…
Buck s’allongea de nouveau contre l’oreiller :
- Lâchez-moi, j’ai mal au crâne.
Tony tendit la main pour toucher le front, l’autre écarta les doigts avec mauvaise humeur. Stark remarqua :
- Pas de fièvre. C’est juste la rage qui te monte au cerveau.
Buck haussa les épaules, Tony continua plus sérieusement :
- Tu es amoureux, Buck, ça n’a rien de dégoûtant. Et, ce qui est le plus beau dans tout ça, c’est que depuis toutes ces années, tu as toujours aimé la même personne, moi, perso, je trouve ça admirable.
Il y eut une lueur triste au fond des yeux bleus :
- HYDRA avait réussi à me le faire oublier, j’ai même essayé de le tuer…
- Ça c’est un autre problème, tu le sais…
- Oui… Je l’ai reconnu pourtant je frappais quand même, il a failli se noyer à cause de moi…
Il y avait des larmes dans les yeux bleus.
- Tu l’as sauvé parce que tu l’as reconnu, donc tu ne l’avais pas vraiment oublié.
- Non, je n’ai jamais rien oublié. HYDRA n’a jamais réussi à effacer ma mémoire, il l’a juste noyée sous un tas d’horreur et de souffrances… dès qu’ils ne m’ont plus passé le cerveau dans leur horrible machine, mes souvenirs sont revenus, il m’a suffi d’une balade au musée pour me souvenir de tout…
- Et s’il t’aimait aussi ?
- Il m’aime à sa façon.
- Tu ne préférerais pas qu’il t’aime à ta façon à toi.
- C’est impossible, c’est Steve.
- Essaie au moins !
- Non ! c’est mon seul ami ! Je ne veux pas le perdre !
- Si tu t’en va, tu le perdras de toute manière.
- Il sera toujours mon ami, même loin de moi.
- Il y a un moyen de tester ses sentiments.
Buck haussa les épaules encore une fois :
- J’ai déjà essayé, j’ai sorti avec toutes les filles possibles et imaginables, il s’en fichait…
- Oui, parce que c’était des filles, il restait ton seul ami. Essaie avec un mec.
- Pardon ? Vous n’allez pas bien !
- Reste un peu avec nous, laisse-moi te tourner autour et on verra comment il réagi.
- Stark vous êtes un grand détraqué !
- Je préviendrai juste Pepper, évidemment, je ne voudrais pas qu’elle croit… enfin tu vois ce que je veux dire…
- C’est n’importe quoi !
- Non, c’est le seul moyen de décrotter ton Steve.
Pour la première fois, Tony vit un début de sourire sur le visage qui se tourna vers lui.
- Tony, vous êtes vraiment sérieux là ?
- Oui, si tu joues le jeu, je joue le jeu.
Le sourire hésita, s’accentua, Finalement, Buck lui tendit la main droite.
- Ok, dit-il, ça marche...
Tony serra les doigts entre les siens, Buck ajouta :
- Si ça rate, je partirai…
- On est amis alors ?
- Oui, on est amis... »
Steve revint vers midi. Il trouva les deux autres en train de parler, Buck souriait. Il remarqua : « Eh bien, ça a l’air d’aller mieux !
Tony ébouriffa les cheveux sombres.
- On a fini par s’entendre…
Steve parut satisfait. Il reprit :
- J’ai une bonne nouvelle, le médecin t’autorise à sortir…
- Tout de suite ?
- Après mangé.
- Tu feras gaffe, prévint Tony, tout à l’heure il s’est étalé dans la salle de bain. J’ai dû le porter comme un bébé jusqu’au lit.
- Tu n’exagérerais pas un peu là ? Douta Steve.
- Juste un peu, fit Tony en se dirigeant vers la porte.
Il lui tapa sur l’épaule, puis lança à Buck avec un petit signe de la main :
- Au fait, j’ai pensé à faire nettoyer le carrelage de ta salle de bain, salut p’tite tête !
Buck le suivit des yeux, pensif, un vague sourire sur les lèvres. Steve s’assit près de lui :
- Eh bien, remarqua t-il, vous vous entendez bien finalement… Tu t’es vraiment évanoui dans la salle de bain ?
- Non, c’est juste mes jambes qui ne faisaient pas ce que je voulais, il m’a aidé à revenir jusqu’ici, c’est tout.
- Bon, je ferai gaffe de ne pas te perdre en route en allant à la voiture…
Il poussa une mèche qui tombait sur le front de son ami avant de continuer :
- En tout cas, je vois qu’il a réussi à te faire sourire.
- Oui, je l’aime bien, finalement.
Steve lui souriait doucement. Le regard de Buck se troubla, il tourna la tête vers la fenêtre pour y perdre ses yeux bleus. L’autre ramena le menton vers lui en disant :
- Tu peux me regarder en face, Bucky, même si je ne pense pas pouvoir répondre à tes sentiments, je tiens à toi à ma façon, je serais toujours ton ami.
- Tu ne penses pas… répéta tristement Buck.
- Non, je ne pense pas.
- Je le sais bien, Steve, c’est pour ça que je ne voulais pas t’imposer ma présence après tout ça…
- Après tout ça quoi !? Rien a changé pour moi, Bucky…
- Tu es bien resté le gentil petit gars de Brooklyn.
- Tu pourras toujours appuyer ta tête sur mon épaule si ça ne va pas, je te le promets.
Buck renifla et fronça le nez.
- Arrête, lui reprocha t-il, tu vas me faire pleurer…
Steve rit.
- Non, c’est pas le but, t’as assez versé de larmes comme ça. Tiens regarde ce que j’ai pris au distributeur pour toi !
Il mit la main dans la poche de son blouson pour en sortir une barre chocolaté. Il la posa sur la table de chevet avant d’ajouter :
- Un peu de sucre ne te fera pas de mal… Je me souviens d’un Bucky qui aimait bien le chocolat.
- Ça ne m’a pas quitté…
- Il y en avait sur ton frigo quand je t’ai retrouvé à Bucarest… il y avait aussi une photo de moi dans ton agenda.
- Je l’avais eue au musée… J’ai eu souvent envie de te revoir…
- Je t’ai cherché avec Wilson…
- Je changeais de place régulièrement, c’était plus sûr.
- Tu n’avais pas confiance en moi ?
- Je me méfiais de tout et, quand on voit ce qui c’est passé, je me dis que j’avais raison.
- Je ne t’ai pas laissé tombé à Bucarest, Bucky, je ne te laisserai pas tomber aujourd’hui.
Buck détourna de nouveau son regard. Steve laissa courir ses yeux sur le profil fin et la lippe de la lèvre supérieure. Il continua :
- Tu te souviens de ce gros baraqué qui m’avait pris en grippe ?
- Oui, Terry..
- C’est ça… Combien de raclé t’as pris en voulant me défendre ?
- J’ai pas compté… Il était plus fort que moi, mais je me défendais bien.
- Mieux que moi, ça c’est sûr…
- Il faisait une tête de plus que toi, Steve, et cinquante kilos de plus !
- Oui, c’était un sacré gabarit. On avait quoi, seize ans ?
- A peu près…
- Chaque fois que je sortais de chez moi, reprit Steve, j’avais l’impression qu’il était là à m’attendre…
- Quel abruti… il n’avait rien d’autre à faire qu’à s’en prendre à plus petit que lui… c’est toi qui l’a eu finalement...
- Je lui ai écrasé une brique sur la tête pour qu’il te lâche, il t’étranglait…
- Oui, reconnu Buck, j’en ai encore mal à la pomme d’Adam.
Il rit, Steve ajouta plus sérieusement :
- J’aurais pu le tuer…
- Lui aussi aurait pu me tuer, je n’arrivais plus à respirer !
- Quand même, une brique, j’y étais allé un peu fort !
- Penses-tu ! Il n’est pas mort ! il a juste disparu de la circulation.
- Tu l’as revu après ça ?
- Non.
- Il est peut-être mort, on s’est sauvé, on l’a laissé sur le pavé.
- Quelle idée ! s’il était mort ça aurait fait suffisamment de bruit dans le quartier pour qu’on le sache !
- T’as sûrement raison, de toute façon, aujourd’hui, il est mort, ça c’est certain.
Ils restèrent à se regarder longtemps, retrouvant probablement les traits des gamins qu’il étaient alors. Buck baissa les yeux le premier, Steve remarqua :
- Tu n’as pas changé, Bucky, depuis que tu as coupé tes cheveux j’ai l’impression de te retrouvé comme avant.
L’autre releva la tête avec un sourire vague :
- Toi, tu as changé, dit-il, physiquement, tu as beaucoup changé…
Steve sentit un malaise bizarre l’envahir. Une pression dans l’estomac, un coup de chaleur. Était-ce les yeux bleus de Buck qui lui faisaient cet effet là ? Était-ce le son de sa voix, la mèche rebelle qui glissait sur son front ? Il se leva brusquement puis se dirigea vers la fenêtre afin d’aller regarder dehors. Buck demanda :
- Ça va Steve ? j’ai dit un truc qui fallait pas ?
- Non, pourquoi ? Répondit-il l’air faussement dégagé, je me suis juste un peu empêtrer les pieds dans mes souvenirs…
- C’est loin, tout ça…
- Pour moi, c’est comme si c’était hier.
- Steve… ?
- Oui ?
- Je déteste ce que j’ai vécu en Sibérie et pourtant c’est ce qui m’a permis d’être là, avec toi…
- Je déteste que tu sois tombé du train… et pourtant… 
Il n’avait pas vraiment besoin de finir sa phrase : Buck avait compris. Ils ne parlèrent plus, une jeune fille apporta le repas de midi. Steve en profita pour sortir dans le couloir en décrétant : 
- Je vais me chercher un sandwich, j’ai faim... »
Il n’avait pas faim, il avait besoin de prendre l’air…
Le soir, Bucky avait retrouvé sa chambre. Il resta un moment dans la salle de bain. Le carrelage était de nouveau blanc, le lavabo impeccable, le miroir entier. Il croisa son visage dans le reflet de la glace : il ne savait plus vraiment qui il était. Maintenant qu’il avait coupé ses cheveux était-il redevenu Bucky Barnes ? Où, au fond de lui, était-il encore le soldat de l’hiver ? Ses yeux tombèrent sur son bras bionique, il n’y avait plus d’étoile sur ce bras là… Au Wakanda, on l’avait nommé le loup blanc, mais ici, ce surnom lui paraissait inapproprié. Il ne voulait plus être ni l’un, ni l’autre : il voulait redevenir, Bucky. Ne plus être ni loup, ni soldat. Vivre, ou tenter de vivre, malgré les images, les souvenirs qui hantaient son esprit. Était-ce possible après tant d’horreur ? Rien n’était moins certains, car en redevenant Bucky Barnes il retrouvait la sensibilité du jeune homme qu’il était. Courageux, généreux, un peu tendre aussi… Et malheureusement, très amoureux… Il secoua la tête, pourquoi venait-il de penser ça ? Ça n’avait rien à foutre là ! Pourtant, en y songeant, c’était à sa place : c’était revenu avec le reste, rendant son existence insupportable, et, toutefois, lui donnant un but. Mais quel but ? Tony Stark avait beau dire, Steve était trop bien, trop parfait pour pouvoir espérer le voir répondre à ses sentiments. Il savait qu’il lui faudrait partir bientôt, même si cela lui arrachait le cœur…
Il alla s’asseoir sur son lit. Il avait passé la soirée avec Tony et Steve. Tous les autres étaient partis de leur côté. Baner était partit avec Natasha, Clint avait rejoint sa femme et ses enfants, emmenant Wanda avec lui. Peter vivait toujours chez sa tante, Sam avait retrouvé son appartement. Rodey était à New-York. Thor avait disparu sans adresse et Pepper serait absente plusieurs semaine. Le quartier général était calme, juste peuplé de son petit personnel habituel. Tony, lui, avait du travail. Il avait toujours un tas d’idées, de nouvelles inventions à mettre au point. En l’absence de Pepper, il allait certainement passer beaucoup de temps dans son atelier. Steve attendait un coup de fil de Nick Fury pour savoir ce qu’il ferait ces prochains jours. Bucky, lui, n’attendait rien. Il ne savait ni quoi faire, ni où aller, il était perdu, sans point de repère. Plus d’ordre, plus de mission, plus besoin de se cacher. Il lui restait juste l’envie de s’échapper, de fuir loin de ce qui le torturait. Seulement, fuir toujours, était-ce une solution ? Non, peut-être pas… Cependant, il n’avait trouvé que celle-là…
Il sortit dans le couloir. Dans la chambre, il étouffait. Il appuya son dos au mur, près de la porte voisine qui le séparait de Steve. Il était monté se coucher en même temps que lui, donc il était là, juste derrière ce mur : Buck l’entendait parler, au téléphone certainement. Il tendit l’oreille : avec qui parlait-il ? Nick Fury… non pas à cette heure-ci. Sharon probablement, c’était d’ailleurs ce qu’indiquait le ton de la conversation. Il ne saisissait pas ce qu’ils disaient, juste la voix indistincte de son ami : grave, étouffée par l’épaisseur du mur. Il soupira, une douleur lui serrait la poitrine : il était jaloux. Cette fille, c’était la fille, celle qui comme Peggy Carter risquait de prendre toute la place dans le cœur de son ami. Il partirait, ce serait mieux pour lui, pour Steve aussi, afin qu’il fasse sa vie tranquille. Il avait le droit d’avoir une femme, des enfants, tout ce que l’existence lui avait refusé jusqu’alors. Lui s’enterrerait quelque part… Décidément, il aurait mieux valu qu’il meure. Il se laissa glisser le long du mur pour tomber assis sur la moquette du couloir. Il fourra sa tête dans ses genoux relevés, les entoura de ses bras et, le visage ainsi caché, il laissa la douleur qui lui tenaillait la poitrine l’envahir tout entier. Sa gorge se serra, résista, tenta de ravaler toute cette douleur monstrueuse avant de s’abandonner au chagrin. Il pleura dans ses genoux, entre ses bras nerveux, il pleura pour essayer d’avoir moins mal. Malheureusement, tout ça était sans fin, sans solutions. Et puis, au fond de lui, une petite voix soufflait : « Tu mérites de souffrir, assassin… assassin… De plus en plus fort, la voix criait à présent : assassin ! Il revoyait tous ces gens qu’il avait tué. Les surprenant dans leur sommeil, pendant un repas, en voiture, en promenade avec leur famille. Il avait tué des hommes et des femmes sans défense, des enfants. Il les avait tué sans remords, froidement, comme s’il c’était agi d’objets à faire disparaître, de choses sans importance. Il leur avait tiré une balle dans la tête, les avait étranglés, assommés, torturés, noyés, jetés d’une fenêtre, d’une voiture, d’un pont. Leurs regards effarés le poursuivait, pendant plus de cinquante ans il avait été une machine à tuer. Une main d’acier, sans cœur, sans âme. Il devait vivre avec ça, dormir avec ça. Partager ses nuits avec toutes ses pauvres victimes qui hurlaient autour de lui. Son crâne ne supportaient plus leurs hurlements. Il se boucha les oreilles à deux mains, il avait l’impression qu’ils le serraient, l’étouffaient. Sa tête lui sembla prête à exploser, il voulait qu’ils partent, qu’on le laisse enfin tranquille, pourquoi lui avait-on fait faire tout ça ? il n’avait rien demandé, rien demandé à personne… Il sortit la tête de ses bras, l’appuya contre le mur puis cogna l’arrière de crâne contre la paroi. Oublier, oublier… le visage couvert de larmes, il voulait les chasser. Chasser tous ces visages assassinés, trucidés… Il avait besoin d’aide, il n’y arrivait pas tout seul, c’était trop difficile. Il cogna encore sa tête contre le mur et appela : « Steve !
Sa voix lui parut lointaine et discordante. Cependant, la porte s’ouvrit rapidement devant son ami qui regarda à droite, à gauche, le vit et vint s’agenouiller près de lui. Il posa ses mains sur ses épaules : « Bucky ! s’inquiéta t-il, qu’est ce que tu fais là… Qu’est ce qui t’arrive ?
- Steve ! Pourquoi on m’a fait faire ça ! Hein ? On ne m’a pas laisser le choix. On m’a dit « tue ! » et moi j’ai tué, assassiné, torturé ! Steve ! Tout ces gens que j’ai tué, ils me poursuivront toujours, ils sont dans ma tête, ils hurlent…
Le visage ravagé par les larmes, il avait l’air d’un petit garçon désespéré : le Bucky que son père frappait n’était pas si loin, Steve le retrouvait dans ce regard affolé qui cherchait un peu de réconfort. Il l’aida à se relever :
- Viens, Bucky, ne restons pas dans le couloir, viens, ça va aller…
Il le fit entrer dans sa chambre, claqua la porte du pied puis l’amena jusqu’au lit où il le fit asseoir. Il s’installa près de lui, l’entoura d’un bras. L’autre avait de nouveau enfouit son visage dans ses mains.
- Bucky, fit Steve, pourquoi t’étais dans le couloir ?
- Je ne sais plus…
- Oui, tu sais.
- Je crois que je voulais me rapprocher de toi…
- Ok… et après, qu’est ce qui t’as mis dans cet état là ?
- C’est comme quand je m’endors… je crois que j’ai commencé à m’endormir… Je ne veux plus dormir, Steve… chaque fois c’est pareil. J’ai fais des choses, Steve… des choses tellement moches… je vois tout ça quand je ferme les yeux. Il y a une petite fille qui me dit «  Pitié Monsieur... » Je lui écrase la figure avec mon poing, Steve ! Elle avait de grands yeux bleus qui suppliaient et moi, je lui écrase la figure avec mon poing !
- Arrête Bucky, je t’en prie…
- Steve ! Tu t’imagines pendant cinquante ans toutes les horreurs qu’ils m’ont fait exécuter ! Une maman m’a supplié d’épargner son bébé… je les ai massacrés tous les deux… j’entends leurs cris… j’entends leurs cris dans ma tête tout le temps et, quand je ferme les yeux, c’est pire… Il y a eux, tous les autres… des dizaines ! Steve ! Il n’aurait finalement pas fallu me déprogrammer ! Un être humain ne peut pas supporter de vivre avec ça ! j’y arriverai pas, Steve ! j’y arriverai pas !
Steve le prit dans ses bras, qu’aurait-il pu faire d’autre ? Le laisser seul avec ces monstrueux souvenirs qui le hantait ? Non. Il le serra contre sa poitrine l’enveloppant entre ses bras. L’autre fourra son nez contre sa chemise en pleurant. Steve posa sa joue sur les cheveux sombres. Ils lui chatouillaient la joue, ils sentait le gel douche.
- Bucky, souffla t-il, à cause de moi, des gens sont morts aussi…
- C’est pas pareil ! Tu ne les as pas tués de tes propres mains en les regardant dans les yeux !
- Non… c’est vrai. Mais ce n’était pas toi, Bucky, tu le sais…
- Oui c’était moi…
- Non, HYDRA t’as torturé pour t’obliger à faire toutes ces choses, c’est HYDRA qui a tué tous ces gens, pas toi.
- Va le dire à leur famille, à ceux qui les aimaient !
- Tony a fini par le comprendre.
- J’ai tué ses parents.
- HYDRA a tué ses parents, rectifia Steve.
- Je travaillais pour eux, je faisais le sale boulot !
- Tu ne savais même plus qui tu étais ! Ils avaient effacé ta mémoire… Bucky ! Seul HYDRA est coupable !
- J’aimerais pouvoir le croire…
- Tu étais une arme, Bucky, ils se sont servis de toi, si ça n’avait pas été toi, ça aurait été un autre… tu étais l’arme d’HYDRA … tu n’es pas un tueur, Bucky, tu es une victime. La façon dont tu réagis le prouve d’ailleurs.
- Mais comment vivre avec ça, Steve…
- Je ne sais pas, Bucky, je ne sais pas comment t’aider. Je me sens inutile comme au temps où ton vieux te cognait…
- J’étais un gamin, et pourtant le mauvais sort s’en prenait déjà à moi… Si je t’avais pas eu à cette époque j’aurais sans doute fini par me jeter d’un pont…
- Ne dis pas ça… je t’ai toujours pris pour un mec solide…
- Ça casse le mythe.
- Non, Bucky, Tu avais bon cœur… J’imagine bien que ce que tu vis est particulièrement difficile…
Buck repoussa doucement Steve.
- Ça va aller, dit-il, je vais retourner dans ma chambre.
Steve le retint.
- Reste, ça ne me gêne pas… Ne pars pas avec ces idées là dans la tête… tu peux dormir dans mon lit, je me contenterai du fauteuil…
Buck se dit qu’il préférerait qu’il partage le lit avec lui. Il secoua la tête pour chasser l’idée :
- Non, Steve, décréta t-il, ce serait idiot…
Il voulut se lever. Steve l’attrapa, le jeta à plat dos sur le lit puis, une main sur sa poitrine, il le retint en décidant :
- Non, tu restes là !
Sous ses doigts, il sentit le cœur de son ami battre plus vite, il se rendait bien compte de l’effet qu’il produisait sur lui. Il ôta rapidement sa main et prit ses distances :
- Ok, fit-il en s’asseyant sur le bord du lit, tu restes là. Je vais mettre un film, on va le regarder ensemble. Ensuite, si ça va mieux, tu pourras retourner dans ta chambre. On est d’accord ?
Buck maîtrisa sa respiration qui s’emballait, ravala la boule qui s’était formée dans sa gorge et accepta d’une voix qui lui parut bizarre :
- Ok, Steve, comme tu veux…
Celui-ci laissa quelques secondes ses yeux errer sur son ami. Il le vit rougir, regarder ailleurs : il devinait du désir dans ce regard. C’était troublant, électrisant de l’avoir touché, poussé sur le lit. Steve se rendait compte qu’il n’était pas indifférent à Buck, la lueur sensuelle au fond des yeux bleus venait de le troubler plus qu’il n’aurait voulu, même le précédent contact de ses doigts sur la poitrine, le cœur battant sous sa paume, lui laissait une sensation bien plus déconcertante que prévu… Buck s’installa contre l’oreiller d’un côté du lit. Steve glissa un DVD dans le lecteur puis lança la boite vide à son ami en disant : « J’aime bien ce film, tu connais ?
L’autre attrapa la boite de Forrest Gump et fit signe que non.
- Un chouette film… continua Steve.
Il hésita entre le fauteuil et la place libre près de Buck. Finalement, il ramassa le second oreiller, le posa contre la tête de lit et s’installa près de son compagnon. Il n’allait pas le laisser tomber parce que, tout à coup, il lui prenait des pincements d’estomac bizarres.
De toute façon Buck garda ses distances. Il avait retrouvé son calme. La présence de Steve à ses côtés lui suffisait. De plus, il avait senti son trouble après qu’il l’eut forcé à rester en l’étalant sur le lit. Sans qu’il le sache, le regard de Steve en avait dit très long : pendant un bref instant, Buck avait eu l’impression d’être une proie sous le regard d’un prédateur. Les yeux clairs s’étaient vite enfuis, toutefois, Buck n’était plus aussi sûr que Stark se trompait…
Quand le film fut terminé, Steve laissa longuement traîner ses yeux sur le profil somnolent près lui. La fatigue accumulée, la faiblesse due à la perte de sang l’avait emportée avant la fin du film. Steve sourit en le regardant, il ne ronflait pas, mais dormait la bouche ouverte, la tête légèrement sur le côté. Il s’était rasé de près, c’était le même Bucky qu’avant guerre. Pourtant, tant de choses s’étaient passées depuis… Il se pencha vers lui pour lui souffler dans l’oreille, l’autre sursauta.
- Alors ? Fit Steve, on s’endort avant la fin ?
Buck le regarda longuement sans répondre, Steve s’inquiéta :
- Quoi ? Un truc ne va pas ?
Son ami paru sortir d’un rêve, il secoua la tête en répondant :
- Non, rien… faut que je parte…
- Dors là, si tu veux.
- Oh non, surtout pas…
Comme il était déjà debout, Steve comprit son embarras : sa présence auprès de lui avait de bons et mauvais côtés, Il valait mieux ne pas insister et l’embarrasser davantage : il semblait aller mieux, autant le laisser partir. Avant qu’il sorte, Steve lui lança gentiment :
- Si ça va mal, ne reste pas dans le couloir, rentre… je serais toujours là pour toi...
Buck lui sourit.
- Merci, bonne nuit, Steve... »
La porte se referma. Steve se tourna sur le côté et posa ses doigts sur l’oreiller encore chaud…
Buck se jeta à plat ventre sur son lit. Il voulait garder Steve près de lui pour oublier le reste. Ne pas penser aux horreurs, ne penser qu’à Steve, à ce regard qu’il avait posé sur lui. Il le sentait encore le caresser, une caresse lointaine qui aiguisait encore ses sens. Il ferma les yeux pour imaginer ce qui aurait pu se passer si Steve ne s’était brusquement éloigné. S’il avait continué son geste l’avait retenu plus vigoureusement. Il sentait les doigts sur sa poitrine, ils restaient, cette fois, caressants. Le regard clair se penchait vers lui, disant clairement « Tu es moi.
- Oh oui, Steve, je suis à toi... »
Il s’abandonna à l’idée, jeta tous ses tabous au feu. Il préférait s’abandonner à cette douce souffrance qu’à l’horreur de son passé. Les bras de Steve c’était doux et protecteur, enivrant, déroutant, embarrassant certainement aussi. Mais tant pis. Il était bien, il choisit de se laisser emporter par ce rêve là plutôt que par un autre…


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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 11 Mai 2019 08:01 
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Ha ben voila on acance
A mon avis quand Tony va entrer en scene ça va faire mal...
Steve va vite croire a leur manege et va comprendre et souffrir non?

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Le verbe aimer est un des plus difficiles à conjuguer : son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif et son futur est toujours conditionnel. (Jean Cocteau)

Petite citation empruntée à la signature de Chtimi 252... (ps si tu veux que je la retire dis le moi. Je le ferai bien évidemment)


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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 11 Mai 2019 21:36 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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ptitepointe a écrit:
Ha ben voila on acance
A mon avis quand Tony va entrer en scene ça va faire mal...
Steve va vite croire a leur manege et va comprendre et souffrir non?


Il faut bien qu'il souffre un peu lui aussi !


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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 11 Mai 2019 21:58 
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hum... oui :twisted: :mrgreen:

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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 13 Mai 2019 15:17 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Chapitre 4 :

Steve se réveilla en sursaut tôt le lendemain, le jour pointait tout juste. Il s’assit sur son lit, jeta un coup d’œil près de lui : la place était vide. Il venait de rêver que Bucky était là, qu’il le prenait dans ses bras. Il secoua la tête : Non d’un chien, qu’est ce qui lui prenait !
Il alla prendre une douche histoire de se rafraîchir les idées. Quand il revint dans la chambre, son téléphone sonnait : c’était Fury. Il discuta un moment avec lui puis sortit dans le couloir. Il fit une pose devant la porte voisine. Il ne savait pas si son ami était levé. Il eut envie de frapper, commença à lever la main mais stoppa rapidement son geste : Non, s’il dormait encore, autant le laisser se reposer...
Finalement, il le trouva dans la cuisine assis en compagnie de Stark. Il lança un bref bonjour à ce dernier puis serra l’épaule de Buck en passant derrière lui : « Ça va, toi ?
- Ça va.
Steve se servit un café et s’assit face à Bucky.
- Fury m’a appelé, commença t-il.
Le visage de Buck se rembrunit, il savait ce que cela annonçait. Steve continua :
- Je dois le retrouver en France, je pars aujourd’hui.
Buck tourna la tasse vide entre ses doigts, silencieux. Ce fut Tony qui prit la parole.
- Tu peux partir tranquille, je prendrais soin du beau brun.
Steve sourit.
- Je compte dessus, je sais que la solitude ne lui réussit pas trop en ce moment.
- J’ai plein de travail, reprit Stark, et personne pour m’aider, même Pepper m’a laissé tomber pour aller passer du temps avec ses parents. Tu me donneras un coup de main, Bucky, tu verras, on ne va pas s’ennuyer !
Il ébouriffa la chevelure brune, s’empara d’un des donuts qui s’arrondissaient en tas sur une assiette et le mis sous le nez de son voisin de table en ajoutant :
- Tiens, mange ça, au lieu de faire une tête d’enterrement, il va revenir ! Fury ne le gardera pas longtemps, on s’en lasse vite de ce type ! Il n’y a bien que toi pour apprécier sa présence !
Buck mangeait lentement et silencieusement la pâtisserie recouverte d’un glaçage blanc. Steve le dévisagea longuement, il ne s’était pas rasé ce matin, les yeux bleus fixaient le vide et évitaient son regard. Steve soupira : il aurait bien aimé l’emmener avec lui, seulement il était trop instable. Lui proposer ce voyage serait hautement irresponsable.
- Bucky, dit-il, faut pas m’en vouloir, je ne peux pas t’emmener.
- Ce n’est rien, Steve, je peux vivre sans toi…
Il y avait un vague ton de révolte dans sa voix. Steve sourit :
- Je l’espère bien…
Stark, ravi t’entendre Buck se rebeller, remarqua :
- On s’amusera même mieux sans lui, tu verras !
Buck regardait toujours son donut : il s’en défendait mais il n’aimait pas l’idée que Steve s’en aille. Il finit par demander :
- Ce sera dangereux ?
- Sans doute un peu… mais la compagnie de Stark est dangereuse aussi.
Cette fois, Buck sourit, il avala le dernier morceau du donut, avant de répondre :
- T’inquiète pas pour moi, je suis un grand garçon, je saurais me défendre.
Stark s’indigna :
- Je t’assure Steve, que je n’ai plus du tout l’intention de le tuer !
Steve s’empara d’une pomme, se leva et répliqua en venant posées ses mains sur les épaules de Buck :
- Je le sais, sinon, je ne te le laisserais pas ! Sois sage, Bucky, je reviens vite…
Celui-ci leva le nez pour le regarder.
- Dis bonjour à Nick Fury de ma part…
- J’y manquerais pas. A plus, Bucky…
Il serra bien fort les épaules entre ses doigts puis lança à Stark, juste avant de sortir :
- Je vous le confie, faites-y gaffe ! 
Il disparut derrière la porte. Buck regarda Stark en soupirant :
- Il exagère un peu là… il parle de moi comme d’un objet de valeur !
- Eh, fit Tony, je crois que tu es bien plus qu’un objet de valeur pour lui.
- Je suis quoi à votre avis ?
- Il tient à toi ce con, la façon qu’il a de te regarder en dit long.
Ça Buck se l’était dit aussi, Tony continua :
- Le seul bémol, c’est jusqu’où il tient à toi…
- Jusqu’où ? Demanda Buck.
- Ouais, jusqu’à ton lit ou pas ?
L’autre rougit. Stark rit :
- T’aime pas quand on dit les choses telles que !
- Non, j’aime pas.
- Bon, il faudra t’y faire, je ne suis pas du genre à prendre des gants. Allez viens avec moi, on a du boulot ! »
Tony était un bosseur quand il avait une idée, il fallait qu’il la mène au bout, quitte à y passer dix heures par jour. Le travail fut plutôt un bon remède pour Buck, il ne lui laissait pas le temps de penser. Réveillé à l’aube, Stark le faisait bosser toute la journée. Quelques petits tours à la salle de sport, les pauses repas, c’était tout. Il semblait avoir décidé de le faire bosser jusqu’à épuisement. Buck s’en accommodait, la fatigue lui vidait la tête, il traversa les cinq jours qui suivirent comme un automate : Silencieux, fermé. Stark tenta souvent de détendre l’atmosphère sans résultat. L’autre ne semblait pas vouloir confier ses démons à son nouvel ami. Tony laissa faire plusieurs jours, absorbé par ses projets compliqués. Le soir du cinquième jours, alors que son compagnon triait silencieusement des centaines de petites pièces depuis des heures, il s’énerva : « Ça t’arrive de causer !?
- J’ai rien à dire.
- Tu parles si c’est intéressant comme conversation !
- Qu’est ce que vous voulez que je vous dise !?
- Je ne sais pas moi ! Au moins répondre quand je te lance la perche ! Depuis cinq jours, chaque fois que je tente de faire fondre la glace, j’ai droit à un grognement guttural ! Pour entamé une conversation, on fait mieux !
- Je n’ai pas l’habitude de discuter.
- Je suis certain que tu y parviens très bien avec Steve !
- Avec lui, c’est pas pareil… j’ai confiance, je le connais depuis toujours…
- Donc, tu n’as pas confiance en moi ?
- J’en sais rien…
Tony ne put s’empêcher de sourire :
- La petit réponse commode, dit-il.
Il dévisagea l’autre qui se concentrait sur son travail. Il était pâle avec des cernes sous les yeux, il avait encore maigri. Stark continua :
- Tu dors la nuit ?
- Des fois…
- Ça veut dire quoi ça « des fois » ?
- J’en sais rien.
- Merde ! Lança Tony en jetant ce qu’il avait dans les mains, je vais te mettre mon poing dans la gueule !
- Si ça peut vous détendre.
- Mais c’est pas vrai ! se désespéra l’autre.
Il poussa rageusement les pièces qui se trouvaient devant Buck puis reprit :
- Arrête avec ça !
- C’est vous qui m’avez dit…
- Oui, merde ! c’est moi ! Mais laisse tomber ! On verra plus tard !
- Si c’est vous qui le dîtes.
Stark s’assit près de lui.
- Bucky, fit-il, t’as une tête terrible, je veux savoir si tu dors la nuit ?
- Pas beaucoup.
- Tu fais des cauchemars ?
- Oui…
- Beaucoup ?
- Non… mais, il suffit que j’en fasse un pour que je ne puisse plus dormir.
- Tu sais que le fait de ne pas dormir tue ?
- Oui, mais je dors un peu…
- Oui, bah en tout cas, ça ne doit pas te suffire quand on voit la tête que t’as ! Si Steve rentre et te trouve comme ça, je vais me faire engueuler !
- Vous n’y êtes pour rien. J’aime bien travailler avec vous.
- Et bien moi, j’aime pas ! Une carpe aurait plus de conversation que toi !
- Je peux m’en aller si vous voulez…
- Non ! Ça c’est interdit. Tu restes ici. Ce soir, on va sortir.
Buck eut un mouvement de surprise.
- Tous les deux ?
- Bah oui ! Pas avec le Pape ! qu’est ce que tu aimes manger ?
- J’en sais rien…
Stark s’arracha les cheveux.
- Mais je vais le tuer. T’as bien des préférences côté nourriture ? Plutôt américaine, italienne, française, chinoise ?
- Américaine…
- Pas compliqué au moins… Moi qui espérait manger chic dans un bon resto français.
- Pas pour moi.
- Je rigole… allez je t’emmène manger le meilleur burger frites de le ville !
Buck regarda l’heure.
- Il n’est même pas dix-sept heures !
- Tant mieux ! Après y’aura trop de monde !
Il détailla rapidement le tenue vestimentaire de Buck puis ajouta :
- Va prendre une douche et met des vêtements propres t’as l’air d’un clochard !
- Vous vous êtes pas regardés !
- Je n’ai jamais l’air d’un clochard...
Il passa sa main sur son front, regarda ses doigts puis ajouta :
- Même avec de l’huile sur la figure !
Il lui tapa sur l’épaule.
- Allez dépêche-toi ! On se retrouve dans le sas d’entrée. »
Bucky obéit. Il prit une douche, enfila un jean, une chemise bleue et noire, des chaussures propres puis passa le peigne dans ses cheveux encore humides. Il croisa son regard dans le miroir : il était pâle, il avait l’air fatigué, ses joues étaient creuses. Il enfila un blouson marron et descendit rejoindre Stark qui l’attendait dans des vêtements propres mais simples. Ce dernier lui tapa sur l’épaule et l’entraîna jusqu’au garage où ils prirent place dans un petit bolide rouge. Tony démarra, la voiture vrombit, s’élança hors du garage et prit la route en direction de la ville. Stark demanda : « Tu aimes les belles voitures ?
- Non. »
Il regardait le paysage défiler par la vitre. Tony soupira la conversation promettait d’être passionnante…
Le restaurant était simple, tranquille à cette heure-ci. Une poignée de fans se précipita tout de même sur Stark, il dû faire quelques selfies, signer quelques autographes, plusieurs regards soupçonneux s’attardèrent sur Buck puis, finalement, ils prirent place dans un coin tranquille au fond de la salle. On les servit rapidement, tous deux prirent un burger-frites coca. Tony qui en avait assez du silence remarqua : « Y’a longtemps que t’as mangé au resto ?
- 73 ans…
- La vache, tu ne les fais pas, plaisanta l’autre.
- Un vrai resto, c’était avec une fille, avant de partir au front…
- Elle était jolie ?
- Une petite brune qui me soûlait…
- Si elle te soûlait, pourquoi tu l’as emmenée au restaurant ?
- J’en sais rien.
- Oui, tu sais.
- Parce que c’était facile et que ça me faisait mousser auprès de Steve.
- Tu veux dire quoi par là ?
- Que les filles qui gravitaient autour de moi dissimulaient beaucoup de choses.
- J’imagine, oui…
Il observa un instant l’homme assis en face de lui. Il mangeait une à une ses frites avec ses doigts. Stark lui trouvait un charme indéfinissable. Quelque chose de froid, de distant et en même temps une vulnérabilité à fleur de peau. Il avait des yeux bleus magnifiques et quand ils se perdaient dans le vide on aurait pu s’y noyer tant ils étaient profonds et tristes. C’est ce que faisait son regard à cet instant, Buck mangeait ses frites lentement et ses yeux s’égaraient à regarder quelque chose que lui seul voyait. Tony reprit :
- C’était difficile de jouer au tombeur ?
Buck eut un petit rire amer :
- Parfois oui, ce n’était pas moi… mais c’était devenu comme une habitude, il fallait que je montre à Steve combien je faisait craquer ces dames.
- Pourquoi ?
- Parce que j’avais honte de ce que je ressentais pour lui…
- Tu as honte encore aujourd’hui ?
- Je ne sais pas.
- Menteur.
- Mon plus grand malheur ça a été de le retrouver avec vingt centimètres de plus et un corps d’athlète…
- Ah ?
- Avant j’avais l’impression de pouvoir me battre, je me plaisais à le protéger. Je voulais qu’il ait plus besoin de moi, que moi de lui. Même si ça ne marchait pas toujours… Quand il est venu me sauver d’HYDRA… c’était toujours Steve et, en même temps, il était devenu si… il était différent… j’étais en extase devant lui, je ne pouvais pas m’en empêcher, ça me faisait hurler de honte… Il aurait fait de moi tous qu’il aurait voulu…
- Et aujourd’hui ?
- Aujourd’hui ?… ça recommence…
- Il te ferait marcher sur la tête ?
- Oui.
- Tout à l’heure, tu as dit que tu voulais qu’il ait plus besoin de toi, que toi de lui, mais que ça ne marchait pas toujours, tu voulais dire quoi ?
- Que j’avais beau faire mon fier à bras c’est moi qui avais besoin de lui, je le sentais bien. Il me manquait, il devenait indépendant, j’avais parfois l’impression qu’il s’éloignait de moi, ça me rendait malade. J’ai vu m’enfermer des jours entiers dans ma chambre pour pleurer, je ne voulais plus voir personne. J’ai eu souvent envie d’en finir avec la vie… Il y avait ma mère, c’est elle qui m’a retenu. Je ne pouvais pas la laisser seule avec mon père…
- Je vois que ta vie n’a pas été une partie de plaisir…
- La vôtre non plus, je crois.
- J’ai eu une enfance heureuse, ça c’est un peu gâté après, mais dans l’ensemble rien d’aussi terrible que pour toi…
- Vous avez perdu vos parents à cause de moi.
- Ne t’inflige pas ça, Bucky, c’est à cause d’HYDRA que j’ai perdu mes parents, j’ai bien compris ça. Ils se sont servis de toi, ça aurait pu être n’importe qui d’autre…
- Il a fallu que ce soit moi, dit rageusement Buck.
Il avait fini de manger, il poussa son assiette, ses yeux se perdirent sur la nappe à carreaux, il pleurait. Tony tendit la main afin d’ébouriffer la chevelure sombre :
- Hep ! Fit-il, on parle d’autres choses ?
Buck renifla et hocha la tête :
- Oui, ça vaut mieux…
- Tu veux un dessert ?
- Je ne sais pas…
- Non mais t’as pas fini ! Tu ne pourrais pas savoir pour une fois !
- Vous prenez quoi, vous ?
- Une banana Split.
- Tiens, j’en ai mangé plusieurs fois avec Steve…
- Ça fait soixante-dix ans alors?
- Oui, même plutôt quatre-vingt, on avait quoi… dix-huit ans…
- On y va pour ça, ça ne te rappelle pas de mauvais souvenirs ?
- Non, juste un Steve un peu triste, il venait de perdre sa mère. Souvent, je le faisais sortir pour lui changer les idées.
- Ça marchait ?
- Pour lui, oui. J’arrivais à lui faire retrouver le sourire… Mais, pour moi, c’était un cercle vicieux, plus j’étais avec lui, plus c’était dure, après, quand je me retrouvais seul…
Tony commanda les desserts puis demanda :
- Si tu veux, après, on prend la voiture, et je te fais visiter la ville, tu verras la nuit, ça vaut le coup d’être vu.
- Comme vous voulez...
Comme Tony suivait le regard bleu qui s’égarait dans la nappe, il reprit en appuyant bien sur ses mots :
- Tu n’as pas tué tous ces gens, Bucky, ni eux, ni mes parents. C’est HYDRA qui les a tués.
La lèvre supérieure tremblait. Il ravala ses larmes et sourit à Tony :
- J’essaie de m’en persuader…
- Tu ne dois pas en douter. Et je regrette de ne pas l’avoir compris il y trois ans…
- Il y a trois ans, je ne ressentais pas encore les choses comme aujourd’hui, je n’avais pas encore retrouvé totalement mon humanité, j’étais encore froid et insensible à beaucoup de chose. C’était presque plus facile…
- Ne change pas, Bucky, ton humanité te va très bien, assura Stark.
L’autre eut un petit rire amer, il renifla, passa le dos de sa main sous son nez puis souffla tristement :
- Oui, mais c’est dur, parfois, d’être humain... »
A la fin de la balade, vers 22 heures, Bucky somnolait le profil penché sur son épaule droite, les cheveux contre la portière. Ses fréquentes insomnies le faisait s’écrouler de fatigue lorsqu’il se trouvait auprès d’un ami, dans un cadre calme et rassurant. Tony ramena la voiture au garage, puis tendit la main pour lui pincer la joue. L’autre sursauta, Stark remarqua : « J’aurais bien aimé te laisser dormir mais je ne pense pas que ce genre de véhicule soit un endroit bien confortable pour y passer la nuit.
- Désolé, j’ai raté la fin de la promenade…
- Tes ronflements me tenaient compagnie.
- Je ronflais ? s’étonna Buck.
- Non, je plaisante. Tu dors juste la bouche ouverte.
Il descendit de la voiture.
- Allez viens, tu seras mieux dans ton lit.
Buck le suivit :
- Ça c’est pas sûr…
Stark le regarda ouvrir la porte de sa chambre :
- Ça va aller ? Demanda t-il en suivant des yeux son compagnon qui avait des mouvements lents, il semblait aller se coucher à reculons.
- J’en sais rien.
- Maintenant que tu es réveillé tu ne pourras plus te rendormir, c’est ça ?
- Ça se pourrait bien… C’est rien, j’ai l’habitude.
- Tu veux un peu de compagnie ?
- Non, c’est ridicule, je ne suis plus un môme !
- Pourtant tu es comme un gamin qui s’endort plus facilement quand il se sent protégé…
- Je suis si fatigué… il faut bien que le sommeil me rattrape.
- Soit franc, reprit Tony, combien tu arrives à dormir de temps par nuit ?
- Je ne peux pas dormir… Si je m’écroule, je fais un cauchemar… Je ne dors pas, Tony.
- Pourtant, dans la voiture, tu dormais ?
- Oui, quand Steve est là, je dors aussi, c’est les seuls moments…
- Tu ne tiendras pas comme ça, tu le sais ? Il te faut une psychanalyse.
- Non, je ne parlerais de ça avec personne d’autre que vous ! Ou Steve…
Tony le poussa dans la chambre.
- Rentre ! Je vais jouer au psychiatre.
- Mais Tony ! Râla Buck, c’est ridicule.
Stark le poussa devant lui puis l’obligea à s’asseoir sur le lit :
- Assis ! Intima t-il avec force, c’est pas bientôt fini ce cirque, tu fais ce que je dis et tu te tais !
Stupéfait, Buck l’observait avec des yeux ronds.
- Vous jouez à quoi là ? Demanda t-il.
- A rien, j’adore donner des ordres à plus fort que moi, ça booste mon égo. Alors obéis, sinon je vais chercher mon armure et je te casse la figure.
Bucky ne put s’empêcher de sourire. Stark continua :
- Avec l’armure j’aurais sans doute le dessus, comme ça, ça craint…
- Je n’ai pas l’intention de me battre avec vous.
- Je sais, je ne suis pas là pour ça. Tu te couches, on parle un peu, tu te détends, tu fais dodo… c’est l’idée…
- Ça me semble un peu simple…
- Ça suffit ! On fait comme j’ai dit !
Il tira sur le drap pour ouvrir le lit :
- Allez hop au dodo ! Ajouta t-il.
Comme l’autre commençait à ouvrir sa chemise, il remarqua :
- Tu ne dors pas à poil j’espère ?
Buck haussa les épaules et sorti un pantalon de pyjama de sous l’oreiller.
- Bon, fit Stark, on aura au moins le bas. »
Buck garda le tee shirt qu’il portait sous la chemise, enleva ses chaussures, son pantalon puis enfila le pantalon de pyjama par dessus son boxer avant de le nouer sur son nombril. Tony le suivit des yeux pendant l’opération puis le regarda se glisser entre les draps : « Tu as quel âge ? Demanda t-il brusquement.
- Vous le savez bien ! Répliqua l’autre.
- Non, je veux dire, physiologiquement, tu as quel âge ?
- J’en sais trop rien…
- Tu avais quel âge quand HYDRA t’as récupéré ?
- Vingt-sept ans.
- Quel âge tu peux avoir maintenant ?
- Je ne sais pas… j’étais cryogénisé la plupart du temps… Il y a eut les deux ans où je me suis caché avant que Steve ne me retrouve à Bucarest. Au Wakanda je suis resté congelé près de deux ans avant qu’ils trouvent un moyen pour me déprogrammer… Je ne sais pas… il faut peut être rajouter sept ou huit ans…
- Si on rajoute huit ans, ça te ferait 35 ans ?
- Oui, peut-être… Pourquoi ?
- Non, histoire de me faire une idée… Tu as beau être né en 1917, tu pourrais être mon petit frère…
Allongé sur le côté, Buck regardait le mur :
- Oui, reconnu t-il, c’est une façon de voir…
Stark retira ses chaussures puis s’allongea sur le lit près de lui, le dos contre l’oreiller, les bras derrière la nuque. Il continua :
- J’aurais peut-être aimé avoir un petit frère… Où une petite sœur… Oui, bon, mon père n’avait déjà pas assez de temps pour moi, je ne sais pas ce qu’il aurait fait d’un second rejeton.
- J’avais une sœur.
- Elle s’appelait comment ?
- Melissa… J’étais petit quand elle s’est mariée, elle ne vivait déjà plus avec nous quand on s’est installé à Brooklyn. Elle devait avoir une bonne dizaine d’années de plus que moi…
- Tu sais pourquoi ton père te cognait ?
- Il buvait trop… et puis…
- Et puis ?
- Il disait que je n’étais pas son fils…
- Il avait une raison valable de dire ça ?
- Il détestait mes yeux bleus… il disait que je ne pouvais pas être son fils avec des yeux pareils…
- Ils étaient comment tes parents ?
- Bruns avec des yeux sombres…
- Et ta sœur ?
- Je ne sais pas, j’étais trop petit quand elle est partie, je ne me souviens plus. Tony… des parents aux yeux bruns peuvent avoir un enfant aux yeux bleus ?
- Oui, le bleu est un gêne récessif qui peut refaire surface… Ça ne prouve rien… Si c’est eux qui avaient eus les yeux bleus et toi les yeux bruns, là, ça aurait été différents. Mais dans ton cas, on ne peut rien affirmer, il faudrait que tu saches si tu avais des grands-parents aux yeux clairs.
- Je ne les ai pas connus.
- Ta mère a peut-être trop fréquenté un beau grand type avec des yeux bleus magnifiques ?
- Pourquoi vous dîtes ça ?
- Un type dans ton genre ! auquel ton père aurait gardé rancune et que ta présence lui aurait rappelé.
- Je ne sais pas.
- Je crois qu’il est un peu tard pour chercher à savoir. La seule chose qui est regrettable c’est que tu te sois pris des coups parce que tu avais les yeux bleus.
- Il me traitait de bâtard… ma mère pleurait…
- Pas génial comme ambiance.
- Je n’avais que Steve…
- On y revient.
Buck lui tournait le dos, l’acier de son bras gauche était posé sur le rabat du drap. Il regardait le mur blanc sans le voir. Il reprit :
- Sarah, sa mère travaillait à l’hôpital. Elle était souvent absente… On passait notre temps tous les deux… Quand je rentrais mon père me jetait contre le mur en hurlant pour savoir pourquoi je rentrais si tard. Je ne lui disais pas, quand il était soûl il aurait été capable d’aller faire un esclandre chez Steve. Parfois, j’arrivais à lui échapper, j’allais m’enfermer dans ma chambre. Il cognait contre la porte… d’autres fois, il arrivait à m’attraper, les coups pleuvaient. Ma mère pleurait, suppliait, ça finissait par le faire arrêter. C’est alors que j’allais m’enfermer dans ma chambre. Quand j’avais trop mal, quand j’étais trop triste, je passais par la fenêtre, descendais par la gouttière et retournais chez Steve. Parfois, sa mère était là… Je vois encore son regard effaré quand elle me voyait, c’était une femme adorable… moi, je préférais quand elle n’était pas là. J’allais dormir avec Steve, on mettait les coussins du canapé par-terre… J’y restais pas longtemps, je venais me coucher contre lui… Je prétextais n’importe quoi : que j’avais froid, que les coussins bougeaient, qu’ils étaient trop dures, que j’étais triste… au fond, j’avais juste envie d’être avec lui.
- Vous étiez des gamins.
- A quinze ans, je n’étais plus ce qu’on peut appeler « un gamin ». Il avait une tête de moins que moi. Je venais toujours me fourrer contre lui…
- Oui, à cet âge ça devenait tordu…
- J’ai fini par m’en rendre compte… Il y a eu ce soir où mon père a bousculé ma mère. J’ai pété un plomb, je me suis d’un coup rendu compte que j’étais devenu plus fort que lui, qu’il était ivre et que je pouvait facilement le rosser, le mettre à terre. Il m’avait déjà frappé au visage, je saignais du nez, quand il a levé la main pour recommencer, je me suis jeté sur lui et j’ai frappé… frappé sans discernement, j’aurais pu le tuer… ma mère hurlait, j’avais les poings en sang… Ce soir là, je suis allé chez Steve, j’étais persuadé que j’avais tué mon père. On s’est couché tous les deux, il m’a pris contre lui pour me raconter des histoires et me changer les idées… C’est drôle, même aujourd’hui j’ai encore l’impression de sentir l’odeur de son pyjama, j’ai eu envie de l’embrasser, de le serrer dans mes bras, je me suis brusquement rendu compte de ce que je ressentais pour lui, c’était comme si mon sang s’était mis à bouillir… J’ai rapidement échoué sur les coussins, il m’a demandé si j’étais malade, je lui ai dit que j’étais fatigué, que je voulais dormir…
- Tu n’as plus été dans son lit après ça ?
- Dans le lit, non. Contre lui, oui. J’avais des petits trucs pour me faire consoler… Les chagrins d’amour à répétitions… Mon vrai chagrin d’amour c’était lui…
- Et lui ? Ça ne le dérangeait pas plus que ça ?
- Non, ça l’amusait, il disait que j’avais le cœur trop tendre avec les filles. Moi, je m’en fichais des filles… il n’y avait que lui qui comptait. Lui passait son temps à consoler mes chagrins imaginaires et moi je passais mon temps il le tirer de bagarres de rues dans lesquelles il allait toujours se fourrer. J’en ai cogné des grands mecs idiots pour lui éviter de finir sur le carreau : il n’abandonnait jamais…
- Pour ça, il n’a pas changé.
- La veille de mon départ au front, il se faisait encore tabasser au fond d’une impasse… A ce moment là, il y avait longtemps que j’avais arrêter de me faire consoler, moi…
- Plus de chagrins d’amour ?
- Non, j’ai pris mes distance, je l’aimais trop, ça me minait…
- Puis il y a eu le nouveau Steve…
- Le nouveau Steve, répéta l’autre, rêveur.
- Allez, parle-moi du nouveau Steve !
- Non…
- Pourquoi ?
- Ce que je ressens n’a plus rien à voir avec le tendre désespoir d’un gamin paumé.
- A quinze ans, déjà, ça n’avait plus rien à voir, à ce que j’ai compris !
- Oui… mais c’était il y a longtemps… Le nouveau Steve, je vais y penser en m’endormant, en travaillant, demain, après demain… et ça finira par me rendre fou…
Tony comprit qu’il abordait un sujet brûlant. Il laissa errer son regard sombre sur le profil immobile près de lui. Il allongea une main et passa ses doigts dans les cheveux bruns qui tombaient en mèches rebelles sur le front agité.
- Tu as le droit de penser à lui si ça t’aide à dormir…
- Malheureusement, les rêves se transforment souvent en cauchemars.
- Pas ce soir… ce soir, tu n’es pas tout seul, tu peux dormir tranquille.
- Tony… vous devriez allez vous coucher, je vous ai assez embêté comme ça…
- J’ai des insomnies, moi aussi, quand Pepper n’est pas là, alors on peut s’entraider, non ?
- Si vous le dîtes…
Il avait fermé les yeux. Tony évita de bouger. Il observa longuement le bras d’acier chromé qui reposait tout à fait immobile sur le drap. La respiration de Buck devenait régulière, calme, apaisé. Il avait la bouche ouverte, la lèvre supérieure un peu avancée, on voyait ses dents blanches. Tony toucha le métal froid du bras qui contrastait sur les draps blancs. Buck dormait, il s’était endormi d’un coup après plusieurs nuits d’angoisse. Stark aurait pu s’éclipser discrètement mais, lui aussi avait du mal à trouver le sommeil. Il préféra rester là, profitant du sommeil qui l’assaillait à son tour. S’il s’agitait, il mettrait plusieurs heures avant de retrouver cette douce envie de dormir. Il tendit la main, éteignit la lumière et s’endormit à son tour…
Quand il s’éveilla il sentit un poids sur son estomac. Il lui fallut quelques secondes pour remettre ses idées en place : « Bucky… oui, c’est vrai, il était à côté de lui... » Il tendit la main pour chercher ce qui pesait sur le haut de son ventre et trouva le bras de Buck : Le bras droit, le bras humain. L’autre s’était tourné sur le ventre en dormant et avait passé son bras autour de lui. Vaguement embarrassé, Stark chercha à savoir quel heure il était, il faisait encore nuit, le radio-réveil indiquait 1h15. A présent, il aurait bien voulu s’en aller, seulement le bras le tenait comme pour l’empêcher de s’échapper. Près de lui, le dormeur s’agitait, c’est ça qui avait dû le réveiller. Buck marmonnait des bribes de phrases incompréhensibles, sa respiration devint saccadée, son bras se crispa sur l’estomac de Stark. Celui-ci se dit que finalement, il valait mieux qu’il reste, son compagnon avait certainement droit au cauchemar habituel. Tony posa sa main sur le bras droit dont les muscles crispés se tendaient sous ses doigts : « Bucky ! Souffla t-il doucement, Réveille-toi… Ce dernier eut un sursaut incontrôlable, il arracha son bras d’entre les doigts de Stark pour se prendre le visage à deux mains. A présent à genoux sur le lit, il se mit à hurler un « Non ! » horrible qui firent se dresser sur sa tête les cheveux de Tony. Horrifié, ne pensant qu’à le faire taire, il se précipita sur le lui afin de le secouer pour le ramener à la réalité. Ce fut une très mauvaise idée, le bras gauche le saisit avec violence par le col et l’envoya voler contre le mur. Sonné, Stark se redressa en se frottant le crâne, pas trop content de la réaction de son compagnon, il bougonna : « Toi, je ne suis pas sûr que si j’avais été Steve, tu m’aurais envoyé bouler comme ça…
L’autre ne se réveillait pas, la tête enfouie entre ses avant-bras, il continuait de hurler ce « Non » monstrueux, qui n’était qu’un long cri de souffrance. Tony s’approcha résolument et lui envoya une gifle magistrale qui m’y un terme rapide au rêve trop réel. Buck se tut, laissa retomber ses bras et son regard ne fut plus qu’un cri de détresse, silencieux cette fois. Tony constata, encore mécontent de s’être retrouvé contre le mur : « Mais t’es malade de hurler comme ça !
Des gouttes de sueur coulaient sur le front un peu pâle, son tee-shirt trempé lui collait à la peau comme si on l’avait plongé dans un baquet d’eau. Sa respiration accélérée soulevait par saccade sa poitrine et ses épaules, il avait l’air complètement perdu. Tony sentit toute sa colère tomber d’un coup : il s’assit sur le lit le prit par les épaules et changea de ton en disant : « Bucky ? Ça va ? t’es avec moi ?
L’autre hocha la tête, il refaisait lentement surface, il répéta plusieurs fois :
- Tony… Tony… Tony…
- Oui, c’est ça, c’est moi… Qu’est ce qui s’est passé ?
- La machine… Cette machine horrible qui efface la mémoire… quand j’en rêve c’est comme si elle se refermait de nouveau sur ma tête… cette douleur… Je ne l’oublierai jamais…
- C’est fini, dit Tony, en passant une main dans les cheveux humides, ça va… mais t’aurais pu éviter de me jeter contre le mur !
- Pardon… je ne me souviens pas…
Stark se frotta la tête.
- Oui, bah moi, la bosse que j’ai sur le crâne ne manquera pas de me le rappeler !
L’autre tremblait encore, ses mains surtout. Tony lui tapota l’épaule puis l’attira contre lui :
- Allez, viens… c’est fini.
Buck laissa tomber son front sur l’épaule amie.
- Je ne pourrais plus me rendormir… C’est fichu maintenant…
Tony plaisanta gentiment :
- Bah ! Après un cri pareil, je crois que moi non plus.
L’autre rit sur son épaule.
- Désolé… vraiment désolé…
Stark laissa passer quelques secondes puis commençant à trouver la situation tordu, il remarqua en le repoussant doucement :
- Bon, on va peut-être s’arrêter là, parce que s’y on nous voyait là, on pourrait penser des choses…
Buck s’éloigna de lui pour s’asseoir sur le bord du lit, Tony continua :
- Ce serait un bon truc pour rendre Steve jaloux mais comme il n’est pas là !
- Non, il n’est pas là… dit tristement Bucky.
- Désolé de n’être que Tony Stark !
Il s’assit à son tour sur le bord du lit pour renfiler ses chaussures.
- Bon, décida t-il, puisqu’on n’a plus sommeil ni l’un ni l’autre, je te propose une partie d’échec.
- Steve m’a appris… J’ai jamais été très doué…
- Tant mieux ! j’adore gagner ! Aller viens ! »
Ils passèrent le restant de la nuit devant le jeu d’échec : Tony gagna toutes les parties. A cinq heures du matin, Stark abandonna : « J’en peux plus, il faut que je dorme…
Il se frotta les yeux, Buck remarqua :
- Vous gagnez quand même !
- Oui, mais je ne tiens plus les yeux ouverts. T’as pas envie de dormir, toi ?
- J’en sais rien…
Tony soupira :
- Il en sait rien… nous voilà bien avancé…
Il observa le visage qui lui faisait face.
- Si tu voyais ta tête, continua t-il, je crois qu’il faut que tu dormes… d’une façon où d’une autre, sinon, tu vas vraiment péter un plomb…
- J’ai mal aux yeux…
- Oui, ça fait partie du manque de sommeil, ça fait trop longtemps que tu te contentes d’une heure ou deux par nuit… J’aurais voulu éviter, mais tu vas avoir droit aux calmants…
- Non ! Je ne prendrais pas de drogue !
- Tu vas avaler ce que je te donne et me foutre la paix ! Merde !
Comme l’autre ne bougeait pas, Tony le saisit par le bras, l’obligea à se lever puis le poussa dans l’escalier en direction des chambres en bougonnant :
- Allez bouge, sinon, à la place des cachets je te file un bon coup sur la tête !
Buck obtempéra, il était trop épuisé pour se rebeller. Il se recoucha, avala les deux pilules que lui donna Stark puis ne bougea plus, son bras chromé au-dessus du drap. Tony lui tapota la tête :
- Tu vas dormir p’tite tête… avec ça tu vas faire un long voyage aux pays des rêves.
Il bailla et ajouta :
- Et me foutre la paix…
Il tapota l’oreiller dans son dos et ferma ses paupières lourdes, après tout, à quoi bon aller jusqu’à sa chambre ? Il dormirait aussi bien ici. Son compagnon en avait pour quelques heures à se tenir tranquille.
Pepper était rentrée plus tôt que prévu, elle comptait surprendre Tony en le rejoignant à l’aube dans sa chambre. Seulement, quand elle rentra sans bruit dans celle-ci, elle s’aperçut vite qu’il n’y avait personne. Le lit n’avait même pas été défait. Elle vérifia à l’étage inférieur, alla jusqu’à l’atelier mais, ne trouvant personne remonta à l’étage. Elle savait que seul Tony et Buck devaient dormir là. Elle décida d’aller frapper à la porte de ce dernier, il devait être au courant d’où se trouvait Stark. Elle cogna quelques petits coups, attendit quelques secondes. Il y eut des bruit de pas dans la pièce, une voix qui lui fit penser à celle de Tony bougonna une phrase incompréhensible et la porte s’ouvrit doucement. Elle sursauta, c’était bien Tony qui était là, en chaussettes, la chemise ouverte, les cheveux debout sur la tête.
- Tony ! Fit-elle surprise, qu’est ce que tu fais là ?
- Chut ! Souffla l’autre en remuant les mains pour lui faire comprendre qu’elle devait parler plus bas, ne me le réveille pas ! Purée ! Ça fait même pas une heure qu’il dort !
- Quoi !? À quoi tu joues !? c’est quoi cette histoire !?
Elle le poussa pour entrer dans la chambre et son regard tomba sur le lit défait où Buck dormait en lui tournant le dos. Le creux dans l’oreiller montrait clairement que Tony avait dormi près de lui.
- Non mais ! s’exclama t-elle, c’est quoi ce cirque ! Depuis quand tu dors avec Bucky Barnes !
- Chut ! Se désespéra Tony, tais-toi ! Le réveille pas ! Il ne va pas bien du tout, c’est une horreur, un truc de dingue ! Je ne voulais pas lui faire avaler de somnifères dans l’état où il était… Mais, finalement, j’ai craqué. Il fallait qu’il arrive à dormir…
- Tu prends soin de lui maintenant !?
- Oui… viens… viens Pepper, laissons-le dormir. On va aller dans ma chambre et je t’expliquerai…
Il ramassa ses chaussures et entraîna sa compagne dans le couloir. Après avoir refermée la porte avec précaution, il la prit par la main. Elle, pas encore remise de sa surprise, balbutia en le suivant :
- J’y comprends rien, mais pourquoi tu ne dormais pas dans ta chambre ?... »


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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 13 Mai 2019 20:08 
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Je viens de rattraper mon retard et à chaque chapitre j'aime un peu plus cette fic.

J'aime la façon dont Tony prend soin de Bucky en l'absence de Steve mais j'ai hâte que cette tête de mule de Steve se rende compte qu'il aime son Bucky autrement que comme un ami ou un frère.

:suite:


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 Sujet du message: Re: BUCKY - Avengers Endgame (suite UA) - Steve/Bucky - PG-1
MessagePosté: 13 Mai 2019 20:31 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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aie aie aie... ça sent la scène de ménage tout ça!!
pauvre Tony...
J'adore!

_________________
Le verbe aimer est un des plus difficiles à conjuguer : son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif et son futur est toujours conditionnel. (Jean Cocteau)

Petite citation empruntée à la signature de Chtimi 252... (ps si tu veux que je la retire dis le moi. Je le ferai bien évidemment)


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