Chapitre 46 : Somnambule.
Quand le jet fut parti, il revint lentement à la maison. Il tendit l’oreille : les deux autres ne faisaient plus de bruit. Il monta l’escalier, écouta encore trente secondes derrière la porte puis frappa trois fois. La voix de Steve demanda : « Qu’est ce qu’il y a ? - C’est Tony, les autres sont partis…Quand le jet fut parti, il revint lentement à la maison. Il tendit l’oreille : les - Ok… - Je peux vous parler ? Il y eut un silence. Finalement, Steve répondit : - Oui, entrez. Stark poussa la porte. Les deux hommes étaient sous la couette jusqu’à la taille. Steve le dos dans l’oreiller tenait Buck qui l’enlaçait le profil au creux d’une épaule. Tony s’assit sur le bord du lit, il avait l’air un peu triste, il dit à l’intention de Buck. - Ça y est, tu l’as retrouvé ton grand imbécile de Steve… Buck sourit en décidant : - Je ne le lâcherai plus. Steve dévisagea le visiteur. - Ça ne va pas ? Questionna t-il. - Je ne sais pas, je me sens perdu… - Vous ne nous faites pas un chagrin d’amour !? - Peut-être un peu… Buck rougit, Steve bougonna : - Stark ! c’est quoi ce bordel ! Je ne vous l’avais pas confié en pensant que ça tournerait comme ça ! Je ne vous en veux pas, ni à vous, ni à lui, mais en rajoutez pas ! - Ne vous méprenez pas, je suis content que vous soyez revenu. Buck était trop malheureux, je suis vraiment content de vous voir tous les deux. Mais vous allez partir, il va me manquer… et puis, Pepper va revenir… je ne sais pas comment je vais gérer ça. - Vous avez peur de Pepper ?! - Elle me fait plus peur que Thanos et tous les monstres de la galaxie réunis. - C’est pas très gentil, ça ! Reprocha Buck. Steve confirma. - Ouais, c’est un peu dur. - Vous ne la connaissez pas ! Vous, vous l’avez pris pas trop mal parce que vous savez que Buck ne pensait qu’à vous… mais elle ! Elle va prendre ça comment ?! Elle sait que j’ai un béguin pour Buck, elle n’est pas idiote, on en a déjà parlé ! Je lui avais assuré que c’était parce j’étais bourré que ça avait failli déraper l’autre fois. Mais là, qu’est ce que j’ai comme défense ? Rien ! j’ai fait l’amour avec Bucky parce que j’en crevait d’envie et si c’était à recommencer, je recommencerai ! - Pas moi, bougonna Buck. - Ça c’est ce qu’on dit, après ! Riposta Tony. Steve se fâcha : - Oh ! c’est pas bientôt fini, vous deux ! Vous n’allez pas vous disputer maintenant ! Stark ! Vous n’aurez pas l’occasion de recommencer ! Où alors c’est que je serais vraiment mort ! Buck le serra avec rage. - Si tu meurs, je meurs. - Il y tient, soupira Tony. Steve embrassa les cheveux sombres sur son épaule. - Ça ira, idiot… Il se tourna de nouveau vers Stark et poursuivit : - Bon, pour Buck, on oublie… - Facile à dire… Steve s’énerva : - Stark ! Si vous tenez à ce que je vous casse la gueule, dîtes-le ! Parce que, là, je commence à me lasser ! - Je ne vous le piquerai pas, aucune chance… regardez-le ! Steve apprécia d’un sourire. Stark continua : - Mais un béguin reste un béguin… ça passera, avec un peu temps et avec Pepper, si elle me pardonne… - Ne lui dîtes pas, suggéra Steve. - J’y ai pensé… c’est une mauvaise idée. Elle finira par le savoir, alors elle sera encore plus furieuse. Non, je dois être honnête, comme Buck l’a été avec vous. Même si je sais qu’avec Pepper, ça ne va pas être une partie de plaisir. - Je peux lui parler, proposa Buck. - Mon Dieu, non. C’est gentil, Bucky, mais on doit régler ça tous les deux, en adultes responsables… - Je suis désolé pour tout ça, Tony… c’est ma faute… - Non, j’ai commencé ce soir là, tu le sais… - Je vais tout savoir ! Remarqua Steve. - On était deux dans l’affaire, reprit Stark, il n’est pas plus coupable que moi, j’en crevais d’envie depuis longtemps… - Stark ! s’insurgea Steve. - Pardon… Pour changer de sujet, il poursuivit rapidement : - Vous allez rester ici, un peu ? - Ça dépend de vous. - Oh moi, tant que Pepper ne me dit pas qu’elle revient, vous pouvez rester, ça chassera mes idées noires… - On restera quelques jours, ensuite ce serait bien si vous nous rameniez chez Clint. - Comme vous voulez… » Son regard s’attarda sur Buck qui tenait toujours Steve, la tête au creux de son épaule. Tony n’arrivait pas à comprendre pourquoi il lui plaisait tant, pourquoi il avait envie de le toucher, de l’avoir à lui. Il se souvenait avoir tenter de le tuer dans l’ancienne base d’HYDRA. Il l’avait sérieusement amoché… Toutefois, il n’aurait pas été jusqu’au bout, il était furieux, il avait eu ce besoin de lui cogner dessus, mais il ne l’aurait pas tué, il n’était pas un assassin, Buck n’était pas responsable de tout ça… Il eut envie de tendre la main, de toucher les cheveux sombres. Il y renonça, à quoi bon ? Buck n’aimait que Steve, lui n’avait été qu’une dose pour oublier, il le savait. Il eut de nouveau un sourire un peu triste, il aperçut le plateau sur la table de chevet, il demanda : « Il n’a pas encore mangé… - Non, répondit Steve, on allait s’y mettre quand vous êtes arrivé. Tony se leva : - Ok, fit-il, il faut que je me remue. Je vais devoir reconquérir ma Pepper et ça, c’est un sacré boulot ! Il sortit. - A demain, vous deux ! Et faites pas trop de bruit, je dors en face ! La porte se referma. Buck poussa un gros soupir. - Il me fait de la peine… - Ça lui passera. - Oui, sans doute. Il faut surtout qu’il recolle les morceaux avec Pepper. - Il y arrivera, c’est pas la première fois que ça coince avec elle. Il y a eu déjà plusieurs dérapages. - Avec des filles ? - Oui. - Mais là, ça risque d’être pire. - Pourquoi ? - Je ne sais pas… je me mets à la place d’une femme, je serais furieux… - Tu te mets à la place d’une femme, toi ? - Enfin j’essaie… - Et bien, n’essaie pas. Tu n’y arriveras pas, c’est trop imprévisible, une femme. Toi, je t’aime, je peux te prévoir, te planifier, devancer tes désirs… - Tu me connais suffisamment pour ça, surtout. - Je te découvre, ces derniers temps. Je découvre un Bucky que je n’avais pas envisagé pendant des années. Un Bucky génial… - Steve… Il se serra contre lui. Ce dernier embrassa encore la tête brune. - Il faut que tu manges...» Steve s’endormit comme une masse. Pour lui, non plus, ces derniers jours n’avaient pas été de tout repos. Il se réveilla au petit matin, vers cinq heures, il tendit tout de suite le bras pour sentir Buck près de lui. Il se redressa vivement en trouvant la place vide. Il sortit du lit, passa dans le couloir, chercha dans les toilettes, la salle de bain. Il descendit au rez de chaussée, visita toutes les pièces. Regarda dehors, ne voyant personne, il remonta quatre à quatre les marches. Il passa dans sa chambre pour s’habiller en vitesse avant d’aller frapper à la porte de Stark : « Tony ! Après quelques secondes, la voix de celui-ci bougonna : - Quoi ? Entrez ! qu’est ce qui se passe ?! Steve poussa la porte. - Tony ! Je ne sais pas où est Buck ! Il n’est plus dans la maison… Je ne le vois pas dehors ! L’autre se leva, enfila rapidement son pantalon, un tee-shirt, laça ses chaussures puis suivit Steve au rez de chaussée. Il questionna : - Il n’est pas dehors ? - J’en sais rien ! Je ne l’ai pas vue devant la porte. Ils sortirent. Ils cherchèrent autour de la maison, visitèrent les dépendances. Bucky n’était nulle part. Fou d’inquiétude, Steve commençait à s’arracher les cheveux. Tony l’entraîna vers le ponton au bord du lac. Steve s’inquiéta : - Pourquoi il aurait été là-bas, comme ça, en pleine nuit ?! - Je ne sais pas, il est bizarre, parfois, votre copain… Steve passa une main tremblante sur les traits angoissés de son visage. A travers l’aube grise et froide du petit matin, il tenta d’apercevoir le ponton. D’abord il ne vit rien puis, peu à peu, il distingua une forme étendue sur les planches. Tony dû la voir aussi car il remarqua : - Ce serait pas lui, par terre… - Mon Dieu, mais qu’est ce qu’il fout là ! Ils coururent jusqu’au ponton. Buck était étendu sur le côté, les deux bras étendus devant lui. On avait nettement l’impression qu’il était tombé là, sans raison apparente. Les deux hommes s’accroupirent près de lui. Steve tapota les joues. - Bucky, qu’est ce que tu fous là ? L’autre mis du temps à réagir. Il marmonna avant même d’ouvrir les yeux : - J’ai pas pu l’attraper… - Bucky, qu’est ce que tu racontes ? Cette fois, il ouvrit les yeux. - Steve… - Bah oui… je te cherchais avec Tony ! Buck jeta un coup d’oeil à Stark, au paysage autour d’eux, il s’étonna : - Qu’est ce que je fiche ici ? - Ah ! Mais on ne sait pas nous ! t’es à poil, dehors ! Heureusement qu’il n’y a personne ! Comme son ami s’asseyait, l’air un peu sonné, il ôta son tee-shirt et l’enroula autour de sa taille avant de le nouer sous le nombril. Stark remarqua : - Je l’ai déjà vu à poil ! - Oui ! Bah justement ! Bougonna Steve, vous l’avez assez vu ! Revenant à Buck, il ajouta : - T’as mal quelque part ? - J’ai l’impression d’être tombé d’un train… - Il y a une raison à ça ? - Oui, j’ai pas pu prendre ta main, je suis tombé… - Bon sang ! Quand tu oublieras tout ça ! - Il est somnambule, constata Tony. - Tu aurais pu tomber dans le lac, soupira Steve. - Je marchais dans la neige après être tombé du train… Il toucha son bras chromé. - Il me manquait un bras… J’avais mal, je regrettais tellement de ne pas avoir pu attraper ta main… j’ai fini par tomber… - Un vieux souvenir, sûrement. Viens, je te ramène à la maison. - Je suis désolé, de t’avoir inquiété… toi et Tony... - C’est pas ta faute. Il faudra fermer la porte de la chambre à clef et que je garde la clef… Il l’aida à se lever et le ramena en le tenant contre lui. Stark suivit en remarquant : - Je ne sais pas depuis combien de temps il est étalé là, mais il claque des dents… Steve, vous allez devoir lui mettre un fil à la patte… - Je n’irai pas jusque là, la clef suffira. - Faites gaffe qu’il ne passe pas par la fenêtre, avec lui, on ne sait jamais… - Non, fit Buck, je ne pense pas que je ferai ça, si la porte est fermée, ça m’arrêtera certainement. Ils entrèrent dans la maison. Tony tourna la clef dans la serrure, la mis dans sa poche. - Moi, je garde celle-là, déclara t-il. Ils remontèrent à l’étage. Buck se fourra sous la couette, Steve récupéra son tee-shirt. - Merci, dit-il à Stark, désolé pour le réveil en fanfare. - C’est pas grave, il va bien, c’est le principal… c’est une anguille ce type, il passe son temps à nous filer entre les doigts. Serrez-le contre vous, il a besoin qu’on le réchauffe. Avant de refermer la porte derrière lui, il ajouta : - Veinard… Steve fronça les sourcils. Il alla fermer la porte à clef, glissa celle-ci sous le matelas, à sa place, puis se coucha pour prendre son compagnon dans ses bras. - Alors, tu veux partir loin de moi ? - Non, j’étais perdu dans la neige… - Je ne pensais pas que tu avais repris conscience après ta chute. - Moi non plus… c’est peut-être juste un rêve. - Ça avait l’air réel ? - Oui, je marchais en pleurant, je me disais que tu ne reviendrais jamais me chercher, que tu devais me croire mort. Je ne comprenais pas comment je pouvais être encore en vie. J’avais un bras en moins… - Il faisait froid… - Oui, j’aurais dû geler, j’ai dû résister longtemps avant de m’écrouler… - C’est fini… - Pourquoi je repense à tous ça, maintenant ? Pourquoi ça me rend somnambule ? - Je ne sais pas… l’esprit humain, c’est quelque chose de compliqué. Tu as eu beaucoup d’émotions ces derniers temps. Ça se bouscule dans ta petite tête… Il caressa les cheveux, les embrassa puis continua : - Tu ne m’en veux pas, de t’avoir laissé, de ne pas avoir arrêté le train ? - Non… n’importe qui serait mort, tu ne pouvais pas savoir… - La seule chose qui me console de ne pas l’avoir fait, c’est de t’avoir là, avec moi… - Oui, même s’il a fallu que je passe par la case « soldat de l’hiver », je suis content d’être là, avec toi. - Tu n’as plus froid ? - Non, je n’ai jamais froid dans tes bras. - Tu ne disais pas ça, le jour où je t’ai jeté dans l’eau, chez Clint… - Sadique. - Tout de suite ! - Embrasse-moi. - On dit « s’il vous plaît ». - Cap, s’il te plaît, embrasse-moi. Cette fois, Steve obtempéra longuement. Ensuite, il dit tendrement. - C’est bon d’être avec toi. Buck sourit, il approuva : - C’est bon d’être avec toi, Steve. » Le jour se levait, eux restèrent couchés. Ils se rendormirent quelques heures, blottis l’un contre l’autre.
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