Désarroi.
Star Wars.
Slash Obi-Wan Kenobi/Anakin Skywalker, ou comment se faire virer d’un forum en moins de deux jours.
Pardon en effet, mais cette partie évoque la relation entre Padmé et Anakin (les pierres commencent à pleuvoir…). À mes yeux, c’était essentiel pour introduire la suite (qui est un slash, n’en doutez pas!), mais si vous n’aimez vraiment pas Padmé, je suis désolée, ne lisez pas. Pardon!!!!
Sinon, tout appartient à Lucas.
Prologue: crépuscule.
Guidé par la lumière crue du néon, Anakin glissa ses doigts le long des froids interstices de son bras artificiel.
Il avait mis du temps à s’y habituer, à apprendre à vivre avec ce corps étranger, insulte à sa chair. Il se souvenait des longues heures passées dans le cambouis. Séquelles d’une autre vie qui aurait pu n’être qu’un mauvais rêve. Il ne se doutait pas à l’époque qu’il aurait un jour à se réparer lui-même. Un rouage encrassé, un court-circuit, les dysfonctionnements étaient fréquents et il tenait à pouvoir y remédier en toutes circonstances. C’était comme une thérapie, une façon de se l’approprier en se rendant maître du moindre de ses ressorts.
Et puis ici, sur Coruscant, en sécurité dans les appartements surprotégés de la sénatrice de Naboo, il n’avait qu’à pousser un bouton pour qu’un droïde, souvent doré et bavard, parfois piailleur, n’accourt aussitôt à son aide.
Mais son statut de chevalier Jedi l’avait déjà conduit dans des lieux moins accueillants et d’autant plus dangereux avec le handicape d’un bras en panne. Savoir utiliser un tournevis à bon escient lui avait déjà épargné bien des problèmes.
Il réorienta un piston, décala un électrodriver.
Il sentait toujours cette résistance, ce blocage qui l’empêchait de fermer son poing complètement. Il soupira. Ça pouvait attendre demain. Il lui était déjà arrivé d’être tenu éveillé par un propulseur en panne ou un programme en vadrouille, mais il avait ce soir, dans la pièce d’à côté, quelqu’un qui saurait l’aider à trouver le sommeil. Après cinq mois d’absence, cinq longs mois de séparation, il n’avait pas envie de se priver plus longtemps de sa présence.
Il tendit la main pour éteindre le néon et s’arrêta un instant. Il fronça les sourcils, les déplia. Était-ce bien une ride qu’il lisait sur son front? Déjà? Il allait falloir qu’il songe sérieusement à se détendre un peu, se remettre à la méditation par exemple. Il vérifia rapidement qu’aucun cheveu blanc ne se dissimulait dans ses mèches avant de rejoindre la chambre à coucher.
Elle était allongée sur le dos, un cousin sous les reins. Elle avait mal. De plus en plus. C-3PO s’en désolait trente fois par jour. Il ne voulait pas penser au moment où le poids de son ventre déstabiliserait le centre de gravité de son corps. Elle non plus.
Il avait du mal à l’imaginer dans quelques semaines. Il se représentait sa silhouette de funambule, si droite, s’arrondissant de plus en plus…ça lui irait bien.
Mais pour l’instant, elle était toujours sa princesse diaphane. La seule à porter une lourde chemise (ou devait-il dire robe?) de nuit, sertie de rubans de soie, la seule à retenir sa longue chevelure brune en une gracieuse et complexe coiffure qui ne survivrait pas à son sommeil.
Même pour se coucher, elle ne pouvait pas faire les choses à moitié. Il lui avait déjà demandé pourquoi elle mettait autant d’application à s’habiller. Plus jeune, il avait cru que sa fonction réclamait un tel sacrifice. Plus tard, il avait été surpris de constater qu’elle prenait autant soin de sa personne en publique qu’en privé. Il lui avait juré qu’il l’aimerait en loque, chauve et défigurée. Elle lui avait avouer que elle, elle ne s’aimerait pas et que dès lors, elle ne pourrait pas l’aimer.
Il lui avait dit qu’elle était cruelle.
Elle lui avait rétorqué qu’il était idéaliste mais qu’elle l’aimait aussi pour ça.
Elle finissait par le culpabiliser de dormir en pantalon.
Comment faisait-elle pour dormir avec tout ça? Mystère. L’entraînement, une aptitude typiquement féminine? Il n’avait pas réussi à trancher. Ne pouvait-elle pas enfiler une simple chemise ou dormir en sous-vêtements? Une demi-heure pour se préparer au coucher…dans le meilleur des cas. Rien comparé aux deux heures qu’il lui fallait pour se vêtir le matin. Mais tout de même, elle aurait pu compenser en accélérant le soir.
Il adorait la taquiner, attendre, pour l’enlacer, qu’elle ait fini et s’employer à défaire tout ce qu’elle avait mis tant de temps à parfaire.
Ne pouvait-elle pas comprendre qu’elle n’était jamais plus belle à ses yeux que les cheveux en bataille, les joues en feu et les vêtements en désordre?…Non, sans vêtements plutôt. Juste les colliers à la rigueur.
Ils étaient entre eux après tout. Elle n’avait personne à impressionner.
« Anakin? »
Ses yeux tournés vers lui le ramenèrent à une réalité où flottait encore son fantasme. Elle lui souriait, lui tendait la main. Un simple geste, une expression anodine. Tout pourtant. Il ne s’était jamais senti aussi bien. Ça ne dura qu’un instant, mais il eut de nouveau le sentiment d’être utile à quelque chose, d’avoir enfin trouvé sa place. Ça lui suffisait amplement.
Il se pencha pour venir ramper sur le lit, en prenant garde à ne pas la déstabiliser. Il s’allongea doucement tandis qu’elle l’accompagnait du regard et posa sa tête sur son ventre légèrement arrondi . Une courbe à peine notable sous les plis du tissu, mais déjà tellement accusatrice. Elle ne pourrait bientôt plus la dissimuler…
Il sentait parfois la Force en elle. Il l’avait senti les tous premiers jours. Juste après qu’elle lui ait dit. Il s’était même demandé comment il avait fait pour ne pas le deviner avant qu‘elle lui annonce. Il n’y avait pas pensé. Il était trop épuisé et préoccupé alors. Ça l’avait pris de court.
Ça n’avait pas encore vraiment de forme, pas d’identité. Ce n’était qu’une fréquence nichée au creux de ses entrailles, et qui ne s’y trouvait pas avant.
L’enfant, son fils, sa fille, serait un Jedi. ça ne faisait aucun doute. Il n’avait pas de comparatif mais ressentir ainsi cet être non-né ne pouvait pas le tromper.
La situation était inédite et il n’avait pas pu interroger un de ses aînés. Il avait cru qu’il sentirait le bébé de plus en plus, qu’il pourrait toucher du doigt cette vie en elle, l’influencer peut-être. Et pourtant, il lui échappait. Il le sentait à peine, même lorsqu’il entrait en contact physique avec Padmé. Il avait un mauvais pressentiment. Était-ce un signe avant-coureur de ce qu‘il redoutait?
Il craignait de s’en ouvrir à Obi-Wan. Son maître ne manquerait pas de comprendre. Il était bien trop malin pour se laisser berner aussi facilement. Il connaissait si bien Padmé. Il le connaissait si bien lui. Peut-être n’était-il pas encore au courant pour leur mariage, mais il n’était pas dupe: il savait parfaitement qu’Anakin n’avait pas cessé ses relations avec Padmé. Non, il faudrait faire preuve de bien plus d’ingéniosité pour cacher la vérité au Jedi, et il n’était pas sûr d’y parvenir. Leurs relations étaient déjà tendues. Il n’allait pas rajouter ça par dessus le marché.
À qui d’autre? Les Jedi ne couraient pas les rues. Il avait déjà demandé conseil à Yoda et s’était ouvert à lui sur des problèmes autrement plus épineux. Mais il le craignait. Il redoutait cette petite créature verte, et la force écrasante qui émanait d’elle. Yoda semblait toujours avoir en temps d’avance. Il aurait eu lui aussi le don de lire dans les pensées que ça n’aurait pas étonné Anakin. N’était-il pas l’un des plus puissant Jedi après tout? Dieu merci, il avait toujours été difficile à « lire », même pour Yoda. C’était en partie ça qui éveillait la méfiance de Mace Windu. Ces zones d’ombres dans son âme, sa façon inconsciente de rejeter tout esprit l’approchant, sa résistance mentale. Et ce n’était certainement pas au président du conseil qu’il oserait se confier. Quant aux autres Jedi, il n’avait jamais été proche d’eux et ils ne manqueraient certainement pas, une fois la surprise passée, d’en parler à Obi-Wan, ce qui reviendrait au même.
Il détestait parfois réellement la perspicacité de son maître. Si Qui-gon avait vécu, tout aurait été plus facile. L’homme n’aurait pas été aveugle bien sûr, mais, lui, il l’aurait soutenu. Il en était sûr.
Obi-Wan était le grand frère idéal. Jeune. Trop sûrement. Appliqué et tête brûlée. Mais Anakin avait besoin d’un père alors. Un père qu’il avait enfin trouvé en la personne de Qui-gon. Un père qui lui avait été arraché trop tôt. Un père qu’il n’avait pas retrouvé.
Il ne savait pas ce qui n’avait pas été avec Obi-Wan. Ils auraient pu se serrer les coudes et s’entraider. Partager leur chagrin, se consoler mutuellement. Mais ils avaient loupé le coche. Ils ne s’étaient pas ouverts l‘un à l‘autre. Ils n’en avaient jamais reparlé.
Dès les premiers jours, Obi-Wan avait été un rival, un obstacle entre lui et Qui-gon. Anakin avait tout de suite ressenti la profondeur de l’attachement du maître pour son élève. Il avait compris sa réciprocité. Et elle l’avait brûlé comme un fer. Il ne voyait qu’une chose: Obi-Wan accaparait et accaparerait toujours Qui-gon même lorsqu’il ne serait plus son Padawan. Il serait toujours là entre eux. Il avait prié pour qu’il disparaisse et c’était Qui-gon qui était parti.
Il avait tout fait pour devenir fort. Le plus fort. Il n’avait pas compter les heures perdues à s’entraîner, les nuits blanches passées à étudier.
Il lui avait sauvé la mise plusieurs fois, il l’avait battu en combat amical une seule fois. Et là, rien. Ah, si! De la joie! De l’enthousiasme! « Génial, maintenant que tu sais voler de tes propres ailes, quitte le nid. Vite. »
Il aurait tellement voulu pouvoir lire la défaite et l’échec au fond de ses yeux clairs…
Il sentit Padmé bouger sous lui.
« Qu’est-ce que tu as?
-Rien. Une légère nausée. Ça va passer. »
Elle tendit sa main frêle pour écarter une boucle blonde de son front. Il aurait aimé compatir, ressentir ce qu’elle ressentait elle. Il était un peu responsable de tout ça après tout. Mais il n’était pas à sa place, et elle n’était heureusement pas à la sienne.
Il pouvait sentir la peur qu’elle cachait derrière ses baisers. Peur du lendemain, peur de l’avenir, peur pour lui. Tout serait si simple s’il n’y avait pas l’enfant…Non, rien ne serait facile. Il allait juste falloir changer et assumer ses actes. Pour le moment, ce bébé n’était qu’une joie en devenir, un bonheur en puissance. Quand il serait là, ils ne pourraient plus faire marche arrière.
Il jalousait parfois ce petit morceau de chair. Il aurait voulu être à sa place, en elle. Sentir sa chaleur apaiser son âme…
Luke, si c’était un garçon. Leia, si c’était une fille. C’est elle qui avait choisi. Elle lui avait annoncé un matin sous la douche, sa joli frimousse penchée hors de la cabine tandis qu’il se rasait. Il avait été surpris pas son propre étonnement. Ça faisait quelques jours déjà. Quelques jours qu’ils vivaient à trois, mais des mois qu’elle vivait pour deux. Seule, sans lui. Avec horreur, il avait réalisé qu’il n’y avait même pas pensé. Il pensait à la bordure extérieure, aux nouveaux combats qu’il lui faudrait mener, au sénateur Palpatine, au conseil des Jedi…Où était l’essentiel? La chambre du bébé, son nom…concepts si présents et pourtant si lointains. Il ne partageait plus ses angoisses et elle ne partageait plus les siennes.
« Très joli », avait-il répondu comme un automate sans même penser à protester.
« Ça ne te plait pas?
-Si, si au contraire. »
Elle ne semblait pas convaincue. Elle avait encore de la mousse dans ses cheveux. Ça commençait à lui piquer les yeux.
Se rejetant sous le jet d’eau bouillant (toujours bouillant; si chaud qu’il avait renoncé au plaisir de prendre leurs douches ensembles), elle avait ajouté:
« Tant pis. Je ne change plus! Ne viens pas te plaindre après. C’est trop tard! »
Il en souriait encore. Il l’aimait aussi pour ça: ses minauderies de petite fille quand elle était fâchée, son ton si enfantin.
Il ne voulait pas la perdre.
« Tu les a lavé quand pour la dernière fois? »
Le sujet qui fâche. Elle avait toujours su le détendre.
« Dimanche.
-Dimanche dernier?
-Non, celui d‘avant. »
Il sentit un frisson d’exaspération parcourir tout son corps et soulever sa tête. Elle n’abandonnerait jamais.
Ils étaient trop blonds. Il ne pouvait plus les porter court. Il ne le supportait plus. Il ne se reconnaissait pas dans les miroirs avec sa coupe de Padawan. Quand il s’y regardait, il avait immanquablement l’impression de voir un troufion endimanché. Il avait toujours pensé que cette obligation était faite pour leur ôter toute vanité. Tous taillés, comme de bons singes de l’espace.
Ils avaient vite repoussé et ils s’étaient mis à boucler. Ils ne le faisaient pas quand il était petit. Il s’en rappelait bien. Raides comme des baguettes de tambour. Maintenant, il avait l’impression de ressembler à un chérubin. Il n’avait pas attendu la pique d’Obi-Wan pour les dompter à sa volonté. Un combat difficile. L’un des plus dures qu’il ait jamais mené. Finalement, la meilleure des solutions qu’il avait trouvé restait de ne pas les laver trop souvent. Padmé avait gémi, puis elle s’était résolue à ne plus laisser ses mains traîner dans ses cheveux. Elle lui offrait tout de même encore régulièrement des bouteilles de shampoing. Vanille, pêche, fraise des bois, cheveux secs, gras, abîmés. Une vraie collection. Il aurait pu ouvrir une boutique.
Il posa sa main sur les doigts qui caressaient ses cheveux. Elle frissonna. Son membre artificiel. Il avait encore oublié. Elle s’était habituée à ça aussi. Elle n’avait même pas paru dégoûtée. Seulement triste.
C’était si ironique. Elle était de plus en plus belle. Il s’enlaidissait à vue d’œil. Quelle serait la prochaine étape? Une jambe? Un œil en moins? La puissance allait-elle lui coûter son corps en plus de son âme? Il ne comprenait pas comment Obi-Wan faisait pour rester si propre sur lui. Il avait ses cicatrices, il le savait, mais au moins ne gâtaient-elles pas ses traits.
Mais il suivait déjà si souvent ses conseils. Il lui avait tant appris. C’était presque devenu vitale de conserver entre eux un espace de liberté. Obi-Wan lui avait dit un jour que le noir ne lui allait pas au teint, que ça le vieillissait. Il s’était empressé de faire remplacer toutes ses tuniques d’apprenti par des jaquettes crépusculaires. Caprice d’un enfant que la guerre avait fait mûrir trop vite. Il regrettait souvent de devoir arborer l’habituel manteau des Jedi; au moins avait-il pu en trouver un d’une teinte brune.
Son maître avait haussé une épaule dédaigneuse et sourit, comme toujours.
Un sourire masquant l’indifférence. Maintenant que Qui-gon était parti, ça n’avait plus d’importance. Il le formait comme il serait sûrement appelé à le faire pour bien d’autres générations de Jedi, moins caractériels de préférence. Il avait d’autres préoccupations. Une guerre tout d’abord. Et d’autres connaissances qu’il n’avait jamais daigné présenter à Anakin.
Il avait parfois l’envie folle de faire disparaître définitivement cet éternel sourire de son visage de dandy…
Mais, il l’avait vu s’effacer une fois. Une seule. Et malgré tout la rancœur que son maître pouvait parfois lui inspirer, il n’avait aucune envie de revivre ça.
Le mouvement régulier de sa respiration sous lui, le flux discontinu de la vie en elle. Il releva les yeux. Elle avait fermé les siens.
Il l’imita.
Mm…à suivre ?
Voilà! Vous pouvez me Lynchez!!!! Je vous jure pourtant que je ne me paye pas votre tête et que tout ceci n’est destiné qu’à mieux mettre en valeur le slash entre Obi et Ani. Je comprendrais cependant que vous ne vouliez pas lire la suite…
Je ne m’excuserais jamais assez…