Merci tout le monde
Voici le dernier chapitre, un peu rapide par manque de temps, je le concède, mais je n'aime pas laisser traîner trop longtemps une fic en cours !
Chapitre 4- Vous ne m'avez pas compris, John. Moriarty l'a su bien avant moi...
- Mais su quoi, bon sang ?
- Que je vous aimais...A ces mots, les yeux clairs de Watson semblèrent s'éclairer un instant d'une lueur nouvelle. L'espace d'une seconde, son regard fut traversé par un indéfinissable trouble que Sherlock Holmes n'eut pas le loisir d'identifier car les mots qui s'échappèrent dans le même temps des lèvres du docteur offraient bien moins de mystère :
- Allez vous-en.
- John...
- Sortez, Holmes, je vous en prie.
Cela avait été prononcé dans un souffle, sans animosité, peut-être même avec une once de la lassitude qui caractérisait le blond depuis quelques semaines déjà. Le détective baissa les armes. Que pouvait-il ajouter lorsque son ami se fermait à toute possibilité de conversation ? Il jeta un dernier regard au feu, se leva et fit quelques pas vers la porte. John Watson fit tourner son verre vide entre ses doigts et inclina son visage dans la direction de Holmes.
- De quel droit ? De quel droit réapparaissez-vous
ainsi dans ma vie après m'avoir laissé ?
Laissé? Abandonné. Le détective baissa la tête, des mèches de cheveux définitivement rebelles cachaient à présent son regard, il posa lentement la main sur la poignée de la porte et répondit de manière à peine plus audible :
- Je voulais vous protéger de moi... mais dans le même temps, j'avais oublié de me protéger de vous.
Alors, il vit scintiller une larme au coin des yeux trop secs du brave docteur, elle s'accrocha à ses longs cils blonds et perla doucement sur sa joue, reflétant les milles nuances de couleur du feu qui crépitait encore face à lui. Sur cette vision qui lui arrachait le cœur, Sherlock Holmes quitta la pièce. Il croisa Mary sur le pas de la porte, qui semblait anxieuse, lui adressa un discret salut désabusé qui semblait contenir plusieurs interprétations, dont la plus évidente était "veillez sur lui" et il s'en retourna à Baker Street d'un pas lourd.
John resta près du feu, ne réagissant pas davantage à l'entrée de Mary qu'à la sortie de Holmes, mais son épouse détecta malgré tout un insondable changement. Au fond des prunelles de Watson, semblait soudain se jouer toute une symphonie d'émotions contraires. Il contracta ses doigts sur son verre et sentit comme une faible chaleur monter dans sa poitrine. Une chaleur qui n'avait rien à voir avec l'alcool...
Comme une sensation... une sensation de réveil ?Le sang lui monta à la tête et il s'en sentit presque étourdi, ce qui était en train de naître en lui, c'était toutes les émotions qui s'étaient éteintes pendant tous ces mois d'attente, de deuil et de désespoir, ces émotions oubliées qui remontaient à la surface, tourbillonnantes...
La douleur d'abord...Quelques larmes rejoignirent la première, réouvrant une plaie ancienne.
Puis la colère...Légitime. Bouillonnante.Il se leva prestement, attrapa son pardessus et courut jusqu'à Baker Street sans perdre une seconde de plus. Lorsque Holmes ouvrit la porte, il n'eut pas même le temps de se remettre de sa surprise que John se jetait sur lui comme un forcené, lui administrant une droite qui aurait fait pâlir les adeptes de combat de rue. Le coup atteignit le détective au visage, le laissant sonné, la lèvre fendue. Puis John arma un autre coup, et encore un autre, l'invectivant dans le même temps :
- Vous m'avez laissé croire à votre mort !
Holmes se protégeait comme il pouvait de la furie qui s'était emparée de l'homme en face de lui qui n'avait plus rien de l'indifférence et de l'apathie dans lesquelles il l'avait trouvé quelques minutes auparavant.
- Je... suis désolé... fut tout ce qu'il pouvait articuler.
Et tout aussi soudainement, John s'arrêta, planta des yeux bleus devenus plus sombres et plus brillants dans ceux de son ami qui frémit devant l'intensité de ce regard. Et sans préavis, il s'empara de ses lèvres dans un baiser brutal, aussi sauvage qu'inattendu.
Le désir après la colère...A nouveau, la surprise le figea quelques instants, mais de cet assaut-là, Sherlock Holmes n'essaya nullement de s'extraire. Il entrouvrit ses lèvres pour plonger dans un mélange de sensations exacerbées par la situation: le goût métallique du sang, les effluves de Bourbon, la violence du baiser et la volupté sans pareille de cette passion déchaînée. Lorsque le souffle leur manqua, la bouche de Watson dériva sur la gorge de son compagnon, ses mains s'infiltrèrent sous sa chemise laissant le détective sans voix, sans répartie, juste abandonné à chacun de ses gestes...
- Vous n'avez pas réussi , Holmes...
- A quoi donc ? haleta celui-ci plus qu'il ne prononça ces mots.
- ... à me protéger de vous...
- Oh... je suis désolé... répéta-t-il sans parvenir à y mettre l'intonation voulue probablement peturbé par le bassin de son associé qui venait de se coller à lui.
- Pas moi...
Avant de céder entièrement à l'affolante attraction de son associé qu'il n'aurait jamais soupçonné d'un tel instinct de possessivité ni de pareil esprit d'initiatives, Holmes eut bien une pensée pour la malheureuse Mary. Du moins l'espace d'une seconde... Une femme qui avait pris le risque de le jeter dans les bras de son mari, préférant voir John heureux sans elle que lui appartenant au prix de sa joie de vivre. Émouvant, sans aucun doute, mais le détective ne brillait pas par sa philanthropie. L'amour sacrificiel de Mary Watson avait bien sûr quelque chose qui forçait son respect, mais il n'avait aucun scrupules à ignorer cet aspect pour profiter pleinement de la chance qui lui était donnée. Celle d'être dans les bras de celui qui l'aimait.
Celui qu'il aurait voulu protéger de toutes les menaces de sa vie d'enquêteur sans égards pour la race humaine, mais dont il n'était pas parvenu à se passer...
Parce qu'au final, ce que Moriarty n'avait pas compris, ce que lui-même avait tardé à réaliser... c'était que si John était sa faiblesse, il était sa force aussi.
FIN