Une courte fic en deux parties largement inspirée de plusieurs fic de Glasgow
Le goût de la victoire1.Accoudé à ma fenêtre, je savourais ma victoire. J'avais réussi, enfin, à dire "non" à Sherlock Holmes. A cesser d'accourir pour un oui ou pour un non à chaque fois qu'il claquait des doigts, sûr de lui et de mon dévouement, dans le seul but inavoué de m'éloigner d'elle.
Pourtant Mary ne m'avait jamais rien reproché de mes départs précipités en plein réveillon de Noel, anniversaire de mariage ou simple tête-à-tête amoureux. Elle ne m'avait jamais rien demandé quand je revenais plus ou moins furieux et conscient d'avoir encore été manipulé par mon égoïste compagnon... et sa tolérance me culpabilisait chaque jour d'avantage.
Je pris doucement conscience de l'emprise de Holmes sur moi depuis mon départ de Baker Street, de mon incapacité à lui refuser mon concours ou ma simple présence pour la moindre enquête qui le tenait éveillé des jours durant. Je mettais cela sur le compte de la curiosité et du respect que j'avais de son esprit et de ses incroyables capacités de déduction...
Je ne savais pas alors que je me trompais...Puis les choses avaient peu à peu changé... Holmes prenait de plus en plus l'habitude de m'appeler pour des broutilles qui ne nécessitaient nullement ma présence. Remplir un document administratif qui l'ennuyait, savoir où j'avais rangé la cire pour son violon, comment on dosait le thé et je passe sur les mille stratagèmes indignes de lui qu'il utilisait pour me faire venir quand bon lui semblait...
Alors cette fois-ci, lorsque Holmes me fit appeler en pleine nuit pour une sombre histoire d'agenda perdu alors même qu'il savait parfaitement que nous partions à la première heure rencontrer les parents de Mary, je déclinais tout bonnement l'invitation - qui à vrai dire, avait plutôt des allures de commandement- en lui faisant répondre que j'avais plus important à faire.
Et cela remontait presque à un mois. Un mois où Holmes n'avait plus donner signe de vie. Et que mon égo refusait catégoriquement que je fasse le premier pas pour m'excuser. Et m'excuser de quoi d'ailleurs? De refuser d'être son faire-valoir officiel ? Non, je n'avais pas à m'excuser...
J'étais donc là, accoudé à ma fenêtre, scrutant la rue sans vraiment la voir, à savourer cette victoire, celle de ma capacité à résister à ses caprices... Alors pourquoi est-ce que je n'en éprouvais aucune satisfaction ?
- Il vous manque, John, n'est-ce pas ?
Je sursautais, n'ayant pas entendu ma tendre épouse entrer dans la chambre.
- Qui donc ?
- Vous savez bien de qui je parle.
Je ne lui fis pas d'avantage l'affront de ne pas comprendre. Devant sa clairvoyance, je me contentais de répondre :
- Il a ce qu'il mérite.
- Mais il vous manque.
Je protestais.
- Comment pouvez-vous dire cela? Je suis bien plus aise de passer mon temps auprès de vous que de jouer les larbins pour Monsieur le génie.
Elle me sourit avec indulgence.
- Il fait cela parce qu'il est malheureux.
Je manquais de m'étrangler. Malheureux ? Holmes ? Non, ce maudit détective était incapable d'éprouver le moindre sentiment...
- Vous lui manquez et il ne sait que faire pour attirer votre attention.
- Si c'était le cas, ce dont je doute, il lui suffirait simplement de le dire.
- Mais il est orgueilleux et s'est toujours comporté en enfant capricieux.
Mary n'avait pas tort et je le savais, jamais Sherlock Holmes ne s'excuserait d'avoir dépassé les bornes de ma patience mais je ne pouvais croire pour autant que cela lui importait autant que mon épouse le suggérait. Je soupirais, cautionnant sans m'en rendre compte ses soupçons...
Bien évidemment qu'il me manquait. Une vie sans Sherlock Holmes peut paraître incroyablement monotone...- C'est votre ami, John, soyez plus sage que lui et allez lui parler...
Et pourquoi cet encouragement de Mary me donnait une impression implicite de soulagement, comme si... comme si je n'avais plus besoin d'aucun prétexte pour aller le voir ? Je ne m'interrogeais pas d'avantage et finis par acquiescer...
A suivre