Et voici le dernier chapitre, encore
en tout cas...
- Cette réaction d'homme, vous sied-t-elle ?
Chapitre 3.Le baiser de Watson était conquérant et presque autoritaire, il en avait oublié de réfléchir, se laissant guider par les sensations qui parcouraient son corps au contact des lèvres un peu rugueuses du détective. C'était une émotion nouvelle, quelque chose d'instinctif et de parfaitement naturel. Un mélange de brusquerie passionnée et sans retenue et de tendresse hésitante. Le parfum musqué de la peau de Holmes, si près de lui avait soudainement un pouvoir enivrant sur ses facultés mentales totalement anesthésiées par ce désir puissant qu'il sentait monter en lui. Puis soudain, un détail futile attira son attention derrière son compagnon. Deux simples tasses de porcelaine et une théière fumante... La plus anodine des choses, en somme...
- Vous saviez que je reviendrais, n'est-ce pas ?
Holmes, légèrement essoufflé, les lèvres encore rougies par ce délicieux assaut, parut - pour une fois- chercher ses mots. Il se contenta d'un hochement de la tête un peu gêné.
Watson fronça les sourcils.
- Mais vous pensiez que nous parlerions...
Et pas que je cèderais si facilement à vos avances et que je me jetterais sur vous comme un affamé...Le détective parut à nouveau un brin mal à l'aise mais répondit malgré tout :
- Eh bien, je me doutais que vous alliez ordonner vos pensées, tâcher d'analyser la situation. J'avais bien entendu espérer un tel...euh... enthousiasme de votre part...
- ... mais vous n'étiez pas arrivé aux mêmes conclusions...
Holmes, toujours embarrassé, tenta une approcha féline (peu) subtile en posant sa main sur les hanches du médecin dans une tentative maladroite destinée à faire oublier cette stupide conversation parasite qui tombait bien mal à propos. Mais John était perturbé, Holmes ne se trompait jamais,
comment diable s'était-il donc attendu à ce qu'il réagisse ? Puis l'évidence le frappa :
- Oh bon sang, Mary...
- John, s'il vous plaît...
- Vous saviez qu'un raisonnement logique me rappellerait à mon devoir...
Et d'un coup, la culpabilité revint immédiatement, la conscience de transgresser un interdit, de céder à des pulsions contre-nature, de trahir Mary... Ce retour à la réalité fut brutal et Watson tituba vers la porte, complètement dépassé par la situation...
Cette fois-ci, Holmes fut plus rapide, il se posa en rempart devant son ami, lui barrant le passage de la sortie.
- John, regardez-moi !
L'intéressé hésita puis posa son regard clair sur les prunelles embrasées de Holmes. Il frissonna malgré lui face à cette intensité.
- Ne faites pas ça, Watson, ne raisonnez pas comme moi.
John parut légèrement perdu.
- L'amour n'est pas une histoire de
logique. Moi, j'ai toujours procédé froidement pour comprendre les choses, mais pas vous. Vous vous laissez guider par votre empathie et par vos sentiments et c'est ce qui fait de vous quelqu'un de si spécial pour moi.
- Holmes...
- Que vous dit votre cœur, John ?
Son cœur? Il sembla à John qu'il se remettait à battre à un rythme anarchique. Il cessa de penser.
- Que je vous aime.
- Que vous dit votre corps ?
- Que je vous désire.
Malgré la teinte rouge pivoine de Watson, Holmes sourit doucement, avec une tendresse inhabituelle.
- Alors vous avez eu raison de revenir... et ce ne serait pas
logique de vous en aller ainsi.
Inexplicablement, le médecin fut touché. Holmes avait raison, jusqu'à présent, il avait toujours fait confiance à son intuition, et tout son être lui disait qu'en cet instant, il avait envie d'être dans les bras de cet homme un peu handicapé avec les sentiments qui avait fait l'effort de baisser la garde devant lui. Et pas dans ceux de Mary. Tant pis si c'était une erreur, c'est qu'il voulait et c'est son cœur qui le lui disait...
Puis, après tout, rien ne pressait... Holmes avait bien dit à Mary que cette importante enquête le tiendrait loin du foyer, non?
Il posa ses mains sur le visage de Sherlock Holmes, appréciant le contact de la barbe légère sur ces traits si masculins et il avait bien toute sa raison lorsque cette fois-ci, il approcha ses lèvres des siennes. Le détective paraissait ému et heureux lorsqu'il répondit à cette nouvelle invitation avec un empressement indéniable. Les mains se joignirent à ce nouveau baiser, s'insinuant sous leurs chemises de leurs propres chefs, oubliant tout, tout ce qui n'était pas leur ressenti...
L'amour n'est peut-être pas aussi utile que la logique, mais c'est parfois la logique qui permet à deux êtres diamétralement opposés de s'aimer.... Et on se fout bien que ce soit utile ou non, n'est-ce pas ?FIN