Bonsoiiir !
Alors voila, normalement, j'avais prévu de ne poster ce chapitre que vendredi mais vu qu'il est fini et que je suis une impatiente chronique, je vous le présente aujourd'hui !
Comme annoncé, plus de sujets sensibles (donc pas de Bruce dans ce chapitre) à part la torture mentale habituelle et un chapitre un peu long que d'habitude. J'ai voulu le coupé en 2 mais aucune scène ne semblait s'y preter. Cependant, l'abondance de dialogues compense cet excès, me semble-t-il.
A ce sujet, écrivant mes dialogues a voix haute pour qu'ils sonnent vrais, je m'excuse si les écrits vous semble un peu bizarre.
J'espère sincèrement que ça vous plaira !
Les révélations sont enfin là
Aunbrey, j'espère que l'avancement dans la storyline
Natasha's baby te conviendra
Merci encore pour votre soutient et vos reviews !
Enjoy !
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Secrets - Chapitre 4 « Le plus terrible secret de notre monde serait qu’il n’y ait aucun secret » JF Demian.
Quand Clint manœuvra habilement le jet en direction du toit de la tour Stark, avec toute l’aisance que donne l’habitude, qu’elle ne fut pas sa surprise de voir ce qu’il appelait ironiquement « la boite de conserve » lui barrer la route.
- Non, pas ce matin, Birdy, ricana la voix mécanique du milliardaire au dessus du bruit des moteurs, c’est pas fini pour aujourd’hui !
- Stark, répondit Steve en se saisissant rapidement du microphone tandis que Clint soupirait bruyamment, marquant à la fois son ennuie et sa fatigue extrême, qu’est-ce qui se passe ?
-
Oh captain, my captain, chantonna-t-il, manifestement enchanté, une mission de la plus haute importance !
Et ce fut sur cette phrase quelque peu sibylline que l’Iron man rompu toutes communications, se contentant de s’éloigner vers l’horizon, laissant derrière lui une caractéristique trainée lumineuse. Steve resta immobile un instant, passablement étonné de retrouver là cette attitude typiquement Starkienne qui avait fait défaut ces dernières semaines, tout en essayant désespérément de comprendre la référence qu’il pensait avoir discerné. Il esquissa un léger sourire devant ce fait, bien que pestant intérieur sur ce retour au naturel et à l’impertinence.
Les vacances sont finies, les enfants, pensa-t-il tristement, se sentant déjà fatigué de ce revirement.
- Alors, commença Natasha en s’approchant, gardant un œil sur le milliardaire déjà loin, que fait-on ?
Celui poussa un profond soupir, pinçant l’arête de son nez tout en rejetant la tête en arrière, comme si répondre lui demandait un effort douloureux.
- On le suit, je suppose… Depuis son intrusion dans la zone militaire protégée le mois dernier, Fury m’a rendu responsable de
la moindre de ces actions… Autant que je le surveille de près.
La jeune espionne leva un sourcil, affichant un amusement certain devant l’ironie de la situation. Voila que le plus grand héros des Etats-Unis se retrouvait baby-sitter de l’homme le plus insupportable de la planète, voire de l’univers entier – Loki, excepté : il y avait franchement de quoi rire.
Cependant, elle n’en fit rien, ne se rappelant que trop bien combien les premières semaines ayant suivi le départ du docteur avaient été des plus éprouvantes… Outre sa peur envers le monstre, elle avait toujours respecté son hôte avec une admiration des plus discrètes, encensant son contrôle et sa volonté de bien. Elle approuvait la plus part de ses décisions sans vraiment y réfléchir, autant pour leur bien-fondé que pour leur rationalité, comme elle avait écouté jadis les patriarches chrétiens dans son enfance, dans ce pays qu’elle ne se sentait plus à l’aise de nommer le sien. Certes, le savoir parti avait été un coup dur en soi, ravivant en elle une compassion inavouée face à ses propres souvenirs de fuites interminables mais bouleversant ainsi ses plans cachés, repoussant du même coup la résolution de son « problème »…
Néanmoins, il lui fallait admettre, tout égocentrisme mis de coté, que devoir gérer les réactions de Stark a cette occasion s’était révélé un véritable challenge, de même qu’un travail à temps plein. Alors que tous n’aspiraient qu’à reprendre leur vie plus ou moins conventionnelle, et à régler l’affaire arizonienne qui s’était révélée d’une simplicité effarante, Tony, lui, semblait plus enclin à attirer l’attention par tous les moyens possibles et
imaginables, faisant preuve d’une inspiration débordante et incontrôlable.
Le pire d’entre eux, qui avait alors obligé le SHIELD à réduire sévèrement les accès du milliardaire, remontait à la 2nd semaine suivant le départ impromptu de Bruce. Cette nuit-la, l’ingénieur, d’humeur provocante et en manque de sensations fortes, s’était alors allégrement introduit dans une base ultrasécurisée, protégeant les dernières recherches top-secrètes engagées par Fury, ce qui déclencha par la même occasion une alerte de type VI, forçant tous les agents à arriver sur le qui-vive dans une manœuvre complexe, organisée et surtout, fort couteuse.
Bien sur, le colonel s’était fait un plaisir d’incendier Stark sur son infraction et de le menacer de nombreuses façons, ce que ce dernier balaya d’un geste suffisant du poignet, visiblement encore plus amusé. Natasha ignorait cependant ce que Fury avait dit à Tony à ce matin-là, ce qui avait tout changé…
Elle avait juste aperçu, déjà assise dans le jet, d’un œil concentré et suspicieux, le sourire ravi du milliardaire s’affaisser brusquement quand le colonel l’enjoignit d’attendre un instant, avant de lui parler tout bas, s’assurant que personne ne puisse deviner la teneur de son message d’une œillade critique.
Alors qu’elle-même envisageait sérieusement d’organiser des tours de garde autour de sa chambre pour prévenir de tels incidents à l’avenir, tout s’était pourtant arrangé rapidement. Le lendemain, les Avengers ne virent plus Tony, en dehors de son labo, qu’en de rares occasions, le croisant dans les couloirs, essuyant d’un même coup des remarques impolies, offensantes la plus part du temps. Un comportement qui les avaient obligé, impuissant, à supplier Pepper de s’installer dans l’immense tour de sorte à veiller sur lui, là où il ne laissait entrer personne.
Alors que l’armure s’élançait avec conviction vers l’est, traversant du même coup l’océan Atlantique en quelques heures, suivie de près par le reste de l’équipe, Natasha se permit un moment de repos, se laissant glisser contre la carcasse de l’appareil, avant de ramener ses jambes devant elle, le front posé résolument sur ses genoux, les lèvres plissées, relativement nauséeuse. Clint fit mine de se rapprocher mais se reprit bien vite en interceptant le regard meurtrier qu’elle lui adressa, sous son bras replié.
Feignant qu’il n’avait jamais eu l’intention de l’importuner, il rejoint alors distraitement le capitaine tandis que Thor, à qui il avait accepté de passer le volant tout en laissant le mode automatique, semblait émerveillé, comme un enfant avec un nouveau joué. Pourtant, Dieu sait qu’il ne le méritait pas ! Ce dernier avait bien sur eu le chic, comme de coutume, de débarquer en plein milieu de l’offensive, les saluant avec un naturel déconcertant, malgré que ce soit le plus mauvais moment et que les tirs derrière lui allaient crescendo… L’archer lui lança un petit regard inexpressif, guère désireux de se la jouer sociale avant de s’agenouiller avec contrôle à coté du siège de son soi-disant supérieur.
- Quelle mouche l’a piqué selon vous ? demanda-t-il d’un ton égal.
- Bonne question, répondit Steve en frottant son menton de son pouce et index, contrarié.
- J’ai essayé de joindre le SHIELD mais il semble avoir coupé les communications radio externes.
Capitaine America garda le silence. L’archer, n’attendant de toute façon aucune réponse, s’étira légèrement, épuisé de la mission qu’ils venaient à peine d’achever puis repris, avec une expression maussade :
- J’espère juste qu’il n’aura pas encore la stupidité de nous faire tomber dans un traquenard…
- Pourquoi ça ?
- On n’a pas pu recharger le stock de munitions qui a été bien entamé... Ca a été un beau merdier.
Steve tiqua légèrement sur ce qu’il considérait comme un manque de vocabulaire élémentaire mais ne dit rien, conscient d’être d’un autre temps et que, de toute façon, Barton était bien la dernière personne à considérer ses remarques. Même Tony y portait plus d’attention ! Il jeta un regard médusé sur son équipe, qu’il jugea, rapidement, tristement décimée. Cette grande team, unie et puissante, qu’il avait eut l’honneur de diriger n’était plus que l’ombre d’elle-même. Bruce, leur arme secrète, avait fuit, désespéré, l’horreur de sa condition, Natasha semblait un peu plus apathique à chaque seconde, présentant des moments de faiblesse que Steve, tout militaire qu’il était, considérait comme dangereux et enfin, Tony qui, depuis le départ de son collègue, était devenu la définition même d’une bombe à retardement…
Il jeta un bref regard au soleil qui se couchait sur le désert rocheux africain, le cœur rongé par un mauvais pressentiment, quand soudain, le point de lumière qu’ils suivaient assidument piqua vers le sol rocailleux.
**
- Stark, expliquez-vous à présent, ordonna-t-il d’une voix autoritaire, s’attirant un haussement d’épaule insolent du concerné face à son intonation.
Ils avaient atterri au beau milieu de nulle part, discrètement caché derrière un immense morceau de falaise, comme si la montagne avait été coupée au couteau à cet endroit précis, abritant ainsi du vent violent une petite ferme locale manifestement abandonnée. La bâtisse, fort vétuste, semblait à moitié détruite, le toit percé en de nombreux endroits, dévoilant un ciel merveilleusement étoilé. En d’autre temps, Steve se serait étonné brièvement devant l’idyllique de la scène, avant que son flegme ne le rappelle violemment à l’ordre, mais le fait de se retrouver ici par la faute de Stark s’agrémentait d’un immense point d’interrogation non négligeable.
- Mes chers et pas-toujours-estimés amis… commença-t-il, recevant du même coup un rire désabusé et caustique de l’archer, alors que tous les autres, à l’exception du demi-dieu, levèrent les yeux au ciel… nous sommes réunis, ici, en ce jour, pour que je vous annonce une merveilleuse nouvelle !
Il marqua une pause théâtrale, écartant les bras en croix sur le coté autant que l’imposante armure le lui permettait avec un sourire satisfait, conscient qu’il ne paraissait ainsi que plus charismatique.
- Pitié, dites-moi qu’il démissionne… murmura Natasha, esquissant une grimace ressemblant vaguement à un sourire franc.
- Bruce est de retour parmi nous ! s’exclama-t-il en l’ignorant, tendant ces mains métalliques vers une porte imaginaire d’où aurait dû sortir le scientifique, comme par magie.
Tous restèrent immobiles, silencieux, le regardant comme s’il avait subitement (ou finalement, en fonction du point de vue) complètement perdu la raison.
- Stark… susurra Steve entre ses dents, les points serrés, halluciné qu’il ait pu leur faire traverser la moitié de la circonférence terrestre pour une quelconque blague de mauvais goût.
- Mais non, je vous jure qu’il est la ! Enfin… pas là,
exactement, mais à 10 km au sud ! Il a du se perdre, on va le chercher et hop, c’est bon ! minauda-t-il, en sautillant, exagérément content de son effet.
Là, c’en était définitivement trop. Steve vit sa vision se voiler d'une rage muette, la fatigue engourdissant jusqu’alors ses membres s’envolant en une seconde…
- Pour l’Amour de Dieu, Stark, vous êtes le gamin le plus insupportable que j’ai jamais connu, et pourtant, j’ai connu votre père !
- Hey, oh,
sleeping beauty, je t’interdis strictement de parler de mon père !
- Vraiment ? grinça Steve, le suivant dans l’ironie, sa voix résonnant dans l’immensité les entourant. Vous ne voudriez pas savoir ce qu’il pense de tout ce que vous faites ? Qu’est-ce qu’un homme brillant comme lui pourrait bien…
- J’ai dit « Je. Vous. Interdis. De. Parler. De. Mon. Père. », répliqua Tony d’un ton agressif, visiblement à 2 doigts d’en venir aux mains, séparant chaque syllabe sous la haine aveugle qui coulait dans ses veines. Leur visage n’était qu’à quelque centimètre l’un de l’autre, leurs orbes lançant de violents éclairs. C’est compris, soldat ?
- Les gars, taisez-vous, souffla soudainement Clint, le regard au loin, visiblement préoccupé.
- Sinon, je vous jure, espèce de… continuait Tony d’une voix forte, la lumière destructrice dans ces pupilles faisant presque frissonné le capitaine qui resta parfaitement immobile, son souffle s’accélérant, prêt à livrer bataille.
- Stark, la ferme ! répéta l’archer un peu plus fort.
Tony se tourna rapidement vers lui, prêt à l’envoyer balader de façon colorée quand il avisa la posture défensive de l’agent qui restait profondément absorbé par le paysage, ces yeux bleus perçant saillant dans l’obscurité. Soupirant et regrettant un combat qu’il rêvait depuis des mois, il s’éloigna du capitaine et referma son casque, à l’affût.
- Natasha, souffla Clint en tendant sa paume vers elle, file-moi les jumelles.
- Oh, les faucons peuvent aussi devenir myopes !?
- Stark, soupira Steve, se retenant manifestement avec peine et fixant l’espace pourtant parfaitement calme, juste… ne recommencez pas…
L’archer ignora soigneusement ce dialogue sans intérêt, interceptant ce que sa collègue lui lança avec assurance. Il positionna l’objet dans son champ de vision une brève seconde avant d’hocher la tête, rassuré.
- Barton ? interrogea le capitaine, tendu et raffermissant sa prise sur son bouclier.
- Des troupes de surveillance, visiblement lourdement armées. Ils viennent de tourner vers le sud mais ça ne doit pas être un phénomène isolé, les unités sont trop petites. Il doit y en avoir d’autres dans le coin…
Ils gardèrent le silence, guère étonnés de débusquer par hasard une quelconque organisation terroriste dans un tel endroit.
- Bruce… murmura Tony, relevant sa visière, les iris soudainement voilés. Les clichés thermiques que j’ai pris sont de très mauvaise qualité mais l’optimisation ne montre aucune autre structure humaine dans un rayon de 150km…
Il fallu quelques instants pour que Steve saisissent le sens de ces propos à priori inutiles, se rappelant soudainement la raison de leur présence en pleine Afrique du Nord.
- Vous pensez qu’il a été enlevé ? réalisa le blond avec un haussement de sourcils circonspect.
- Ca m’étonnerait, résonna la voix de Natasha qui s’était pourtant faite discrète depuis leur arrivée. Bruce était un vrai paranoïaque… Il fait parti des rares personnes que je connais que je ne puisse approcher sans me faire remarquer. Si c’est vraiment le cas, il a du être aborder par une connaissance ou par quelqu’un de confiance…
- Et le guerrier vert ? demanda Thor de sa grosse voix en s’approchant. Comment se fait-il qu’il ne l’ait pas défendu ?
- Il a dû être pris par surprise, je suppose…
Steve ne dit rien, frottant de nouveau son menton, comme à chaque fois qu’une réflexion complexe mais importante effleurait son esprit endoctriné. Il reporta son attention sur Tony qui, parfaitement figé, affichait une expression d’horreur, la lèvre inférieure légèrement tremblante, attestant qu’il arrivait à la même conclusion, les démons de ces dernières semaines de nouveau présents dans son attitude.
- Bien. Que Banner soit la ou pas, nous devons nous en assurer, répliqua-t-il, la tête droite comme à chaque fois qu’il comptait faire appel à une de ses nobles valeurs d’un autre temps. Il a beau être parti, il fut un membre de notre corps armé, nous lui devons bien ça ! Mais il nous faut trouver un plan d’action avant de…
Il ne put cependant finir sa phrase, entendant le bruit soudain d’une chute derrière lui, ainsi qu’un bruissement de cailloux. S’orientant prestement vers la source, il vit Clint accourir auprès de Natasha qui sembla se reposer, inanimée, sur son torse, ses yeux bougeant de droite à gauche sous ses paupières quasi-closes. Steve les rejoignit en vitesse, soucieux, avant de remarquer les cernes qui s’étendaient sur son beau visage inexpressif.
- Elle est épuisée… Barton, installez-la dans la bergerie et assurez-vous qu’elle va bien, nous resterons ici cette nuit.
Ce dernier hocha la tête, inhabituellement tendu avant de soulever la jeune femme, donnant l’impression de ne porter qu’une plume.
- Thor, reprit le capitaine, vous et moi allons balayer le périmètre. Et Stark, commença-t-il d’une voix dure avant de s’adoucir légèrement devant la mine inquiète de l’ingénieur, vous monterez la garde, arranger-vous pour faire un feu.
Il posa sa main sur l’avant bras métallique, voulant croiser le regard de l’autre homme qui sembla brusquement sortir de sa léthargie avant d’acquiescer rapidement.
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Ce ne fut qu’une fois qu’il se fut affalé durement sur une imposante pierre, devant le feu qu’il avait laborieusement allumé avec le mobilier abandonné, que Tony sembla reprendre contact avec la réalité. Alors qu’il essayait inconsciemment de s'asseoir confortablement sur le caillou saillant, ses pensées se bousculaient, cognant férocement dans son crâne comme des charges élémentaires dans un accélérateur de particules. Non, il ne pouvait pas croire que…
Le matin même, il se voyait rentrer à la tour victorieux, trainant Bruce par la main dans son labo en souriant, souhaitant lui montrer son travail, devenu totalement dépendant de l’appréciation de son ami…
Fermant les paupières, il pu parfaitement imaginer son expression, un frémissement de la commissure de ses lèvres trahissant ses réflexions.
Bruce aurait esquissé une moue pataude, mal-à-l’aise, secrètement impressionné mais guère persuadé que flatter l’ego de son collègue soit la meilleure des idées, craignant, à raison d’ailleurs, qu’il n’en devienne que plus insupportable. Tony se serait alors approché subtilement de lui, d’une démarche féline, un sourire en coin plaqué sur le visage, aguicheur, observant avec délectation le physicien rougir sous son regard perçant puis aurait mis tendrement ses doigts sur l’épaule noueuse, la massant lentement, sa paume reposant mine de rien sur les cotes en contrebas, là où il pourrait sentir le cœur du scientifique s’emballer légèrement. Il aurait alors sorti une quelconque remarque à laquelle Bruce aurait rit bruyamment, essayant vainement de se retenir, brisant l’atmosphère qui se serait faite intense. Il l’aurait alors entrainé dans une étreinte virile, allant jusqu’à partager les tremblements de son hilarité, ravi de l’avoir enfin retrouvé…
Mais tout ceci était vain…
Alors que Tony s’évertuait à garder une vision positive, tentant de se persuader que ce scénario pouvait encore arriver, il sentit son cœur se serrer à l’évocation de ses souvenirs, lui rappelant douloureusement le manque qu’il ressentait alors et le faux espoir de cette journée qui s’escrimait avec succès à l’abattre, lui, qui avait pourtant résisté à tant de choses.
Il eut une brève pensée pour ceux qui avaient osé s’en prendre à son physicien, une haine sourde chatouillant l’intérieur de ses veines, imaginant des vengeances toutes plus horribles les unes que les autres, sachant pertinemment que Bruce l’empêcherait de les exécuter... Du moins, entièrement… Alors qu’il arborait un rictus que l’on pourrait qualifier de diabolique, les yeux froids, la voix de JARVIS retentit dans son casque, lui vrillant les tympans tant cela le surprit.
- Monsieur, un appel de Miss Potts, pour la 5eme fois. Je suggèrerais de décrocher.
- Je le prends.
Prêt à entendre les remontrances de Pepper, qu’il avait quitté sur un coup de tête le matin même, la laissant s’époumoner à la fenêtre sur ce qu’elle considérait être une très mauvaise idée, ses épaules s’affaissèrent autant que l’armure le lui permettait, ses avant-bras prenant appui sur ses genoux. Le son de l’autre coté du combiné bruissa légèrement avant de révéler le timbre maternel mais soulagé de la jeune femme.
- Tony, mon dieu ! Tu aurais pu répondre plutôt ! Je t’ai appelé au moins 15 fois !
La voix marqua une pause, incertaine.
- Tony ? Tony, tu m’entends ?
- Oui, oui, répliqua-t-il en souriant maigrement, malgré lui, étrangement las.
- Ah, merveilleux ! Tout va bien ??
- Pour tout te dire, non…
Il décida de jouer la carte de l’honnêteté. Après tout, elle l’aurait deviné s’il lui avait menti et s’en serait inutilement offusquée.
- Tony, murmura-t-elle réprobatrice dans un souffle blasé, je t’avais dis que tu te ferais plus de mal que de bien dans ton obsession. Il avait fait son choix, tu n’as pas le droit de le contraindre… Il a refusé de te suivre, ce qui est bien naturel et…
- Bruce a été enlevé.
Alors que Pepper restait sans voix, visiblement abasourdie par la révélation, Tony eut soudainement la désagréable sensation d’une lame brûlante dans sa poitrine, lui coupant le souffle, comme si énoncer ce constat pour la première fois à voix-haute le rendait réel alors qu’il ne l’était pas encore totalement.
Sans qu’il ne puisse le prévenir, les souvenirs de sa propre captivité resurgirent en masse, lui donnant la migraine. Tout lui revenait de façon tellement tangible qu’une bouffée d’adrénaline le parcourra en une seconde, paralysant ses sens, détruisant toute raison…
L’humidité, le sang séché entre ses lèvres sèches et douloureuses, les chaines rouillés et pesantes entaillant profondément ses poignets à chaque mouvement… La peur de mourir sans jamais revoir la lumière, la peur d’être maintenu en vie assez longtemps pour en oublier la chaleur… Il se souvenait de tout avec une lucidité accablante.
Son esprit divaguant peu à peu sans qu’il ne puisse le contrôler, il se surprit à imaginer Bruce à sa place, prisonnier d’un de ses propres cauchemars ce qui le terrifia, accélérant précipitamment son souffle irrégulier alors qu’il avait déjà la sensation de ne plus pouvoir respirer, l’odeur épaisse et nauséabonde des cavernes d’Afghanistan obscurcissant tout le reste…
Lorsqu’il n’entendit plus que son propre sang pulsant à ses oreilles, il posa la main sur l’arc-reactor qui sembla alors le piquer douloureusement, embrasant les plaies béantes et infectées de l’époque pourtant disparues… Un instant, ces doigts tentèrent de le crocheter, comme pour arracher et jeter au loin ce bout de métal froid, symbole de cette torture qui le meurtrissait à la moindre occasion, dans une spirale destructrice.
- Tony, s’écria Pepper malgré qu’il ne perçu qu’un murmure à peine audible. Tony, écoute-moi et calme-toi ! Respire ! Respire avec moi !
Tandis qu’elle inspirait et expirait bruyamment au travers du téléphone, saturant la réception, l’ingénieur, en proie à une crise de panique déchirante, s’accrocha à ce son comme à une bouée de sauvetage en pleine mer, comme s’il s’agissait là de la seule sortie possible à cet enfer qui le rongeait. Lentement, il cessa d’haleter, son rythme cardiaque diminuant progressivement pendant que les images qui vrillaient sournoisement ses paupières fermées s’estompaient avec lenteur, les couleurs se fanant telles effacées sous la pluie…
Tony resta attentif au battement de son palpitant, ne prêtant pas d’attention à Pepper qui se mit alors à déblatérer sur la cotation boursière de l’entreprise, sachant pertinemment que cela avait un effet sédatif puissant et apaisant sur son patron. Une fois qu’elle n’entendit plus de signes erratiques chez ce dernier, elle interrompit son monologue et demanda du tac au tac, comme on lancerait une bombe trop tôt dégoupillée :
- Tony, m’as-tu jamais aimé ?
- Quoi ? s’exclama-t-il, surpris et pas tout à fait remis de ses émotions.
- Attend, dit-elle d’un ton malheureux. Je n’ai pas été clair…
Il ne répondit rien, hébété, redoutant ce qu’elle comptait lui dire ; lui qui tenait tant à ne pas repenser à l’échec cuisant qu’avait été leur relation.
- Quand tu m’as demandé en mariage... (elle soupira) Etait-ce
par commodité ?
- Mais enfin, qu’est-ce que…
- Laisse-moi finir. Je dois le faire.
Il ne dit rien, son ton sec le faisant chanceler légèrement.
- Quand tu es… revenu…, murmura-t-elle, hésitante, peu désireuse de le renvoyer dans les douleurs de son passé, j’ai toujours pensé que la paix et le bonheur seraient à présent pour toi des notions presque étrangères. Je pensais… que jamais tu ne te remettrais à 100 % de tes blessures, et ainsi, chaque nuit, je me retrouvais à essuyer ton front plein de sueur alors que tes cauchemars se faisaient un peu plus violents, sans jamais broncher… Et…
- Pepper, je…
- Tony, dit-elle douloureusement, la voix légèrement brisée. Pendant des mois je me suis efforcée de t’aider, de te soulager malgré tes rebuffades. Je savais que je resterais impuissante, mais j’étais la, et je pensais que cela te suffisait… Que c’était là tout ce dont tu avais besoin pour te reconstruire !
N’appréciant que peu d’être dépeint avec tant de faiblesses, il réfléchi brièvement à un trait d’humour bien placé mais le ton de son ancienne amante stipulait clairement que ce n’était pas le temps de la rigolade et qu’elle voulait jouer franc-jeu, peut être pour la première fois depuis leur séparation. Elle reprit sans faillir, lui donnant l’impression d’avoir préparé cette scène longtemps à l’avance :
- Réfléchis, Tony. Quand ta dernière crise a-t-elle eu lieu ?
- …
- Répond-moi !
- Mais j’sais pas ! répliqua-t-il, véritablement stressé et perdu, à présent. Un peu avant l’attaque Chitauri mais… où veux-tu en venir, Pep’s ? Tu sais que je déteste quand tu tournes autour du pot !
Elle ne répondit pas directement à la question, se contentant d’un peu « hum » condescendant.
- Quand tu es revenu du SHIELD, après que l’extra-terrestre…
- C’était un dieu, rit-il maladroitement, il n’apprécierait pas que…
- Peu importe, ne change pas de conversation ! répliqua-t-elle durement avant de s’adoucir légèrement. Quand tu es revenu avec le Dr Banner, j’étais persuadée que tes crises ne feraient que reprendre de plus belles, que toute cette mission aurait été un horrible électrochoc… Après tout, tu as bien failli mourir, encore !
Il esquissa une grimace au souvenir vertigineux tandis qu’elle continuait.
- Et pourtant, elles… elles se sont mises à diminuer, à s’espacer, à perdre en intensité, même… Aussi vite que… que ton temps passé au labo allait croissant…
- Pepper, souffla-t-il après un long blanc, tu n’es pas en train de sous-entendre que…
- Si. C’est exactement ça, Tony, assena-t-elle avec conviction. A partir de ce moment la (sa voix d’ordinaire un peu fluette s’alourdit, la rendant presque méconnaissable), j’ai compris que je t’étais inutile, que lui seul pouvait te comprendre et t’aider à cicatriser ces blessures que je ne peux qu’imaginer futilement, que c’était la raison pour laquelle tu l’avais harcelé jusqu'à ce qu’il accepte de s’installer chez nous… Je ne me rendais pas compte que nous évoluions déjà dans deux mondes profondément différents et qu’importent les efforts que je pourrais faire, je ne pourrais jamais te rejoindre dans le tien… Je vis qu'il t’était devenu indispensable, un point d’encrage, et que, que je ne l’étais plus…
Il se figea, en fronçant les sourcils avant d’éclater d’un rire nerveux quoi que tonitruant, nageant en plein délire.
- Tony, je ne rigole pas. Tu tiens à lui. Bien plus qu’à quiconque et même s’il me coûte de l’avouer, plus que tu n’as tenu à moi.
- Pep’s, chérie, rit-il, mal-à-l’aise, tu racontes des âneries ! Tu sais très bien que je ne pourrais pas survivre une semaine sans toi !
- Oui, tout comme tu n’as que laborieusement survécu depuis son départ.
Il esquissa une grimace qu’elle ne pouvait voir, touché par ces paroles, repensant avec tristesse aux semaines qui s’étaient inlassablement écoulées, plus ternes les unes que les autres, uniquement égayées par ses expériences en armure que d’aucun jugerait suicidaires et sa recherche active pour retrouver Bruce…
Bruce… Bruce… son nom tourbillonna brièvement dans sa tête, prononcé avec différentes intonations jusqu’à ce qu’il tilt sur la plus tendre d’entre elles, d’une horreur qui sonnait fausse.
- Je…
- As-tu essayé d’aller plus avant ? Lui as-tu dit à quel point tu avais besoin qu’il reste, avant son départ ? Lui as-tu confié tout ce que tu m’as confié ?
- Quoi ? Mais pourquoi diable ferais-je ça ?
- Parce qu’il te rend heureux.
Elle avait répondu ça avec un naturel bluffant, comme si toute cette histoire ne l’atteignait pas alors que les larmes coulaient très certainement sur ces joues… Un pincement le traversa à cette pensée.
- Pepper, ne gâche pas notre histoire… Je t’ai tant aimé, je… J’aurais toujours besoin de toi et sans toi, je ne sais pas comment...
- Je sais. Mais je ne la gâche pas, Tony, renifla-t-elle, refusant de commenter l'emploie du passé. Je te devais simplement des explications sur notre rupture, te faire comprendre que ce n’était pas de ta faute. J’ai vu comment tu le regardes, comment tu prends soin de lui, comment tu as besoin de le toucher sans arrêt pour, pour te rassurer… Tu l’aimes et je dois l’accepter.
- Hein ?
Wahou, ça, c’est de la réplique, mon vieux, pensa-t-il alors que ses réflexions se faisaient brouillons et que les mots de Pepper se frayaient insidieusement un chemin dans sa conscience.
- Je voulais que tu sache que… J’ai accepté l’invitation de Happy…
- Happy ? répéta-t-il, se donnant un air idiot toujours aussi perdu, remerciant le ciel que personne ne soit la pour le voir.
- Oui, à diner. Il est plus que temps que j’arrête de me voiler la face, de me servir des restes de notre relation comme une excuse pour ne pas être blessée à nouveau… Et tu devrais… tu devrais en faire autant.
Son dernier mot s’était évanoui dans un sanglot alors que le bip de fin d’appel retentissait.
Tony resta immobile un très long moment, assimilant difficilement ce que Pepper lui avait révélé. Irrité par ce qu’il considéra d’abord comme un rejet, il ordonna à JARVIS de rappeler mais personne ne décrocha.
Il se leva d’un bon, passablement furieux, faisant les cent pas devant le feu quand son regard se porta fixement sur celui-ci, brulant sa rétine malgré les capteurs de sa visière. Après tout, il était justement là, prêt à braver un gang entier pour le retrouver, non ? Il s’était même jeté à corps perdu dans sa recherche, sans prêter la moindre attention à ce qui l’avait entouré…
Soudainement vidé, il se laissa tomber à genoux dans la poussière, ses pensées dérivant vers le scientifique avec une clarté impressionnante. Certes, il lui manquait terriblement, ressentant un vide au plus profond de lui-même, comme amputé, ayant perdu gout en tout ce qui l’avait transporté auparavant, mais cela voulait-il pour autant dire que le physicien avait autant d’importance que son assistante le prétendait ? Alors qu’il n’avait jamais nié l’amitié quasi addictive qu’il le rattachait à Bruce, Pepper venait de semer, presque sadiquement, les graines d’une idée qui, malgré son coté effrayant, sembla réchauffer légèrement son cœur autoalimenté.
Oui, Bruce lui était indispensable. Oui, il s’était surpris plus d’une fois à admirer ses boucles épaisses, la façon dont il remontait machinalement ses lunettes sur son nez, la légère ride d’expression qui naissait entre ses sourcils froncés lorsqu’une énigme lui résistait, guère longtemps par ailleurs… Bien qu’il n’ait remarqué ces petits détails que dans une visée purement platonique, il essaya de se visualiser Pepper. Sa coupe de cheveux à elle, son nouveau parfum… mais non, rien ne lui revenait. La fragrance suave de son collègue et l’irrésistible envie de glisser sa main, rien qu’une fois, dans les cheveux désordonnés et soyeux, éclipsaient tout le reste, tout ce qui aurait dû, dès lors, lui mettre la puce à l’oreille.
A présent libéré des veux qui l’enchainaient inconsciemment à la jeune femme, il dût reconnaitre que Bruce était bien plus qu’un ami, plus qu’un meilleur ami ou qu’un comparse de labo.
Il était une oreille attentive lorsque Tony souhaitait s’épancher. Il était l’épaule réconfortante sur laquelle il pouvait se stabiliser un bref instant avant de s’élancer à nouveau, sans que le physicien ne songe à demander son reste…
Tony ne pouvait nier que sa personnalité était aussi riche que ne l’était son intelligence mais ce qui lui avait tout de suite plu, dans une conception bien égoïste réalisa-t-il en grimaçant, résidait plus dans le tragique de l’existence du physicien.
Chaque jour, il semblait balancer entre le contrôle et l’abandon et ce, avec une lassitude extrême, donnant la rassurante impression à l’ingénieur qu’il n’était peut être pas si abimé qu’il ne le pensait. Après tout, il avait bien ses démons intérieurs, mais aucun d’eux ne prendrait jamais l’ascendance sur lui au point de l’effacer totalement, même un instant. Brièvement, il se demanda où allait Bruce quand c’était l’autre gars aux commandes, s’il restait enfermé dans une cage ou s’il cessait d’exister…
A leur rencontre, il eut d’abord de la peine, pour cet homme discret mais solide, avant de trouver dans son bonheur la plus délicieuse façon de racheter ces fautes. Il aurait pu apparenter Banner à un saint, tant celui-ci s’accordait la confiance de tous sans le moindre effort en s’oubliant fondamentalement, l’attristant un peu plus à chaque fois… Rendre Bruce heureux, voir cette étincelle éphémère dans ses iris chauds était le plus beau moment de la journée, aussi animée soit-elle… Aussi, se démenait-il à le faire rire.
Il n’aurait jamais avoué tout ça à voix haute, bien sûr !
Il était Tony Stark après tout ! Mais aux cotés de Bruce, il se surprit à penser qu’il devrait peut être arrêté d’être Tony Stark pour devenir tout simplement Tony, cette facette que le scientifique, et Pepper dans son temps, avaient été les seuls à voir.
A son contact, l’isolement protecteur qu’il avait battit autour de lui, avait progressivement laissé place à l’abominable dépendance… Il dépendait de Bruce, autant que lui semblait dépendre de lui… deux hommes que les blessures respectives enchainaient l’un à l’autre de la plus belle des façons… Ainsi, l’hypothétique idée qu’il puisse même…
l’aimer… le conforta avec allégresse dans la légitimité de son action. Il devait le retrouver et le ramener coute que coute, s’il tenait un tant soit peu à la raison…
**
Alors que Tony discutait inaudiblement à l’extérieur, Natasha ouvrait péniblement les yeux pour tomber sur le visage inquiet de Clint à quelques centimètres du sien. Elle se releva brusquement, sur ses gardes, jetant comme de coutume une œillade attentive à son environnement, repoussant légèrement son ami.
- Merci, dit-elle froidement à l’agent qui n’avait presque pas bougé, avant de se lever.
A peine fut-elle sur pied qu’elle ressenti à nouveau un vertige, saisissant du même coup la main qu’il lui tendit instinctivement.
- Natasha, commença-t-il, son regard dur fouillant le sien, l’air énervé. Arrête de faire comme si de rien n'était, je vois bien que quelque chose ne va pas.
Vivement, elle tenta de récupérer la main qu’il ne serra que plus fort pour la confronter, lui arrachant presque un couinement de douleur.
- Ce n’est pas tes affaires, Clint, répondit-elle sur le même ton.
- A vrai dire, si, répliqua-t-il en la lâchant, lui jetant une petite grimace effrontée. Tu as bien failli te faire descendre en Arizonna, une chance que j’étais pas loin.
Elle le dévisagea, meurtrière.
- Je te demande pardon ? Je suis parfaitement capable de prendre soin de moi-même.
- Tu parles, railla-t-il, mauvais. J’aimerais bien juste savoir pourquoi tu t’amuses à me mettre en danger, alors.
- Rien ne t’oblige à me protéger et tu le sais.
Un bref instant, il afficha une expression blessée avant de murmurer d’un ton égal, comme s’ils s’entretenaient d’une mission sans intérêt :
- Tout comme tu sais bien que si.
Ils s’affrontèrent en silence, fixant rudement les iris glacials de l’autre, Natasha comprenant parfaitement que Clint détestait se montrer vulnérable, et que la seule raison pour laquelle il ne le faisait n’était que pour qu’elle en fasse autant. Inspirant profondément, elle se lança, espérant naïvement qu’il trouverait peut-être une solution là où, elle devait bien l’avouer, elle séchait.
- Je suis enceinte, lâcha-t-elle dans un souffle, sans ciller pour autant, craignant intérieurement la réaction de compagnon,
maudissant parallèlement le pouvoir qu’il semblait avoir sur elle.
Celui-ci ne broncha pas.
- Et c’est le…
- Oui, c’est le tien, le coupa-t-elle.
Il se leva brièvement, passant sa main calleuse sur son visage fatigué, se dirigeant vers le fond de la petite pièce sans un commentaire.
- Bien, dit-il rationnellement après un moment, qu’est-ce qu’on fait ?
- Nous, on ne fait rien. Moi, je m’en débarrasse.
Il se tourna vivement vers elle, en haussant un sourcil.
- Tu n’es pas obligée, tu sais.
- Ah ah, ricana-t-elle, devant l’apparente stupidité de ces mots, pourquoi ? Tu veux le garder peut-être ?
- Je le veux, si toi, tu le veux.
- Bien, chantonna-t-elle ironiquement, question réglée !
- Bien au contraire.
Elle le fixa comme s’il avait perdu toute raison.
- Je te connais bien, tu sais, continuait-il, étrangement tendre, assis en tailleur sur le sol, et suffisamment pour savoir que si tu n’en voulais pas, tu aurais été la première à sauter dans un avion pour l’Europe avant même de m’en parler.
Elle jeta un regard écarquillé au delà de lui, se rendant alors compte avec horreur qu’elle n’avait berné personne, qu’il le savait depuis bien longtemps et qu’elle venait de se faire totalement manipuler…
Il se leva devant son trouble inhabituel et la rejoignit en quelques enjambés avant de la prendre dans ses bras, réconfortant et de poser ses lèvres sur les siennes qui tremblaient légèrement, utilisant une douceur qui contrastait avec leur passion habituelle. Aucun d’eux n’avait jamais été du genre démonstratif, assouvissant leur désir dans l’obscurité d’un placard ou sur un toit, ayant décidé d’un commun accord il y a bien longtemps que tout ceci n’était que du sexe, et rien d’autre…
Pourtant, bien qu’ils ne se soient jamais permis de le formuler même en pensées, les années avaient amené avec elles une tendresse réprimée qu’ils n’exprimaient que très rarement… Les deux amants avaient vécu tant de chose que l’amour n’était pour eux qu’une notion futile et illusoire, un mot dont il ne comprenait pas le sens pratique. Pourtant, Clint connaissait tous des démons de son amante : son premier mariage avec Alexi Shostakov*, la mort tragique de celui-ci, son enrôlement forcé dans les services secrets soviétique, l’enfant, seul souvenir de son époux disparu, qu’elle perdit lors d’une embuscade…
Surprise par tant d’attention et le frisson qui la gagna, elle le repoussa violemment, l’envoyant buter contre le sommier du lit miteux. Il ne bougea pas, l’observant rejoindre la porte avec qu’elle ne se retourne, une moue cinglante déformant ses traits :
- Pense ce que tu veux. Quoiqu’il en soit, dès que Banner est sain et sauf, je m’en défais dans l’heure...
**
Quand Natasha fut sorti de la bergerie d’un pas chancelant, suivie par Clint, elle fut relativement ravie de voir Steve et Thor revenir de leur ronde jusqu’à ce qu’elle ne pose ses prunelles inquisitrices sur le visage de son chef, essoufflé, le front en sueur.
- Une de leur équipe d’éclaireurs vient par ici, parvint-il à dire après quelques instants.
Stark qui restait silencieux, toujours apathique, se contenta de rejoindre le groupe en vitesse, en attente des instructions.
- Bien, commença le capitaine en pointant les membres de son index, témoignant de sa préoccupation. Romanoff, je veux que vous alliez dans le jet et que vous allumiez les panneaux de camouflage. Tenez-vous prête à partir si les choses se compliquent.
Elle hocha la tête et s’élança sans un regard pour Clint, qui ne lui retira pas son attention.
- Nous autres, nous allons nous cacher dans la batisse pour facilité notre défense. Allez !
**
Quelques minutes plus tard, chacun retenait leur souffle, entendant les troupes redoutées pénétrer dans leur camp de fortune. Tony, visiblement d’humeur déterminée, s’approcha lentement de la fenêtre de pierres, malgré les chuchotements sévères de Steve l’intimant de rester en place, chuchotement auquel il répondit de son traditionnel mouvement de poignet dédaigneux.
- Hey, cap’, murmura-t-il en se baissant légèrement. Ils montent leurs tentes. On est bloqué. Partant pour un poker ?
Celui-ci ne répondit rien, se contentant de froncer les sourcils.
- Hey, cap ?
- Quoi
encore, Stark ?
- Je suppose qu’élaborer un temps d’attaque convenable est plutôt votre style, non ?
- En effet, il serait judicieux de…
- Dommage, c’est définitivement pas le mien !
Le milliardaire se jeta alors dans la bataille avec un juron surprenant de la part de Steve qui s’élança alors.
L’offensive s’avéra finalement assez aisée, Steve mettant hors de nuire 3 des soldats qu’il assomma tandis que Clint et Stark, un peu plus radicaux, abattirent les 7 autres avec l’aide inutile mais attentionnée de Thor. Capitaine America paraissait un peu déçu mais ne se formalisa pas, se contentant d’agripper fermement un de leurs otages par le col, le soulevant de terre sans effort.
- Qu’est-ce qui se passe ici ? lui demanda-t-il durement.
- Je… pas savoir… baragouina l’homme basané, apparemment très jeune, à peine 17 ans, dans un anglais faussement feint, apeuré.
- Mauvaise réponse, intervint Stark en frappant violemment l’homme en plein visage.
- Pourquoi une si grande mobilisation ? continua Steve, s’octroyant ainsi le rôle du bon flic, guère compatissant face à l’ennemi non coopératif.
- Y a eu des fuites, il parait… des agents doubles dans l’enceinte de la base, il parait… le chef…
- Le chef ?
L’otage ne répondit rien, serrant ses lèvres qui virèrent au violet, jusqu’à ce que Tony ne le frappe a nouveau, fracturant l’os de son nez dans un bruit sec, alors que le sang dévalait sur la face de l’homme paniqué.
- Corvin, il s’appelle Corvin, se débattait-il, ses pieds ne touchant toujours pas le sol,
pitié !
Tony fut alors frappé d’une révélation. Il émit un sifflement strident, attirant l’attention du blond, avant de s’écrier :
- Putain d’enfoiré !
- Langage, Stark.
Mais la remarque de Steve se perdit dans les airs alors que l’armure décollait du sol et s’élançait vers l’est avec empressement.
Aveuglé par une haine sans nom irradiant dans chaque fibre de son être, l’ingénieur pestait contre le manque de puissance de l’armure quand il fut vite talonné par le jet de ces co-équipiers. Alors que JARVIS tentait de rétablir une connexion avec le reste des Avengers, Tony le mit en sourdine d’un grincement de dent, ses muscles tendus à l’extrême.
Alors que le paysage français s’étalait en une aquarelle floue de couleurs lumineuses en dessous de lui, son esprit, lui, était tourné sur une phrase qui tournait sadiquement en boucle dans sa tête, une phrase qu’il avait lui-même prononcée, une année plutôt, satisfait de son effet, d’un ton séditieux et provocateur :
« C’est un espion, Cap’tain, c’est L’espion. Ses secrets ont des secrets. »
**
* Le premier mari de Natasha est en effet décédé, il s'agissait du 2nd Garde Rouge, équivalent de Captain América russe, dans le contexte de guerre froide de l'époque des comics **
Yeah, j'ai enfin pu écrire cette citation du film !! C'est de celle-ci, d'ailleurs, que j'ai construit toute cette fiction !
Les explications de la révélation de Tony et les retrouvailles slashiques dans le prochain chapitre qui sera l'avant-dernier avant l'épilogue.
Alors, verdict ?
J'espère que cela vous a plu et vous remercie d'avance pour l'interet que vous portez à ce chapitre !