Disclaimer : Les personnages de Joe Pike et Elvis Cole appartiennent à Robert Crais et je ne fais que les emprunter pour souhaiter un très joyeux anniversaire à Alea (sans en tirer aucun profit, je le précise mais est-ce vraiment nécessaire lol).
Un grand merci à Glasgow pour la bêta.
Pike. P.I.K.E.
Joe Pike adorait la nuit. Il l’adorait depuis l’époque lointaine où, petit garçon, il avait dû se cacher dans les bois pour fuir les accès de rage de son père. Ses longues patrouilles en zone de combat chez les Marines n’avaient fait qu’exacerber cette passion, qui s’était encore accrue pendant ses années de service dans la police. Pike se sentait chez lui dans l’obscurité. Caché, et libre. Libre d’oublier ce qu’avait été sa vie, les atrocités qu’il avait vues au fil des guerres qu’il avait menées. Les siennes. Celles d’autres personnes qui l’avaient payé pour régler leurs problèmes. Libre de faire comme si son corps n’avait pas été blessé sept fois par balle, quatorze fois par des éclats d’obus, onze fois par des coups de couteau ou d’armes blanches diverses. Libre d’annihiler les cicatrices consécutives à ses blessures et aux interventions chirurgicales associées qui traçaient sur son corps une carte dont les routes ramenaient toutes au même point, à un seul mot : survie.
Il se fondait dans la nuit si parfaitement que même son associé et ami, Elvis Cole, le meilleur détective du monde, ne parvenait pas à le localiser. Pike n’était repéré que s’il souhaitait se faire voir, autrement il passait aussi inaperçu qu’un fantôme. Les meilleurs instructeurs du corps des Marines n’avaient rien eu à lui apprendre en matière de camouflage. Se fondre dans le décor était une seconde nature chez lui… le meilleur moyen de rester en vie. Observer, jauger, apprendre son ennemi, étaient aussi d’autres moyens de survivre.
Pike avait le don de se renfermer en lui-même. Il abaissait son rythme cardiaque et sa tension artérielle simplement en respirant sur un rythme qui le mettait dans une sorte de transe. Cet état particulier lui avait permis d’attendre des jours entiers, étudiant le monde comme au travers d’une bulle d’eau, remontant à la surface quand le besoin s’en faisait sentir, le plus souvent au moment d’attaquer sa cible.
Pike avait été un mercenaire. Désormais il avait quitté cette existence depuis suffisamment longtemps pour que ce seul qualificatif ne suffise plus à le décrire. Pour autant il avait gardé cette façon de se déplacer – silencieux en toutes circonstances – propre aux commandos. Mais n’avait-il pas toujours été comme ça… du moins dès le moment où échapper aux brusques colères paternelles avait été une question de préservation.
Pike tenait à peu de choses. Pour être honnête il pouvait même dire qu’il ne tenait à rien. En revanche il tenait à ses employés comme il avait tenu à ses hommes à l’époque où il dirigeait une équipe qui sillonnait la planète pour le compte de particuliers ou de sociétés paramilitaires. Et il tenait à son ami, Elvis Cole. Il aurait été bien en peine de dire combien de fois son associé lui avait sauvé la vie, ou inversement, combien d’interminables silences ils avaient partagés à des moments où le simple fait d’être avec quelqu’un qui avait été témoin des mêmes horreurs que vous apparaissait comme le meilleur, sinon le seul moyen de survivre. Pike se fichait de savoir qu’il pouvait comptabiliser ce genre de choses. Pour lui cela n’avait aucune importance.
Seul importait l’instant présent. La nuit. Cole. Leurs deux corps imbriqués quand il n’y avait pas d’autre moyen de faire table rase du passé, des atrocités, des choix qu’on ne pouvait plus modifier. Et l’oubli. Enfin l’oubli. Juste quelques secondes. Le temps magnifique de l’abandon. De la jouissance. La sensation fugace mais si réelle d’être en sécurité dans la maison de son amant, ce bâtiment en forme de A qu’il aimait bien et avait souvent aidé à entretenir au fil des ans. Dans ce lieu familier dont il connaissait chaque odeur, chaque son. Dans ce qui pour lui était le plus proche d’un foyer. Auprès de quelqu’un qui jamais ne pourrait lui faire de mal.
FIN
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