Voici ma première fic sur Sherlock Holmes ... je l'ai écrite en écoutant en boucle la musique " it's too late apology " durant les dernières vacances, au départ je ne voulais écrire que l'état dans lequel se trouvait Watson à la mort d'Holmes et finalement j'ai continué ... en partant du principe que, si Holmes n'était pas mort, pourquoi moriarty le serait ? je n'en dis pas plus, j'espère que ça vous plaira ... en général je n'écris pas pour être logique mais pour mon propre plaisir et pour combler le "manque" quand on veut trop savoir la suite alors dites moi si quelque chose ne va pas ... voilà ^^
Bien sur ce ne sont pas mes personnages ... ( ce n'est pas très joyeux mais je ne pense pas que ce soit vraiment trop " hard" )
Bonne lecture
Terrible.
Comme une tenaille à l'intérieur de son cœur, tirant, compressant ses entrailles.
Cette insoutenable douleur ravivée à chaque geste, chaque parole, chaque pas.
Etaut qui ne le lâche pas, pas même lorsqu'il reste immobile.
La nuit, c'est encore pire.
Il ne trouve plus le sommeil depuis le drame, qu'il n'a pas encore eu le courage de nommer autrement.
On se peut pas dire que ce soit moins douloureux … c'est juste un peu plus supportable.
Son souvenir l'obsède. Quoi qu'il fasse, il l'entend réagir, ses mimiques, ses remarques indécentes et si justes pourtant, le ton particulier avec lequel il prononçait son nom, de sa belle voix grave qu'il savait si parfaitement moduler.
Il se sent même derrière son épaule, comme un bouclier entre lui et le monde qu'il n'aurait jamais pu se résoudre d'écarter.
Alors il se retourne, croit l'apercevoir durant quelques irréelles secondes avant que son énigmatique sourire en coin ne se disloque une nouvelle fois parmi les ombres.
Et alors, c'est avec une violence inouïe qu'il prend soudain conscience à quel point le monde est terne, sans lui.
Cette plaie là, le docteur John Watson sait pertinemment qu'aucune aiguille, aucun fil ne pourra la recoudre.
Assis dans son fauteuil en face du lit, il lève les yeux dans un soupir, le haut du nez entre pouce et l'index.
Allongée sous les couvertures, Mary semble dormir …
Il se lève et va ouvrir le tiroir de sa table de nuit.
Là, posé en évidence sur un fouillis de paperasse et où sont rangées ses affaires les plus personnelles, un papier à dessin plié en deux, comprenant le message « si cela vous agréez, rejoignez moi » dans une élégante et sinueuse écriture.
Watson caresse les lettres du bout des doigts avant de retourner machinalement le papier, pour tomber sur une autre inscription : « si cela ne vous agréez pas, venez tout de même » qui, malgré les derniers évènements, le fait toujours sourire.
Il l'approche lentement de son visage, frôlant des lèvres l'écriture, humant timidement leur parfum.
Alors qu'il lui semble encore sentir l'odeur de son ancien partenaire, les mêmes souvenirs l'assaillent …
Le dessin plié en deux dans la poche intérieure de son veston, le médecin est tapis dans l'ombre à l'abri des balles. Là haut, l'œil du phare ne le lâche pas, promenant sa lumière crue sur les façades obscures. Il entend de la musique toute proche. Son cœur manque un battement lorsque lui parviennent les cris de Holmes ...
Une peur atroce, incontrôlable le saisi. Il lui faut pourtant garder la tête froide s'il espère sauver son ami …
Tout ce qu'il demande, c'est que les cris cessent. Ne plus entendre ces hurlements de douleur qui lui hérissent le poil et font toujours courir des frissons le long de son échine …
le flash n'a duré qu'une seconde et son corps marque un léger sursaut. Le papier lui glisse des mains, échoue sur le plancher.
« -Tu ne viens pas dormir ? »
Il ferme les yeux alors qu'une larme s'échappe doucement entre ses paupières.
« -Non. »
Mary se redresse, l'observe l'air hagard.
« -Il faut faire quelque chose, John, dit-t-elle simplement au bout de quelques instants. »
sans lui prêter attention il se relève.
« -Tu ne dors plus, tu manges à peine, continue-t-elle, tu ne vis plus, John … je suis inquiète. »
Paupières toujours closes, il tangue légèrement.
« -Il faut que je sorte, Mary. Je vais aller faire un tour. »
Sur ce, il quitte la pièce et sort de la maison en attrapant son blouson au vol.
Il n'a même pas besoin de réfléchir à la destination tandis que ses pas l'entrainent d'eux mêmes vers le 221 b baker Street, le rythme lointain d'une musique gitane titillant ses oreille parmi d'autres voix où les souvenirs se mêlent …
Il ne devrait pas franchir les portes du bar.
Vous savez ce que ça donne, Watson, quand vous buvez.
Non, il ne devrait sans doute pas.
Mais tant de choses qu'il n'a jamais osé faire, jamais osé dire …
ce n'est plus sa peine à présent qu'il veut noyer dans l'alcool.
Ses pulsions qu'il a toujours refoulées, cet amour qu'il a tu à lui même dans le plus grand secret, enfoui quelque part au fond de lui même tel un trésor infâme ; dans un coffre soigneusement cadenassé, verrouillé avant même d'avoir pu être ouvert.
Un seul de ses regards pourtant … un seul, et le voilà détruit, ce coffre, inlassablement ouvert ... et inlassablement refermé.
Son regard … son regard d'ambre profond ... trop lucide ... ses cheveux noirs en bataille, cet air de fou hautain qu'il affichait tel un étendard et que quelques mots bien placés suffisaient à détruire … l'élégance étrange avec laquelle il se mouvait, avec une sorte de masculine féminité, comme si le monde entier était une scène ou une piste de danse, l'irrésistible charme dont il usait sans vergogne pour le manipuler et dont à chaque fois, il tirait une jouissance à peine dissimulée …
C'était là un jeu quelque peu indécent qu'ils jouaient l'un et l'autre, mais dont jamais ils n'auraient se passer.
Cette domination que le détective exerçait sur lui, d'un regard, d'un mot, et tandis qu'il se révoltait alors contre lui même, que donnerai-t-il, aujourd'hui, pour se voir à nouveau sous le joug de cet homme qui à l'heure encore savait si bien le posséder …
Dans un état second Watson pris place auprès du bar.
Commanda un double scotch.
Qui croirait … ?
Autour de lui, toutes ces silhouettes dont il ne distinguait pas même le visage, que diraient-t-elles, si elles savaient ?
Se doutaient-elles seulement ?
… Et que penseraient-elles de lui ?
De l'ancien médecin militaire, gagnant bien sa vie et bien vu de la haute société, marié à une jeune et jolie jeune femme dont il ne tarderait pas à avoir un héritier ?
Du beau jeune homme aux traits si lisses et si parfaits, obsédé par un visage, un corps, une voix oubliée et qui eux seuls auraient pu subtiliser contre le masque de rigueur un sourire sincère et quelque peu séducteur.
Aujourd'hui pourtant, Watson se fiche de savoir ce qu'ils penseraient du joli rupin épris de Sherlock Holmes, le détective le plus doué et le plus fou que le monde n'est jamais porté.
Une effroyable fièvre se saisi de lui lorsque, cognant la bouteille de whisky, qui avait succédée au scotch, contre le bar, il se retrouva une nouvelle fois hanté par leur dernier regard.
Alors que derrière lui la porte de la terrasse du château se referme lentement, le médecin à à peine le temps de lever les yeux pour découvrir la scène. Le dos contre le balcon de pierre, agrippé à la veste de son rival, Holmes plonge son regard dans le sien avant de fermer les paupières et de s'abandonner aux chutes de Reichenback, entrainant Moriarty dans les eaux glacés de la suisse.
Un regard qui ne dure qu'une seconde et qui hante Watson nuit et jour.
Il ne se souvient pas avoir jamais vu une telle expression chez Holmes, dénuée de toute stratégie, tout désir de manipulation et d'intérêt à la lisière de la mort.
Un regard qui a fini d'espérer et ne cherche plus à fouiller en lui les réponses tant attendues, mais qui le considère seulement dans toute son évidence, dans toute la sincérité tragique des sentiments qui les anime.
Un regard qui pour la première fois pénètre profondément son cœur mais sans déranger quoi que ce soit, comme des pas discrets qui se retirent de la chambre à la nuit tombée ou la main mourante qui caresse la joue de l'être aimée pour un dernier adieu.
Délicat. Sage. Discret.
Un simple regard qui ne laisse pas de trace, aucune tâche, juste un immense vide immaculé, trop pur, trop paisible.
Un regard qui le met simplement devant le fait accompli et l'invite tristement à se rendre compte par lui même des dommages causés.
Saisi d'un épouvantable effroi, Watson n'a pas le temps de comprendre ni de réagir.
Juste de constater.
De rester là. Interdit.
Blême.
Avec cet affreux refus qui envahit tout son être, ce manque qui déjà entame son cœur et le ronge petit à petit.
Poison nocif que l'alcool même ne suffit à dissoudre.
Peut être parce que ce mal est la seule chose qui lui reste de lui, et certainement l'unique hommage qu'il puisse lui rendre …
Watson dépose quelques pièces sur le comptoir, reprend son blouson et quitte les lieux en titubant.
Dehors, la nuit froide s'engouffre sous ses vêtements et la pluie baigne ses yeux, à moins que ce ne soit des larmes.
Quelques derniers pas le séparent du 221 b, qu'il marche lentement, comme si c'était les derniers, examinant les façades noyées par l'obscurité, se souvenant …
Comme le souffle ravive les braises, chaque inspiration creuse un peu plus ses remords.
Combien de fois ?
Combien de fois le soumis, le serviable, l'aimable docteur Watson a-t-il blessé l'ignoble Sherlock Holmes ?
Combien de fois a-t-il lu dans ses yeux la vulnérabilité avec laquelle il encaissait en silence chacun des refus qu'il lui lançait avec froideur ?
L'importance avec laquelle il considérait, sans en avoir l'air, chacune de ses réponses, chacun de ses gestes ?
A la recherche vaine d'une attention d'un signe.
Watson se souvient de tout cela. Il sait parfaitement lequel des deux s'est montré ignoble avec l'autre. Qui malgré les apparences a joué le rôle du bourreau et celui de la victime.
Seulement il est trop tard pour les excuses.
Il pousse doucement la porte de l'appartement – leur appartement – yeux baissés, comme si tout n'avait été qu'un mauvais rêve, qu'il allait lever la tête et le découvrir là, comme avant, un pistolet à la main ou suspendu au plafond.
Il le gourmanderait alors un peu, pour le principe, comme on reprend un adolescent mal élevé, prierait madame Hudson de bien vouloir leur apporter le thé, le forcerait à manger un peu, l'examinerait méticuleusement à la recherche des plaies que son ami ne manquait pas de renouveler régulièrement, abandonnant au passage quelques caresses affectueuses, comme pour s'excuser de son absence, remettrait un peu d'ordre à l'endroit.
Holmes lui parlerait alors de la dernière enquête en cours et il en profiterait pour l'entrainer dehors, histoire de lui faire respirer l'air frais.
Mais lorsque Watson referme la porte, c'est une pièce morte qui l'accueille.
La pénombre n'a plus cet aura de folie effervescente peuplée de mystères et de curiosité en tout genre, comme si on n'en distinguait pas tout à fait les contours et qu'à tout moment une bizarrerie quelconque pouvait jaillir tel un diable de sa boite.
Non, cet ombre là n'est plus que le fantôme de ce qu'elle fut jadis.
Watson esquisse un léger sourire en traversant la pièce, marchant précautionneusement entre les cadavres d'expériences inachevées et les amas d'objets emmêles par le désordre.
Par habitude, il ouvre en grand rideaux et fenêtre, laissant l'air glacial s'engouffrer dans la pièce.
C'est une nuit sans lune.
Dans un soupire il ferme les paupières, puis lentement il se laisse glisser le long de mur, choir sur le plancher sale. Recroquevillé sur lui même comme un enfant, il laisse échapper un sanglot dans le silence froid de cet appartement qui a été le leur. Puis un second.
Il finit par succomber aux pleurs. Des spasmes le secouent tandis qu'il empoigne sa nuque tendue, ses ongles s'enfonçant dans sa peau, lacérant ses épaules.
Ce sont presque des cris de rage.
je suis désolé !!! explose-t-il dans un hurlement, la voix déformée par les larmes, je suis désolé !! Holmes, pardonnez-moi pardonnez-moi … je … je vous aime … Pardonnez-moi …
Un instant on n'entend plus que l'hystérie de son désespoir, jusqu'à ce qu'une voix grave, basse légèrement enrouée, ne souffle :
fallait-il mourir pour vous l'entendre dire ?
Watson sursaute mais ne lèvent pas les yeux. S'agrippant les tempes, il s'écrie :
cessez de me hanter, Holmes ! Ne souffrais-je pas déjà suffisamment ?
Tant de fois il a entendu sa voix, pourquoi cette fois là aurait-elle été plus qu'une illusion ?
Hum … je dois dire que votre douleur m'est assez … satisfaisante, en effet, Mon cher John …
Un tressaillement court le long de l'échine du docteur lorsqu'il entend la voix prononcer ces derniers mots.
Holmes l'avait toujours appelé Watson et son esprit n'aurait pas contourné l'habitude.
Dans un hoquet de stupeur il redresse la tête, fouillant des yeux le désordre de la pièce, le cœur battant à tout rompre.
Holmes ??!
Qu'il est idiot d'espérer une telle cause perdue ! Comme si c'était possible, un miracle pareil ! Ses yeux courent prestement d'un coin à l'autre de l'appartement pourtant, mais les murs lui paraissent plus vides qu'auparavant, et l'espoir s'éteint complètement au fond de son cœur.
Il se relève, chancèle jusqu'au lit où une chemise toute chiffonnée de son ami repose encore et s'effondre sur les couvertures en la pressant contre son visage.
La crise de larme cesse, laissant la place à un profond abattement, auquel seul le sommeil semble pouvoir pallier. L'odeur d'Holmes imprégnée dans le tissus se mêlant à son propre souffle, il s'endort presque. Dans un demi sommeil, il croit percevoir une double respiration à la sienne, ce qui lui paraît tout à fait normal, jusqu'à ce que la raison, reprenant le dessus, ne le sorte d'un sursaut de sa torpeur.
Une fois de plus il examine les lieux.
Holmes, vous êtes là ?
Bien sur que c'est complètement fou. Totalement improbable et insensé.
Il se relève, ses pas craquants sur le vieux plancher, et va s'adosser au montant du lit qu'il agrippe d'une main.
La respiration a cessé.
Il se prend la tête entre les mains.
vous allez me rendre fou …
j'espère bien !
D'une brusque impulsion Watson heurte une bouteille vide qui se brise sur le sol. Cette fois ce ne peut être que le fruit de son imagination. Du moins l'espère-t-il secrètement, de toute son âme, de toutes ses forces.
Son cerveau tourmentée tente d'assimiler ce que cela signifierait …
Holmes ? Est-ce que vous êtes là ?
La respiration reprend.
Alors qu'il se tourne pour inspecter un autre mur, quelque chose percute son épaule.
Il fait volte face.
Son regard tombe alors sur un petit objet tombée à terre, un ustensile qui lui rappelle étrangement quelque chose …
Alors qu'il se baisse pour le ramasser, il entend la voix de Mycroft dans la tête.
C'est ma réserve d'oxygène personnelle, repose ça tout de suite. Depuis quand Holmes obéirait-il à qui que ce soit ?
Et dans une exclamation de surprise, Watson comprend … Évidemment, à l'aide de ce modeste outil, Holmes aurait pu survivre aux chutes, avec de l'habileté, de la chance, et quelques lésions en prime …
Son esprit alors tente de remonter l'improbable fil de ses souvenirs …