Le droit de vivre - Shelter - Zach/Shaun - G

Mégalopole · **Inscription:** 29 Mai 2011 17:35 **Messages:** 268

Il y a quelques jours, après m'être re - regarder Shelter pour la énième fois, il m'est venu ça. Une sorte de cri du coeur.
J'espère que vous aimerez

.

Bonne lecture !

°o°o°

Aujourd’hui, repas de famille.
Dieu qu’il avait horreur de ça !
Les questions superficielles, les jugements, les critiques alors qu’au fond, ils ne savaient rien de sa vie.
Que du blabla et des discussions sans intérêts. A quoi bon ?
En ce moment, il n’avait vraiment pas besoin de ça !

Heureusement Allana était de la partie. Sa famille à elle aussi était conviée.
Plus qu’une meilleure amie, elle était comme une sœur. Celle qu’il n’avait plus…
Son soutien infaillible, son ange gardien.

°o°o°

Cody était là aussi. Au même titre que Jeanne.
Le rendez – vous hebdomadaire qu’ils ne pouvaient manquer.
Hélas.

Assis autour de la table, Zach et Allana regardaient passer les mouches pendant que Jeanne parlait de sa vie comme s’il s’agissait d’un roman d’aventures.
Encouragée par les yeux captivés qui la fixaient, elle arrangeait les faits à sa sauce.
Et Allana ne savait pas laquelle de la naïveté de ces auditeurs ou de la stupidité de Jeanne, lui donnait le plus envie de vomir.

« Alors comme ça tu vas partir pour l’Australie ? C’est un super projet dis – moi ! »
« Oui ! J’en avais marre de cette ville. J’ai besoin de me changer les idées. Tout recommencer ailleurs tu vois … »
Ben tiens !
« Et Cody ? Tu l’emmènes ? »
Jeanne feignit la contrariété.
« Hélas non. Je ne peux pas me permettre de le lancer dans une nouvelle vie où rien n’est sûr. Je ne sais pas où on va dormir, comment on va manger etc. C’est trop risqué… »
Si Allana ne la connaissait pas, elle aurait cru en ses paroles innocentes.
Quelle garce !
« Alors il va faire quoi ? »
Oui tient, qu’est – ce qu’elle allait en faire de ce fils tant encombrant pour elle ?
« Zach va s’en occuper. Avec son job il pourra le nourrir. Et puis il s’en occupe tellement bien … »
« Mais il ne devait pas entrer dans une école d’art ? »
Bonne question.
« Non, ce n’est pas pour lui. C’était un projet en l’air. Il n’a pas d’avenir dans cette branche. Non, il lui faut une vie stable et bien rangée… »
Sans rire ?
« Oui tu as raison ».
Stupide entourage ! Allana avait des envies de meurtres !
Et au plus ça allait, au plus elle voyait le visage de Zach se décomposer.
Cette conversation n’était pas vraiment une bonne idée …
« Et c’est qui ce Shaun dont parle Cody tout le temps ? ».
Zach cessa carrément de respirer et Jeanne devint livide.
« Oh c’était un ami de Zach… Pas très fréquentable. Mais pour le bien de Cody, il a arrêté de le voir. C’est mieux comme ça. Je n’aimais pas ce type… »
Quelle enflure !
« C’était juste un ami ou… »
Ou quoi ? Même pas capable de mettre un mot sur un non – dit.
« Ah non. Il n’est pas de ce genre-là. Il sort avec Tory en ce moment. Et puis tu imagines l’exemple que ça serait pour Cody ? Non, mon frère n’est pas de cette espèce. Dieu soit loué ! »
Qu’est – ce que Dieu venait faire là-dedans ?
« Non, il aime Tory et puis ils vont tellement bien ensemble. Ils vont pouvoir construire quelque chose de stable. C’est important … »
Etait – elle au moins au courant que Zach ne sortait plus avec Tory depuis plus de trois semaines ? Non, bien sûr que non, trop préoccupée par son petit nombril pour s’intéresser à la vie des autres.
« Shaun avait une mauvaise influence sur lui. Leur « amitié » n’avait pas d’avenir. C’est bien mieux comme ça… »

Zach se détourna, se mordant la lèvre inférieure pour ne pas craquer.
Elle n’arrêterait donc jamais de lui pourrir la vie ?

Suffoquant, il se leva et sortit.
Il avait besoin d’air. Besoin de ne plus entendre toutes ses voix qui lui dictaient ce qu’il devait faire. Besoin qu’on arrête de remuer le couteau dans la plaie. Il venait de quitter Shaun pour sa satanée frangine. Ce n’était pas suffisant ?
Sa vie se résumait donc à ça ?
Vivre pour les autres, en sacrifiant son bonheur. Constamment.
Pathétique.

Discrètement Allana vint le rejoindre.
C’était probablement la seule personne dans ce fichu monde qui avait toujours été là pour lui. Sans elle, il aurait déjà lâché prise…
Depuis longtemps.
« Ça va ? ».
Silencieusement, le jeune homme hocha la tête.
Les mots étaient inutiles.
Passant une main dans son dos, Allana le rapprocha d’elle. Et il craqua.
« J’en peux plus Allana. Je peux plus vivre comme ça. A quoi ça rime ? Je ne … »
« Je sais… »
Pas besoin de mots. Ils se comprenaient.
« Appelle – le. Dis – lui que tu regrettes. Je suis sûre qu’il comprendra… Ne reste pas comme ça Zach. C’est en train de te détruire ».
Le jeune homme baissa les yeux. Bien sûr qu’il crevait d’envie de décrocher ce maudit téléphone.
« Je ne crois pas qu’il me pardonne. J’ai joué au con… »
« Arrête un peu. Fonce et tu verras »
« Et s’il ne ressent plus rien pour moi ? »
Impossible.
« Ca j’en doute ».
Pendant quelques instants, Zach parut songeur.
« Aller viens, on rentre ».

°o°o°

Quand ils entrèrent dans la pièce, Jeanne en était toujours à parler de Shaun.
Et Zach hésita à faire demi – tour.
« Et puis y a intérêt à ce qu’il ne se passe rien entre eux. Tu imagines la tête de papa ! ».
Elle rigola de ses propres propos. Cette garce…

Et les barrières d’Allana cédèrent.
« Mais pour qui tu prends ? »
La question était sortie d’elle-même. Tranchante comme une lame de rasoir. Tellement spontanée et inattendue que Jeanne en resta bouche – bé.
« Pardon ? »
Le silence se fit et son regard de glace la fusilla sur place.
Lentement, Allana répéta ses mots, détachant chaque syllabe avec insistance.
« Tu te prends pour qui ? »
Etrange question.
« Ben… Euh … Pour sa sœur ».
Hésitation dans sa voix. Visiblement Jeanne était troublée.
« Oh non. Je crois que t’as perdu le droit de l’être depuis bien longtemps ».
Les hostilités commençaient. Allana avait décidé d’attaquer. Ou plutôt de défendre. C’était la goutte de trop.

Son regard se durcit encore et la mâchoire serrée, elle prit la parole :
« Tu n’as rien d’une sœur. Je ne sais même pas si un jour tu as eu de la considération pour lui... »
Et Jeanne su qu’Allana n’allait pas s’arrêter là.

Elle avait raison.
- Je l’ai vu tout arrêter pour tes bêtises. Parce que mademoiselle se sentait trop seule et craignait de faire une connerie… Tu parles ! T’en est une belle de connerie toi. Alors par culpabilité et altruisme, il a tout plaqué pour revenir dans ce trou à rat, s’occuper de ce neveu qui le considère comme son père. Et tu trouves ça normal ?!
Il enchaîne deux jobs, pendant que tu fais quoi ? Rien. Tu t’avachis sur le canapé ou tu te bourres la gueule avec tes copines toutes plus pétasses les unes que les autres ! Et tu trouves que t’as l’allure d’une mère ? Mais t’es pitoyable ma grande. Tu te permets de donner des leçons alors que tu ne vaux rien.

Au plus ça allait au plus les yeux, braqués sur elle, s’agrandissaient. Jeanne restait figée face à une telle déclaration et à un tel aplomb. Tant de rancœur et de haine. Elle ne pensait pas que c’était possible.

- 5 ans que je ne l’ai pas vu sourire hormis pour Cody ; 5 ans que je le vois s’enfoncer dans cette maudite vie que tu lui as toute tracé, où il n’y a pas de place ni pour son bonheur ni pour ses rêves ; 5 ans que je le vois trimer comme un malade parce que t’es pas foutu de prendre enfin tes responsabilités !

Ça, c’était dit.

- Tu t’en vas ? Surtout te gênes pas, au contraire, vas – y, tire – toi. Mais ne t’avise pas de lui dicter une conduite à suivre, c’est assez clair ?! A partir de maintenant il mènera sa vie comme il l’entend et avec qui il veut. Tu n’as plus ton mot à dire ! Tu ne l’as jamais eu au fond.

Jeanne déglutit. On ne lui avait encore jamais parlé comme ça.
Mais Allana n’avait pas fini.

- Depuis que Shaun est revenu dans sa vie, c’est la première fois que je le vois reprendre confiance en l’avenir. Il est ce qu’il pouvait lui arriver de mieux et si tu oses remettre ça en question, c’est que tu n’as rien compris…

Les regards dévisagèrent Zach. Alors comme ça il était de ce bord-là ?

Mais ce n’était pas son réquisitoire. Sur le banc des accusés, c’était Jeanne, pas lui.

- Tu veux tout plaquer ? Abandonner ton fils ? Commencer une nouvelle vie avec ton Allan de mes deux ? Vas – y, fonce ! Mais fou la paix à Zach. Lui, il n’a rien demandé. C’est pas sa faute si t’es une ratée. Laisse – le vivre sa vie avec celui qu’il aime, peu importe son sexe parce que c’est pas ça le plus important. Arrête pour une fois de penser qu’à toi bordel ! Laisse – le se construire sa famille et son propre chemin. Et par pitié, arrête de le juger alors que toi t’es incapable de faire quelque chose de ta vie et que sans lui, tu n’es rien !

Le souffle court, elle termina son discours :
- Je n’ai jamais eu beaucoup d’estime pour toi, comme tu t’en doute, et j’en ai encore moins à l’heure d’aujourd’hui. Zach a assez souffert. Je ne te laisserai plus faire. Ose encore lui pourrir la vie, et cette fois c’est la tienne qui deviendra un enfer…

Echec et Mat. Jeanne avait perdu la partie. A présent tous les yeux étaient braqués sur elle. Allana avait dit tout haut ce que beaucoup pensait tout bas. Elle seule avait cette capacité d’affronter la vérité sans sourciller.

- Bien maintenant je crois qu’on n’a plus rien à se dire. Si tu permets, je vais me chercher à boire. Tout ça m’a donné soif.
Prenant Zach par la main, elle se leva, laissant tout le monde digérer son monologue assassin.
Elle se servit une coupe de champagne et en tendit une au jeune homme.
« A présent Zach, prends ce foutu téléphone et appelle – le. Reprends ta vie en main. Maintenant. Elle t’appartient après tout ».

Silencieusement il hocha la tête.
Un nouveau départ. Une seconde chance.
Dieu qu’il en avait rêvé.
Posant sa coupe sur la table garnie, il prit la direction de la sortie, son portable en main.

°o°o°

Une sonnerie. Deux sonneries. Trois sonneries. Et une voix ensommeillée décrocha.
« Allô ? »
Zach eut du mal à reprendre sa respiration.
« Shaun ? C’est moi. »
1, 2, 3, 4 secondes. Un silence qui parut durer une éternité.
« Qu’est –ce que je peux faire pour toi ? »
Saisir sa chance.
« Juste m’écouter ».
Ca ne devrait pas être très dur...
« Alors vas – y ».
Une inspiration avant de se lancer. Tout tenter. Il n’avait plus rien à perdre.
« Tu me manques Shaun. C’est toi qui avais raison. Et j’ai fait mon choix. Pardonne – moi, s’il-te-plait … ».
Un silence avant l’ultime aveu.
« Je t’aime ».

Pardonner ? Une évidence.
A travers le combiné, une voix tendre souffla : « Ce n’est pas trop tôt. Si tu savais depuis combien de temps j'attends ces mots. Je t'aime, moi aussi ... »

Le bout du tunnel. Le début d’une nouvelle vie.

Son droit de vivre.
Enfin.

°o°o°

Fin.

PS : Ca m'a énormément défoulée. C'était après avoir appris que j'avais raté mon permis.
Ca ma fait du bien