chapitre 20 : désir.
Peu de temps après, ils avaient réintégré la chambre que Buck occupait quelques semaines auparavant. Steve se remettait rapidement, étonnamment rapidement. A part un léger et persistant mal de tête, il ne tenait déjà plus en place. Il eut la visite de tous ses amis, ravis de le voir remis si vite. En fin d’après-midi, il n’y avait plus que Sam pour leur tenir compagnie. Bruce et Natasha étaient repartis sans préciser pour où, Wanda ne s’était pas imposée trop longtemps et Tony était reparti à la campagne auprès de Pepper. Buck gardait ses distances avec Steve quand quelqu’un était là. Peut-être moins avec Stark. Mais avec Sam, il se sentait observé, ça le dérangeait beaucoup. Celui-ci avait tendance à avoir un petit sourire en coin difficile à définir. Buck se sentait mal à l’aise quand il était là. Steve, lui, s’ennuyait, il aurait bien attrapé son compagnon par un bras pour le rapprocher du lit et s’occuper agréablement les mains mais celui-ci restait loin. Sam devinait très bien qu’il mettait une distance entre eux, il s’en amusait beaucoup. Un peu sadique, il attendait de voir lequel craquerait et le ficherait dehors le premier. Assis sur la chaise, à droite du lit, il se balançait nonchalamment en appuyant de temps à autre le dossier contre le mur de la salle de bain. Buck regardait par la fenêtre, Steve regardait les fesses de Buck. Sam s’en aperçut, il faut reconnaître que le regard de Steve s’attardait pensif sur le fessier rebondi de l’homme qui lui tournait le dos sans savoir. Sam se balança sur sa chaise en remarquant : « Steve… Je ne comprends pas comment tu peux avoir les idées aussi mal placées alors que tu viens de te prendre une balle en pleine tête ! L’autre se tourna vers lui, le sourire en coin, il répliqua : - Que sais-tu de mes idées, toi ? - Tu ne regardais pas la télévision, pourtant, c’est toi qui l’a allumée. - C’est d’un ennuis… - Ce que tu regardais est moins ennuyeux ? - Beaucoup moins… Il tourna de nouveau la tête et ses yeux errèrent de nouveau sur la silhouette de Buck. Ce dernier ne bougeait pas, il regardait bien au-delà de la vitre. Steve n’aimait pas quand il restait, ainsi, trop longtemps pensif. Il lui dit doucement : - Bucky ? Tu penses à quoi ? - A rien… - Menteur. - Je ne sais plus… Steve tapota sur le lit. - Viens t’asseoir là. - Non. - Allez ! Viens ! - Non. Sam ne put s’empêcher de rire, il remarqua : - Pas de chance, il est têtu. - Il finit toujours par faire ce que je veux. Il tapa de nouveau sur le lit, avec plus de conviction : - Allez ! Viens ! Buck se retourna. Appuya son dos contre la vitre et répéta une troisième fois : - Non. Vexé, Steve bougonna : - Tu vas m’obliger à me lever… - Je te l’interdis ! Lança Buck, le Docteur a dit que tu devais rester tranquille ! - Alors viens ! Je resterais tranquille ! - Pas tout de suite, décida Buck en jetant un rapide coup d’oeil vers Sam. Steve cerna la situation, il reprit : - C’est à cause de Sam que tu tiens tes distances ? - Tais-toi. Steve ramassa le magazine qui traînait sur le chevet près du lit et le lança de toutes ses forces à la tête de Buck qui le rattrapa au vol en lui reprochant : - Pas la peine de m’agresser ! Il s’assit dans le fauteuil pour feuilleter le magazine qu’il tenait toujours. Steve glissa au bord du lit saisit le coin d’une feuille et lui arracha les pages des mains. Buck fit glisser le fauteuil sous la fenêtre afin de prendre ses distances. Steve posa de nouveau le magazine sur la table de chevet. Il se tourna vers Sam, décidant de l’ignorer. - Sam, commença t-il, tu comptes faire quoi les jours prochains ? - Rien de particulier. Je dois me rendre à Washington la semaine prochaine, il y a une réunion avec mon groupe de l’amical des vétérans. - Je ne savais pas que tu y travaillais encore… - J’y vais, de temps à autres, on ne peut pas appeler ça un travail… Il était clair que Steve tentait d’entamer une conversation avec Sam afin d’oublier Buck. Seulement, cela n’était pas très au point, toutes les dix secondes il lui jetait un coup d’oeil appuyé qui avait l’air de dire : - Tu viens ! Oui ou non ?! Sam finit par en rire franchement. Ensuite, il remarqua : - Je crois que Buck ne m’aime pas beaucoup, c’est pour ça qu’il boude… - Je ne boude pas ! Répliqua l’autre. Steve s’impatienta : - Oui, tu boudes ! Comme les yeux de Buck avait pris cet air triste que Steve ne supportait pas, il ajouta, beaucoup plus doucement : - Viens t’asseoir près de moi, Bucky… Je t’assure que Sam ne s’en formalisera pas… Sam finit par décider : - Je vais m’en aller… - Non ! Lança Steve, reste, tu es mon meilleur ami, il serait temps que Buck te fasse un peu confiance. Celui-ci ronchonna : - S’il est ton meilleur ami… je suis quoi, moi ? Steve devina un peu de jalousie dans le ton qui tentait pourtant de se faire neutre. Il assura avec tendresse : - Toi, tu es mon Bucky… et j’ai envie que « mon Bucky » vienne près de moi, depuis qu’il y a du monde dans cette chambre, c’est à dire depuis ce matin, tu restes loin… Buck l’observait par en-dessous, comme il avait l’habitude de faire quand il hésitait. Steve ajouta : - Tu penses trop, je te connais… viens là… Cette fois, Buck abandonna la lutte. Steve le devinait trop bien, il savait exactement ce qu’il avait dans la tête. Il s’assit enfin sur le lit. Steve lui prit le bras pour l’attirer vigoureusement contre lui. Buck se laissa faire, il échoua sur l’épaule vigoureuse, son ami le serra d’un bras ferme en disant : - A quoi tu songes encore… à la petite fille, à la famille autour de la table, à la femme aux yeux sombres… dis-moi ? - A tous… et à d’autres… - Arrête. - J’essaie, je te promets que j’essaie… - Je sais… - Je pensais que si je t’avais perdu, j’aurais payé pour tous ces gens que j’ai privés d’un être cher… - T’as pas fini… - Je me serais fait sauter la tête… Steve se fâcha. - Non mais ça va pas ! Il n’y a pas que moi sur terre ! Tu as d’autres amis, maintenant ! - Ils ne serviraient à rien si je te perdais… Steve jeta un coup d’oeil à Sam. Coup d’oeil qui disait : - Tu vois, j’avais deviné juste, il ressassait un tas d’horreur dans son coin… Il embrassa les cheveux sombres et reprit : - Je ne suis pas mort, et je ne compte pas mourir ! On est bien d’accord !? - Oui… - Alors arrête ! - Oui. - Bon. Je préfère quand tu me dis oui… - Oui, Cap… Sam, amusé, remarqua : - Je crois qu’il est à tes ordres, maintenant. - Il est toujours à mes ordres, c’est juste qu’il a un sale caractère… Sam observa les deux hommes : ce qu’il pensait qui le surprendrait, finalement, semblait tout naturel. Buck paraissait à sa place dans les bras de Steve. Comme si le fait qu’il ait attendu si longtemps lui ait finalement offert un statu privilégié, qu’il était en droit de revendiquer et qui n’étonnait plus personne. Sam comprenait ses souffrances, il ne s’imaginait pas lui-même pouvoir vivre avec toutes les horreurs sans nom que lui avait fait faire HYDRA. Il reconnaissait qu’il avait parfois fait du sale boulot mais, en ce qui concernait Bucky c’était pire que tous. Il avait fait ces choses mais quelqu’un d’autre tirait les ficelles, il était un pantin entre les mains d’HYDRA. Pendant soixante-dix ans, on l’avait congelé, décongelé, recongelé, reprogrammé, torturé maintes fois afin de lui interdire tous souvenirs. Il se retrouvait avec ça, les chercheurs du Wakanda lui avait offert une nouvelle vie sans pouvoir effacer l’ancienne, le Bucky Barnes, le chic type de Brooklyn avait du mal à vivre avec ça… Steve caressait les mèches de cheveux comme il le faisait souvent. Sam finit par questionner : - Sans cette soirée, vous auriez fait quoi tous les deux ? Ce fut Steve qui répondit : - Je ne sais pas… Buck, lui, dit : - Je serais parti… - Non ! Intervint Steve, je t’en aurais empêché ! - Je serais parti, je ne pouvais pas faire autrement… - Tu aurais fini par parler. - Non, sobre, jamais… Steve le serra férocement. - Non d’un chien, Bucky ! Tu avais si peu confiance en moi… - Pour ça, oui… Quand j’ai parlé parce que j’étais soûl, je m’en suis tellement voulu… J’ai voulu mourir parce que j’avais peur de la façon que tu aurais de me regarder après ça… - Tu étais mon ami et tu le serais resté avec ou sans ça. - Maintenant, je le sais… Je suis heureux de m’être soûlé ce soir là… Steve l’écrasa contre sa poitrine. - Ça en valait la peine, je dois le reconnaître… Sam constata : - Donc, tout ça à cause d’un verre de trop ! - A cause d’une fête, confirma Steve, d’une fête qui aurait pu ne pas avoir lieu… Sam suivait du regard le mouvement doux de la main de Steve qui caressait les cheveux, il avoua d’une voix un peu hésitante : - C’est bizarre quand même… - Quoi ? Questionna Steve. - Vous deux, vous ne correspondez pas à l’image que je me faisais de l’homosexualité… - Pardon ? Fit Steve. - Oui, faut pas m’en vouloir… je pensais que vous regarder comme ça, tous les deux, ça aurait quelque chose de bizarre, de presque choquant. Finalement, ça ne l’est pas du tout… vous allez bien tous les deux… - Je sais, dit Steve, Tony me l’a déjà dit… Donc, tu étais resté pour voir ça ? - Oui, j’étais curieux de voir si vous finiriez par vous rapprocher devant moi… Buck n’avait pas l’air d’y tenir… Cette fois, Buck bougonna : - Je n’aurais jamais pensé être une telle source d’intérêt… Steve frotta son menton dans la chevelure brune : - Moi, tu m’intéresses en tout cas… tu m’intéresses toujours beaucoup… Cela fit rire Buck, il serra ses doigts autour d’une épaule. - Idiot… - Crétin… - Par contre, observa Sam, niveau mots tendres, vous n’êtes pas au point… Steve posa son menton dans les cheveux. - C’est une vieille habitude… Sam se balança sur sa chaise, l’appuya contre le mur de la salle de bain et conclut avec un large sourire : - Oui, vieille habitude sûrement… Et puis, idiot et crétin, c’est bien vous...» Buck passa la nuit contre Steve, celui-ci ne voulut pas le lâcher. Il aurait même certainement fait des folies si Buck ne s’y était pas opposé. Vers cinq heures du matin, un cauchemar réveilla ce dernier. Il fit un bond qui l’envoya rouler sur le sol. Surpris, il se redressa lentement. La voix de Steve demanda : « Tu t’es fait mal ? - Non, mais il y a des façons plus agréables de se réveiller. - Tu veux qu’on ailles dans ma chambre ? - Ça va pas, non ! - Pourquoi ? Je me sens bien ! - Arrête de jouer au petit Steve casse-pied ! Tu te repose ici ! - J’ai plus envie de dormir ! Buck se rassit près de lui en bougonnant : - T’es vraiment insupportable ! Il a bien fallu que je reste tranquille, moi ! - On pourrait s’amuser un peu, il y a personne à cette heure-ci… - S’amuser à quoi ? Steve glissa ses doigts sur la cuisse vers l’entrejambe. Buck se leva en décrétant : - Bon, je crois que je vais aller dormir ailleurs ! - Non ! Bucky ! Viens près de moi ! Même que je te tripote un peu, ça ne peut pas me faire de mal ! Rien que l’idée excitait Buck : les mains de Steve, la bouche de Steve… Il secoua la tête et s’assit dans le fauteuil. - Non ! Hors de question ! Steve ne s’avoua pas vaincu, il n’était pas du genre à baisser les bras facilement. Il avait envie de faire gémir son compagnon, il finirait par avoir ce qu’il voulait. Il poussa résolument la couverture sur le côté du lit, se tourna et posa ses pieds par-terre. Buck lui fit les gros yeux. - Tu fais quoi, là ?! - Je vais faire pipi ! Buck le suivit des yeux alors qu’il disparaissait dans la salle de bain. C’était vrai qu’il avait l’air d’aller tout à fait bien. C’était fou, cette faculté de guérison qu’il avait. Même le soldat de l’hiver, qu’il était encore quelques mois auparavant, n’aurait jamais pu récupérer si rapidement. Steve en tant que super soldat était une superbe réussite. Buck frémit en pensant superbe… oui, en plus, il était beau, ce qui ne gâchait rien. La porte s’ouvrit et Steve revint vers le lit. Il s’étira en caressant Buck du regard puis soupira : - J’ai chaud… il fait une chaleur horrible, ici… Il baissa la tête et tira sur le col de son tee-shirt afin de l’enlever. Il le jeta à la tête de Buck puis étira de nouveau ses muscles parfaits. Ce dernier se sentit brusquement très à l’étroit dans son jean. Steve l’observa, amusé : - T’as pas chaud, toi ? Demanda t-il. L’autre ne répondit pas, son regard errait sur le torse, le ventre, les hanches. Il avala sa salive, son regard revint sur le visage moqueur, le pansement d’où s’échappaient la chevelure blonde sombre. Comme il ne disait toujours rien, Steve vint s’agenouiller au pied du fauteuil, il posa ses mains puis son menton sur les genoux en remarquant : - T’as perdu ta langue ? Bucky ? Non, c’était juste que son cœur battait à cent à l’heure et qu’il ne savait pas comment faire cesser cet emballement. Il passa ses doigts dans les mèches au-dessus du pansement. Steve sourit, le menton toujours sur les genoux. - Alors, dit-il, t’as pas envie que j’occupe mes mains sur ta peau ? - Steve ! Tenta de reprocher Buck. Sans l’écouter, Steve tira sur la boucle de la ceinture, sortit le tee-shirt du pantalon, glissa ses doigts sur la peau veloutée du ventre, il sentit la cicatrice sous paume, Buck ferma les yeux : il ne pouvait pas résister à ça… - Viens, ordonna presque Steve en se redressant. Il s’assit sur le lit et tira son compagnon par le bras en répétant : - Viens… Buck prit place face à lui, sur le bord du lit. Steve le déshabilla avec des gestes précis, appliqués qui le faisaient frissonner. Quand il se fut débarrassé des chaussettes et du boxer, il le poussa sur le lit pour qu’il s’allonge près de lui. Buck se laissa faire, il ne cherchait plus à se rebeller : à quoi bon !? Steve aurait toujours le dessus… Il ferma les yeux, caressa les cheveux du visage qui errait sur son corps. La bouche savait où aller, quoi faire pour le faire se tordre de plaisir. Les doigts osaient tout, sans gêne, fouineurs et exigeants. Il abandonna toute lutte, perdu dans un déferlement de plaisir qu’il ne contrôlait plus. Steve avait très vite compris le pouvoir qu’il avait sur lui. Il le faisait, gémir, soupirer, réclamer, supplier. Buck se tordait, crispait ses doigts sur une épaule, sur un bras, dans les cheveux. Steve jouait à faire traîner l’explosion finale, malgré les supplications, les récriminations de son compagnon qui ne savait plus s’il appréciait ou subissait. Quand il pu enfin s’abandonner aux caresses expertes de son bourreau, il était en nage, tremblant, son cœur battait à tout rompre. Steve était ravi, il regardait son ami étalé sur le lit, enivrer de toute puissance. Il remonta le drap sur la peau nue, pinça un bout de sein et remarqua : - Tu disais plus non… hein, mon Bucky… - Sadique… - Tout de suite les grands mots ! - Pervers… - Qu’est ce qui faut pas entendre ! - Je te déteste… Steve se coucha contre lui. Il caressa une épaule en reprochant : - Menteur. - Abruti ! - Je t’aime… Buck se tourna face à lui pour le regarder. Il caressa les contours parfait du visage. Rien qu’en lui disant cela, il le ferait marcher sur la tête. Il demanda : - Ça va, ta tête ? - Oui, fit Steve, la tête ça va… par contre… Comme il n’acheva pas sa phrase, Buck questionna : - Par contre ? L’air un peu taquin, l’autre attira la main de Buck vers son entrejambe : - Tu es très excitant quand tu fais des « oh », des « ah », des « Steve ! Oh oui ! » Je ne tiens plus dans mon pantalon, moi ! Buck glissa ses doigts sous l’élastique. - En effet, constata t-il, je pourrais m’amuser, moi aussi… - Sadique… Buck rit et disparut sous le drap. Steve écarta carrément la couverture afin de voir la tête brune qui descendait sur son torse, sur son ventre… Il glissa ses doigts dans les mèches sombres, pensa aux lèvres qui, tout à l’heure, gémissaient son nom et dit encore en fermant les yeux : - Je t’aime, Bucky… je t’aime... »
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