Merci à Aeris pour la beta!
Je ne connais pas les personnes apparaissant dans ce texte. Tout est purement fictif. Je ne gagne pas d'argent avec cette fic.
Ploc PlocPOV Rafa
Le sang coule sur le parquet. Goutte après goutte. La lame glisse sur ma peau. Une ligne rouge s’ajoute à celles qui décorent déjà mon bras. Ploc. Ploc.
La blessure est superficielle. Je sens la morsure familière du métal, mais je sais que la douleur deviendra plus forte après quelques minutes. A chaque mouvement. A chaque effleurement. Mais je continue, fasciné par ce rouge. Ploc. Ploc.
Je m’interromps un instant pour changer de position et m’asseoir en tailleur. La peau de mes cuisses se tend. J’accueille la douleur avec un soulagement. C’est là que j’avais commencé, pour que personne ne voie. Mon petit secret. Ma délivrance. La souffrance n’est plus seulement dans ma tête. La souffrance est dans ma chair. Ploc. Ploc.
Elles sont belles, mes cuisses, avec tout ce rouge. Mon bras commence à leur ressembler. Je ne peux pas m’arrêter. L’idée que j’aurai de la peine à le cacher m’a traversé l’esprit, mais ça n’a plus d’importance à présent. J’en ai trop besoin pour chercher encore à les épargner. Quant aux journalistes, ça fait longtemps que je me fiche de ce qu’ils disent. Leurs mots ne peuvent plus m’atteindre. Il n’y a plus de place pour cela dans mon esprit. Il n’y en a que pour lui. Ploc. Ploc.
Le soleil se couche. Ce jour que je redoutais tant sera bientôt terminé, mais je sais que la nuit ne m’apportera aucun réconfort. Elle devient cruelle quand le sommeil vous fuit. Mais au moins ces chiffres disparaitront du calendrier. Ils cesseront de me rappeler que tu n’auras jamais 30 ans. Et que tout est ma faute. Ploc. Ploc.
Ils ont beau dire que je n’y peux rien, je sais que c’est faux. C’est pour cela que ces sillons se gravent dans ma chair. Parfaitement parallèles au début. De plus en plus aléatoires à mesure que me haine grandit. Cette haine qui jamais ne s’apaisera. Ploc. Ploc.
Il y a une boite de somnifères dans ma table de nuit. Mon dernier recours quand les nuits deviennent trop longues et que la lame ne parvient pas à canaliser ma douleur. Quand j’ai l’impression d’imploser et que je ne peux rien faire à part hurler et implorer un dieu en qui je ne crois pas d’abréger mes souffrances. Mais je n’en prendrai pas aujourd’hui. Je ne mérite pas ces quelques heures d’inconscience. Ploc. Ploc.
Il suffirait d’enfoncer la lame plus profondément pour mettre fin à tout cela. La tentation est grande. Mais toujours j’y résiste. Ce serait trop facile. Après des semaines de questions et de rage, j’ai compris pourquoi j’avais survécu. C’est ma punition. Une vie de souffrance pour t’avoir ôté la tienne. Et je l’accepte. Ploc. Ploc.
Je me demande si je parviendrai à poser ce cutter avant l’aube. Si la fatigue finira par m’emporter. Mais le sommeil ne m’apportera pas de repos. Il ne fera que rendre plus intense les images qui emplissent mon esprit. Ton visage. Ton sourire. La voiture en face que je ne peux éviter.
Ploc. Ploc.