Voici le dernier acte de cette petite fic sans prétention. Bonne lecture ! Partie 3« Monte, on sera plus tranquilles dans ma chambre... »
Sous le regard réprobateur d'Ana Maria, Maymo s'engouffra dans l'escalier.
La chambre de Rafael était encore celle d'un enfant. Un lit étroit. Des peluches, de vieux trophées sur une étagère, quelques portraits de famille. On y tenait difficilement à deux.
« Assieds-toi là », dit Rafael en montrant une chaise près du bureau.
Il referma soigneusement la porte derrière lui. Il n'avait pas envie que leur conversation parvienne aux oreilles d'Ana Maria.
« Toujours chez tes parents ? le taquina Maymo. C'est quand que tu te décides à vivre seul ?
- Faudrait que ma mère se fasse à cette idée... »
Rafael prit place sur le lit, juste en face son ami. On entendait grésiller l'ampoule du plafonnier.
« Tiens », murmura Maymo en sortant un petit paquet de son manteau.
Il le tendit à Rafael :
« C'est mon cadeau d'adieu. »
Rafael le prit et le posa à côté de lui sans l'ouvrir :
« Maymo... pourquoi t'en aller ? »
Le regard de Maymo s'assombrit :
« Crois-moi, c'est mieux comme ça.
- Je ne te crois pas.
- La situation était devenue invivable, renchérit Maymo.
- Mais pourquoi ? »
Maymo passa sa main devant les yeux ; parler lui coûtait :
« C'est ton oncle... il a découvert des choses sur moi.
- Quelles choses ? frémit Rafael.
- Des choses qu'il vaut mieux que tu ignores. »
Rafael eut à nouveau la désagréable impression de heurter un mur.
« Xisca te trouve bizarre », lâcha-t-il malgré lui.
Rafael scrutait le visage de Maymo ; mais celui-ci ne marqua aucune surprise.
« Ma mère et Toni aussi, ajouta Rafael.
- Et pour quelle raison ? s'enquit Maymo d'une voix douce.
- Je ne sais pas. Ils ne me l'ont pas dit...
- Tu n'as pas ton idée là-dessus ?
- Non. »
Maymo eut un geste de découragement :
« J'aime les hommes », expira-t-il.
La cathédrale se fût écroulée dans la nuit que Rafael n'aurait pas été plus troublé.
Il agrippa le couvre-lit comme s'il craignait de tomber à la renverse.
Maymo ? Son Maymo ?
Comment avait-il pu ne rien voir ?
Il y a quelques semaines encore ils riaient tous les deux aux mauvaises blagues de Carlos...
« Ton oncle m'a fait comprendre qu'il fallait que je parte, poursuivit Maymo sans amertume. Il doit croire que c'est contagieux ».
Il conclut sa phrase par un petit gloussement.
Rafael rit aussi, mais le cœur n'y était pas.
Lui revenaient en mémoire toutes les attentions que Maymo avait eues à son égard... tous ces gestes tendres qu'il ne s'était pas avisé de trouver équivoques... ce baiser dans les cheveux, un soir qu'il le ramenait en voiture chez lui...
« Tu... tu... », bégaya Rafael.
Maymo semblait s'amuser de son émoi :
« Je quoi ? s'enquit-il avec un sourire bienveillant.
- Tu n'as jamais... pensé que...
- Qu'on pourrait coucher ensemble ? », compléta Maymo.
Rafael était cramoisi.
« Oh... des milliers de fois... », avoua Maymo dans ce qui ressemblait à un soupir.
On entendit klaxonner une voiture au loin.
Maymo se leva en prenant appui sur ses cuisses :
« Voilà, Rafa, tu sais tout... Je vais te laisser. N'oublie pas de déballer ton cadeau.
- Maymo... »
Rafael l'avait retenu par le coude ; leurs visages étaient très proches :
« On n'a qu'à faire comme avant.
- Rafa, je t'en prie, arrête...
- Comme si rien ne s'était passé.
- On ne peut pas revenir en arrière...
- Mais si ! s'entêta Rafael.
- Maintenant, tu sais... ça ne te gênerait pas que je pose à nouveau mes mains sur toi ? »
Rafael eut une seconde d'hésitation :
« Non », répondit-il avec fermeté.
Minuit sonna à la cathédrale.
« Il faut que j'y aille, Rafa...
- Reste encore... juste un petit peu. »
Rafael lâcha le coude de Maymo pour tomber dans ses bras. Joue contre joue, ils se donnèrent une longue accolade.
« Ta mère va se demander ce qu'on fabrique tous les deux, plaisanta Maymo
- Je m'en fiche...
- Si ton oncle t'entendait parler comme ça...
- Ca fait trop longtemps qu'il décide pour moi. »
Rafael pressa l'interrupteur et l'obscurité les enveloppa.
Les fenêtres découpaient dans le ciel des rectangles étoilés.
« J'ai envie de savoir, Maymo...
- Quoi ? »
Leurs voix à eux deux n'étaient pas très assurées.
« Ce que ça fait... »
Froissement de tissus.
Dans le noir, les lèvres de Rafael cherchaient celles de son ami.
Lorsqu'enfin leurs bouches se rencontrèrent, il sembla à Rafael que sa vie s'effondrait comme un château de cartes.
Fin