Aha, j'ai enfin trouvé le courage nécessaire pour poster le premier chapitre de ma première fiction. Je suis z'émue, z'émue, z'émue. Par contre, c'est long. Et il ne se passe rien de vraiment intéressant. Mais bon, les choses vont changer !
Titre : L'Éducation Sentimentale
Auteur : Givre
Pairing : Frank Iero/Gerard Way
Rating : Pour ce chapitre, G
Disclaimer : Je suis fière de raconter n'importe quoi sur des personnes que je ne connais pas, et tout ça sans même toucher un petit centime de rien du tout. Ça craint.
– L'Éducation Sentimentale –
Chapitre I : Une Rupture
ou « Comment survivre à un proche qui confond amitié et assistance, alcool et jus de pomme. »
~°~
« Bouteille vide. »
Cette affirmation accompagnée d'un bruit de bouche significatif, le jeune homme scruta attentivement son reflet dans le verre sombre de la bouteille avec une moue déçue.
« M'en faut une autre. Moi aussi, j'suis vide. J'aime pas ça. » Puis, tournant le regard vers son compagnon à moitié affalé sur la table : « Qu'est-ce que t'en penses ? »
Celui-ci releva difficilement la tête et cligna plusieurs fois des yeux, agitant sa main devant son visage comme pour chasser une mouche.
« J'pense que ça suffit. On devrait rentrer, sinon ta mère va s'inquiéter. »
Le premier garçon eut un soupir agacé, et reposa bruyamment la bouteille sur la table. Il amorça un mouvement pour se lever, mais retomba aussitôt sur sa chaise. S'ensuivit un instant de silence, où il sembla absorbé par la contemplation du plafond mal peint. Il se leva en sursaut, observant en fronçant les sourcils le groupe qui entamait son dernier morceau, guitares grésillantes.
« T'as raison. » finit-il par lâcher, s'appuyant sur la table pour se maintenir debout. « Cette musique commence à me taper sur les nerfs. »
Le second émit un grognement probablement affirmatif et batailla un moment avant de parvenir à se mettre debout. Il allait sortir un billet de sa poche, mais l'autre l'arrêta.
« Laisse. C'est pour bibi. »
Il plongea la main dans l'une de ses poches. Puis dans l'autre. Puis encore dans une autre. Lorsqu'il eut fait toutes ses poches, il esquissa un sourire gêné.
« Euh... J'te rembourserai, promis.
– Comme d'habitude. » marmonna le garçon aux cheveux noirs, son sourire amusé contrastant avec son air faussement vexé.
Ils quittèrent donc le bar, titubant gaiement dans le vent froid et humide de la nuit, emmitouflés dans leurs manteaux noirs.
« J'veux pas rentrer chez moi. » fit le premier d'une voix piteuse. « J'veux pas être seul.
– Tu vas te faire défoncer si tu passes la nuit chez moi, Frank.
– Vaut mieux chez toi que quelque part dehors.
– C'est du chantage.
– Ouais. »
Le dénommé Frank eut un ricanement satisfait – ou stupide, cela dépend de votre point de vue – et gratifia son ami d'une bourrade qui se voulait sans aucun doute affectueuse. Celui-ci prit un air peiné, se dirigeant vers une rue assez sombre, suivi de près par Frank qui marchait avec quelques difficultés.
Après quelques minutes, ils s'arrêtèrent devant un petit portail blanc, identique à tous les autres portails de la rue. Les deux jeunes hommes réussirent tant bien que mal à le franchir, se marrant comme des petits fous et récoltant au passage deux ou trois égratignures. Gerard – c'était le deuxième garçon, celui aux cheveux noirs – sortit de son manteau un trousseau de clefs, et batailla un certain moment avant de trouver la serrure, d'y enfoncer la bonne clef, et finalement d'ouvrir la porte.
« J'te préviens : pas de bêtises, sinon c'est moi qui vais me faire tuer !
– Ouais ouais. » marmonna Frank sans grande conviction, pénétrant dans la maison à la suite de Gerard.
C'était, au fond, une maison comme on en voit partout : de taille moyenne, décorée sobrement mais avec goût, cherchant à représenter une vie simple et heureuse. Des fleurs sur les tables, des photos de famille entourées de cadres ouvragés, et tout ce que l'on peut trouver de plus banal.
Frank s'affala sur le canapé du salon avec un grognement douloureux, des larmes perlant à ses yeux embués par l'alcool. L'autre eut un soupir et leva les yeux au ciel. C'était reparti pour un tour. Frank était un bon ami, un très bon ami, mais il avait le défaut d'être particulièrement sensible d'un point de vue émotionnel. Ce qui n'est pas vraiment une bonne chose quand on se fait larguer toutes les semaines environ.
« Elle m'a quitté. J'y crois pas ! Tu peux y croire, toi ? On était bien et tout, et du jour au lendemain, sans prévenir, elle me jette. Elle m'a même pas laissé de seconde chance ! C'est pas juste. J'ai rien fait de mal, moi. Je comprends pas ! C'est quoi mon problème ? C'est quoi son problème, à elle ? Oh, et puis voilà. C'était qu'une salope, comme toutes les autres ! J'm'en fous, au final. »
Il ponctuait ses paroles de coups donnés dans le vide, ou bien sur le canapé, la tête dans les mains, ou bien soudain l'air déterminé à se relever.
« Mais c'est pas vrai ! J'm'en fous pas ! Je suis seul, elle m'a quitté, c'est fini. Je pourrais pas passer à autre chose. Je l'aimais tellement, Jean... t'as pas idée ! Pourquoi elle m'a fait ça ? Qu'est-ce que je lui ai fait ? Quelle conne ! Je...
– C'est bon ? T'as fini ? Si c'est pour me faire ce coup-là, retourne dehors. » le coupa Gerard d'une voix agressive, peu compatissant.
Frank releva la tête, surpris et choqué d'être ainsi interrompu par celui qui se faisait passer pour son meilleur ami. Il resta un instant silencieux, la lèvre inférieure frémissante, et le garçon aux cheveux noirs se rendit compte qu'il venait de faire une terrible bêtise. Une bêtise qu'il regretterait amèrement durant les minutes à suivre. On entendit une mouche voler, puis ce fut le chaos. Frank jeta sur Gerard tous les coussins qui traînaient sur le canapé, et lorsqu'il n'y eut plus de coussins, il s'empara de ses chaussures, et de tout ce qui avait le malheur de se retrouver sur le chemin de sa main. Non content de balancer toute sorte d'objets potentiellement dangereux sur son ami, il s'exprima à son sujet en des termes très fleuris et originaux qu'il serait peu convenable de répéter ici. Sachez néanmoins qu'il était question de diverses déjections animalières, de certains fluides humains, de derrières d'orcs et d'aisselles de trolls. Gerard évitait du mieux qu'il pouvait les projectiles de Frank, marmonnant qu'il ne se laisserait jamais plus avoir de la sorte. Il songea que c'était peut-être la vingtième fois qu'il se promettait cela, et qu'il serait grand temps de s'y tenir.
« Et tu dis que tu es mon ami ! T'es même pas foutu de me consoler quand j'en ai besoin ! Tu respectes même pas ma peine ! Protozoaires à la graisse d'ours ! Franchement, on aurait été chez moi, je t'aurais jeté dehors ! Le jour où t'auras besoin de moi, je répondrai que je ne peux pas parce que je dois m'épiler les sourcils, tu vois ? et que c'est très important pour moi ! Face de bouc nain ! J'aurais jamais dû te suivre, je le savais ! Tu sais quoi ? Tu me dégoûtes... En plus, je parie que t'as même pas une bouteille planquée quelque part dans cette foutue maison ! Non ? Voilà, tu sers vraiment à rien ! C'est lourd ! »
Frank retomba sur le canapé, étonné de sa propre performance (avoir réussi à enchaîner un grand nombre de phrases complexes sans s'embrouiller, j'aimerais vous y voir, vous !), le teint rouge, essoufflé, jetant au carrelage un regard qui exprimait très clairement le néant de ses pensées. Gerard poussa du bout de la chaussure un fragment de cendrier, attendant avec anxiété de savoir si la tempête était bel et bien terminée, ou si ce n'était qu'une accalmie. Il se retenait de soupirer de soulagement, craignant de voir ses espoirs déçus. Déjà, une lueur de vie semblait s'allumer dans les pupilles vides de Frank, ce qui pouvait être mauvais signe. Ce qui
était mauvais signe.
« Je sais pas pourquoi je m'attendais à ce que tu me réconfortes. T'as jamais été fichu de te trouver une vraie nana – je veux dire, une qui ne demande pas d'argent –, tu sais pas ce que ça fait d'être largué comme une vieille chaussette. Une vieille chaussette de grand-père qui puerait l'oignon et le moisi ! Une veille chaussette de grand-père pleine de trous et d'une couleur indéfinissable. Une vieille chaussette qui... »
Il fit une pause dans son monologue, levant des yeux perdus vers Gerard.
« Bordel, pourquoi je parle de chaussettes, moi ? »
Il n'y eut aucune réponse de la part du deuxième garçon. Celui-ci avait le regard perdu dans le vague, une boule désagréable en travers de la gorge. Sans s'en rendre compte, Frank avait touché un point sensible, et Gerard dut se faire violence pour ne pas perdre pied devant son ami, qui avait de toute évidence grand besoin de lui. Il fit quelques pas dans sa direction, l'aida à le redresser en le saisissant sous les bras et l'allongea sur le canapé, ignorant les grognements et les plaintes du brun.
« Laisse tomber. Et dors, maintenant. »
Frank marmonna quelque chose qui ressemblait vaguement à « Pas dormir... », puis ses yeux se fermèrent tout seuls. Gerard observa le visage à présent serein du guitariste, et, pris d'une tendresse amusée, il caressa d'un doigt sa joue, un léger sourire aux lèvres.
Plus tard... Ce silence... Que c'était bon d'entendre ce silence. Gerard louait ces personnes qui réussissaient à prendre soin des autres sans y laisser leur propre santé mentale. Lui était persuadé de ne pas tenir plus d'une semaine avec une loque pareille accrochée à ses basques, surtout lorsque celle-ci se permettait d'évoquer des sujets sensibles – même si ce n'était certainement pas voulu. Frank venait de réveiller une ancienne blessure : celle de n'avoir jamais eu l'impression de réellement aimer quelqu'un, ni même d'en éprouver le besoin. Il trouvait cela stupide. S'attacher à une personne, c'étaient des douleurs assurées, et s'il était encore jeune, Gerard estimait avoir assez souffert dans sa courte vie. Il se retourna dans son lit, fermant les yeux et se concentrant sur un autre sujet. Officialiser ce projet de groupe, par exemple. La tête pleine de chansons et de rêves de gloire, il s'endormait presque.
C'est alors qu'il sentit son ami se glisser sous la couverture, aussi discrètement que le lui permettait son taux d'alcoolémie élevé, et venir se blottir contre lui, avec un grognement de contentement. Gerard roula des yeux exaspérés, mais décida d'ignorer les démangeaisons dans ses poings, mettant une certaine distance entre le guitariste et lui. Le silence s'installa, et le jeune homme était sur le point de rejoindre le pays des songes quand soudain...
« Frank, putain ! T'abuses ! »
Du brun endormi montait à présent des ronflements sonores qui offraient un contraste saisissant avec l'expression bienheureuse collée sur son visage. Gerard remua.
« Frank ! »
Rien à faire. Le chanteur leva les yeux vers le plafond, se demandant ce qu'il avait pu faire de si mal pour s'attirer ainsi le courroux des dieux. La nuit promettait d'être longue, car, si Frank cherchait à le faire fuir, c'était raté. Il ne quitterait pas ce lit, sa fierté le lui ordonnait. Il était chez lui, tout de même ! Il eut alors cette idée de vengeance, terriblement puérile, mais qui s'annonçait ô combien jouissive. Avec un sourire satisfait, Gerard enfonça allègrement son coude dans les côtes du guitariste, lequel émit quelques couinements de douleur, rapidement étouffés par ses ronflements. Way recommença. Même, il en profita pour lui asséner un cou de genou, un peu plus violent cependant qu'il ne l'aurait voulu. L'aîné fit la grimace en constatant que le bruit ne faisait que s'amplifier. Bah, au moins, il aurait sa vengeance. Un deuxième cou de genou, qui eut pour effet de faire se plier un peu plus le brun. Il sembla ouvrir les yeux, mais, à travers le brouillard de l'alcool, le seul souvenir qu'il devait garder de cette nuit serait la vision d'un homme étrange, les yeux luisants dans le noir, un sourire démesurément grand et diabolique sur le visage. Un ersatz de Joker, en quelque sorte. Et la nuit continua de la sorte, Gerard frappant Frank à chaque fois que celui-ci ronflait trop fort à son goût, Frank réveillant Gerard à chaque fois que celui-ci menaçait de s'endormir.
Si la nuit fut dure, le réveil fut... encore plus dur. Dans la cuisine, devant un café fumant, Frank s'étonnait des nouveaux dommages que pouvait causer l'alcool. Les divers bleus sur tout son corps, par exemple, qu'il ne s'expliquait absolument pas.
« Je suis tombé sur quelque chose ? J'ai essayé de voler le sac d'une grand-mère et elle m'a tabassé avec sa canne ? J'ai été piétiné par un troupeau de morshlegs à poils longs ? »
Gerard faisait impassiblement non de la tête, et seul le frémissement à la commissure de ses lèvres indiquait l'effort qu'il faisait pour ne pas éclater de rire.
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(Critiques bienvenues, je ne mords pas. Enfin, pas trop fort.)