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Pardon - Steven Gerrard/Xabi Alonso
Xabi était l’un des premiers arrivés à la soirée organisée par Sergio, comme toujours. Il était l’un des plus classes, comme toujours. Comme si rien n’avait changé. Du moins, il voulait s'en convaincre, que sa rupture avec Steven ne l’avait pas affecté, qu’il était resté le même. Si Steven avait eu une telle facilité à tirer un trait sur une relation de plus de quatre ans, alors cela ne valait pas la peine de souffrir de cette séparation. Enfin, en théorie. La mise en pratique était un peu plus compliquée.
Il salua tout le monde, même Fernando. Mais c'était probablement les seules paroles qu'il lui adresserait. Il savait être professionnel avec lui quand il le fallait, le reste du temps, il restait poli parce qu'il appréciait Sergio et ne voulait pas se disputer avec lui. Il avait songé à lui dire comment son compagnon s'occupait quand il était loin de lui, mais il avait renoncé, laissant le soin à Fernando de le faire. S'il le faisait un jour. S'il tardait trop, Xabi finirait peut-être par décider que Sergio avait le droit de savoir. En attendant, passer une soirée avec l'amant de son ex-compagnon ne le réjouissait pas vraiment. Il s'installa donc à côté d'Iker sur le canapé, le plus loin possible de Fernando.
Ils discutaient depuis plusieurs dizaines de minutes lorsque la sonnette retentit. Ils se regardèrent surpris, se demandant qui pouvait manquer. Et ils furent encore plus étonnés en voyant le sourire rayonnant de Fernando alors qu'il se dirigeait vers la porte. Il discuta un peu sur le pas de la porte puis laissa entrer ce mystérieux visiteur. Celui-ci s'avança en lançant un regard timide autour de lui, se figeant en découvrant Xabi.
L'Espagnol se glaça lui aussi. Et il se sentit mourir. Loin de Steven, il pouvait ressasser son amertume, se forcer à la haïr, se dire qu'il valait mieux qu'ils se soient séparés, pour lui et pour Nagore. Mais face à lui, toutes les défenses qu'il avait érigées pour se protéger de la douleur tombaient. Et il souffrait. C'était tout son être qui se transformait en poussière, venant rejoindre les éclats de son cœur brisé des mois plus tôt. Il avait mal autant que ce jour-là, comme si le temps ne s'était pas écoulé depuis. Mais sa détresse n'apparut que quelques secondes sur son visage avant qu'il ne se ressaisisse pour lancer un regard noir à Fernando. Arborant un sourire angélique, celui-ci se dirigea vers la cuisine. Xabi osa un rapide coup d'œil vers Steven, constatant qu'il semblait aussi surpris et en colère contre Fernando que lui, puis reprit sa conversation avec Iker comme si de rien était. Il était bien décidé à ignorer l'Anglais toute la soirée. Au moins autant qu'il l'était à dépecer Fernando.
Il évita soigneusement Steven jusqu'à ce qu'ils passent à table et déjoua les stratagèmes de Fernando qui essayait de les faire asseoir côte à côte. Il mangea l'entrée sans un regard vers le Liverpuldien à l'autre bout de la table. Il arrivait presque à paraître naturel. Malgré l'envie de l'observer, de chercher la moindre trace de tristesse sur son visage. Pour se prouver qu'il avait tort et que leur séparation l'avait lui aussi affecté, ou pour se conforter dans son idée que l'Anglais ne méritait pas qu'il souffre pour lui, il ne savait pas très bien lui-même.
Une fois l'entrée terminée, Fernando débarrassa la table. Xabi força Sergio à rester assis et aida le Madrilène à amener les assiettes jusqu'à la cuisine.
- Qu'est-ce qu'il fait là? demanda-t-il froidement lorsqu'ils furent seuls. - De qui tu parles? - Ne joue pas à ça avec moi, Fernando.
Le plus jeune posa les assiettes sur le plan de travail et se retourna vers son aîné en accrochant son regard.
- Je l'ai invité à Madrid parce que je m'inquiétais pour lui. - Et parce que tu voulais en profiter pour le baiser pendant que Sergio a le dos tourné? - On n'a jamais recommencé depuis… - Depuis que je t'ai trouvé chez lui? - Oui. - Et tu n'as pas pensé à me dire qu'il serait là? - C'était voulu.
Xabi grogna et voulut rejoindre les autres, mais Fernando le retint.
- Attends! Je sais que tu me hais, mais… Ecoute-moi… S'il te plait.
Le Basque se retourna, le regard dur.
- Il… Il va mal, tu sais. Tu devrais… - Quoi? Tu espérais qu'il suffisait de me mettre dans la même pièce que lui pour que tout redevienne comme avant? - Je voulais seulement que vous ayez une chance de parler. - Au lieu d'essayer de rafistoler notre couple, tu ferais mieux de t'occuper du tien. Qu'est-ce que tu crois que Sergio fera quand il apprendra, hein? - Il… Il a refusé de me parler pendant deux semaines. - Tu lui as dit? - Bien sûr que je lui ai dit. Je n'en pouvais plus de vivre avec ça. Et je… Je me disais que ce serait moins dur s'il l'apprenait de ma bouche. - Et il est revenu. - Oui… Il m'a expliqué qu'il était prêt à me pardonner si je l'aimais vraiment, mais qu'il n'oublierait jamais. Je… Je sais que j'ai perdu une partie de sa confiance que je ne retrouverai plus jamais. Mais au moins… Je ne l'ai pas perdu lui.
Xabi lisait toute la souffrance de son compatriote dans ses yeux, sa honte, sa colère contre lui-même et la certitude qu'il ne pourrait jamais rien faire pour réparer ses erreurs. Et soudain, le Basque le haïssait un peu moins.
Ce regard le hantait encore quand il regagna sa place à table. Et il observait Steven en se demandant ce qu'il aurait lu dans ses yeux s'il avait accepté de les voir. Lui avait tout perdu. Mais quand les prunelles de l'Anglais se tournèrent vers lui, il détourna le regard.
Il continua d'ignorer Steven en dégustant le plat principal, mais il avait de plus en plus de mal. Quand ils retournèrent au salon, faisant une pause avant le dessert, il avait perdu le fil de sa conversation avec Iker et Marcelo. Il s'installa à côté d'eux sur le canapé, mais ne leur portait plus aucune attention, pas vraiment d'humeur à plaisanter avec eux. Il était trop plongé dans sa douleur, dans ses souvenirs. Et son regard se posait de plus en plus souvent sur Steven, assis seul dans un coin, les yeux rivés sur le sol. Il devait se sentir bien seul au milieu de tous ces inconnus qui ne parlaient de loin pas tous anglais. Xabi avait bien vu Cristiano essayer de faire la conversation, mais il avait fini par abandonner face au manque de coopération du Britannique. Alors Steven se retrouvait seul. Et Xabi savait combien il détestait la solitude.
- Je ne pensais pas dire ça, mais il me fait de la peine, dit Sergio en s'asseyant à côté du Basque.
Mais celui-ci n'avoua pas qu'il partageait ce sentiment.
- Tu as accepté qu'il vienne? - Ça ne me fait pas plaisir de voir Nando passer du temps avec lui, crois-moi. Mais je le fais pour toi. Alors tu as intérêt à aller lui parler. - Je n'ai pas envie. - Xabi, je sais ce que tu ressens. Je sais que tu as mal et c'est à toi de savoir si tu peux lui pardonner ou pas. Mais je sais aussi que tu l'aimes. Ça crève les yeux. - Qu'est-ce que ça peut faire que je l'aime puisque de toute façon, ça ne compte pas pour lui. - Ah oui? Regarde-le, Xabi. Tu penses vraiment que ça ne compte pas?
Le Basque laissa une nouvelle fois son regard se poser sur Steven. Les épaules voûtées, les yeux perdus dans le vide, il ne cherchait même pas à dissimuler son malaise. Ou peut-être n'en avait-il tout simplement pas la force. Quand il le voyait ainsi, Xabi savait que Sergio avait raison. Mais il n'était pas prêt à l'admettre. Il allait détourner le regard quand Steven leva les yeux, tombant directement dans les siens. Pendant quelques secondes, il put voir le désespoir de l'Anglais, il put voir ses yeux se remplir de larmes. Puis Steven se leva et sortit sur la terrasse.
Xabi aurait voulu que cela le laisse indifférent, mais il avait le cœur serré. Il n'avait jamais supporté de voir Steven souffrir. Et cela n'avait pas changé. Il l'aimait encore. Mais était-ce suffisant? Sergio remarqua son trouble et posa une main sur son épaule.
- Va lui parler. - Mais je… - Tu as besoin de comprendre et lui de t'expliquer. Ce n'est pas en l'évitant et en te forçant à le haïr que tu souffriras moins.
Xabi soupira. Il savait que Sergio avait raison. Mais quelque chose le retenait. La crainte de réaliser que ce en quoi il avait cru pendant toutes ces années n'était qu'un mensonge peut-être ou celle de céder trop facilement et de voir Steven recommencer dans quelques mois. La conscience aussi de ce que Nagore ressentirait si elle apprenait un jour. Il hésita longuement, fixant l'endroit où se trouvait Steven quelques minutes plus tôt. Mais au fond de lui, n'avait-il pas toujours espéré le revoir? Il finit par réaliser qu'il le regretterait longuement s'il passait à côté de cette chance.
Il se leva et rejoignit l'Anglais sur le balcon, le trouvant accoudé à la rambarde. Il l'imita, restant juste un peu plus loin que nécessaire. L'entendant arriver, Steven tourna brièvement vers lui son visage baigné de larmes, mais son regard retourna rapidement vers la ville. Et les mots sortirent à toutes vitesses de sa bouche.
- Je suis désolé, je savais pas que tu serais là. Nando m'a invité à passer du temps à Madrid pour me changer les idées, mais il m'a pas dit que tu serais là. Je… - Je sais, le coupa Xabi d'un ton plus froid qu'il ne l'aurait voulu. - On est pas ensemble! continua Steven avec le même empressement. Il s'inquiétait pour moi, mais il n'y a plus rien entre nous. - Je sais.
Cette fois, Steven se tut et le silence s'installa. Du coin de l'œil, Xabi voyait son corps trembler. Son cœur se serra. Il aurait voulu fuir, mais il ne pouvait pas. Il ne savait pas quoi dire. Il ne voulait pas de cris, pas de dispute. Alors il resta muet, tout comme l'Anglais.
Le regard du Basque se posa sur la lune. Elle était pleine cette nuit-là, magnifique. Cela le ramena quatre ans en arrière, à un soir où ils avaient décidé de s'éloigner de la pollution lumineuse de la ville et avait passé la nuit à regarder les étoiles, allongés dans un pré, blotti l'un contre l'autre. Il se souvenait du calme de cette nuit-là, du bonheur que la présence de Steven lui apportait, de l'amour. Une larme roula sur sa joue.
- On était bien tous les deux, souffla-t-il. - Oui, répondit Steven d'une voix étranglée. - Alors pourquoi?
Steven resta silencieux quelques instants, essayant d'organiser ses pensées et de calmer ses sanglots. Puis, après de longues minutes, il souffla:
- Parce que je me sentais tellement seul. Et on se parlait si peu, je… J'avais peur que tu m'oublies, que tu décides que tu vivais très bien sans moi… Je sais que c'est pas une excuse, que tu souffrais autant que moi, mais… J'en ai beaucoup parlé avec Nando. C'était le seul qui pouvait vraiment me comprendre. Ça nous a rapprochés. Et… On a dérapé. Je m'en suis voulu… Je m'en veux tellement. - Ça ne t'a pas empêché de recommencer, l'interrompit froidement Xabi.
Il ne voulait pas être amer, mais il ne parvenait pas à réagir autrement. Souffrir de voir Steven dans cet état était trop dangereux.
- Non… On s'était promis de ne pas recommencer mais… Pendant un moment, on s'est senti moins seul… Pendant un moment, j'arrivais presque à croire que si tu me quittais, je pourrai continuer… Même si… Après… Je me sentais toujours plus seul… Toujours plus honteux… Et que j'avais toujours plus peur que tu partes… Je suis désolé, Xabi. Je suis tellement désolé.
L'Espagnol ne dit rien, ne sachant pas comment réagir. Il se disait que tout aurait été plus simple si Steven avait aimé Fernando. Il l'aurait quitté, l'aurait haï un temps, puis serait revenu à des sentiments plus raisonnables, comprenant que quelque chose n'avait pas fonctionné et qu'il devait l'accepter. A la place, il y avait une erreur, et deux hommes qui souffraient d'être loin l'un de l'autre.
L'Anglais se redressa et essuya ses larmes, tenant de calmer ses pleurs, d'être digne, mais échouant lamentablement. Xabi détourna le regard. Il sentait toutes ses défenses tomber en voyant Steven si triste. Il s'était forgé une carapace pour se protéger de ses sentiments pour le Britannique, mais elle ne semblait servir qu'à blesser un peu plus Steven. Alors devait-il vraiment s'y accrocher coûte que coûte?
- Je suis désolé pour le mal que je t'ai fait, souffla Steven. - Tu souffres autant que moi.
Le Liverpuldien haussa les épaules.
- Je suppose que je le mérite.
Le silence s'installa à nouveau. Xabi était perdu dans ses souvenirs, ceux qu'il avait voulu oublier. Mais il réalisait qu'oublier les quatre plus belles années de sa vie ne le rendrait pas plus heureux, juste plus vide. Steven, lui, avait fini par se calmer. Mais c'est la gorge nouée qu'il finit par dire:
- Je vais rentrer à l'hôtel, je n'ai rien à faire ici. Je ne voudrais pas gâcher ta soirée, j'en ai fait assez de ce côté-là… Alors… Je suppose que c'est le moment de te dire au revoir… J'espère que… Un jour, on pourra être amis.
Xabi se tourna vers lui, les larmes aux yeux. Son cœur lui criait de le serrer contre lui, de dire que tout était oublié et que tout recommencerait comme avant. Mais son cœur avait été détruit à Liverpool, et le nouveau, celui qu'il avait commencé à se fabriquer avec les éclats de l'ancien, n'était pas terminé et bien trop fragile pour qu'il ose s’y fier. Pourtant, sa main se posa sur celle de l'Anglais. Il sentit un frisson parcourir son échine à ce contact et sut qu'il ne pouvait plus revenir en arrière.
- Reste, souffla-t-il.
Mais voir Steven partir, rester tous les deux seuls avec leur peine, leur amour, il trouvait cela soudain ridicule. Cela ne l'empêchait pas d'avoir peur. Peur de se tromper, de souffrir encore. Mais il souffrirait plus sûrement s'il laissait Steven s'en aller. Il croisa le regard surpris de l'Anglais et essuya délicatement sa joue. Puis il se pencha vers lui et posa ses lèvres sur les siennes. Pendant quelques secondes, il ne bougea pas, savourant cette sensation enfin retrouvée. Puis sa langue vint goûter les lèvres de Steven avant de se glisser entre elles pour retrouver sa jumelle.
Ils ne se séparèrent que de longues minutes plus tard. Le regard brillant d'espoir de Steven accrocha celui de Xabi.
- Est-ce que… Ça veut dire que tu es prêt à me pardonner? - Oui… Il me faudra un peu de temps, mais oui.
Steven lui offrit un sourire rayonnant et le serra contre lui, si fort qu'on eût dit qu'il voulait se fondre en lui pour ne faire plus qu'un. Xabi lui rendit son étreinte et l'Anglais nicha son visage dans son cou. Et le silence ne fut plus interrompu que par quelques mots d'amour. Il n'y avait rien d'autre à dire, juste des retrouvailles à savourer, et la présence de l'autre dont ils s'emplissaient comme si la fin du monde approchait.
La voix de Sergio finit par les tirer de leur rêverie.
- Désolé de vous déranger, mais les autres réclament le dessert depuis dix minutes. Je suis pas sûr de pouvoir sauver mes brownies encore longtemps. - On arrive, répondit Xabi.
Sergio repartit dans le salon et Steven souffla:
- Je n'ai pas envie de retourner avec les autres. - Moi non plus. Mais Sergio va se vexer si on ne goûte pas ses brownies. - Tu es sûr que tu ne dis pas ça parce que tu tiens à les manger?
Xabi éclata de rire, pour la première fois depuis des mois.
- Je t'assure que c'est vrai!
Il appuya son front contre celui de l'Anglais et souffla:
- On partira après, promis… Je veux être avec toi… Juste avec toi.
Il resta ainsi quelques secondes, profitant du calme et de l'intimité de ce moment. Puis il prit le visage de Steven entre ses mains et s'éloigna légèrement pour le voir. Et quand il croisa son regard empli de bonheur, ses peurs s'effacèrent. Il savait qu'il avait fait le bon choix.
- Je t'aime, murmura-t-il avant de l'embrasser tendrement. - Je t'aime aussi.
Ils se sourirent, puis main dans la main, ils retournèrent à l'intérieur, marchant enfin à nouveau dans la même direction.
Fin
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