Bon, ben voilà la deuxième moitié, les gens. Ce qui fait que je vais
enfin pouvoir faire mes 4 reviews en attente...
Je sais pas trop ce que ça donne, en revanche...
Je dois dire pour ma défense que, tout du long, j'ai eu un cantique religieux en tête, comme d'aucuns le savent, ce qui n'a pas forcément beaucoup aidé... -____________-'
Vous me direz ce que vous en pensez. J'ai peur que ça ne soit pas terrible, là encore... Enfin Wolf m'avait demandé des camions-citernes de tendre, alors j'espère qu'à ce niveau-là au moins ça ira...
Cyby, en espérant que ça te plaise quand même... :wink:
Dominic resta silencieux. Melfi n’avait-elle pas raison ? Quitte à avoir commis une bêtise, autant l’accomplir correctement, et tout miser sur le risque. Dans tous les cas, se disait le jeune homme, sa relation ne serait plus jamais la même avec celui qui avait été si étroitement son Billy, son double, son alter ego.
-Nous allons en terminer ici pour aujourd’hui, déclara doucement la psychiatre.
Dom se leva, repris son chapeau feutre et comme elle le raccompagnait à la porte, il lui serra fermement la main.
-Merci d’avoir accepté de me voir aujourd’hui… et désolé de vous faire terminer un peu tard. J’en avais vraiment besoin, vous savez. Je n’abuserai pas de votre dévouement. …Et je tenais à vous dire que vous êtes un médecin formidable.
L’analyste lui sourit avec sérieux et sympathie.
-Bonne soirée, Mr Monaghan.
Dominic sortit du cabinet, et descendit dans le parking souterrain pour retrouver sa voiture. Il déballa une sucette au citron qu’il fourra dans sa bouche pour occuper ses dents et sa langue tandis qu’il conduisait. Tout en remontant du côté de la banlieue pavillonnaire, Dom regarda les lumières des magasins éclairer les trottoirs et les passants. Il se demandait si tous ces anonymes avaient des histoires aussi destructrices que la sienne, derrière leurs masques de normalité satisfaite. Et puis, les boutiques se raréfièrent et les badauds devinrent de moins en nombreux, jusqu’à disparaître tout à fait. Dom alluma l’autoradio, mais l’éteignit ensuite rapidement après avoir fait le tour de quelques stations diffusants des musiques toutes plus creuses les unes que les autres. Il soupira en mordant lentement dans le sucre aromatisé sur sa langue. Il arrivait chez lui. Il remonta la petite descente de goudron qui menait jusqu’à sa maison, entre le jardin et la piscine, et arrêta sa voiture à sa place habituelle. Il en sortit et, tout en la fermant d’un geste machinal de la clé électronique, dégaina son téléphone portable. Allait-il trouver le courage de l’appeler ? Billy répondrait-il ? Tout à fixer anxieusement le numéro fatidique qui s’affichait sur l’écran bleu turquoise, il sursauta vivement en entendant trop près de lui un timide :
-Bonsoir.
Billy était assis sur le perron, blotti dans un coin de l’entrée dans un unique blouson trop léger pour la fraîcheur tenace de la soirée. Il était si tassé qu’on le distinguait à peine dans cet angle de mur. Dominic, partiellement remis de sa surprise, rangea prestement son cellulaire dans sa poche, et sa sucette dans son cellophane et lança tout de go :
-Ah, Billy ! Qu’est-ce… qu’est-ce que tu fais là ?
-Est-ce que je peux… entrer ? demanda l’Ecossais en se relevant.
-Oui… Oui, bien sûr, entre ! Comment ça se fait que tu es là à attendre ? On se les gèle, dehors ! lança Dom en introduisant rapidement la clé dans la serrure.
-Le taxi m’a déposé en-bas en fin d’après-midi, et tu avais éteint ton téléphone. Et en fait, la plupart de mes fringues sont encore chez toi, je te rappelle…
Le maître des lieux ouvrit la porte.
-Ah… et je suppose que tu es revenu les chercher, c’est ça ?
Les deux acteurs rentrèrent à l’intérieur, Billy soulagé de se retrouver à l’abri du froid. Lorsque son acolyte eut fermé la porte, il interrogea en le regardant par-dessus son col relevé :
-Dominic, tu… pour ce que tu m’as dit hier soir…
-Ouais ? lança l’Anglais en s’enfuyant du vestibule.
Billy leva les yeux au ciel et le suivit dans la grande salle de séjour allumée d’où il entendit, venant de la cloison suivante.
-Tu veux un café pour te réchauffer ?
Sans répondre, l’Ecossais le pista, déterminé, jusqu’à la cuisine, se demandant s’il finirait par le coincer quelque part. Lorsqu’il le retrouva, Dom s’affairait déjà à préparer la boisson. Billy resta planté à sa place, ne le lâchant pas des yeux, et répéta :
-Dom, ce que tu m’as dit, hier soir… est-ce que ça signifiait bien ce que j’ai compris ?
-Ca dépend, qu’est-ce que tu as compris que ça signifiait ? relança le cadet avec un pauvre sourire bouffon.
-Dominic Monaghan, je t’en prie, pesta calmement Billy avec la grimace de celui qui n’a plus de patience en réserve.
Dom s’arrêta alors pour considérer enfin sérieusement son interlocuteur. Reprenant courage, l’Ecossais reprit :
-Dis-moi simplement si tu le pensais réellement… ou si on oublie tout ça.
Le plus jeune se gela. On y était : la balle était dans son camp. Que répondre à cette question qui exigeait sans réplique un choix ? Choix dont l’issue déterminerait sans doute son avenir dans le cœur de l’être qu’il chérissait le plus profondément. Est-ce qu’il le pensait réellement ? Que oui, là n’était pas le problème. Mais s’il répondait par l’affirmative, n’était-ce pas écarter sa dernière chance de salut et enterrer l’affection de Billy ? « On oublie tout ça ». Cela signifiait-il qu’il lui offrait une dernière échappatoire ? L’absoudrait-il réellement, s’il se rétractait ? Il s’était pourtant promis d’avoir du cran et d’aller jusqu’au bout en quittant le cabinet du Dr Melfi ! Il la revoyait. « Avez-vous peur de ce que vous pourriez trouver derrière cette palissade ? ». Pour le moment, oui, il tremblait de peur intimement. Deux mots passèrent dans son esprit en ébullition. « Crise intérieure ». Quitte ou double ? Il était persuadé que, quoi qu’il réponde, il ferait le mauvais choix. Et pourtant il fallait prendre une décision ! Il fallait prendre une décision ! Aucun son ne sortait de sa bouche ; il en aurait pleuré. Et lorsqu’il retrouva le regard de Billy, il vit que lui aussi était au bord des larmes, malgré son visage dur. Ses lèvres s’ouvrirent légèrement pour déclarer, d’une voix blessée, où l’accent fragile jurait avec la fermeté de ses traits :
-Arrête ça, Dom. Je te demande seulement la vérité. Seulement ça.
Alors, en l’espace d’un instant, il n’y eut plus aucune pensée dominatrice chez Dominic. Il cessa brusquement tout calcul pour s’en remettre tout entier à la prière de Billy, où dût-elle le mener.
-Oui. Je le pensais.
Ce furent les seuls mots qui bondirent hors de sa bouche. Rien de grandiloquent, rien de trop personnel et donc cassable en mille morceaux par la moindre parole. Billy le fixa encore quelques secondes de ses iris pistache tandis que lui retenait son souffle, sentant son cœur battre dans ses tempes. Puis l’Ecossais sortit enfin de son immobilité pour faire le tour du bar d’un pas décidé. Monaghan eut un tressaillement de recul, croyant un instant que son compagnon allait lui allonger une beigne dans les règles de l’art.
Mais il n’en fut rien. Il ne se passa rien, et cela surpris presque le jeune homme chapeauté. Billy était contre lui, le front appuyé sur son épaule, ses mains maladroitement posées sur le formica, de part et d’autre de lui, sans le toucher. Dom resta d’abord sans bouger, son corps semblant grésiller un peu partout, le souffle légèrement emballé. Et puis, comme Billy se serrait un soupçon davantage près de lui, il laissa ses bras l’enlacer, pour découvrir qu’il était très froid par-dessus sa veste. Un réflexe le fit resserrer son étreinte, et Boyd osa alors lier ses mains autour de sa taille.
Il restèrent ainsi un petit moment, bercés par les gargouillis de la cafetière que Billy ne tarda pas à débrancher d’exaspération, sous le discret ricanement de son camarade. Dom avait l’impression d’avoir la tête vide, ce qui était passablement perturbant pour lui. La seule chose sur laquelle parvenait à se fixer sa conscience était Billy dans ses bras, Billy niché dans son cou ; Billy qui, à présent, relevait précautionneusement la tête vers lui, n’ouvrant les yeux qu’un bref instant avant de se glisser sous l’abri de son chapeau pour toucher ses lèvres des siennes. Dominic, lui, ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux à cette expérience, devant lutter pour contenir son souffle court. Ce n’était pas vraiment un baiser. Ils avaient juste goûté le contact, Bill ayant à peine laissé un minuscule bisou sur sa bouche avant de s’en détacher. Lorsque l’aîné réinitia un toucher, Dom y répondit, avec la retenue et la pure tendresse convenue. Les inquiétudes et les dilemmes s’étaient pour l’heure évaporés, et lorsque Billy baissa à nouveau la tête, ce fut le cadet lui-même qui redressa avec une grande délicatesse sa mâchoire du dos de sa main pour prendre ses lèvres. Les deux soupirs soulagés et transportés se firent entendre dans leurs souffles, alors que leur attachement nouveau commençait à se creuser une petite place. Bill souriait lorsqu’il quitta la bouche câline de Dominic. Dom y fit écho, devinant que son complice favori avait senti le piquant acidulé du citron pendant leurs premier échange quelque peu plus amoureux.
Monaghan, à présent confiant, pris alors les mains de Billy pour les frotter gentiment dans les siennes.
-Tu as dû avoir très froid, mon pauvre… chuchota-t-il en essayant de réchauffer le plus rapidement possible les petits doigts glacés.
-Ca va mieux, maintenant, sourit de plus belle l’Ecossais en réponse.
Une vague d’admiration et de désir vint se briser contre Dom à la vue de ce sourire qu’il aimait tant, qu’il rêvait, qu’il gravait dans ses souvenirs pour les jours de peine.
-Je t’aime, s’entendit-il lancer rapidement en libérant ses mains guéries pour l’attirer à nouveau tout contre lui, et sentir à nouveau cette fièvre courir toute sa chair.
-Je t’aime, moi aussi, s’empressa d’ajouter Billy près de son oreille.
Il entendit Dom soupirer à nouveau et le sentit bientôt l’embrasser sur la tempe, la mâchoire, le haut du cou. La bouche seulement partiellement découverte glissant sur sa peau, semant des petits baisers chastes et en même temps inexplicablement affamés fit frissonner l’ancien interprète du plus jeune Hobbit, tiédissant son ventre et amollissant ses jambes. Il s’offrit, sa respiration flageolant légèrement à son tour. Il avait plusieurs fois inventé ce moment par le passé. Il se sentait comblé par un destin finalement pas aussi barbare qu’il le croyait. A présent, Dominic l’embrassait à nouveau, toujours aussi doucement, comme s’ils avaient tous les deux besoin d’apprécier tous les plaisirs d’ordinaire passés outre. Billy finit par y mettre fin, ne voulant pour rien au monde gâcher leurs premiers émois ensemble par son désir trop longtemps étouffé.
-Je veux pouvoir m’allonger près de toi, lança-t-il tout bas.
Dom sembla avoir un instant d’hésitation.
-D’accord.
Ils migrèrent rapidement jusqu’à la chambre où les affaires de l’invité étaient installées. Alors que le propriétaire refermait précautionneusement la porte, Billy alla allumer la lampe de chevet, grimpa de suite sur le lit couvert d’un épais édredon de patchwork, et resta assis sur ses talons, attendant que Dom vienne le rejoindre. Celui-ci s’avança à petits pas prudents. Voir Billy sur son lit lui tendant la main avec un sourire rempli de tendresse remuait quelque chose en lui ; son cœur cognait fort dans sa cage thoracique. Comment se faisait-il que cette seule vision propulse plus d’émotions dans son être que tous les ébats réglés, sûrs et sans maîtrise requise auxquels il s’était adonné à ce même endroits avec des brouettées de filles toutes plus attirantes les unes que les autres ? Il sentait une grande excitation en lui, mais cette excitation ne trouvait pas résidence au fond de son pantalon. Il avait l’impression que prendre la main de Billy à cette seconde relevait de l’exceptionnel, du privilège quasi-religieux interdit au commun. Son aîné l’entraîna à-côté de lui, et le serra dans ses bras, très fort. Dommie ne pouvait pas voir qu’il souriait sur son épaule, mais il entendait le ronron bienheureux qui faisait vibrer sa gorge tandis qu’il l’étreignait en retour, tapotant encore un peu timidement dos. Dom aimait ce son cocasse et attendrissant, et repoussa bientôt doucement Billy pour ouvrir la fermeture de son blouson et glisser sa main par-dessous, pour aller caresser tendrement son échine par-dessus son sweat. L’intéressé lâcha un rapide soupir d’approbation avant de se mettre en tête de se débarrasser complètement de sa veste qui, désormais, l’encombrait. Dominic l’embrassa tandis qu’il l’aidait à passer le vêtement par-dessus ses épaules. Une fois libéré, Bill se pelotonna pleinement contre lui pour apprécier la sensation de ses mains à la fois familières mais aussi inconnues, d’un certain point de vue, coulant lentement sur son dos, ne lui procurant que bien-être.
Chose étrange, bien que les baisers qu’il échangeât avec Dom s’en tiennent à une douceur particulière, sages dans l’absolu mais secrètement dévorés de passion pour eux, Billy sentit petit à petit en lui l’envie de découvrir Dominic grandir. Il désirait lui aussi lui procurer de l’aise, et du plaisir en plus du simple amour qu’il lui portait depuis plusieurs années. Le faisant rouler légèrement sur le dessus-de-lit, entraînant la chute du chapeau noir, il prit un long moment pour le contempler et caresser son visage. Ses yeux au vert foncés par la faible luminosité étaient empreints d’intensité tandis qu’il scrutait un Dom frémissant un peu, et caressait les mèches claires dévoilées qui brillaient sous la lueur jaune de la lampe. Billy commença par déposer un petit baiser sur son front, avant de descendre le long de son visage. Lorsqu’il alla se loger dans le creux de son cou, Dommie remua légèrement, tendu comme un ressort. L’Ecossais s’y attarda longtemps, savourant chaque parcelle de peau plus tendre, avant de glisser ses doigts jusqu’aux boutons du col de Monaghan. La poitrine de celui-ci se soulevait à un rythme rapide. Ses yeux s’étaient clos lorsqu’il avait été captivé par les baisers légers et précis de Billy. A présent que celui-ci quittait son cou pour s’aventurer sur le haut de son buste, Dom les rouvrit. Boyd se redressa un instant et lui sourit ; il était intérieurement tout aussi bouleversé que son double, mais avait toujours su garder son sang-froid mieux que lui.
-Est-ce que… tu préfères que j’éteigne ? interrogea Dominic, tout fasciné qu’il était par le minois penché sur lui.
-Non. Il est tant qu’on arrête de se voiler la face, tu ne crois pas ? répondit malicieusement Billy avant de l’embrasser.