Voilà un petit truc qui traine sur mon disque dur depuis quelque temps. C'est un ipod challenge que j'espérais arriver à finir, mais j'ai finalement abandonné tout espoir. Mais puisque j'avais écrit les 3 premiers, autant les poster... J'espère que ça vous plaira!
Merci à Aeris pour la beta!
Je ne connais pas les personnes apparaissant dans ces textes, tout est faux et je ne gagne pas d'argent avec ces écrits.
Blower's daughter – Damien Rice Feliciano Lopez/Fernando VerdascoPOV Nando
Toutes ces années passées à tes côtés et pourtant, je ne peux m'empêcher de t'admirer, d'observer les reflets que le soleil crée dans tes cheveux, d'être émerveillé par tes yeux, d'aimer chacune des rides que le temps a creusée sur ton visage. Toutes ces années et nous sommes toujours aussi inséparables, comme tu me l'as promis un jour. Toutes ces années merveilleuses. Les instants les plus importants de ma vie, je les ai vécus avec toi. Tous, sans exception. Et dans chacun de mes souvenirs, tu es là, comme si ma mémoire n'avait pas jugé important de retenir les jours que j'ai passés sans toi, comme si le reste de ma vie n'avait aucune importance. Et je crois sincèrement qu'il n'a aucune importance. Il n'y a que toi qui compte, il n'y a toujours eu que toi.
Mais alors que je suis incapable de détourner mes yeux de toi, tu observes les créatures qui passent devant la terrasse à laquelle nous sommes attablés, homme ou femme, tu ne fais aucune différence. Et je réalise soudain à quel point cela résume ma vie. J'avais espéré que le temps atténuerait la douleur, mais ce n'est pas le cas. Parfois, juste pendant quelques minutes, je te hais pour ce jour où tu m'as repoussé en me disant que j'étais un frère pour toi. Je te hais de ne pas voir ce que je ressens pour toi. Je te hais quand tu me demandes pourquoi je suis toujours seul, pourquoi j'écarte tous ceux qui s'approchent de moi. Mais la haine ne dure jamais et mes yeux se tournent à nouveau vers toi. Après presque quarante ans passés à ne voir que toi, je n'ai plus aucun espoir de pouvoir un jour détourner mon regard.
Wenn du mich lässt – OomphMarat Safin/Mark WebberPOV Marat
Par la fenêtre, je vois le soleil se coucher, mettant un terme à une nouvelle journée d'attente passée à serrer ta main dans les miennes. Attendre, c'est tout ce que je peux faire. Et cela me tue. Cela fait trop longtemps que je suis là à osciller entre espoir et abattement. Je sombre lentement dans la folie. Je ne compte plus le nombre de fois où l'on est venu me dire de rentrer, de me reposer. Mais ce serait t'abandonner, je ne peux pas t'abandonner. Je veux être là pour te convaincre de revenir. Et si jamais tu décidais de partir, je veux être là pour te serrer fort contre moi et te retenir.
Le son régulier des appareils qui t'entourent rythme mes journées et mes souvenirs. J'ai beaucoup repensé à nos débuts, quand malgré l'attirance, je me forçais à rester loin de toi. Car tout ce que je voyais en toi, en dehors du charme de ton sourire et de la pureté de ton regard, c'était Andrès, Andrès et son amour de la moto, Andrès et cette voiture qui ne lui a laissé aucune chance. Je ne voulais pas me souvenir de ce coup de téléphone à chacune de tes courses, je ne voulais pas me souvenir de la voix de sa mère m'annonçant que son fils, mon premier amour, ne rentrerait pas. J'avais trop peur de revivre ça, le vide, la détresse. Mais tu m'avais déjà séduit et je n'ai pas pu te résister.
Maintenant que mes pires cauchemars deviennent réalité, je ne regrette rien. Pas même quand, à chaque fois que je ferme les yeux, l'image de ta voiture heurtant un mur à pleine vitesse tourne en boucle sur ma rétine. Les années que j'ai passées avec toi sont les plus belles de ma vie, je ne les changerais pour rien au monde. Mais ça ne peut pas se finir comme ça, pas si vite. Nous sommes trop heureux ensemble, j'ai trop besoin de toi. Et nous avons trop de choses à vivre encore. Mais le temps passe et tu ne reviens pas. Qu'y a-t-il de si beau là où te trouves pour que tu veuilles tant y rester? Tu n'as jamais aimé dormir pourtant. Tu as toujours trouvé que c'était une perte de temps. Alors pourquoi es-tu endormi depuis des semaines? Mais bien sûr, je connais la réponse. Bien sûr, tu ne dors pas. Si seulement tu dormais...
Going down – Oomph! Mark Webber/Marat SafinPOV Mark
J'entends des voix, j'entends ta voix, mais je ne vois rien. Je me sens lourd, si lourd, trop lourd pour faire un seul geste. Parfois je t'entends pleurer. Je ne comprends pas. Je ne me souviens pas. Il n'y a que le vide, que le noir. Et j'ai peur. Parce que par moment, je sens ce néant se rapprocher, s'emparer de moi, lentement. Puis soudain, je refais surface, sans savoir comment, sans savoir pourquoi. Mais à chaque fois que je me sens perdre pied, j'ai peur, peur de ne jamais revenir.
Parfois tu serres ma main dans les tiennes et tu me racontes un de ces moments que nous avons vécu ensemble. Alors les images me reviennent, si vives et pendant quelques instants, ta voix chasse les ténèbres. Parfois tu me parles du futur. Tu dis que quand j'irai mieux, on achètera une jolie maison, là où j'en ai envie, même si pour ça tu dois quitter cette Russie que tu aimes tant. Tu dis qu'on ira en Australie pour que tu puisses découvrir mon pays, même si tu as du travail. Tu dis que tu m'emmèneras au bord de ce lac, là où on aime tant aller, et que tu me demanderas de t'épouser. Tu dis que si j'accepte – comment peux-tu en douter – on aura un mariage simple, comme nous. Pas de fioriture, pas d'artifice, juste nous et cette promesse. Alors je me bats parce que je veux faire tout ça avec toi, parce que je veux voir ton regard quand tu prononceras ces mots, parce que je veux te dire encore une fois combien je t'aime. Mais quand je me concentre pour ouvrir les yeux, pour bouger ma main, j'ai beau y mettre toutes mes forces, rien ne se passe. Je suis prisonnier de ce corps qui ne me répond plus. Et toujours, le néant revient. Et toujours, je crains de plus jamais entendre ta voix.
Le temps passe, je ne sais pas à quelle vitesse, mais je sais qu'il passe. J'entends de moins en moins de souvenirs ou de projets et de plus en plus de sanglots. Je ne sais pas ce que j'ai fait, mais je voudrais hurler que je suis désolé, que je ne voulais pas te faire de mal, je n'ai jamais voulu te faire de mal. Et je le hurle, de toutes mes forces, mais jamais aucun son ne passe mes lèvres. J'en pleurerais, mais je ne peux pas pleurer.
Et puis, aujourd'hui, entre deux sanglots, j'entends une phrase, des mots qui me brisent le cœur. "Où que tu ailles, je te suivrai". Alors je hurle, si fort que j'ai l'impression que mon crâne va exploser. Je ne veux pas te tuer. Ces ténèbres ne sont pas pour toi. Même sans moi, tu dois continuer. J'aimerais t'engueuler, te secouer, tu n'as pas le droit de dire ça. Et soudain, tu as un hoquet de surprise et tes sanglots cessent. Alors je réalise que je serre ta main dans la mienne.