Cette nuit j'ai regardé la cérémonie des Goldes Globes en direct et la présence de Robert parmi les remettants (son intervention a d'ailleurs été particulièrement réussie
) m'a donné cette petite idée de fic. Alors oui, désolée, je regarde les Golden Globes et je ponds un truc sur les Oscars, vachement logique la fille, mais bon ça reste dans le même ton
Comme toujours c'est très court et pas vraiment original puisque je reprends le même genre de relation que j'ai déjà abordée entre eux, celle qui me semble finalement le plus crédible bien que peu joyeuse.
Bonne lecture
ooOoo
« - Et l’Oscar est attribué à… »
Tandis que Jeff Bridges, lauréat l’année précédente du prix tant convoité, décachetait l’enveloppe contenant le nom du vainqueur, Jude, tendu à l’extrême dans son fauteuil, croisait les doigts à s’en faire mal. Près de lui Robert semblait dans le même état de nervosité que lui. L’espace d’un instant, ils échangèrent un regard, empli d’une tendre complicité, cette complicité qui avait probablement dû les mener jusque-là. Puis les deux hommes reportèrent toute leur attention sur la scène devant eux.
Ce film, pour lequel Robert était ce soir nominé comme meilleur acteur, était un peu leur victoire à tous deux. Leur façon de faire un pied de nez aux producteurs qui leur avaient menés la vie dure l’année précédente lors de la sortie de Sherlock Holmes et toute la polémique autour des propos de Robert selon lesquels leurs personnages étaient clairement gays. Grâce à ce film et au lien profond qui les unissait sur l’écran, comme le public avait eu tôt fait de s’en apercevoir, les deux hommes s’étaient vus proposer une nouvelle collaboration qu’ils n’avaient pu refuser. Un rôle en or pour chacun d’eux, sous la direction de Clint Eastwood himself. Ils jouaient un couple d’homosexuels dans un film intimiste dans la veine de Brokeback Mountain, qui n’avait eu aucun mal à trouver son public ainsi qu’une reconnaissance du milieu. Robert avait ainsi obtenu sa troisième nomination à l’Oscar, et Jude semblait convaincu que cette fois serait la bonne. Une façon comme une autre de saluer leur relation qui, sur ce plateau, après les liens étroits qui s’étaient tissés lors du tournage de Sherlock Holmes, s’était enfin concrétisée, rejoignant ainsi la fiction. Et le fait que lui-même n’ait obtenu aucune distinction, même si nombres de journalistes n’hésitaient pas à saluer sa prestation comme étant la meilleure de sa carrière, n’avait aucune importance. Ce succès il le vivait par procuration grâce à son amant, et c’était nettement plus satisfaisant de cette façon.
« -… Robert Downey Jr. pour Night and day !
- Yeees ! s'écria l’Anglais en bondissant sur ses pieds tandis qu’un tonnerre d’applaudissements emplissait la salle. »
Il assista avec un pincement de cœur à l’étreinte brève mais intense qu’échangea Robert avec son épouse, mais fit de son mieux pour ne pas s’en formaliser. C’était ainsi. Il savait de toute façon depuis le début qu’il n’aurait jamais l’exclusivité dans le cœur de l’Américain.
Se tournant ensuite vers lui, Robert le prit enfin dans ses bras sans l’ombre d’une hésitation. Le moment était idéal pour ce genre d’effusion en public sans que cela ne prête à conséquence.
Sentant les mains de l’autre homme dans son dos, Jude s’autorisa un instant à fermer les yeux, soupirant de satisfaction.
« - Félicitations, souffla-t-il ensuite à l’oreille de Robert. Je suis tellement fier de toi.
- N’oublie pas ce que je t’ai déjà dit, c’est notre victoire, répliqua Rob sur le même ton. »
Jude hocha la tête avec émotion tandis que son compagnon s’écartait déjà, ralliant la scène où il était attendu.
Serrant chaleureusement la main de son remettant avant d’empoigner fièrement cette statuette, qui prouvait clairement que, malgré tous ses anciens démons, le métier lui avait tout pardonné. L'œil brillant et le pas moins assuré qu’à l’ordinaire, Robert alla se planter devant le micro, face à l’assistance, et brandit son trophée au-dessus de lui. Jude, qui s’était finalement rassis, frappa dans ses mains aussi bruyamment qu’il le pouvait en sifflant.
« - Eh bien… merci, commença Robert d’une voix émue. Oui, je sais, très original, continua-t-il avec le sourire charmeur qui le caractérisait si bien tandis que toute l’assistance riait. Je vais tâcher de faire mieux. J’avais préparé un petit discours, juste au cas où, mais évidemment il est resté chez moi. Un point pour toi Susie, je suis effectivement aussi mal organisé que tu aimes à le dire. »
Quittant un instant l’homme qu’il aimait du regard pour observer Susan à la dérobée, Jude constata qu’elle était rose d’émotion et souriait franchement, les larmes aux yeux. Le comédien imaginait sans mal qu’elle soit aussi fière que lui à cet instant. Pendant ce temps, Robert continuait à discourir.
« - Ce rôle m’a beaucoup apporté, de même que ce tournage. Je le dis pour tous ceux qui n’ont pas eu cette chance, mais aussi pour lui que je sais trop modeste pour seulement le concevoir, tourner avec Jude est une expérience aussi intense que stimulante. Et je sais de quoi je parle, ayant déjà eu la chance de le faire deux fois. Je n’ai jamais eu de meilleur partenaire que lui… »
Alors que de nouveaux applaudissements fusaient autour de lui et que Robert continuait sur sa lancé, ce fut cette fois au tour de Jude de rosir de plaisir, d’autant qu’il était bien évidemment le seul à avoir seulement soupçonné le double sens de ce dernier compliment.
« - Il me faut à présent dédier ce prix à la personne sans qui je ne serais pas devant vous ce soir, la personne qui, durant toutes ces semaines tellement intenses, m’apportait le courage de me lever le matin et donner le meilleur de moi-même à chaque instant. Jude, merci ! Et crois-moi, si j’avais pu avoir mon mot à dire, cet Oscar serait le tien. »
Et tandis qu’il enchainait avec les remerciements d’usage, Jude, un sourire resplendissant sur le visage, sentait ses yeux le piquer. Il le lui avait dédié à lui et l’avait remercié en premier, avant même Susan. Connaissant Robert, toujours si réservé concernant ses sentiments, ce message était la plus belle des preuves d’amour. Et peut-être bien qu’il n’avait pas été le seul à s’en rendre compte. Du coin de l’œil il avait effectivement vu Susan se figer. Qu’à cela ne tienne. Ce soir, seul le bonheur de Robert importait, il n’avait donc certainement pas l’intention de se préoccuper de quoi que ce soit d’autre.
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Après toute une série d’interviews, passage obligé au vu des circonstances, Robert, abandonnant une Susan radieuse, occupée à saluer quelques connaissances, s’éclipsa discrètement et parvint à s’isoler dans un couloir désert. Enfin un peu de calme, pensa-t-il, savourant sa chance, qu’il savait pourtant de courte durée.
Ouvrant l’enveloppe qu’il avait tenu à récupérer et conserver soigneusement jusque-là, alors même qu’il avait confié la précieuse statuette à son épouse, il en sorti le petit carton et admira les fines et élégantes lettres d’or qui composaient son nom. Il ne put s’empêcher de sourire comme un enfant. C’était bon pour l’égo ce genre de choses, même si, à ce stade de sa vie, il avait enfin tout ce qu’un homme pouvait désirer.
Récupérant un stylo dans la poche de sa veste, il retourna la carte et y nota quelques mots d’amour pour Jude, son merveilleux amant, avec lequel il aurait tellement voulu partager tout cela. Puis, satisfait de sa prose après relecture, il remit le tout dans l’enveloppe, qu’il referma avec soin. A peine avait-il terminé qu’il sentit une présence derrière lui. Se retournant vivement, un immense sourire illumina son visage.
« - Hey, je pensais justement à toi. »
Jude lui rendit son sourire en lui prenant la main.
« - Pardonne-moi, mais je n’ai pas pu m’empêcher de te suivre de loin quand je t’ai vu t’éloigner. J’avais envie de passer un moment avec toi, murmura l’Anglais. »
Robert jeta un coup d’œil dans le couloir pour s’assurer qu’ils étaient seuls, puis, satisfait, attira l’autre homme à lui, s’approchant de son beau visage rayonnant.
« - Je t’aime Jude, souffla-t-il.
- Et tu l’as prouvé tout à l’heure. Merci Bob. »
Comblant l’espace qui les séparait encore, ils s’embrassèrent doucement. Soudain, les interrompant en plein extase, le portable de l’Américain vibra dans sa poche. S’écartant à regret de son homme, il récupéra le téléphone et regarda rapidement l’écran.
« - C’est Susan, expliqua-t-il à la question silencieuse de Jude. Elle se demande où je suis passé.
- Alors va la retrouver.
- Tu es sûr ? Et toi ?
- T’inquiète pas, je comprends, rétorqua l’Anglais, beau joueur. »
Je sais depuis le début que ce serait toujours ainsi, rajouta-t-il pour lui-même.
Robert hocha la tête d’un air grave.
« - J’aimerai que ce soit plus simple.
- Je sais, confirma Jude, se composant au mieux une attitude digne. »
Rob esquissa un sourire piteux et lui tendit l’enveloppe qu’il avait toujours en main.
« - C’est pour toi, dit-il simplement.
- Tu ne crois pas que tu devrais la garder, la faire encadrer ?
- Non, c’est chez toi qu’elle doit être. Et crois bien que si ça ne risquait pas d’éveiller les soupçons de Susan, moi aussi je t’y accompagnerais. »
Jude accepta donc le cadeau, sentant ses yeux le piquer à nouveau. Un autre genre d’émotions cette fois sans aucun doute.
S’approchant de lui, Robert l’embrassa rapidement avant de s’éloigner inexorablement.
« - Je suis désolé, crut-il bon d’ajouter. »
Pour toute réponse, Jude acquiesça, serrant plus fort le présent de Robert pour y puiser la force d’accepter cette nouvelle séparation.
THE END.