When life gives you lemon, use it for your tea, version alternative de "
When life gives you lemon, make lemonade", proverbe anglophone.
Ou version alternative de "Je n'avais aucune idée pour un titre de fic."
Me revoici, encore une fois, avec une fic RPS cette fois sur un couple que j'aime beaucoup. J'espère qu'il y a quelques amateurs. Normalement, ça finit plutôt bien : bien que malade, j'étais de bonne humeur en écrivant la fin, ce matin.
Inspirée par une interview où ce cher Bradley expliquait qu'il n'aimait pas spécialement son "nouveau" physique et que, contrairement aux idées, il n'était pas quelqu'un de très sûr de lui. (J'veux bien le rassurer, moi.
)
♣♣♣♣♣Bradley savourait cette soirée idyllique. Perché, à genoux, sur l’un des tabourets de bar, Sharlto bombait le torse, priant Rampage de lui livrer un Waka waka plus viril que le sien, affreusement froissé par le rire gras de son comparse. Les moqueries de l’Afro-Américain avaient débutées durant la reprise de Copley entonnant, d’une voix nasillarde, l’hymne de sa sacro sainte Coupe du Monde. Saoulés, les deux amis se réconcilièrent finalement, décidant d’un commun accord qu’aucune autre soirée karaoké ne se dresserait entre eux. Se déclarant dans un flot de paroles faussement larmoyantes leur amitié respective, Sharlto agrippa les poignets de Rampage, étendant leurs bras en croix et fredonnant un air bien connu de Céline Dion :
- Aimons-nous ! Je serai Jack, tu seras Rose…
- Moi, Rose ? J’vais t’renvoyer à Johannesburg dans une boîte d’allumettes, mon vieux !
Se tapant les cuisses, Bradley manqua de renverser son cocktail. Léchant aussitôt le verre humide, il passa sa langue sur ses lèvres pour décoller le sucre imbibé de citron vert. Réalisant brutalement que la chanson qui éructait des mauvaises enceintes du bar figurait parmi ses préférées, il ferma les yeux et se laissa bercer. Appréciant l’instant présent, amusé par des doigts qui vinrent chatouiller l’arrière de sa tête, s’entortillant dans les mèches de cheveux et disparaissant au moindre regard indiscret, il porta une nouvelle fois sa boisson à sa bouche.
La vodka lui était rapidement montée à la tête, ce soir. La faute à la fatigue, sans nul doute. Ses joues cramoisies et son sourire béat ne provenaient pas de l’abus du divin breuvage mais bien de cette main, taquine, qui frôlait sa nuque. Ce bras, posé sur le dossier de la banquette, appartenait à l’impressionnante silhouette qui se détachait des lumières bleues fades et rouges criardes que renvoyaient le spot, situé à l’opposé de leur table.
Les notes de piano ajoutèrent à la sensibilité de l’instant. Expirant de contentement sous les caresses, Bradley dirigea son regard vers cette force de la nature, muette, dont les yeux fixaient le vide. Cet homme devait se faire violence pour traverser les quinze malheureux centimètres qui les séparaient. Il le savait et appréciait l’effort. L’Américain détailla ce profil si particulier ; les traits burinés, épais. Ce nez croqué par les rencontres de boxe, les mâchoires carrées, le sourire discret.
Interrompus par Sharlto et Rampage, Bradley se raidit, délaissé par cette main chaude qui le soulageait d’un chagrin qu’il traînait depuis longtemps : dernièrement, sur son chemin, sur son corps d’éphèbe, filles comme garçons ne semaient que du sexe, de la luxure. Rarement de la tendresse. Liam, lui, ne lui demandait rien. Il lui donnait juste, à l’une ou l’autre occasion, ces douceurs que Cooper n’avait jamais osé saisir comme une invitation. L’Irlandais était une personne sensible, probablement réceptive aux regrets qui étreignaient son cadet et qui, dans sa générosité, voulait lui ôter un peu de peine. Oui, ce serait bien son genre, reconnut Brad, achevant ce qu’il restait du jus sucré et alcoolisé de son cocktail.
Repoussant son verre vide, Bradley offrit sa brochette de fruit à Rampage, bataillant avec le Sud-Africain pour savoir qui serait l’heureux élu qui hériterait du quartier de clémentine. Se chamaillant comme des enfants, ils invoquèrent l’Américain comme arbitre : délaissant à regret la contemplation de son solide voisin de banquette, il solda le litige en engloutissant le morceau d’agrume, concluant ainsi une autre soirée de franche camaraderie.
De l’autre côté, une main pataude se recroquevilla sur son épaule accompagnant la voix basse qui s’adressa à lui, discrètement :
- On peut parler si tu veux. Ce soir, pourquoi pas, si tu en as besoin.
- Tout va bien, Liam. Ne t’en fais pas.
Les yeux perçants se focalisèrent sur les siens, lui donnant une brusque bouffée de chaleur. Par quel miracle parvenait-il à cerner les gens ainsi ?
- Je n’en crois pas un mot, Bradley Cooper.
♣♣♣♣♣ Errant dans Vancouver, cette ville qui ne l’attirait pas le moins du monde, Bradley enfouit ses mains dans les poches, expirant une buée qui se colla à la vitrine devant laquelle il s’était arrêté. Faisant face à son reflet, il compatit avec le visage aux traits tirés, aux sourcils froncés et au sourire éteint qui se tenait devant lui. Trop d’alcool, pas assez de sommeil.
L’équipe avait dû rejoindre l’hôtel depuis une bonne heure à présent. Lui préférait marcher sans but ni direction dans les rues fréquentées, les ruelles moins fréquentables et les places éclairées de la ville. Pour qui sait, au hasard des rencontres, tomber sur l’une ou l’autre personne dont il aimerait partager la nuit. Mais aucun des passants ne lui inspiraient autant d’envie que Liam qui devait, à cette heure, s’être écroulé de fatigue dans son lit. Personne ne faisait le poids face à l’Irlandais. Personne. Mais, à ses yeux, Neeson était intouchable. La sagesse et la dignité avait laquelle cet homme avait affronté les aléas et les misères de la vie lui inspirait un trop grand respect pour oser envisager la moindre aventure.
Parfois, Bradley se forçait à le détester, à dégager les qualités pour mettre le doigt sur un défaut, un infime détail qui le dissuaderait de s’accrocher à cette personne exemplaire. Il osait même presque avancer l’hypothèque que Liam ne soit finalement comme tous les autres : un joueur. Il ricanait aussitôt : non, lui était différent. Il le montrait à chaque sourire, à chaque clin d’œil. Lorsqu’il lui demandait, à voix basse, si tout allait bien. Lorsqu’il déposait sa main sur son épaule, anodine mais présente. Liam s’inquiétait.
Non, décidément, le seul défaut à ses yeux était de ne pas aimer le café. Le point numéro un sur la liste, le vice le plus rédhibitoire. Le summum de l’inadmissible chez cet homme quand d’autres, sur son honteux tableau de chasse, ne rechignaient pas à lever la main lors d’une beuverie ou encore, ne voyaient aucun mal à dévoiler leur vie intime dans les tabloïds.
Liam s’était sûrement contenté d’être poli lorsque, à la sortie du bar, il l’avait étreint maladroitement lui assurant qu’il était disponible si quelque chose tournait mal, s’il ressentait le besoin de parler. Bradley s’était contenté de sourire : il ne le ferait jamais. Pouvait-on sérieusement déblatérer ses ridicules peines de cœur lorsque le confident taisait un veuvage difficile ?
Contre toute attente, ses pas le guidèrent vers l’hôtel plus tôt qu’il ne l’aurait imaginé. Fidèle à ses habitudes, il arrêta l’ascenseur un étage plus haut que celui de sa suite. Admirant les mêmes tableaux sur les murs impersonnels, comme toutes les autres nuits de la semaine, il s’arrêta devant la dernière porte du couloir. D’ordinaire, il aurait attendu quelques secondes avant de partir, d’un pas pressé, pour rejoindre sa chambre, honteux.
Aujourd’hui était bien différent : mû par il ne savait quel sentiment, son poing frappa la porte à trois reprises. Serrant les dents, Bradley paniqua : l’occupant de la pièce devait certainement dormir à cette heure. Il s’apprêtait d’or et déjà à fuir lorsque la porte s’ouvrit sans l’ombre d’un juron. Debout, pieds nus, dans la même chemise et jeans que ceux qu’il portait plus tôt, Liam se tenait face à lui, souriant :
- Je t’attendais.
Son accent irlandais appuya les syllabes, sa voix grave l’envoûta sans aucune difficulté, l’entraînant à l’intérieur de la pièce. Décrivant brièvement les lieux, Bradley repéra avec émotion un cadre protégeant une photographie de famille, près du lit. Ce détail le toucha particulièrement.
Face à la fenêtre voilée, une bouteille de Bourgogne et deux verres l’attendaient. L’un d’entre eux rejoignit bientôt la main de l’Américain, déstabilisé par l’accueil chaleureux de celui qu’il avait dérangé. Le pouce frôla la peau, un instant, avant de disparaître aussi vite. Toujours aussi fugace, aussi taquin, l’Irlandais cessa finalement de sourire, se tenant à un demi-mètre de Brad :
- Je sais ce que je veux. Mais toi ?
Un silence pesant força l’atmosphère détendue de la pièce. Cloué sur place, le jeune homme baissa la tête, cherchant une réponse honnête et rapide. Il ne trouva rien et reporta ses yeux humides sur l’un ou l’autre meuble situé à l’opposé de la pièce, fuyant le regard perçant de son hôte. Il aurait finalement aimé envisager l’improbable, pondre le scénario de son rêve le plus fou pour réfléchir, adopter la position la plus adéquate. Il ne l’avait jamais fait et le regrettait amèrement aujourd’hui.
Se décalant légèrement, Brad déposa son verre sur l’appui de fenêtre. Haussant les épaules, inspirant profondément, il prit la parole d’une voix tremblante :
- Est-ce que tu m’rendras heureux ?
La facilité avec laquelle l’Irlandais lui répondit lui donna un fifrelin de courage :
- Bien sûr. Je ferais tout pour.
- Et… Pour combien de temps ?
Le visage buriné s’assombrit. Renonçant à lui mentir, Liam s’avança, tâchant de le rassurer en lui souriant à moitié. Il ne pouvait lui promettre plus.
- Ca, je ne sais pas.
Evitant la première embrassade de son aîné, Bradley se mordilla les lèvres, confus. Revenant finalement sur ses pas, il s’avança, hésitant, vers les bras tendus de Liam. Ressentant une brusque impression de sécurité, il posa son menton sur l’épaule de son aîné, plus calme et détendu qu’auparavant.
- Ma foi, c’est déjà plus que ce tous les autres m’ont offert.
Embrassant le menton de Liam, il s’avoua trop impressionné pour poursuivre de lui-même. Le faisant taire d’un index qui barra sa bouche, l’Irlandais y remédia, substituant son doigt par ses propres lèvres.
Ce gars n’embrassait pas mal du tout, reconnut Bradley, cramponné au corps qui se collait au sien. Même plutôt bien, en réalité, ponctua-t-il lorsque des dents vinrent le mordiller. L’unique défaut de ce héros restait et resterait donc son désamour pour le café.
Tournant légèrement sa tête, Bradley écrasa son sourire contre l’épaule de son partenaire : il sentit immédiatement qu’il deviendrait, lui aussi, un aficionado de l’Earl Grey. Après tout, d’autres choses plus joyeuses que la caféine seraient bientôt en mesure de le tenir éveillé toute une nuit.
♣♣♣♣♣Et je coupe ici.
C'était court, mais comme toujours, c'était écrit principalement pour m'occuper. J'espère cependant que ma "surproductivité" plaira à d'autres que moi.