Une petite fic sur deux de mes chouchous, acteurs dans le formidable
PS: I love you. Elle ne paie pas de mine et est très courte, mais j'avais envie d'écrire un bout d'histoire sur ces deux là. J'espère que le résultat vous plaira néanmoins !
Pour une certaine partie du texte, je me base sur des déclarations de Gerard qui explique qu'il préfère que les Américains l'appellent Gerry (comme son personnage dans le film) car ils prononcent très mal son prénom. Et enfin, il a aussi déclaré qu'il avait arrêté de fumer à la suite de ce film.
ⱷⱷⱷⱷⱷPiégés à Dublin, dans la chambre d’un hôtel réservé à la hâte, l’Américain et l’Ecossais ne se sentaient guère chez eux. Pour l’un, l’atmosphère est définitivement trop Européenne, le climat trop humide. Pour l’autre, sa fibre patriotique l’avait convaincu que les bruyères irlandaises étaient forcément moins mauves, les montagnes moins belles et le whisky moins bon que dans les Highlands ; c’était un fait et il n’y avait pas lieu de débattre là-dessus.
Le dos calé contre un oreiller, Jeffrey méditait, une cigarette au bec, après avoir soigneusement obstrué l’alarme incendie. La fumée grise s’échappait de sa bouche et de ses narines, s’élevant en rouleaux vaporeux sur son front, filant entre les mèches de cheveux et montait au plafond. Les volutes âcres étaient infiniment plus légères que son cœur : accablé, cette habituelle cigarette qu’il grillait après ses ébats ne lui suffisait pas. L’âme aussi noircie que le goudron, il ne parvenait pas à se résoudre d’éteindre, d’écraser sa main sur l’interrupteur et de geindre un « Bonne nuit » à la personne qui somnolait à côté de lui.
Ouvrant un œil lorsque son amant tournait la tête, Gerard attendait en vain que l’Américain se prononce enfin sur le mal qui le rongeait. Pestant contre l’odeur insupportable du tabac, il découvrit son bras, l’extirpant de dessous des draps, exhibant un bout de plastique de quatre centimètres sur quatre :
- J’arrête de fumer. Si tu étais sympa, tu éteindrais ta Malboro avant que je ne saute dessus pour te la piquer.
- Ouais, ouais, répondit évasivement Jeffrey, écrasant son mégot dans un gobelet déniché dans la salle de bain. Désolé, vieux.
Se tassant dans le lit, le visage seul émergeant des couvertures, l’Ecossais adressa un sourire ravi à son partenaire, ponctuant ce long échange d’une référence obscure au film qu’ils venaient d’achever, dans l’émotion toute particulière de ces nouveaux départs et de ces adieux :
- Normalement, c’est ma veuve qui finit dans ton lit, souffla Gerard, entrelaçant ses doigts dans la main pataude de l’Américain. Je ne vais pas m’en plaindre.
- Gerry, je-
Ils sourirent, muets devant cette unième coïncidence avec le film. Les yeux clairs de son compagnon le fixaient avec une intensité rare, prêt à entendre ce qui taraudait Jeffrey depuis le début de la soirée. La main posée sur sa joue mal-rasée, l’Ecossais tourna la tête pour embrasser la paume : ces moments de calme qui précédaient de grandes déclarations ou les disputes chaotiques ne lui étaient pas inconnus. Quelque chose n’allait pas et, plus encore que la perspective d’une scène au milieu de la chambre, l’ignorance lui meurtrissait le cœur :
- Jeff ? Quelque chose ne va pas ? Tu m’as l’air-
Il n’eut guère le temps d’achever sa phrase : plongeant sur lui, l’Américain colla ses lèvres contre les siennes, matant les résistances de son cadet, promenant sa langue contre sa jumelle qu’il connaissait parfaitement, il ferma les yeux à s’en fendre les paupières, concentrant ses dernières bribes d’idées claires sur ce baiser emporté, fougueux mais non-dénué de tendresse. Front contre front, les prunelles noisettes se figèrent dans les iris bleuté, animé d’une centaine de questions :
- J’ai peur. Ce film m’a complètement retourné et-
- Je suis là, répliqua sobrement Gerard, tordant sa bouche dans un sourire triste. On ne connait pas notre heure mais… Je suis là, aujourd’hui. C’est peut-être le dernier, peut-être pas, mais il existe. Et c’est tout ce qui compte.
- Gerry ? Je, s’interrompit brutalement l’Américain, les yeux humides, avant de coller ses lèvres à l’oreille de son compagnon, je t’aime.
Tassés dans les bras l’un de l’autre comme deux enfants qui chercheraient à se débarrasser d’un effrayant cauchemar, ils s’endormirent doucement, somnolant et ponctuant ce long parcours vers un sommeil apaisant par quelques paroles rassurantes, sucrées. Murmurant quelques autres déclarations aussi pudiques que fortes, Jeffrey conclut naturellement cette soirée riche en émotions :
- T’as raison. On s’aime… Et c’est tout ce qui compte.
ⱷⱷⱷⱷⱷC'est court, c'est bref, un peu gnangnan, ça casse pas trois pattes à un canard mais ça me permet de tester la popularité d'un de mes couples préférés.
Merci à vous pour votre lecture !