Voilà un nouvel OS avec Mark, mon nouveau chouchou
J'espère que ça vous plaira.
Pour vous mettre dans l'ambiance, la chanson qui m'a inspirée est
iciEt puisque je parle de la tenue de Mark à la soirée de gala du GP de Monaco, la voilà
:
Merci à Aeris pour la relecture!
Je ne connais pas les personnes apparaissant dans ce récit, tout est faux, je ne gagne pas d'argent avec ce texte.
AloneMarat était allongé sur son lit. La nuit était tombée et il n'avait pas pris la peine d'allumer les lumières. Pourtant, il ne dormait pas, il ne voulait pas dormir. Il était seul. La solitude ne l'avait jamais dérangé. Au fil des années, il l'avait apprivoisée. Il avait même appris à l'aimer, à aimer cette liberté qu'elle lui offrait, cette indépendance, cette facilité. Mais à présent, il sentait sa morsure. Comme si pendant tout ce temps, il avait été anesthésié et qu'il s'était soudain réveillé pour sentir les mains glacées de la solitude s'emparer de lui, s'insinuant au plus profond de lui, jusqu'à ses os, jusqu'à son âme. Et il ne pouvait lutter. Il se sentait devenir un peu plus vide chaque jour. Il sentait la douleur s'intensifier au point qu'elle deviendrait bientôt insupportable. Mais il ne pouvait lutter. Il avait bien essayé de tromper cette solitude. Il avait trouvé des corps tous plus beaux les uns que les autres. Il avait voulu se réchauffer dans leurs étreintes, se sentir revivre dans la jouissance qu'ils lui apportaient, faire fuir sa maîtresse si possessive. Mais toujours la solitude revenait, plus glacée encore. Et ces corps ne lui apportaient plus aucune chaleur, plus aucun plaisir. Il se mourrait lentement.
Pourtant, il savait ce qui éconduirait définitivement sa maîtresse. Il avait eu de la peine à l'accepter, mais il le savait. Et son visage dansait devant ses yeux. Il l'avait rencontré un an plus tôt, dans une scène digne de ces comédies romantiques qu'il détestait tant. L'un faisait son jogging, l'autre portait un café et ils s'étaient percutés. Après cela, Mark avait tenu à offrir un café au Tsar pour remplacer celui qui avait terminé sa course sur le trottoir et leurs t-shirts plutôt que dans l'estomac du Russe. C'est comme ça qu'ils avaient commencé à discuter pour ne bientôt plus pouvoir s'arrêter. Marat avait raconté sa randonné dans l'Himalaya à Mark qui rêvait de s'y rendre. L'Australien avait parlé de la course qu'il organisait en Tasmanie pour son association, s'étalant sur cinq jours, elle mêlait vtt, kayak et course à pied. Et le Russe l'avait écouté avec attention, fasciné de le voir si passionné malgré le grave accident qu'il y avait subi, se prenant à rêver de participer à un tel événement alors qu'il n'y avait jamais songé auparavant. Et c'était avec regret qu'il l'avait regardé s'éloigner après une longue conservation. Ils s'étaient revus ensuite, autant que les obligations de Mark avant le Grand Prix le permettaient. Puis il y avait eu la course, la cinquième place de l'Australien, une dernière discussion, et leurs chemins s'étaient séparés.
Ils avaient vaguement gardé contact. Mais la plupart du temps, Marat n'osait pas appeler. Il ne voulait pas montrer à Mark combien il lui manquait, combien il aimait sa voix. Si ces traits marqués, ces yeux expressifs, ce sourire franc lui avaient tout de suite plu, il n'avait pas réalisé que quelque chose avait changé en lui le jour de leur rencontre. Puis il avait voulu l'ignorer, puis le détruire et finalement, il s'était résigné. Il avait trouvé en Mark quelqu'un qui le comprenait, quelqu'un avec qui il se sentait bien, quelqu'un en qui il avait confiance même s'ils se connaissaient à peine. Il s'était surpris à aborder des sujets qu'il hésitait à aborder avec des amis bien plus proches. Avec le recul, il avait compris qu'il avait trouvé la personne qu'il n'avait pas conscience de chercher. Lui qui avait toujours refusé de s'attacher, de placer son bonheur dans les mains de quelqu'un d'autre, il n'avait pas pu résister, malgré tout ses efforts. Il s'était trouvé risible d'abandonner ainsi tous ses principes pour un homme qu'il n'avait vu que quelques heures. Mais cette colère contre lui-même n'avait pas effacé le visage de Mark de son esprit, pas plus qu'elle ne l'avait tiré de l'étreinte glacée de la solitude. Il pensait pouvoir se protéger en s'éloignant de cet homme qui parvenait si facilement à faire tomber toutes ses défenses, mais il s'en était déjà trop approché. Et à présent, il avait besoin de lui. C'était ce qu'il avait fini par admettre. Le fait qu'il se soit surpris à taper son nom dans un moteur de recherche pour revoir son visage n'y était pas étranger. Il avait été tenté de chercher des informations sur lui de cette façon, mais il avait renoncé. Il s'était inventé trop de vies, les journalistes avaient trop déformé ses propos, pour qu'il croie ce qu'il aurait pu lire. Et puis, il préférait entendre Mark lui raconter son parcours. Mais pour cela, ils devaient se revoir.
Marat en avait rêvé pendant des mois. Savoir où Mark se trouvait n'était pas difficile, il aurait pu le rejoindre lors d'un Grand Prix, mais il n'avait pas osé. Lui qui avait toujours eu une confiance insolente lorsqu'il s'agissait d'attirer ses proies, il était soudain hésitant. D'autant plus qu'il n'avait aucune raison de penser que Mark était gay. Et même s'il l'était, le Russe doutait qu'il puisse être attiré par lui. En outre, plus le temps passait, plus ses chances s'amenuisaient. Ils avaient certes eu quelques conversations au téléphone, mais rien de comparable à celles qu'ils avaient connues à Monaco. Et ils ne s'étaient pas revus depuis. Alors même si Marat lui avait plu, pourquoi ce sentiment aurait-il résisté au temps et à la distance? Il aurait fallu que Mark soit touché comme lui-même l'avait été. Et il n'y croyait pas. Il se savait capable de susciter le désir. Il l'avait vite compris et en avait passablement usé. Mais faire naître un sentiment plus profond chez quelqu'un, il se trouvait trop insignifiant pour cela. Et il se sentait ridicule d'espérer le contraire. Alors il avait renoncé à le rejoindre. Jusqu'à ce que le Grand Prix de Monaco approche.
Depuis le début de l'année, il n'en pouvait plus. Il avait besoin de Mark. Son absence devenait de plus en plus intolérable. Il devait le voir. Et malgré l'urgence de ce sentiment, il avait décidé d'attendre. S'il se rendait à Monaco pour la course, il donnerait moins l'impression d'être là uniquement pour Mark. Il y possédait un appartement, il s'y trouvait déjà un an plus tôt, il trouverait facilement un prétexte. Puis il glisserait quelques mots dans une conversation laissant entendre qu'il aimait les hommes et il guetterait la réaction de Mark, espérant y lire un signe qu'ils partageaient les mêmes goûts. Et si c'était le cas, il tenterait de le séduire. C'était son plan. Mais rien ne s'était passé comme prévu. Il était bien venu à Monaco, il avait bien rencontré Mark, mais c'était tout. Ils avaient passé des heures à discuter, mais jamais Marat n'avait trouvé un moyen d'insinuer qu'il était gay. Ou peut-être n'avait-il tout simplement pas osé. Dans les deux cas, le résultat était le même: la course avait eu lieu, Mark avait gagné et il était probablement en train de passer la soirée à fêter tandis que Marat était seul chez lui. Il s'était pourtant promis de lui dire avant qu'il ne parte, au moins de lui montrer qu'il tenait à lui. Mais il n'avait rien fait. Il avait essayé de l'appeler, mais n'avait pas obtenu de réponse. Alors Mark partirait le lendemain et tout recommencerait. Marat ne pouvait l'imaginer. Il ne supporterait pas de revivre cette séparation. Et il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même. Il ne le reverrait peut-être même pas avant son départ. Ce n'était plus la tristesse ni même la solitude qui le torturaient à présent, mais la colère. La colère contre lui-même. Et cela le rongeait. Il savait qu'il ne retrouverait probablement plus jamais quelqu'un qui le comprenait si bien et avec qui il était en telle harmonie. Et il était en train de le laisser filer. Bien sûr, il s'était promis de ne plus hésiter à lui téléphoner, à faire en sorte qu'ils se revoient rapidement, mais après ce week-end, il ne se faisait plus confiance.
Il n'en pouvait plus de rester enfermé à ruminer. Il se leva et sortit pour marcher un peu. L'air frais de la nuit lui fit du bien. Il commençait à se demander s'il ne valait pas mieux oublier Mark. Il donna un coup de pied dans une bouteille qui abandonnée sur le trottoir. Cela faisait trop longtemps qu'il ressassait ces pensées. Parfois il se disait qu'il aurait mieux valu qu'il ne rencontre pas l'Australien. Il aurait continué sa vie comme avant, enchaînant les histoires d'une nuit, simplement. La solitude serait restée une douce amante et il ne se serait pas senti si vide. D'un autre côté, il aurait sûrement fini par avoir le sentiment que quelque chose lui manquait. Au moins, avec Mark, il pouvait mettre un visage sur ce quelque chose.
- Mauvaise soirée?
Marat releva vivement les yeux, reconnaissant cette voix. Mark se tenait à quelques mètres de lui, la bouteille avait terminé sa course à ses pieds.
- Un peu. Et toi? Bien fêté?
- Ne m'en parle pas. L'idée d'organiser un dîner de gala pour le vainqueur du Grand Prix est très mauvaise, si tu veux mon avis.
Marat fronça les sourcils. Il avait entendu parler de cette soirée se déroulant dans le Palais du Prince, en la présence dudit Prince et des gens les plus importants de la principauté. Il observa le jeans bleu-noir de Mark puis son sweatshirt blanc, qui lui allaient très bien, certes, mais qui n'étaient peut-être pas tout à fait adaptés à ce genre d'événement.
- Tu n'y es quand même pas allé habillé comme ça?
- Oh ça va! N'en rajoute pas.
Il fit quelques pas et se laissa tomber sur un banc, la tête entre les mains. Le Russe le rejoignit et s'installa à côté de lui.
- Un de mes amis a gagné il y a quelques années. Il m'a parlé du protocole de la soirée et m'a dit que je n'avais pas besoin de m'habiller mieux que ça. Il m'a aussi certifié que je ne devais pas faire de discours… Je vais le tuer.
- J'aurais voulu voir ça.
- C'est pas drôle! Déjà que j'ai toujours détesté les soirées mondaines… C'était une catastrophe.
- Bah, ils peuvent pas te reprendre le trophée, non?
Mark se redressa avec un sourire en coin.
- Non.
- Tu vois, c'est pas si grave que ça.
- On peut voir les choses comme ça.
Les deux hommes se sourirent et Marat ne put s'empêcher de remarquer à quel point il aimait voir l'Australien sourire, la façon dont son regard s'illuminait, les rides qui se creusaient autour de ses yeux et les fossettes sur ses joues. Mais il détourna rapidement les yeux pour ne pas le dévisager.
Marat ne connaissait pas les silences de Mark - jusque là, ils avaient toujours peiné à s'arrêter de parler. Mais il comprit qu'il les aimait autant que le reste.
- Désolé si je ne suis pas très bavard, je suis épuisé, dit Mark après quelques instants.
- C'est rien. Mais je voudrais pas t'empêcher de rentrer.
- Non!... Non, j'aimerais rester encore un peu.
- Comme tu veux.
- …
- …
- Marat?
- Oui?
- Tu te souviens du challenge que j'organise pour mon association?
- Oui.
- Tu… Je cherche un partenaire. Ça te dirait d'y participer avec moi?
Marat eut du mal à cacher sa surprise. Il n'aurait jamais imaginé une telle proposition alors qu'ils se connaissaient à peine. Mais cela lui plaisait. Cela lui plaisait beaucoup.
- Avec plaisir.
- Super!
Mark affichait un énorme sourire et Marat se dit une fois de plus qu'il ne voulait pas le laisser partir. Alors que le silence reprenait ses droits, il avait soudain une conscience aigue de la main de l'Australien près de la sienne. Mais il craignait de le faire fuir. Il aurait voulu tâter le terrain avant, mais il ne supportait plus d'attendre. Alors lentement, prudemment, sa main se posa sur celle de Mark. Elle était légèrement rêche, mais cette chaleur contre sa paume était délicieuse. Et l'Australien n'avait pas fui. Au contraire, il entremêla ses doigts à ceux de son ami. Marat se sentit revivre.
Ils restèrent longtemps ainsi, aucun d'eux n'osant briser le silence. Puis après maints bâillements, Mark posa sa tête sur l'épaule de Marat. Celui-ci lâcha alors sa main et passa son bras autour de ses épaules. Il n'avait jamais su apprécier un moment de calme et de tendresse avec quelqu'un, mais il découvrait combien cela était agréable. Il déposa un baiser dans les cheveux de son ami et celui-ci releva légèrement la tête en souriant. Leurs lèvres se trouvèrent naturellement, se découvrant, se goûtant. Puis leurs langues se mêlèrent dans un ballet tendre, prenant le temps de s'apprivoiser. Quand ils se séparèrent, la tête de Mark retrouva sa place sur l'épaule de Marat et le silence se fit plus intime.
Quelques instants plus tard, quand le Russe baissa les yeux vers l'homme blotti contre lui, il constata qu'il s'était endormi. Cela l'attendrit, mais il se résigna à le réveiller en lui caressant doucement la joue. Les yeux de Mark papillonnèrent et il leva un regard ensommeillé vers lui.
- Tu dormirais mieux dans un lit. Tu veux venir chez moi? C'est tout près.
Mark acquiesça en silence et ils marchèrent main dans la main jusqu'à l'immeuble dans lequel vivait Marat, oubliant pendant quelques instants que quelqu'un aurait pu les surprendre, ou n'ayant tout simplement pas envie d'y penser. Et quelques instants plus tard, après de nombreux baisers, alors que Marat sombrait dans le sommeil, l'étreinte douce et réconfortante de Mark avait remplacé celle de la solitude.
Fin