Voilà un petit OS avec un couple un peu différent, mais auquel je commence à m'attacher
J'espère qu'il vous plaira aussi!
Pour ceux qui ne connaissent pas Mark, c'est un pilote de F1 qui ressemble à ça:
Et qui a un certain potentiel slashique
:
Je ne connais pas les personnes apparaissant dans ce texte, tout est faux et je ne gagne pas d'argent avec ce texte.
More than wordsMark s'allongea précautionneusement sur le lit. La batterie de tests qu'il avait passée à l'hôpital n'avait révélé aucune blessure, mais la violence du choc avait maltraité son corps. Ses muscles le faisaient souffrir, il était épuisé. Mais il ne voulait pas s'endormir. Pas encore. Seulement, étendu les yeux grands ouverts, il revoyait l'accident. La voiture d'Heikki trop proche de la sienne, puis le ciel, le ciel bleu qu'il ne voyait jamais dans sa monoplace, le bitume et enfin les pneus au bord de la piste. Il ne voulait plus penser à cela. Bien sûr, il avait eu peur. Mais quand la voiture s'était enfin arrêtée, sa seule angoisse était de ne plus pouvoir piloter. Des accidents, il en avait connu d'autres, et pas uniquement sur circuit, seul son corps pouvait l'empêcher de reprendre place au volant d'un bolide, jamais sa raison. Sauf quand il pensait à lui. Alors parfois, juste parfois, pendant quelques minutes, il hésitait. Il pensait à ce que cela lui ferait de vivre avec un infirme ou pire. Marat devant sa pierre tombale, l'image le révulsait. Pas à cause de son nom gravé sur la pierre, mais parce que Marat serait seul. Et Mark refusait de l'abandonner. Et puis, l'image se dissipait et Mark retrouvait son équipe, sa monoplace, et le doute n'avait plus de place dans son esprit.
Son téléphone sonna, le tirant de ses pensées. Il décrocha et le porta à son oreille.
- Mark?
La voix de Marat était teintée d'angoisse. Il ne dirait pas "j'ai vu l'accident, j'étais mort d'inquiétude". C'était la vérité, Mark le savait. Il l'imaginait dans son salon, portant une main à sa bouche, les ongles de l'autre s'enfonçant dans sa cuisse, ne se relâchant que lorsqu'il voyait Mark sortir de la voiture sur ses deux jambes. Mais Marat ne le dirait pas. Pas plus qu'il ne demanderait à Mark d'arrêter les courses pour lui épargner de telles frayeurs, pour chasser la peur de le conduire à sa tombe. Marat savait ce que la Formule Un représentait pour son compagnon. Il savait que la vitesse, l'adrénaline devenaient peu à peu des drogues. Il savait que la course était son amante, qu'elle était essentielle à son bonheur autant que lui l'était. Et il l'acceptait. Parce que le contraire signifiait perdre Mark ou le rendre malheureux. Mark s'arrêterait un jour, comme Marat l'avait fait, mais ce serait son choix, à lui seul, sans regret, sans que personne ne force sa décision. Et Mark lui en était profondément reconnaissant. Il n'était pas certain de pouvoir faire pareil si leurs rôles étaient inversés. Et il se sentait coupable d'infliger cela à Marat, alors que lui-même n'avait aucune raison de s'inquiéter pour lui. Mais jamais le Russe ne se serait plaint de cette différence. Les courses faisaient partie de son compagnon, il les avait acceptées comme il avait accepté le reste. Il avait appris à les aimer comme il avait appris à aimer Mark.
- Je n'ai rien.
Il entendit le soupir de soulagement de son amant. Mais Marat n'ajouterait rien. Il ne dirait pas à quel point il était heureux d'entendre ces mots. Et Mark aimait cette sobriété. Parce qu'elle était plus sincère, qu'elle contenait plus d'émotions que les effusions de joie ou d'inquiétude. Marat ne dirait pas non plus à quel point il aurait voulu le serrer dans ses bras pour se rassurer, être certain qu'il était là, qu'il n'avait rien. Il savait que Mark ne pouvait pas toujours se libérer et que la distance le blessait tout autant que lui. Il ne voulait pas qu'il se sente coupable. Mais les bras de Marat étaient le seul endroit où Mark voulait se trouver en ce moment.
- Je peux venir à Moscou pour trois jours. J'arrive demain matin.
- Je me réjouis.
Mark pouvait presque voir le sourire qui illuminait le visage de son compagnon. Il aurait tout donné pour l'embrasser, mais il faudrait attendre. Ces quelques heures paraissaient tellement longues. Mais Mark refusait de s'en plaindre. Un an et quelques mois plus tôt, il s'était rendu sans enthousiasme à une fête organisée par Fernando Alonso. Le hasard avait fait que Rafael Nadal fasse partie de ses amis et qu'il ait amené certains des siens. Et pendant cette soirée à laquelle Mark rechignait à se rendre, il avait trouvé l'homme de sa vie, celui avec lequel il était plus heureux qu'il ne l'avait jamais été. En outre, il venait d'avoir un accident spectaculaire et il en était sorti indemne. Non, il n'avait pas le droit de se plaindre.
Ils discutèrent encore quelques minutes puis raccrochèrent. Marat ne répondit pas à son "je t'aime", il n'y répondait jamais. Si Mark s'en était inquiété au début, il avait vite compris qu'il n'avait aucune raison de s'en faire. Les gestes parlaient plus que les mots, Marat en était convaincu. Et même si Mark aurait voulu entendre cette phrase, il avait appris à comprendre les attentions de son compagnon et à aimer ces non-dits. Et les yeux de Marat parlaient pour lui. Mark régla son réveil et s'endormit, le sourire aux lèvres.
***
Mark arriva enfin devant l'appartement de son compagnon. Marat n'était pas venu le chercher à l'aéroport. Il ne venait jamais, parce que retenir une étreinte après des semaines de séparation était trop difficile et que Mark ne pouvait pas se permettre de voir son homosexualité révélée au grand jour. Il savait toutefois que Marat attendait derrière la porte depuis au moins une demi-heure, comme toujours. Il frappa donc au lieu de sonner pour éviter de l'assourdir. La porte s'ouvrit presque immédiatement et Marat attira son amant contre lui. Il le serra à lui en briser les côtes.
- Tu m'as manqué aussi, Marat.
Le Russe resserra encore son étreinte, comme s'il voulait se fondre dans le corps de son compagnon. Et malgré les ecchymoses qui le faisaient souffrir, malgré le manque d'air qui se faisait sentir, Mark aurait voulu que ce moment dure éternellement. Mais Marat finit par le lâcher et l'entraîner à l'intérieur.
- Je suppose que tu t'es levé tôt, tu dois être fatigué. Tu veux dormir un peu?
Mark ne put retenir un sourire. Il voyait le manque dans les yeux de Marat, mais le bien-être de son compagnon passait toujours en premier. L'Australien posa ses mains sur ses hanches et lui murmura à l'oreille:
- Je veux bien dormir, mais pas tout de suite.
Ses lèvres se posèrent sur le cou du Tsar, le faisant frémir. Puis elles remontèrent vers sa mâchoire pour finalement trouver la bouche de Marat. Sa langue alla taquiner sa jumelle tandis que les mains du Russe se posaient sur les fesses de Mark. Mais avant que le baiser ne se fasse plus passionné, l'Australien entraîna son compagnon vers la chambre. Il le poussa vers le lit et Marat s'y laissa tomber, très vite rejoint par son amant. Leurs lèvres se retrouvèrent. Leurs mains glissèrent sur la peau de l'autre. Quand le t-shirt de l'Australien disparut, révélant les marques sombres laissées par le harnais de sécurité, Marat ne dit rien. Mais Mark le sentit se crisper. Il aurait voulu attendre pour lui épargner cette vision qui ancrait l'accident dans la réalité, plus que des images ne pouvaient le faire. Mais cela aurait reporté leurs retrouvailles. Et puis, Mark ne pouvait pas protéger son compagnon de tout. Mais pendant quelques instants, il pourrait lui faire oublier. Sous ses caresses et ses baisers, le corps du Russe deviendrait un objet de vénération. Sa langue le redessinerait. Ses lèvres l'honoreraient. Les frémissements, les murmures, les gémissements, seraient ses bénédictions. Puis il se fonderait dans ce corps jusqu'à ce qu'ils atteignent ensemble le paradis. Et comme à chaque fois, il se souviendrait qu'il était le seul à qui le Tsar s'était ainsi offert. Marat n'avait rien dit, mais Mark avait compris. Et comme à chaque fois, l'Australien en serait touché.
Il s'endormit blotti contre son amant, épuisé par cette nuit courte et ces retrouvailles passionnées. Il dormit sous le regard tendre de Marat et s'éveilla sous ses caresses affectueuses. Mark n'aimait rien tant que ce genre de réveil.
Quelques instants plus tard, l'Australien observait son compagnon préparer le déjeuner. Comment souvent, Marat lui demanda de goûter, trop peu sûr de ses talents culinaires. Et comme souvent, Mark lui répondit que son plat était parfait. Mais il ne dit pas qu'il avait compris que le Tsar avait pris des cours depuis le premier repas qu'il lui avait cuisiné. Cela le touchait de voir tout ce que Marat faisait pour lui et parfois, cela le gênait aussi. Car lui, que faisait-il pour son compagnon? Il avait bien décidé d'apprendre le Russe, mais il n'avait pas osé lui en parler. Il aimait la façon que son amant avait de faire des choses pour lui sans en avoir l'air. Il aurait aimé avoir la même subtilité. Mais il en était incapable. Et puis, il avait peur que Marat trouve cela un peu niais. Le Tsar détestait le sentimentalisme plus que tout. Et plus que tout, Mark redoutait de le décevoir et, surtout, de le perdre. Il ne s'attendait pas à ce que Marat le quitte pour cela, mais il craignait qu'il ne le prenne pas aussi bien qu'il l'aurait voulu. Il avait appris à comprendre les gestes de son compagnon, mais pas ses réactions.
Ils mangèrent en discutant, de ce qu'ils ne s'étaient pas dit au téléphone, de ce qu'ils allaient faire pendant ces trois jours. Pour eux, rester enfermés à paresser n'était pas une façon idéale de passer du temps ensemble, même s'ils en avaient peu. Ils voulaient profiter, ne pas avoir l'impression de ne vivre que des retrouvailles, oublier autant que possible la distance qui les séparait trop souvent. Mais cela ne les empêchait pas de passer leurs soirées blottis l'un contre l'autre à parler. Ou pas.
Après le repas, Mark rangea la cuisine, autant qu'il était possible de le faire avec Marat collé à son dos, les bras autour de sa taille, et embrassant sa nuque. Il semblait d'humeur câline ce jour-là. Ce n'était pourtant pas son genre, mais Mark ne s'en plaignait pas. Il se demanda si c'était à cause de l'accident, et finit par conclure que c'était probablement le cas. Une nouvelle fois, il se sentit coupable, mais il ne voulait pas laisser cette pensée ternir ces instants passés avec Marat alors il la chassa. Il se retourna pour faire face à son compagnon et l'embrassa tendrement. Le Tsar le serrait fort contre lui. Mais cette étreinte, si plaisante fût elle, ne dura pas. Marat s'écarta et alla se changer puisqu'ils avaient décidé de faire un tour en moto. Comme à chaque fois, le Russe conduirait pour la première moitié du trajet et l'Australien pour la seconde. Mark avait pensé à acheter une moto pour la laisser en Russie, mais il ne s'était encore jamais décidé à le faire. Ne posséder qu'une moto pour deux avait ses avantages. Et pour l'instant, le plaisir de sentir le corps de son compagnon contre le sien pendant leurs balades dépassait la frustration de ne pas piloter.
Pour le plus grand bonheur de Mark, Marat sortit de la chambre quelques minutes plus tard vêtu d'un pantalon de cuir noir. Si le Tsar était à tomber quelque que fût son habillement, dans cette tenue il était… absolument divin. La peau moulait ses formes à la perfection, les muscles fins de ses cuisses, ses fesses idéalement galbées. Mark le détailla longuement, se passant la langue sur les lèvres sans s'en rendre compte. Marat lui lança un sourire en coin.
- Si je ne te connaissais pas, je dirais que cette tenue est la seule raison pour laquelle tu veux faire de la moto.
- Et moi, j'ai beau te connaître, je suis sûr que tu n'avais jamais songé à porter ça avant que je te dise que j'aime le cuir.
- Comme si c'était mon genre.
Mark n'insista pas, mais il savait qu'il avait raison. Il trouvait ça adorable, mais jamais il ne le dirait. Ce n'était pas un adjectif que Marat appréciait, surtout pas appliqué à lui. Le Tsar s'approcha et passa un bras autour de sa taille. Il l'embrassa tendrement, lui caressant doucement la joue, puis il s'éloigna un peu pour capturer son regard. Il resta silencieux quelques instants, l'observant affectueusement et finit par prononcer des mots qu'il n'avait jamais prononcé.
- Je t'aime.
Malgré ses convictions, il avait réalisé que, s'il était arrivé quelque chose à Mark, il s'en serait voulu toute sa vie de ne pas le lui avoir dit. Il ne le dirait peut-être plus jamais, ou rarement, et Mark n'avait pas besoin de l'entendre pour le savoir, mais pour la première fois de sa vie, il avait besoin de prononcer ces mots. Mark, lui, dévisageait son compagnon, ému, le cœur gonflé d'amour. Il aurait voulu l'entendre encore, graver dans sa mémoire la voix de Marat, sa façon de prononcer ces mots, la sincérité et la tendresse qui s'en dégageait, la douce chaleur qui se répandait dans ses veines. Mais il n'osa pas lui demander de répéter. Au lieu de ça, il l'embrassa, encore et encore, comme si sa vie en dépendait, tantôt tendrement, tantôt passionnément. Et même à bout de souffle, il ne put se détacher totalement de ses lèvres, pas même pour murmurer:
- Ya tibia lublu. *
Surpris, Marat mit quelques secondes à réagir.
- Tu… Tu parles Russe?
- J'apprends.
- Pour moi?
- Pour qui d'autre?
Le Tsar sourit. Mark pouvait lire dans ses yeux à quel point cela le touchait et ses craintes lui semblaient soudain stupides. Mais il ne voulait pas s'attarder là-dessus, surtout pas maintenant que les lèvres de son compagnon retrouvaient les siennes. Marat savait, c'était tout ce qui comptait. Le Russe le serra contre lui et ils restèrent enlacés quelques instants. Mark se sentait bien, serein, comblé. Certains de ses amants avaient fui après un accident. Ils n'avaient pas réalisé le danger avant qu'il se matérialise de façon si brutale. La peur avait pris le dessus. Mais Marat n'était pas parti. Marat ne partirait pas. Marat ne partirait jamais.
Fin* Je t'aime