Disclaimer : Je ne les connais pas, je ne raconte pas leur vie.
Pas de bêta donc désolée s'il reste des imperfections...
Parce qu'on a parfois besoin d'évacuer... et qu'on le fait comme on peut...
Léger
Souffrance.En temps normal je suis inébranlable mais là… là je ne peux plus. Tout ça est trop pour moi. J’ai tellement mal que je ne sais pas comment réagir. Je ne sais plus.
J’ai appris ce matin que mon ancien petit ami s’est trouvé un nouvel amant. Et je l’ai su parce que mon ex a eu la bonne idée de poster des photos d’eux sur son site internet. Il l’a présenté à sa famille, à son fils, à ses amis. Il m’a totalement remplacé, a piétiné en un seul instant tout ce que nous avions construit, tout ce que je souhaitais encore reconquérir. La stupeur m’a cloué devant mon écran, je ne parvenais pas à croire qu’il ait pu faire une croix sur notre histoire aussi vite, alors que cela ne fait même pas deux mois que nous avons rompu. Ma première impulsion a été de lui laisser un message incendiaire, du genre : « Je vois qu’au moins un de nous deux a tourné la page. J’ai été facilement largué et vite oublié. Je souhaite bien du courage à ta nouvelle conquête. »
Mais au final je n’ai pas pu me résoudre à entrer en guerre ouverte avec lui. Je ne sais pas pourquoi au juste, peut-être parce que malgré tout je garde l’espoir que cela s’arrange entre nous. Je me suis fait la réflexion débile que son nouveau mec est plus moche que moi. A quoi cela m’avance ? Probablement à rien mais c’est comme ça.
Et puis pour ne pas inquiéter mon frère je suis descendu manger avec lui, mais maintenant que je suis devant mon assiette les aliments me paraissent fades. Pire que ça, ils ressemblent à du sable et du carton. J’avale tant bien que mal quelques bouchées avant de commencer à craquer. Les larmes dévalent mes joues et je me lève pour aller chercher un mouchoir. J’explique la situation à mon aîné en quelques mots entrecoupés de sanglots. Bien sûr Shan vient me prendre dans ses bras pour me réconforter, me dire qu’il comprend ma peine, qu’avec le temps tout ira mieux. Mais plus il me parle et plus mes pleurs s’intensifient, me secouant sans parvenir à m’apaiser.
Au bout d’un moment Shannon me frotte le dos et me repousse doucement, comme pour me faire prendre conscience que Pete ne mérite pas que je lui accorde une telle importance. Mais je l’aime ! Je l’aime et j’ai l’impression atroce de ne pas avoir compté pour lui !
Tout à coup je ressens le besoin brulant, brutal et primaire, de tout casser autour de moi… de mettre mon environnement en accord avec ces sentiments qui bouillonnent à l’intérieur de mon cœur. Je jette rageusement ma serviette de table que je tenais encore à la main mais elle ne fait aucun bruit en atterrissant sur le sol, ne dégage aucune fureur, aucune douleur. Alors j’attrape la chaise la plus proche de moi et la fracasse par terre, faisant sursauter mon frangin.
Je ne me contrôle plus, je ne réfléchis plus, je sais juste – instinctivement – qu’il faut que j’évacue cette douleur qui est en train de me tuer à petit feu. Les assiettes échappent à mon courroux, trop petites, elles ne peuvent pas pleinement exprimer ce que je traverse. Mes yeux parcourent la cuisine à la recherche de quelque chose à briser, quelque chose d’assez gros pour laisser exploser mon chagrin. Mais il n’y a rien. Rien. Ou plutôt si, il y a ce que j’ai de plus précieux. Ma voix.
Je n’ai pas conscience d’avoir eu la volonté de me mettre à hurler mais mon premier cri résonne pourtant déjà dans la pièce, fort, plus fort que sur scène, plus fort qu’en répétition. Faux aussi. Je ne cherche pas à vocaliser, juste à crier à m’en briser la voix. Je hurle et hurle encore alors que Shan s’affole et me prend les mains, me suppliant d’arrêter. Mais je ne peux pas, c’est impossible, ce n’est plus mon esprit qui s’exprime, c’est ma peine. Et elle est si intense que je sens que je ne suis pas prêt d’arrêter de m’égosiller. Je sais aussi que je serais incapable de reproduire ces hurlements ‘à froid’ tellement ils sont empreints de souffrance. Je hurle comme un animal blessé, et c’est ce que je suis. Je suis tellement blessé dans mon cœur, dans ma tête et dans ma chair que je n’ai plus grand-chose d’humain. Je dois d’ailleurs probablement ressembler à un fou mais je m’en fiche comme de mon premier médiator. Peu importe si mes traits sont déformés par ma rage et mon supplice, peu importe si mes prunelles ont subitement une lueur de démence tout au fond de leur habituelle couleur bleue, peu importe si je me brise la voix au point de mettre le groupe en péril.
Parce que sans Pete, sans son amour et sa présence à mes côtés rien ne vaut la peine d’être vécu. Parce que le fait qu’il m’ait si vite remplacé me montre que j’ai bien moins compté pour lui que ce qu’il compte pour moi. Parce que l’eau froide que me jette mon frère à la figure pour essayer de me calmer ne me fait rien.
Je continue à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler, à hurler.
Et quand enfin je finis par m’arrêter il me reste juste assez de force pour murmurer d’un timbre qui ne sera plus jamais le même :
- Je veux mourir.
FIN