Une fic, écrite en catastrophe, pour éviter un suicide à ma Glasgow que j'ai déprimée (
) et parce que MAPI boude. J'espère avoir arranger mon cas, les filles !
Titre : Doutes, vin rouge & découvertes.
(Je suis payée très chère pour écrire des titres de comédies romantiques franco-belges.)Rating : G ; rien de choquant, sauf du bon vin gaspillé.
Disclaimer : je ne connais aucune des personnes qui prennent place dans ma fic. Je ne me fais aucun argent.
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Rassemblés autour d’une table garnie des plats du meilleur traiteur londonien, Jude et Robert échangeaient régulièrement quelques regards complices lorsque Susan et Sienna se confondaient en amabilités. Raillant les manies de leur compagnon, elles semblaient sur le point de nouer un début d’amitié ou, tout du moins, une sympathie profonde l’une pour l’autre.
Se réservant allégrement en vin français, Robert tenta de lire vainement l’étiquette et écorcha odieusement le nom du domaine viticole. Hilare, Jude le resservit une nouvelle fois avant de céder la bouteille à sa fiancée. Le camp féminin n’avait décidément rien à envier à leurs homologues masculines : les verres se vidaient presque aussi vite qu’ils se remplissaient. Vantant même la qualité des vins français, Sienna proposa à son conjoint de remonter quelques bouteilles de leur cave.
- Je t’accompagne !
Talonné par Robert, le Britannique descendit les escaliers. Refermant délicatement la porte derrière eux, l’Américain se jeta au cou de son amant. Embrassant son menton, dévorant ses lèvres, il se colla à lui quand Jude le reprit, à contrecœur :
- Tu vas ruiner ta coiffure et chiffonner ma chemise !
- Excuse-moi, j’oubliais : je suis venu pour prendre une bouteille, pas te prendre toi.
Sans le fusiller du regard, Jude le dévisagea néanmoins, surpris de cette déclaration bien cavalière. Retournant aux étagères, il fouina après quelques bouteilles précises. Il lui arrivait de sourire discrètement en repensant à l’invitation de son aîné. Appuyé contre le mur en pierre, Robert rêvassait. Jude s’inquiéta subitement de son silence :
- Je pensais juste au fait que… C’est chouette qu’elles s’entendent bien, n’est-ce pas ?
- Oui, c’est plus sympa ainsi. Répliqua mollement Jude en extirpant deux élues des étagères. Je préfère autant que l’amant de ma fiancée ne déteste pas mon épouse.
- Pardon ?
- Que l’épouse de mon amant ne déteste pas ma fiancée ! Je ne m’y retrouve plus dans ce bordel…
- Un joyeux bordel. Admit Robert, amusé. Tu penses qu’elles se doutent de quelque chose ?
Tendant l’une des bouteilles qu’il tenait en main, Jude haussa les épaules à l’intention de son ami. Si les deux femmes étaient effectivement au courant, elles n’auraient guère tardé à leur en parler. A moins que la situation ne les gêne nullement et qu’elles aient décidées de passer cette histoire sous silence. Dans les deux cas, cette relation clandestine demeurait un véritable plaisir.
S’embrassant tendrement une dernière fois, ils rejoignirent leurs compagnes. Celles-ci discutaient avec passion d’un défilé dont aucun des deux hommes n’avaient encore entendu parler. Capitulant de rejoindre le débat, ils remplirent une nouvelle fois leurs assiettes et trinquèrent, malicieux, à leur amitié.
La soirée s’écoula dans la décontraction la plus totale. Malheureusement, cette plénitude ne sembla guère pouvoir durer : un incident délicat vint perturber l’ambiance légère de ce repas entre amis. Reposant son septième – ou huitième, ou peut-être plus – verre de vin, Robert en renversa le contenu qui, dans sa malchance habituelle, vint se répandre sur la robe bustier blanche immaculée de Sienna. Choquée ou tout au moins surprise, celle-ci recula brutalement de sa chaise et se plaignit de la tâche qui s’étalait déjà sur une grande partie du décolleté. Se confondant en excuses, Robert se renfrognât deux fois plus lorsque Susan entreprit, elle aussi, de le sermonner sur sa maladresse et sa tendance abusive à boire plus que de raison. Alors que la demoiselle chancelait en accusant de «
poivrot » son mari, Jude se retint de rire, conscient qu’ils étaient quatre à avoir trop bu.
S’enfermant dans la salle de bain, les deux femmes demandèrent à ne pas être dérangées, consacrant l’énergie qui leur restait à limiter les dégâts sur cette robe hors de prix :
- Au moins, on reste à deux et on a la paix ! Réagit bassement Robert en trinquant avec Jude. Je réglerais la note du teinturier, qu’elle ne s’inquiète pas trop.
- Je déteste cette robe, je la trouve trop vulgaire. Elle en a de toute façon des dizaines comme celles-ci.
- Les femmes ! Les femmes ! Désespéra l’Américain en levant les yeux au ciel. Mais qu’est-ce qui me retient de devenir homo, une bonne fois pour toutes !
- Ta superbe épouse dont tu es follement amoureux ?
- Un point pour le beau blond devant moi.
Partageant un sourire amusé, ils s’échangèrent quelques regards lourds de sens. L’absence des jeunes femmes les inquiéta néanmoins ; se levant exactement au même moment, sans se consulter, ils s’avancèrent vers la salle de bain de cet étage. S’arrêtant à proximité de la porte, ils retinrent leur souffle : elles pouvaient très bien bavarder à leur sujet. La curiosité piquée au vif, les cœurs battants la chamade, ils collèrent l’oreille contre le bois peu épais de la porte : un éclat de rire brutal et joyeux les fit sursauter.
Se consultant brièvement, sans un mot, Jude posa la main sur la clinche et les observa à travers l’embrasure. Déglutissant difficilement, il sembla capter un élément que Robert ne pouvait voir d’ici. Reculant en titubant, l’air mi-surpris mi-affolé, il s’écarta pour laisser la place à l’Américain tandis qu’il se laissait tomber sur le parquet, en tailleurs.
Inquiet, Robert se pencha en avant et se tint appuyé contre le mur, observant dans un silence religieux ce qui pouvait se dérouler de l’autre côté de la porte. La robe ouverte jusqu’à la cuisse, Sienna se tenait debout, une main sur la poitrine. Une main qui n’était pas à elle ; il s’agissait bien de celle de Susan dont l’homologue droite reposait sur la nuque de la blonde. Lèvres contre lèvres, elles gémissaient, poussaient de petits rires et semblaient apprécier l’instant. Se séparant finalement, Sienna porta sa main dans les longs cheveux bruns de son amie et écarta l’une des mèches, venant la déplacer derrière l’oreille, avec douceur :
- Je n’aurais jamais osé une telle chose sans avoir bu, tu sais.
- Moi non plus. Mais ce n’est pas plus mal. Reconnut Susan en collant sa joue contre la paume brûlante de son amie.
- Tu crois que les garçons se doutent de quelque chose ?
Un cri à peine étouffé s’échappa de la bouche des deux hommes. Remontant rapidement son vêtement, Sienna sursauta tandis que Susan s’avançait vers la porte. Déboussolés, Jude saisit la main de Robert dans la sienne et demeura prostré, sur le sol. L’Américain fit de même, se plaquant contre le mur : non, décidément, ces deux-là ne se doutaient de rien.
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J'espère avoir su vous divertir quelques temps... histoire d'oublier "Qui vivra verra"