Forum - Le Monde du Slash

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 Sujet du message: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 26 Juil 2010 10:03 
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Inscription: 07 Juin 2009 19:41
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Après un long moment d'absence, une histoire sur nos deux charmants acteurs. Et là, depuis quelques temps, je me dis que je vieillis niveau slash : quand j'ai commencé à écrire, on ne devait pas s'encombrer de Sienna Miller. :roll:

Une petite dédicace à Glasgow qui a su nourrir les catégories "Sherlock Holmes" & "RDJude" des plus belles fics ! :bravo:

Titre : qui vivra verra
Rating : PG-13
Warning : très légère violence, angst.
Résumé : Eh bien... Let's say : toutes les bonnes choses ont une fin.
Disclaimer : Je ne connais pas la vie de ces deux hommes, ni de leurs compagnes.

▲▼

Une chose prend fin, une autre chose commence
et c’est la même qui continue, autrement
.

▲▼


Assis sur le balcon de la chambre d’hôtel, une jambe repliée vers lui et la cigarette se consumant entre ses lèvres, Robert regardait les lumières de Londres qui s’étalaient devant ses yeux ; perturbantes comme autant de lucioles insolentes au beau milieu de la nuit noire. Frissonnant, il boutonna à moitié la chemise qu’il avait enfilée en quatrième vitesse, pressé de satisfaire ses pulsions nicotiniennes.

Dos à la suite, il ne vit pas son compagnon se faufilant, à son tour, sur le balcon. Restant loin de la fumée grisâtre, au parfum étrangement mentholé, l’inopportun l’observa. La chair de poule agitant la peau de ses bras, il ne savait guère à qui attribuer cette manifestation : aux étés frisquets d’Angleterre ou à l’émotion de l’instant.

- Tu fumes des cigarettes au menthol, maintenant ? Tu m’as toujours dit qu’elles étaient écœurantes. Questionna l’inconnu, du bout des lèvres, conscient que la moindre remarque pourrait être le point de départ d’une dispute dévastatrice.
- Les gens changent, Jude. Les choses changent, n’est-ce pas ?

Rien ne dure éternellement, c’était un fait. Ainsi, l’idylle passionnée de ces deux hommes s’effritait de jour en jour. Les rendez-vous en cachette, les doubles numéros de téléphone, les rôles qu’ils tenaient n’avaient plus rien d’amusant à leurs yeux. Ils devenaient même franchement pesants. Les conflits, les bagarres même, étaient devenues fréquentes. Chacun se dérobait à l’invitation de l’autre, renonçant à une entrevue toujours plus chaotique qui minait le peu d’amour qu’il restait entre eux :
- C’est parfois très moche, le changement. Admit Jude, pensif, penché au-dessus de neuf mètres de vide, le cœur décidément trop lourd.
- C’est toujours moche quand une histoire se termine.

Ils noyaient le poisson, ils tournaient autour du pot. La vie ne serait bientôt plus vivable ; leur union agonisait plus que jamais. Cette relation clandestine s’essoufflait et ils n’avaient même plus la passion nécessaire pour la réanimer. Ils n’osaient cependant jamais en parler ouvertement ; la fin était inévitable mais bel et bien douloureuse. Plusieurs mois d’amour laissent des traces et, avec une nostalgie certaine, ni l’un ni l’autre ne semblait pressé de déclarer sa fin.

S’asseyant sur la rambarde, oscillant dangereusement vers le vide, Jude rétablit finalement son équilibre sous les yeux inquiets de son compagnon. S’asseyant pareillement à ce dernier, il fixa les mêmes lueurs nocturnes qui s’étendaient à perte de vue. Robert écrasa son premier mégot et alluma directement une deuxième cigarette ; le visage faiblement éclairé par la flamme orangée de son briquet, une volute de fumée grise s’en échappa, le dissimulant aux yeux du Britannique. Triste métaphore de leur situation amoureuse : tout s’ébranlait, s’écroulait et retomberait bientôt en cendres. Cendres probablement fertiles qui nourriraient leur mariage respectif. Aussi révoltant et grégaire que cela puisse paraître, il y aurait un trop plein d’hormones et de sentiments dont il faudrait bien se débarrasser.

- La ville est vraiment magnifique. Commenta, nostalgique, l’Américain en s’ébouriffant les cheveux. Elle me manquera, à coup sûr.
- Rien ne t’empêchera d’y revenir de temps en temps.
- Tu sais très bien qu’elle ne sera plus la même. Je laisserai bientôt une ville pleine de souvenirs et quand j’y reviendrai… Elle ne sera plus qu’une ville morte.

Robert avait ponctué sa réplique d’un regard lancé sous les mèches de cheveux sombres ; s’appuyant de nouveau au mur qui séparait les différents balcons, il laissa une jambe traîner dans le vide. Position ô combien dangereuse mais qu’il aimait. La sensation d’être sur une corde raide, sur un fil en équilibre précaire :
- Alors ainsi tu vas te marier !

La déclaration si soudaine fit sursauter le jeune Anglais. Basculant presque, apeuré, il décida finalement de s’installer en tailleurs à proximité de la baie vitrée. De cet endroit, il avait une parfaite vue sur son compagnon. Magnifique homme, songea Jude en devinant sous les vêtements enfilés à la hâte le corps fourbu des ébats qui venaient d’avoir lieu.

- Oui. Je vais me marier… Murmura, en guise de réponse, le jeune homme.
- Tu te sens comment ?

La voix que Robert avait empruntée pour sa question était complètement neutre et dénuée de reproches ou de double-sens. Se questionnant un instant, pour la forme, sur ses sentiments, Jude lui répondit au bout de quelques secondes :
- Anxieux… Mais impatient. Heureux aussi… D’avoir retrouvé celle après qui j’ai tant couru.
- Je suis content pour toi.

L’Anglais abandonna l’idée de déterminer si cette réponse était, oui ou non, sincère. Le temps semblait suspendu ; étrangement, peu de bruit venait troubler leur non-conversation. La ville avait peut-être compris, elle aussi, la gravité de la situation et la douleur de l’instant qui s’étirait plus que jamais dans des discussions stériles :
- En vérité, ça te fait quoi… l’idée que j’épouse Sienna ? Tu ne prononces même jamais son prénom. Je voudrais savoir ce que tu ressens vraiment. Comprendre pourquoi on devient si distant, jour après jour…

Le ton était volontairement doux, il fallait limiter la casse tant que possible. Inutile de faire intervenir le personnel de l’hôtel pour une bagarre qui dégénérerait, une fois de plus, et de risquer de faire la couverture des journaux people :
- Tu veux vraiment le savoir ? Je me sens comme Holmes, la veille du départ de Watson… qui s’en va rejoindre Mary.
- A la différence de Holmes, tu es marié également. Ca n’est pas du tout la même chose. Commenta Jude en dévisageant son compagnon. Mais développe, je t’en prie. Il nous reste six heures et on ne peut tout de même pas tuer tout ce temps dans les draps.
- Abandonné, un peu. Bien sûr, je suis marié ! Mais à la différence de ta… fiancée, Susan n’était absolument pas contre le fait de poursuivre cette aventure. J’ai conscience qu’on vivait quelque chose de bien curieux – l’emploi du passé sembla leur faire mal à tous les deux – et que très peu de femmes accepteraient un tel accord mais… Enfin soit. La clandestinité s’arrête là. Et je me sens perdu. Exactement comme Holmes. Et j’en deviens agressif, parfois.
- Tu n’es pas Holmes.

Cette déclaration arracha un maigre sourire à Robert, le premier de la soirée, accompagné d’un haussement d’épaules :
- Je nous trouve quelques points communs.
- Tu n’es pas détective.
- Je cherche depuis quarante-cinq ans à répondre aux mêmes questions… genre, quel enfoiré a pu me faire aussi borderline, me donner envie de tenir des seins en mains autant que de croquer le cul des garçons… Ou de me rendre accroc à la drogue à un âge où les autres jouent aux billes.
- Tu ne te drogues pas !
- Plus. Et qu’est-ce que tu en sais ? Puis l’alcool, les clopes, le sexe, c’est une dope aussi valable que la cocaïne.

Jude soupira, il ne souhaitait guère entrer dans le jeu de Robert. Se redressant, il s’appuya contre la balustrade, à quelques mètres de son compagnon :
- Holmes et Watson n’étaient pas amants. Nous ne sommes pas les héros de Doyle.
- Tu en es certain ? Répliqua l’Américain, le visage tourné vers la ville. Ils auraient pu l’être tout en étant obligés de se cacher ; ils souffraient peut-être des préjugés de leur époque et se réfugiaient alors à Baker Street, en clandestins… amoureux.
- Bon Dieu, Robert, ce sont des personnages de roman ! Si l’histoire ne te plait pas, si elle ne se termine pas assez bien à ton goût, tu déchires les pages ! Dans la réalité, tout s’effondre pour nous… et on ne peut rien faire pour l’empêcher.

Jude ressentit une violente envie de pleurer, de s’écrouler pour de bon, en interceptant le regard noisette, les prunelles humides sur lesquelles s’abattirent les longs cils noirs. La dernière lueur vacillait, prête à s’éteindre. S’extirpant de sa position délicate, debout sur deux jambes qui le portaient tant bien que mal, Robert haussa les épaules et laissa ses bras retomber, ballants, à ses côtés :
- Je sais. J’ai envie de tomber à genoux, devant toi, de te supplier de lâcher ta fiancée, de rester à mes côtés, de la forcer à accepter notre histoire mais tu ne le ferais pas. Et tu aurais totalement raison. Je pourrais aussi me plaindre, me morfondre et tremper ta chemise par des litres de larmes mais ce n’est pas ainsi que je souhaite que cela se termine. On a vécu une très belle histoire, elle s’achèvera bientôt et… j’aimerais une belle fin.

Impuissant, révolté, Jude se lança sur lui, lui assénant plusieurs coups de poing au torse, dans le ventre, aux épaules. Il se défoula pour de bon, redoublant de rage et de colère, dans un silence cuisant que seuls les sanglots et la respiration saccadée venaient rompre. A la différence des autres disputes, Robert se laissa faire. Il encaissa, tant bien que mal, les frappes parfois fortes et douloureuses de son compagnon. Il l’attrapa même, l’entourant de ses bras et le serrant contre lui, s’accrochant désespérément à son amant. L’un des poings vint heurter son sternum, lui coupant le souffle, le pliant en deux. Il n’eut pas le temps d’éviter celui qui lui ouvrit la lèvre inférieure, répandant un goût ferreux dans sa bouche, un goût de sang. Jude s’arrêta subitement et recula, apeuré :
- Je ne voulais pas ! Je suis désolé !

Dépliant la manche de sa chemise blanche, il vint éponger la blessure douloureuse. Le sang perça et macula bientôt le lin, empourprant autant l’étoffe que les joues du jeune homme :
- Il n’y a pas de mal. Cela ne saigne déjà plus… Ce n’est pas ce qui me fera le plus souffrir dans l’histoire.

Robert regarda longtemps la tâche qui se diffusait, de fibre en fibre, jusqu’à s’étendre sur une bonne partie de la manche. Soupirant, il attrapa un Jude tétanisé par l’épaule et le serra de nouveau contre lui :
- Viens. Je ne t’en veux pas ; je ne peux pas t’en vouloir.
- Tu me manqueras trop. Murmura l’Anglais, le visage contre l’épaule de l’Américain.
- On ne peut pas continuer comme ça. Ta fiancée-là… Sienna, elle ne t’attendra pas éternellement. Elle a l’air chouette, intelligent, douée. Puis, c’est un joli brin de femme.
- T’en pense pas la moitié, Rob. Accusa Jude, entre rire et larmes.
- Oh… Et puis merde !

Lui prenant le visage entre les mains, Robert l’embrassa voracement. Dévorant pleinement la bouche, geignant de sentir les dents du Britannique sur sa lèvre blessée, il le goûta follement, se détendit lorsque sa langue rencontrant sa jumelle. Jude ferma les yeux à s’en fendre les paupières, le ventre noué, les ongles plantés dans la peau de son compagnon. Dans un chaos terrible, dans un enchevêtrement de bras, ils avancèrent jusque dans la chambre. Débarrassant d’un revers de la main le bureau derrière lui, Jude fit chuter le cendrier, les papiers et la trousse de toilette qui y trônait. S’asseyant en toute hâte, il sentit la main de l’Américain se perdre sous sa ceinture. Puis une sensation agréable, chaude, réconfortante. Une pluie d’étoiles pour remplacer les larmes, puis la fougue : les jambes enroulées autour de la taille svelte de Robert, les reins en feu, le dos appuyé contre un mur. Violent, passionné, comme il y a des mois. Grimper plus haut, quitte à sombrer dans la folie, mais faire de cette chute inévitable la plus longue et la plus belle qui soit.

Jude n’avait jamais imaginé une quelconque fin à leur couple jusqu’à il y a peu ; secrètement, entre deux allées et venues, il se fit la remarque que, cette nuit, ces ébats un peu gauches et éperdus étaient certainement le plus beau point final qui existe. La boucle était bouclée, en somme.

▲▼


Allongé sur le ventre, les draps rejetés jusqu’aux fesses, Jude dormait à poings fermés. A côté de lui, Robert profitait de la faible luminosité de l’extérieur pour contempler le visage qu’il ne trouverait bientôt plus sur l’autre oreiller. Si les dernières semaines n’avaient rien du nirvana, il regrettait néanmoins les bons moments, la douce époque. Il ne lui resterait au petit matin qu’une séparation à l’amiable et un paquet de beaux souvenirs.

En attendant, il s’émouvait de le voir dormir à ses côtés une dernière fois. De voir ses boucles blondes sur l’oreiller, son sourire timide, ses poings fermés, d’entendre sa respiration calme et apaisante. Un pincement au cœur, Robert remonta le drap sur ce corps frissonnant qu’il avait tant aimé et auquel, d’une certaine façon, il avait rendu hommage ce soir.

Frôlant les épaules, il vit son compagnon gesticuler, sans se réveiller, mâchonnant ses lèvres. Adorable manie. Adieu aussi, ces petits manières distrayantes, touchantes. Adieu ces caresses au milieu de la nuit, dans l’anonymat de l’obscurité et du sommeil. Adieu, Jude.

- Adieu, toi et tes foutus yeux à tomber.

L’âme en peine, le cœur douloureux, Robert l’admira une dernière fois, conscient que les bras de Morphée se resserraient autour de lui pour lui amener le réconfort qu’il cherchait :
- Elle est belle ta promise, mais… C’est vrai, j’en pensais pas la moitié. Pas même le quart. Elle, elle oubliera certainement de te verser du lait dans ton café du matin. Elle ne te prendra pas dans ses bras quand tu pleures devant un film. Sans parler des araignées dans ta chambre, elle ne doit pas être le genre à les chasser… Mais sinon, elle a l’air très bien. Elle te rend heureux, en tout cas.

Sentant sa tête s’engourdir de plus en plus, les yeux fatigués, Robert se tourna une dernière fois vers lui pour quelques mots qui pesaient trop lourd et depuis trop longtemps :

- Je ne t’ai jamais dit « Je t’aime » … C’est con, mais j’me rends compte seulement maintenant que je n’aurais pas du être aussi frileux et t’offrir toutes les déclarations que tu me demandais. Cela aurait peut-être fait la différence… Mais bon. Je pourrais peut-être le faire maintenant mais… J’ai pas envie de te le dire ici, en pleine nuit, la veille de partir. Cette phrase-là est bien trop belle pour servir d’épitaphe à une histoire. Je ne dois pas être un grand romantique...

La tête en vis-à-vis du visage de Jude, Robert lui offrit un sourire avant de s’endormir. Un sourire qui finirait bien sûr aux oubliettes, mais qui importait à ses yeux. Une manière de dire, quand les mots ne venaient guère, « Merci pour cette magnifique année. »

Les lumières de Londres se noyèrent bientôt dans les premiers rayons de soleil ; la ville qui s’éveilla ce matin là n’était plus vraiment la même. Plus aux yeux des deux hommes, en tout cas. Mais c’était bien là le cadet de leurs soucis.

▲▼


Le cœur battant la chamade, Jude vivait chaque seconde comme une brèche dans le barrage qui les retenait encore. Observant son ancien compagnon – fallait-il déjà l’appeler comme ça -, les joues couvertes de mousse à raser, faire courir la lame sur sa peau là où ses lèvres frôlaient autrefois. L’Américain eu même la force de lui sourire, sincèrement, en l’apercevant à côté de son propre reflet. Contemplant celui-ci, Robert retourna finalement à son image : les traits un peu tirés, la lèvre encore gonflée, ses yeux semblaient porter en eux toute la détresse du monde. Et pourtant, là où il l’imaginait éteinte, la dernière lueur n’y vacillait plus. Elle se tenait droite et fière. Une fichue flammèche qui embraserait ses souvenirs, le brûlant parfois de l’intérieur. Mais il n’en avait que faire.

Rassemblant ses quelques affaires, Jude profita d’un instant d’inattention pour dissimuler la chemise blanche que son amant portait la veille, sous les draps. Une valise sous le bras, Robert lui fit face une dernière fois. Ils partagèrent un dernier regard. Juste assez distant pour ne pas pleurer, suffisamment proche pour ne pas les blesser :
- Hey Jude, don’t make it bad. Murmura l’Américain, avec un demi-sourire.
- Je te chanterai volontiers une chanson avec ton prénom si j’en connaissais une…
- Inutile. Reconnut Robert, en se tournant vers le couloir. A un de ces jours, mon grand.

La gorge décidément trop nouée, seul un son étranglé sortit de celle de Jude qui déplia une malheureuse main pour lui faire un signe. Recroquevillant finalement ses doigts lorsque la porte se referma pour de bon, Jude se laissa glisser peu à peu, dos contre la porte. Rampant presque jusqu’au lit, il récupéra la chemise, les yeux humides. Tirant de toutes ses forces, il arracha la manche. Les fibres cédèrent une nouvelle fois, à hauteur du poignet. Conservant un carré de tissu qui devait faire une dizaine de centimètre sur autant, il regarda la tâche pourpre, le sang versé la veille. Portant l’étoffe jusqu’à son visage, il huma ses propres souvenirs. Ceux qui ne le lâcheraient pas de si tôt.

▲▼


De l’autre côté de la porte, Robert attendit une minute entière, le souffle coupé. Le poing à hauteur de la porte, prêt à s’abattre sur elle. Fermant les yeux, il déglutit difficilement et laissa finalement retomber son bras, le long de son flanc. Un « Je t’aime » accroché aux lèvres, incapable d’en chuter.

Arpentant le couloir, prostré, la tête dans les épaules, il s’arrêta à hauteur d’un des miroirs qui décoraient les murs crème de l’hôtel : la lueur était pourtant toujours là. Les questions s'y tenaient aussi ; oublierait-elle vraiment le lait dans son café, le matin ? Le tiendrait-elle contre lui lorsqu'il regarderait l'une de ces horribles comédies dramatiques anglaises ? Chasserait-elle les araignées, sans les tuer, de sa chambre lorsqu'il paniquerait ? Probablement pas. Probablement que oui. Il n'en savait rien après tout. Mais, tout comme lui, il savait qu'elle se tiendrait sûrement éveillée, parfois, au beau milieu de la nuit, en caressant son corps pour finalement se dire qu'il est le plus beau. Et pour ça, rien que pour cette fichue conviction, il était prêt à se sacrifier et à le laisser entre les mains de sa belle. C'était peut-être là sa vision du romantisme, sa faiblesse qu'il cachait aux yeux de tous. Même de celui qu'il avait aimé. Et qu'il aimait encore, ou pas. Il n'en savait rien non plus.

Un soupir s'échappa de ses lèvres :
- Qui vivra verra...

▲▼

Il y aura toujours quelque chose de toi
Qui restera en moi
Tu seras toujours dans mes rêves, mes rides
Mes goûts, mes choix,
Il y aura toujours un matin câlin
Que j’trainerai partout
Il y aura toujours quelque chose de toi, de nous

Il y aura toujours quelque part un vide
Qui s’remplit pas en moi
J’passerai mon temps à m’dire,
Tu vois, ça aurait du être toi
Il y aura toujours une nuit infinie
Qui m’suivra partout
Il y aura toujours quelque chose de toi… de nous

▲▼


1° La citation au-début est une phrase de Christian Bobin.
2° L'extrait à la fin est une chanson d'Axelle Red, Toujours.

J'espère que cette fic ne vous a pas trop miné le moral. J'ai souvent écrit le début de leur histoire, je souhaitais, pour une fois, en écrire la fin. :wink:

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Kami 2.0 || «Il ne faut jamais faire de littérature, il faut écrire et ce n'est pas pareil.» C. Bobin

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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 26 Juil 2010 11:09 
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Ouh là... ça commence à devenir grave !
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Inscription: 06 Mai 2010 12:45
Messages: 3655
Localisation: mon coeur, lui, est toujours à Londres en tout cas
Kami a écrit:
Une petite dédicace à Glasgow qui a su nourrir les catégories "Sherlock Holmes" & "RDJude" des plus belles fics ! :bravo:

:oops: Merci beaucoup

Passons à ta fic à présent :verysad: Aaahhh! mais c'est quoi ça? Je crois qu'un OS ne m'a jamais fait pleurer à ce point (je dis bien un OS, parce que je ne me suis pas encore remise de "Echec et mat", décidément c'est toujours tes fics...). Je sais, c'est nul de se mettre dans un état pareil pour une simple fiction, mais justement, en la lisant j'avais pas l'impression que c'était juste une fiction. J'avais envie d'aller les secouer et tenter de les faire réagir, parce que bon sang, c'est clair qu'il y a encore des sentiments entre eux. Y a pas à dire, je préfère définitivement le début de leur histoire (quoi qu'avec toi c'est pas toujours gai non plus :wink: ) que la fin. Même une fin aussi belle.

Bref, ta fic est sublime, mes larmes en témoignent, et même si j'ai le moral au ras des pâquerettes eh bien j'ai adoré :bravo:
Comment, mais comment tu fais pour écrire des choses aussi merveilleuses?

En tout cas un immense merci pour ce moment que je viens de passer. Me reste plus à présent qu'à tenter de m'en remettre et de ramasser mon petit coeur brisé en mille morceaux :(

Vivement la nouvelle fic de ce couple, en espérant que ça sera un peu plus joyeux.

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"When I'm not writing, I'm dying" Neil Diamond

"Reading is one of the joys of life and once you begin, you cannot stop." Benedict Cumberbatch


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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 26 Juil 2010 11:33 
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Dieu du slash ! Prosternez-vous !
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Inscription: 06 Mai 2006 18:50
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Rhooo mais c'est trop triste ! Je boude jusqu'à ce que tu nous écrives une histoire plus joyeuse avec eux ^^

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Co-fondatrice de l'Alliance des Sadiques
La torture des pouffes c'est bien, celle des doudous c'est encore meilleur !

ALEPICFICS, forum uniquement consacré aux picfics


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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 26 Juil 2010 17:47 
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Inscription: 17 Jan 2004 13:57
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Localisation: ♫ J'ai longtemps cherché un paradis sur Terre... ♫
Très belle fic, superbement bien écrite mais trooooooop triste ! :cry:


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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 27 Juil 2010 10:09 
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Pas encore atteint(e)... mais presque

Inscription: 16 Juin 2010 11:55
Messages: 1216
:mouchoirs:

Alors là, franchement, je ne sais pas quoi dire à part que j'adore et que c'est magnifique !! J'aime beaucoup ce genre de fic d'amour inavoué, de sacrifice et de douce violence... Et puis, avec ta plume, c'est tout simplement grandiose et si émouvant ! Alors là, je suis sous le charme !!

:bravo: :bravo: :bravo:


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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 28 Juil 2010 17:36 
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Le slash, kesako ?
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Inscription: 12 Juil 2010 22:00
Messages: 67
Waaa et ben ça fait plaisir de lire des trucs bien écrits, parce qu'il faut avouer que c'est parfois difficile à trouver sur le net :roll: Mais là j'adore: la violence des sentiments qui se terminent, mais qui se battent pour exister encore malgré tout, la déchirure, l'amertume... Bravo! Effectivement sortez les mouchoirs, mais c'est quand même surtout à l'émotion qu'elle peut procurer qu'on reconnaît une belle fic ou simplement une belle histoire.


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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 28 Juil 2010 18:09 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?

Inscription: 10 Juil 2010 23:26
Messages: 172
c'est tellement beau mais c'est aussi tellement triste :cry: pourquoi elle existe Sienna? Il seraient tellement mieux à deux. En touts cas trés belle fic j'avais carrément les larmes aux yeux et pourtant je suis loin d'être sensible :bravo:

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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 28 Juil 2010 18:20 
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Le slash, kesako ?
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Inscription: 27 Juil 2010 19:23
Messages: 11
:verysad: C'est horriblement beau, et destestablement magnifique...

Vraiment bravo un style d'écriture très fluide ! Pas trop lourd. Tu sais rester entre le trop simpliste et le trop compliqué c'est vraiment....wahou !

Mais bon...c'est...triste. Mais bon quelque part c'est très réaliste parce que ça pourrait arriver...ou pas.

Alors en gros un très très grand bravo ! :bravo: :bravo:

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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 06 Jan 2012 19:28 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Inscription: 30 Déc 2011 00:51
Messages: 306
Localisation: Quelque part, au dessus de la Méditerranée... In a Blue Box !
C'est... C'est, c'est... C'est beau :mouchoirs: ! Mais trop triste, mais en même temps, juste bien et puis...
Nan mais vraiment, nan mais si ! C'était vraiment super... Pour une fin !
Même si honnêtement je préfère le début et le milieu d'une histoire (faut bien que ça bouge :lol: ), ta fin était, bouleversante, perturbante, magnifiquante (Il existe ce mot ?) ! J'en ai pleuré (Ouais, vois la sensiblité... :| ) mais, sans blague, c'était beau...

Bravo, et merci ! :bravo:

(PS: désolé de la review pas très très constructive... :roll: )

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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 06 Jan 2012 21:37 
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Inscription: 07 Juin 2009 19:41
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Localisation: Dårlig Ulv Stranden
Oh. Mon. Dieu. Cette fiction avait été horrible à écrire, encore plus à relire et quand j'avais lu certains commentaires, j'en étais arrivée à culpabiliser ! :lol: Néanmoins, je suis contente qu'elle te plaise. J'ai toujours eu un peu de tendresse pour cette fiction-ci. Je dois aimer les choses tristes et mélancoliques. :D

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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 15 Jan 2012 23:01 
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Le slash, kesako ?
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Messages: 58
Localisation: Derrière mon appareil photo pour tenter de prendre une zolie photo slashable
Magnifique OS, mais tellement triste ! Ca m'a presque donné envie de pleurer...
Ecrire la fin de leur histoire était intéressant, mais je préfère quand même quand ça finit bien :wink:

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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 22 Jan 2012 20:40 
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Le slash, kesako ?
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Messages: 30
Localisation: Entre James & Michael !
Je vais essayer de faire quelque chose de constructif, mais là, je suis un peu trop... Emue pour le faire, je crois.
Déjà, j'ai tout fait à l'envers, j'ai lu "Doutes, vin rouge & Découvertes" avant celle-ci. Et je comprends Glasgow ! XD

Ensuite, y'a pas a dire, tu es une des rares auteurs que j'ai lu sur le Net à avoir un - excusez moi le mot - putain de bon style! Je suis subjuguée. Réellement. Et étant une fan des fins mélancoliques et triste, je suis au Paradis, là !

Faut dire que je me suis reconnue parfois aussi, et j'aime beaucoup le début, sur le changement, et puis le milieu aussi, et la fin - ouais fin tout quoi XD !

Non sérieusement,
Citation:
- Elle est belle ta promise, mais… C’est vrai, j’en pensais pas la moitié. Pas même le quart. Elle, elle oubliera certainement de te verser du lait dans ton café du matin. Elle ne te prendra pas dans ses bras quand tu pleures devant un film. Sans parler des araignées dans ta chambre, elle ne doit pas être le genre à les chasser… Mais sinon, elle a l’air très bien. Elle te rend heureux, en tout cas.

Sentant sa tête s’engourdir de plus en plus, les yeux fatigués, Robert se tourna une dernière fois vers lui pour quelques mots qui pesaient trop lourd et depuis trop longtemps :

- Je ne t’ai jamais dit « Je t’aime » … C’est con, mais j’me rends compte seulement maintenant que je n’aurais pas du être aussi frileux et t’offrir toutes les déclarations que tu me demandais. Cela aurait peut-être fait la différence… Mais bon. Je pourrais peut-être le faire maintenant mais… J’ai pas envie de te le dire ici, en pleine nuit, la veille de partir. Cette phrase-là est bien trop belle pour servir d’épitaphe à une histoire. Je ne dois pas être un grand romantique...


Cette partie est mon coup de coeur ! J'aime vraiment le monologue de Robert, le fait qu'il le fait quand Jude est endormis - par pudeur j'imagine?

Et la détresse de Jude quand Rob ferme la porte a fait coulé les larmes que je retenais tant bien que mal !
En somme, je ne sais pas si c'est une review constructive, mais en tout cas c'est une review remplie de compliments !

Sowii.

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Fière d'être Slasheuse !


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 Sujet du message: Re: Qui vivra verra || RDJude || PG-13 (OS)
MessagePosté: 06 Mai 2014 23:11 
Hors ligne
Le slash, kesako ?
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Inscription: 23 Avr 2014 18:39
Messages: 26
Localisation: Dans le bain avec RDJ...
:maiseuh: ça donne envie de pleurer... Du coup, bah... J'adore ! :mrgreen: (je ne suis pas folle vous savez...)
Trêve de plaisanterie, c'était vraiment poignant, cette façon que tu as de les décrire, je me serais crue à leur place...

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