Voilà la suite! Je dirais bien que je suis moyennement convaincue mais je veux pas risquer qu'Aeris s'entraîne à imiter Marat sur ma tête
Comme je le disais dans le premier post, je me suis un peu laissé emporter pour le Feli/Nando
Oh et si la scène de début vous rappelle quelque chose, c'est que je me suis inspirée d'une vidéo (que je ne retrouve plus)
J'espère que ça vous plaira!
Johnny/Evan:La porte du vestiaire se referma dans un claquement sonore. C’était Johnny, Evan en était sûr. Pour une raison ou pour un autre, cet homme semblait avoir un besoin vital de se faire remarquer. Et cela même loin de la glace ou des journalistes. Evan avait fini par s’y habituer. Cela ne l’exaspérait plus autant qu’avant. Il avait cessé de lui faire des remarques qu’il savait inutiles. Mais ce jour-là, avec la fatigue de l’entraînement et la tension d’une veille de compétition olympique, il avait les nerfs à vif. Et quand Johnny se mit à chantonner un tube de Lady Gaga, ce fut trop. Evan se retourna vivement, mais sa remarque acerbe resta coincée dans sa gorge.
Johnny était dos à lui, mais il avait entrepris de se déshabiller en se déhanchant sensuellement en rythme avec l’air qu’il chantait. Il remontait lentement son pull, dévoilant peu à peu son dos. Il ne semblait pas conscient du spectacle qu’il donnait. En réalité, personne ne l’avait remarqué en dehors d’Evan qui ne parvenait pas à détacher son regard de lui. La température lui semblait être montée de plusieurs degrés. Et cela ne s’arrangea pas lorsque le pull disparut et que Johnny fit mine de s’attaquer à son pantalon. Mais au lieu de le retirer, il se retourna brusquement, plantant son regard dans celui de son compatriote. Il s’avança vers lui avec un sourire en coin et susurra :
- Tu es doué pour imiter le poisson hors de l’eau… Qu’est-ce qui se passe ? Tu ne trouves rien à dire ?
Evan referma la bouche dans un claquement sec mais ne parvint pas à sortir de sa léthargie. Johnny l’observa de bas en haut et son sourire s’agrandit.
- On dirait que le spectacle te plait, chuchota-t-il en s’approchant encore.
Les lèvres de Johnny étaient presque sur celles de son rival. Celui-ci était de plus en plus troublé et ne put que bredouiller quelques paroles inintelligibles.
- Tais-toi.
Johnny ne lui laissa pas l’occasion de désobéir car ses lèvres s’écrasèrent sur les siennes. Leur baiser n’eut rien de tendre. Ce n’était que fougue et passion. Leur relation n’avait jamais connu la demi-mesure. Après la rivalité exacerbée et la haine profonde, ils découvraient le désir de l’autre, violent, incontrôlable. Ils se séparèrent à bout de souffle et la main de Johnny se posa sur l’entrejambe d’Evan qui retint un gémissement.
- Dans ma chambre dans une heure. Ne sois pas en retard.
Aucun risque, songea Evan. Il arriverait même en avance.
Feli/NandoJe me dirige vers mon appartement d’un pas pressé. Maria me suit quelques mètres derrière moi. Je devrais l’attendre, mais je n’ai pas envie. Au contraire, j’accélère un peu. Cette femme m’agace, c’est la seule pensée que j’ai eue pour elle aujourd’hui. Chacune de ses manières m’énerve. Et maintenant qu’elle m’appelle en me demandant de l’attendre, je m’aperçois que sa voix aussi m’agace.
Pour ne rien arranger, des journalistes sont postés au pied de mon immeuble. Je me demande ce qu’ils peuvent bien vouloir, mais je ne suis vraiment pas d’humeur à être sympathique avec eux. J’ai passé la journée à satisfaire chacun des caprices de Maria et la soirée à écouter ses discours futiles, j’ai assez donné. J’ignore les flashs qui crépitent, tout comme j’ignore les questions et Maria qui m’appelle. Poser pour les photographes, elle adore ça, et peut importe si c’est pour la presse à scandales ou pour un magazine de mode. Elle veut être vue, c’est tout ce qui compte.
J’entre sans prendre la peine de lui tenir la porte qui se referme sur elle. Au point où j’en suis, je n’ai plus rien à faire de la galanterie. A peine la porte de l’appartement est-elle refermée que Maria se met à hurler. Elle me reproche ma froideur et le fait que je viens de l’humilier devant les journalistes. Elle a raison et je me sentirais coupable si elle ressentait quelque chose pour moi. A la place, je m’assieds, attendant qu’elle se taise. Je ne sais même plus pourquoi je suis avec elle, ce que j’ai pu trouver à son air vulgaire, à son corps frêle, à sa suffisance. Je ne sais même plus pourquoi j’ai tant cherché à la récupérer après notre dernière rupture. Je ne ferai plus cette erreur. Cela fait trop longtemps qu’il n’y a plus rien entre nous. Et s’il y a eu un jour quelque chose, le souvenir de cette époque est devenu si pâle qu’il a presque disparu.
Mon silence l’énerve et ses cris redoublent. Je finis par lui dire froidement que tout est fini. Elle ne veut pas l’accepter. Je m’énerve à mon tour et nous nous déchirons, déversant des mois de non-dits et de rancœur. J’encaisse, mais ses mots me blessent.
Elle finit par s’en aller et je me retrouve seul avec la douleur des reproches et des insultes. Seul, encore une fois. Il semblerait que je sois incapable d’avoir une relation stable. Et je ne comprends pas pourquoi. Est-ce que j’en demande trop ? Est-ce que je ne fais pas assez ? Est-ce que je ne sais tout simplement pas être heureux avec quelqu’un ? Et pourquoi toutes mes histoires se terminent-elles dans les cris ?
Je me sens mal. Ce n’est pas le départ de Maria qui m’attriste, j’aurais dû la quitter il y a longtemps. Mais c’est ce constat à propos de ma vie qui me désole : je suis seul. Et même lorsque j’étais avec une femme, je me suis toujours senti seul. C’est une douleur que je porte en moi depuis longtemps, mais jamais autant que ce soir je n’avais été si effrayé à l’idée que cela puisse ne jamais changer.
Je passe près d’une heure à fixer un point imaginaire devant moi avant de réaliser que je ne peux pas rester comme ça. J’appelle Nando. C’est à lui que je me suis toujours confié et il a toujours su me réconforter.
Il arrive quelques instants plus tard et nous nous asseyons côte à côte sur le canapé.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- J’ai quitté Maria.
- Encore ?!
Je le regarde avec de grands yeux. Ce n’est pas vraiment dans ses habitudes de faire ce genre de remarque. Il porte une main à sa bouche, semblant réaliser qu’il a parlé tout haut.
- Je suis désolé, je… Je ne voulais pas dire ça, je…
- Non… Non, tu as sûrement raison…
- Et… Enfin… Tu penses que c’est définitif cette fois ?
- Je… Je n’en sais rien.
- Feli… Je ne comprends pas. Quand tu me parles d’elle, c’est toujours pour te plaindre, pour me dire que vous vous êtes disputés ou que tu ne la supportes plus. Tu n’es pas heureux avec elle. Alors pourquoi à chaque fois que vous vous séparez, tu finis par te remettre avec elle ?
- Je ne sais pas… Je crois que… J’ai peur d’être seul.
- Alors tu préfères être avec une femme qui te pourrit la vie ? Je ne veux pas te juger Feli, mais je m’inquiète pour toi. Tu pourrais trouver quelqu’un qui te rende heureux.
- A quoi bon chercher ? C’est toujours pareil… Je… Je me suis toujours senti seul.
- Même quand tu étais amoureux ?
- Je ne crois pas que je l’aies déjà été, je… Je ne suis même pas sûr de savoir aimer.
Les larmes perlent dans mes yeux. Plus les années passent plus ce fardeau s’alourdit et je ne sais plus comment le supporter. Nando m’attire contre lui et me serre dans ses bras.
- Ne dis pas de bêtises. Tu n’as pas trouvé la bonne personne, c’est tout.
- Et si je ne la trouvais pas ?
- Tu la trouveras, j’en suis sûr.
Je me blottis contre lui et il caresse doucement me cheveux. Je ne compte plus le nombre de fois où nous nous sommes retrouvés dans cette position. Son étreinte parvient toujours à me réconforter. Même aujourd’hui alors que j’ai l’impression que ma vie m’échappe, il est celui qui m’empêche de partir à la dérive. Sa présence suffit à me rassurer.
- Nando ?
- Oui ?
- Merci d’être là.
- Hey, c’est rien. Tu sais que je serai toujours là pour toi.
- Oui… Tu es bien le seul… Des fois, je me demande pourquoi je cherche une petite-amie, l’homme de ma vie, c’est toi, dis-je en riant.
Il rit avec moi, mais cela sonne faux.
- Pour ça, il faudrait déjà que tu sois gay.
Son ton se veut léger, mais je le connais trop bien pour ne pas y entendre son amertume. Je ne comprends pas. Je me redresse et constate que Nando affiche un sourire forcé. Qu’est-ce que j’ai dit de mal ? Après tout, plusieurs personnes de notre entourage nous ont demandé s’il y avait plus que de l’amitié entre nous et cela ne l’a jamais dérangé. Et puis, il est gay, alors le fait qu’on l’imagine avec un homme ne peut pas le choquer. Alors quoi ?
Il fait comme si de rien n’était, mais il sait que j’ai compris que quelque chose n’allait pas. Il est tendu. Et si c’était la douleur qui le faisait réagir ainsi ? Est-ce qu’il pourrait… Non, je ne l’aurais vu. Ou pas. Je ne vois pas d’autre explication.
- Tu es amoureux de moi ?
- Hein ? Qu’est-ce… Qu’est-ce que tu racontes ?
Je l’ai connu plus doué que ça pour mentir. Son regard me fuit.
- Depuis quand ?
- De… Depuis toujours.
Il soupire et se prend la tête entre les mains.
- Je suis désolé.
- Pourquoi ?
C’est moi qui devrais l’être. Pendant toutes ces années, je n’ai rien vu. J’ai honte. Je croyais tout savoir sur lui. Je croyais être attentif. Je croyais que je pouvais voir tout ce que les autres ne voyaient pas. Et j’ai manqué ça. Je le croyais parfaitement heureux, mais il souffrait. Il souffrait à cause de moi.
- J’ai tout détruit.
- Non, bien sûr que non… Tu n’as pas à t’en vouloir.
Ma main se pose sur son épaule. Je commence à comprendre certaines choses. Le fait qu’il n’ait jamais eu de relation sérieuse, par exemple. Quand je m’en inquiétais, il me répondait toujours qu’il préférait se concentrer sur sa carrière, qu’il n’avait pas de temps à consacrer à un compagnon. Mais du temps pour moi, il en a toujours eu… Son corps tremble de ses sanglots silencieux. J’ai mal. J’ai tellement mal. Toutes ces années de silence, de souffrance. Je me sens coupable, même si je sais que je n’y peux rien.
Je ne supporte pas de le voir comme ça. Je ne pas le laisser penser que je vais l’abandonner, alors je le serre contre moi. Nous avons toujours été très tactiles et je réalise que nos gestes n’ont peut-être pas toujours eu la même signification pour lui et pour moi. Je ne suis pas sûr que cela me dérange. Moi aussi, j’ai toujours eu besoin de ces contacts. Et si c’était plus que ça ? Et si ces étreintes étaient plus qu’amicales pour moi aussi ? Et pourquoi je me pose cette question ? Parce que ça me fait mal de voir Nando souffrir et que j’aimerais pouvoir l’aider ? Ou parce que cet aveu me fait découvrir un point de vue sur notre relation que je n’avais jamais imaginé ? Je n’en sais rien. Je suis perdu. Il y a trop de choses qui se bousculent dans ma tête.
Je repense à ma plaisanterie de tout à l’heure. L’homme de ma vie… Ce n’est pas si faux, au fond. Il a toujours été là pour moi. Il sait tout de moi et personne ne me comprend mieux que lui. Je l’ai toujours aimé comme un frère. Mais si c’était plus que ça ? Et si mes échecs avec les femmes que j’ai connues étaient dus au fait que je cherchais à vivre avec elles ce que je vis avec lui ? Et si j’avais passé près de la moitié de ma vie à me mentir ? C’est trop. J’ai besoin de réfléchir, de prendre du recul. Et je n’y parviendrais pas avec Nando dans mes bras. Je m’éloigne un peu et son regard triste se pose sur moi. Cela me brise le cœur. Je n’ai pas la force de soutenir son regard et je baisse les yeux. Je m’arrête sur sa bouche, pris d’une soudaine envie de l’embrasser. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que j’espère que cela pourrait m’aider à répondre à toutes ces questions qui emplissent mon esprit. Il veut dire quelque chose mais je l’en empêche en posant mes lèvres sur les siennes. C’est étrange d’embrasser un homme, d’embrasser mon meilleur ami, mais cette impression disparaît vite quand nos langues se mêlent. Un frisson me parcourt. Mon cœur s’emballe. Ce baiser est tellement différent de ceux que j’ai connu jusque là, tellement plus fort. Mais lorsque nous nous séparons et que le regard interrogateur de Nando se pose sur moi, je suis toujours aussi perdu.
- Qu’est-ce que ça veut dire ? souffle-t-il.
- Je… Je ne sais pas…Laisse-moi le temps. Je crois que… J’ai besoin de réfléchir.
- Bien sûr…
Son regard triste me fend le cœur. J’aimerais tellement pouvoir effacer sa douleur, mais pour la première fois, je suis impuissant. Les seules paroles qui pourraient le réconforter son celles que je ne peux prononcer.
Son regard me fuit. J’ai l’impression qu’il cherche un excuse pour s’en aller, mais il n’est pas question que je le laisse faire. Je l’attire contre moi, nichant mon visage dans son cou, et nous restons silencieux quelques instants. Je ne veux pas le perdre. C’est tout ce que je sais pour le moment. J’ai besoin de lui.
- Tu veux bien rester cette nuit ?
- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.
- S’il te plaît… Je n’ai pas envie de rester seul.
- Je ne veux pas être là juste pour combler ta solitude.
Son ton froid me blesse. Je m’écarte pour accrocher son regard.
- Je ne te ferais jamais ça.
Il m’observe un instant et finit par capituler en soupirant.
- D’accord, je reste… Mais je vais me coucher, j’ai un entraînement demain matin.
Je le regarde se diriger vers la chambre où je le rejoindrai bientôt. Nous avons souvent dormi ensemble, mais je réalise à présent à quel point chacune de ces nuits a dû être difficile pour lui. Je me sens égoïste de lui infliger ça consciemment, ce soir. Tout comme je me sens égoïste de l’avoir embrassé en espérant me prouver quelque chose. Maintenant qu’il a goûté à mes lèvres, la torture de me voir si proche et pourtant inaccessible ne sera que plus grande. Je devrais peut-être lui dire de s’en aller s’il le veut, mais je ne peux pas. J’ai trop besoin de sa présence pour me rassurer, pour m’aider à espérer que notre amitié survivra.
*****
Nando dort toujours. Le soleil filtre à travers les rideaux, illuminant son visage et son corps d’une lumière douce. Je l’ai toujours trouvé beau, mais jamais autant qu’en cet instant. Les rayons dorés jouent sur sa peau lui donnant un éclat particulier, mettant en valeur les courbes de ses muscles. Ses traits détendus ont quelque chose d’apaisant.
J’ai passé la nuit à l’observer, à réfléchir. J’ai de la peine à réaliser que j’ai passé presque quinze ans près de lui sans jamais voir ce qu’il ressentait vraiment pour moi. Cela pourrait me dégoûter parce que cela remet en quelque sorte en question tout ce que nous avons vécu tous les deux. Mais je ne veux pas le voir comme ça. Car au fond, je ne sais pas ce que je serais devenu sans lui. Le fait qu’il ait pu avoir certaines pensées, que certains de ses gestes ait pu être mus par autre chose que l’amitié ne me dérange pas tant que ça, pas autant que la souffrance qu’il a dû connaître. Ce n’est pas cela qui m’a torturé l’esprit cette nuit, mais ce que moi je ressens pour lui.
Si le fait d’avoir ignoré ses sentiments pendant tout ce temps me parait fou, l’idée que je pourrais avoir ignoré les miens me parait presque surréaliste. Et pourtant… J’ai toujours passé plus de temps avec lui qu’avec mes conquêtes, c’est toujours à lui que je me suis confié, sur lui que j’ai compté, sur son épaule que j’ai pleuré, avec lui que j’ai vécu les moments les plus importants de ma vie, les plus beaux aussi. Je réalise que ma vie n’aurait pas beaucoup changé sans les femmes que j’ai connues, mais sans Nando je ne serais pas l’homme que je suis, je ne serais pas heureux. Si je le perdais, je ne suis pas sûr que j’y survivrais. Et c’est bien cela qui m’effraie. Si je sors avec lui et que ça termine comme avec les autres, j’aurais tout perdu. Mais c’est aussi cette dépendance qui me fait penser que ça fonctionnera. J’ai besoin de lui, de sa présence, de son étreinte, de son regard, de ses mots. Je ne ressens cela que pour lui. Et peut-être que j’ai voulu me le cacher. Tout comme je me suis caché que son corps, au-delà d’être beau, était aussi attirant.
Et puis, je suis de plus en plus persuadé qu’avec lui, cette solitude qui me hante disparaîtra. Quand je suis avec lui, je suis bien. Je crois que je l’aime, que je l’ai toujours aimé. Mais je n’ai pas voulu le voir. Peut-être parce que sortir avec des femmes était plus simple. Peut-être par ce que je ressens pour lui est trop fort. Je me sens vulnérable, cela m’effraie. Mais au fond, rien ne changera jamais si je ne prends pas de risques.
Je veux essayer. Je veux faire tout ce que je peux pour qu’il soit heureux. Plus je l’observe, plus le doute s’en va. Je l’aime. Alors tout à l’heure, quand je le réveillerai pour son entraînement et que ses yeux encore ensommeillés se poseront sur moi, je lui dirai. Nous serons heureux tous les deux, j’en suis certain. Et plus jamais je ne me sentirai seul.