Voici un petit one-shot. L'idée m'est venue soudainement et j'ai dû m'y atteller car ca me bloquait pour le reste!
Je suis assez motivée par ce couple en ce moment!
Alors, je vous préviens c'est du
Toi et moi contre le monde entier.Disclaimers : Je ne connais pas les personnages de ma fic, je ne raconte donc pas leur vie et je ne tire aucun profit financier de ce récit !
Une autre chambre d’hôtel… Un peu plus luxueuse, peut-être que la plupart de celles où je loge le reste de l’année. Mais nous sommes à Doha. Ici, tout est plus beau, plus luxueux.
La sonnerie de mon G.S.M. retentit dans le silence de la pièce. Un message, numéro masqué, pas de signature.
« Libre ? »
Je tape rapidement une réponse, numéro masqué, pas de signature.
« Toujours ! »
Dans quelques minutes, il sera là. Dans des moments comme ceux-ci quand je t’attends, quand tu te faufiles dans les couloirs de l’hôtel, espérant ne pas être vu, j’ai l’impression d’étouffer. J’ai l’impression que le monde entier est contre nous, que la lutte n’est pas équilibrée, que nous sommes seuls contre tous. Toi et moi contre le monde entier.
Pourtant, je sais que ce n’est pas tout à fait vrai.
Nos amis sont au courant. Rafa, David, Juan-Carlos, Tommy et Carlos. Marat aussi. Ils l’ont tous appris au fil des années et nous ont accepté comme nous étions, ont accepté notre amour. Parfois, ils nous ont même aidés à préserver notre secret.
Il y a nos familles aussi… Tes parents et ton frère savaient déjà que tu aimais les garçons bien avant le début de notre histoire. Ils m’ont accueilli chez un comme un fils et je les aime comme des parents.
De mon côté, tout a été plus compliqué… J’ai dû leur annoncer mon homosexualité en même temps que ta présence dans ma vie. Ils ont accepté mais sans comprendre. Sara et Ana étaient trop jeunes, elles te trouvaient beau alors elles t’aimaient. Mon père a eu peur pour ma carrière. Ma mère a eu peur pour moi. Peur que le secret de notre liaison ne finisse par devenir trop lourd à porter et ne deviennent un obstacle entre nous.
Malheureusement, elle a plusieurs fois failli avoir raison. En 2006, quand ça se passait moins bien pour toi sur les courts et que tu as reporté ta frustration sur moi, sur notre histoire. L’année dernière aussi quand mes doutes ont grandi et que je t’ai laissé. La pression des médias était trop forte, nos couvertures de moins en moins convaincantes et Ana était belle.
Mais pourtant, aujourd’hui nous sommes toujours ensemble et notre amour est plus fort que jamais, renforcé par ces épreuves mais aussi par ce quotidien si compliqué. Ces rencontres furtives, ces rendez-vous cachés, ces sourires dissimulés, ces baisers volés.
Trois coups frappés à la porte me ramènent à l’instant présent. Je me lève d’un bond pour aller t’ouvrir.
Je n’ose pas te regarder avant d’avoir refermé la porte derrière toi car je sais que je risque de te sauter dessus. Cela fait deux jours que nous ne nous sommes pas vus. Cette fois nous n’avons pas voyagé ensemble. Nous avions pris ce risque à Kuala Lumpur et il y a eu bien trop de photos. Alors depuis, nous tentons, encore et toujours, de cacher notre amour aux médias.
Je te sens t’appuyer contre mon dos, tes bras se glissent autour de ma taille, tes lèvres se posent dans mon cou.
- Je t’aime, Nando.
- Moi aussi, Feli… Tu m’as manqué.
Tu m’attires vers le divan, t’y assieds et me fait tomber sur tes genoux. Je me blottis contre toi et nos lèvres se trouvent finalement. Avec les années, nos baisers sont devenus moins passionnés mais plus tendre. Et cette tendresse parvient à me faire tout oublier bien mieux que la plus brûlante des étreintes passionnées. En ce moment, il n’y a plus que toi et moi… Et dans cette chambre, nous pouvons enfin être nous-mêmes. Je glisse ma main dans ta cheveux. Je les préfère plus longs. Tu me serres plus fort contre toi et ta bouche glisse le long de ma joue jusqu’à mon oreille. Tu en mordilles le lobe sachant à quel point cette caresse me plaît.
Oui, depuis le temps, nous avons appris à nous connaître. Plus de 5 ans déjà que nous sommes ensemble. Et pourtant, je m’en souviens d’une façon tellement précises que j’ai parfois l’impression de pouvoir me rappeler la douceur de tes lèvres ce jour-là.
Barcelone. Notre premier double dans un tournoi. L’attirance était la depuis longtemps. Mais aucun de nous n’avait jamais trouvé le courage ou la folie de faire le premier pas. Alors c’est le destin qui s’en est chargé. Après notre première victoire, nos entraîneurs nous avaient conseillés de nous reposer mais nous étions bien trop excités. Alors, en cachette, tu étais venu me rejoindre dans ma chambre. J’avais réussi à piquer des bières dans le minibar de mon kiné. On s’est installé devant la télé, on a bu un coup, on a discuté… Une soirée comme tant d’autres avant. Assis sur le lit… Peut-être plus proches que d’habitude. Tu t’es tourné vers moi, nos regards se sont accrochés et ne se sont plus jamais lâché. Chacun à fait sa part du chemin jusqu’à ce que nos lèvres se touchent. Et ce baiser a été si doux, si tendre que le souvenir continue de me faire frissonner.
On s’est embrassé longtemps. Comme si le voile qui obscurcissait notre vision s’était enfin déchiré. Comme si enfin, l’évidence de notre attirance l’un pour l’autre nous apparaissait. Il n’était pas question de mettre cela sur le compte de l’alcool, nous avions à peine terminé notre premier bouteille. C’était juste la magie d’un instant.
Tu n’as pas rejoint ta chambre ce soir-là. On s’est câlinés longtemps, finissant, au bout de la nuit, par nous avouer notre amour. Puis, tu as dormi dans le divan. Et, le lendemain, quand, à peine réveillé, je suis allé dans la salle de bain et que mon regard s’est posé sur ta silhouette allongée, j’étais le plus heureux des hommes.
Je souris en me remémorant ce souvenir et je sens ton regard se poser sur moi.
- A quoi tu penses ?
- A notre premier baiser.
- On était bien sages à l’époque, hein ?
Alors que tu dis cela, ta main se glisse sous mon t-shirt pour caresser mon ventre.
- Oui… Je n’arrive toujours pas à croire qu’on ait pu attendre six mois avant de faire l’amour…
- On s’est bien rattrapés après, non ?
Une fois encore, ce souvenir nous fait rire. Oui, nous avons patienté six mois avant d’enfin passer à la vitesse supérieure… Nos emplois du temps chargés, nos proches à qui nous n’osions pas dévoiler notre relation et puis la sensation que cette histoire-là valait bien plus que toute les autres.
Et puis, à Stockholm, nous avons gagné notre premier, notre seul tournoi en double. L’occasion était trop belle. Nous venions de réaliser quelque chose, ensemble, tous les deux. Alors ce soir là, dans l’euphorie de la victoire, les caresses se sont faites plus précises et nos corps se sont unis… Et comme tu l’as dit, par la suite, nous avons bien rattrapé le temps perdu. La moindre rencontre, le moindre moment d’intimité devenait prétexte à une étreinte passionnée.
Aujourd’hui, c’est un peu différent. Le sexe est toujours aussi parfait mais notre relation est bien plus profonde que cela.
Ta main vient de glisser sous mon boxer. Visiblement, mon humeur nostalgique ne te convient pas. Tu as d’autres projets pour nous ce soir et je ne vais pas m’en plaindre.
***
Je suis bien… Lové dans tes bras, nos corps nus satisfaits et épuisés par tout ce plaisir que nous ressentons lorsque nous nous unissons. Je ne veux pas bouger.
Dans ces moments-là, je voudrais tout arrêter et vivre avec toi. Plus de tennis, plus de tournois, plus d’hôtels, plus de journalistes.
Tes doigts redécouvrent mon visage. Ca chatouille. Je souris, tu m’embrasses.
- Tu sais Nando… Parfois, je voudrais qu’on ne soit pas des joueurs de tennis.
- Je pensais exactement la même chose… Juste toi et moi… Dans une grande maison…
- Avec un chien…
- Si tu veux.
Nos sourires parlent pour nous. Ce rêve un peu fou, cette vie idéale nous en parlons souvent. De plus en plus souvent.
Tu attrapes une de mes mains et la ramène par-dessus la couette. Tu entrelaces nos doigts.
- Et puis…
Tu reprends, plus hésitant. Je tourne la tête pour te regarder. Ton visage est si sérieux.
- Et puis ?
- On pourrait…porter un joli anneau doré.
- Feli…
Nous avons déjà parlé mariage. En Espagne, ce serait légal. Mais ce projet nous a toujours semblé irréalisable, alors nos discussions n’ont jamais été vraiment sérieuses.
Je te sens t’éloigner, je veux te retenir mais ma tête quitte ton torse et retombe sur l’oreiller. Tu es déjà debout.
- Feli ?
T’ai-je vexé ? Non, sur ton visage, je lis toujours cette expression sérieuse. Je me redresse et je te regarde faire les cent pas dans la chambre… Tu te penches sur le divan, ramasse ma chemise et ton pantalon. Puis tu reviens vers le lit.
Alors, je te vois t’agenouiller à côté de moi et tu me tends cet écrin de velours noir.
- Fe…Feli ?
- Fernando Verdasco Carmona, est-ce que tu veux m’épouser ?
Je dois bien avouer avoir déjà rêvé de ce moment… Je l’avais imaginé romantique, passionné, drôle même… Mais dans aucun de mes rêves nous n’étions nus, dans une chambre d’hôtel, moi allongé et toi à genoux à côté du lit…
Mais cela n’a aucune importance. Je me penche vers toi, m’allongeant sur le ventre. Je prends ton visage entre mes mains.
J’aurais des centaines de raison de refuser. Et une seule d’accepter. Je t’aime. Et finalement, c’est cela l’essentiel.
- Oui…Oui !
Je me laisse glisser en avant pour t’embrasser et nous tombons à la renverse sur le sol en riant. Des tas de baisers plus tard, tu parviens à faire glisser l’anneau à mon doigt tandis que je te fais la promesse de t’en offrir un dés demain.
Finalement, nous avons retrouvé notre place dans le lit. Tu as entrelacé nos mains encore une fois. Nous sommes hypnotisés par l’éclat doré à mon doigt.
Une fois encore, je me laisse aller dans mes pensées. Nous deux, sur le perron de la mairie, dans de superbes costumes blancs. Toi et moi, face au monde entier.
- Feli ?
- Oui ?
- Pourquoi aujourd’hui ?
Ma question me semble légitime. Tu me souris et m’attire plus près de toi.
- Parce que c’est peut-être ma dernière saison… Parce que cela fait longtemps que j’ai envie de devenir ton mari… Parce que j’ai cet anneau avec moi depuis des semaines mais que je n’osais pas me lancer… Parce que, si tu es d’accord, je voudrais t’épouser sans me cacher.
Je réalise ce que tes paroles supposent… Nous touchons au nœud du problème. Mais y’a-t-il vraiment encore un problème ? Bientôt, nous serons mariés, unis officiellement. Est-ce que cela vaut encore la peine de se cacher ? Je n’ai pas envie d’attendre un an, deux ans, trois ans peut-être avant de faire de toi mon mari.
- D’accord…
- Hein ?
- On va arrêter de se cacher… On…Enfin, on ne parlera pas du mariage…Je voudrais qu’on soit juste tous les deux avec nos familles et nos amis. Mais je veux hurler au monde entier que je t’aime.
- Oh, Nando…
Tu pleures doucement contre mon épaule. Je pleure aussi. De joie, de soulagement… Un peu de peur aussi. La peur de ce qui nous attend, de la réaction des médias, des autres joueurs…
Mais je sais que nous affronterons cette épreuve, comme toutes les autres, ensemble. Alors, tout se passera bien.
***
Nous n’avons pas voulu perdre de temps… Deux jours ont passé et nous voilons, dans cette pièce exigüe à attendre qu’on nous appelle pour cette conférence de presse que nous avons organisée.
Nous avons hésité un peu sur la façon d’annoncer notre liaison… Une photo volée d’un baiser, nous afficher ensemble dans les tribunes… Tout cela semblait si ridicule. Comme si notre histoire n’était qu’une amourette. Non, nous voulons expliquer au monde que nous nous aimons…
Voilà, le moment est arrivé… Tu me prends la main. Je jette un regard en arrière vers nos entraîneurs, ta mère et Rafa. Ils nous sourient.
Je suis contents qu’ils soient là, mais maintenant, c’est juste toi et moi. Toi et moi contre le monde entier, une dernière fois.
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