Disclaimer : Je ne les connais, ne raconte pas la vérité, ne tire aucun profit
Note : fic en POV Tim, UA
Merci à Aléa pour la beta !
Hasard Prenons deux points, éloignés l’un de l’autre, aux trajectoires et à la vitesse différentes. Quelle est la probabilité que ces deux points se heurtent? Et s’ils le font, est-ce un hasard purement dû à l’ajout de divers paramètres ou le destin ?
Parfois en marchant dans la rue, j’observe tous ces gens dont je ne croiserais jamais la route, ceux qui passent devant moi trop vite pour qu’une rencontre ait lieu, et je me demande si parmi eux certains n’auraient pas pu devenir des amis, si parmi eux il n’y aurait pas des gens qui m’auraient fait rire, m’auraient rendu heureux, des gens que j’aurais pu aimer peut-être.
Ces considérations m’ont toujours laissé un goût amer. Le sentiment que parfois la vie tient à si peu de choses.
Si peu de choses…
***
C’est avec un soulagement à peine dissimulé que je termine l’interview de ce photographe. Non pas que je ne respecte pas la personne ou son oeuvre, mais ce n’est vraiment pas pour ça que je suis devenu journaliste.
C’est pas du tout mon genre. Je préférerais largement travailler sur des terrains plus dangereux que la banlieue riche de Los Angeles. Mais un accident m’a cloué aux States pendant plus d’un mois et mon boss refuse encore de me voir quitter le territoire. Je lui ai rétorqué que la foudre ne frappe que rarement deux fois au même endroit et que par conséquent je n’avais que peu de risques d’avoir un problème en partant dès la fin de ma convalescence au Vietnam. Il n’a rien voulu entendre. Du coup mes soixante et un jours d’enfer continuent. Le trip à la
Fenêtre sur cour aurait pu être sympa si j’avais eu un meurtre sur les bras. Ou Grace Kelly pour prendre soin de moi. Un équivalent masculin de Grace Kelly en tout cas…
Enfin, il faut bien gagner sa vie… Alors tant que ma période de probation ne sera pas finie, ce sera articles sur artistes tendances au lieu du trafic d’armes en Somalie.
Je suis quasiment sorti du lotissement branché quand je manque de rentrer dans un yukon. Je stoppe net et vais vérifier que tout va bien. Je n’ai pas senti de choc mais on ne sait jamais. Rien. Ce n’est pas passé loin, mais il n’y a rien. Tant mieux, j’ai suffisamment eu de contacts avec mon assurance ces temps-ci. Ça n’empêche pas l’autre conducteur de sortir en claquant la porte et de se diriger vers moi en criant.
« C’est pas vrai ! Vous êtes aveugle ou quoi ?!
-Désolé je…
-Vous quoi ? »
Ses yeux bleus lancent des éclairs et je crois bien avoir été touché. C’est sûrement ce qu’on appelle le coup de foudre… Je devrais juste m’excuser, m’assurer une dernière fois que ma voiture n’a rien et m’en aller. Mais tout ça n’a plus d’importance. Tout ce qui compte c’est l’homme en face de moi et ne pas le laisser repartir.
« Quelle est la probabilité que deux personnes qui n’habitent pas au même endroit, ne fréquente pas les même lieux, n’ont en somme pas du tout la même vie se rencontrent ? Si faible et pourtant on s’est rencontré et…
-On s’est surtout percuté.
-On s’est rencontré et… C’est miraculeux.
-Vous êtes en train de me dire que vous êtes heureux d’avoir défoncé ma voiture ?
-Oui. Je peux vous offrir un café ?
-Quoi ? Non ! »
Il me regarde comme si j’étais totalement dingue, et j’avoue, je dois l’être un peu. N’est-ce pas une caractéristique des gens amoureux ?
Il secoue la tête et se redirige vers son véhicule en marmonnant. Il finit par se retourner vers moi.
« Comment je peux être sûr que vous n’êtes pas un psychopathe ou un serial killer ?
-Eh bien… Techniquement vous ne pouvez pas. Mais ayez confiance en votre instinct. »
Il soupir, fait volte-face et s’apprête à ouvrir sa portière.
« S’il vous plait… »
Son regard croise le mien et j’essaye de faire passer tout l’espoir qu’il y a en moi, la crainte qu’il refuse aussi…
« Ça ne suffira pas à vous faire pardonner… Offrez moi le dîner, et on verra bien si vous arrivez à me retenir jusqu’au café. »
Je souris de soulagement et de joie. Si tout se passe bien, je le retiendrais toute ma vie. Je crois bien qu’il a ressenti quelque chose lui aussi, cette attirance, cette sensation de revoir quelqu’un qu’on a toujours connu. Une évidence en quelque sorte.
Je tends ma main vers lui et me présente.
« Tim. Ravi.
-Vous faites toujours comme ça pour draguer ?
-Non, c’était un accident. Mais autant ne pas laisser passer sa chance vous ne croyez pas ?
-Jared. Mon nom c’est Jared.»
Je suis toujours dans le même quartier qui me paraissait si étranger il y a quelques minutes, le soleil qui me narguait tout à l’heure brille toujours autant, et pourtant, je me sens bien. A ma place.
Fin