Me voilà de retour avec un Nole/Rafa tout frais (bah vi, maintenant que Rogi m'énerve, il me fallait un nouveau doudou, et c'est là que Nole est arrivé
). Vous remarquerez à nouveau que je suis pas douée pour les titres (y a des cours pour ça?
). Et euh... bah j'espère que ça vous plaira. Ah oui, le tout est en pov Rafachou
Comme d'hab' je les connais pas, je raconte rien de vrai et je gagne pas d'argent.
Une nouvelle vieJe pénètre dans l'immeuble et appelle l'ascenseur, ce qui me fait remarquer que mes mains tremblent. J'ai l'estomac noué. Nous allons enfin nous revoir. J'ai l'impression d'être une adolescente avant son premier rendez-vous. J'ai bien dû mettre une heure à choisir ma tenue et je crois bien que je me suis observé dans tous les miroirs et toutes les vitres que j'ai croisés sur mon chemin. Ça fait des jours que j'attends ce moment. Non, en réalité, ça fait des années que je l'attends, mais ça fait seulement une semaine que je sais qu'il va enfin avoir lieu.
L'ascenseur est beaucoup trop lent à mon goût, mes doigts tapent nerveusement ma cuisse. Je devrais être triste que tu te sois blessé et que tu doives mettre un terme à ta carrière, au fond, j'ai encore de la peine à imaginer qu'un jour moi aussi je devrais arrêter et je n'ose pas trop y penser. Seulement le sourire n'a pas quitté mon visage depuis ton annonce. C'est peut-être un peu égoïste, mais je suis sûr que tu serais dans le même état que moi si nos rôles étaient inversés.
Je me souviens de ce jour comme si c'était hier, pourtant ça va faire quatre ans. Nous venions tous les deux de nous faire éliminer de l'Open d'Australie, nous étions tous les deux profondément déçus et furieux. Nous nous sommes retrouvés tous les deux, seuls dans les vestiaires, avec nos regrets, notre amertume, nos larmes. Nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre.
Je souris en repensant à ce moment. A l'époque, je venais tout juste de comprendre ce que je ressentais pour toi. Je me souviens qu'un journaliste m'avait demandé si je venais de connaître la pire défaite de ma carrière, et malgré la raclée que je venais de prendre sur le terrain, j'étais forcé d'admettre que ce n'était de loin pas la pire. En réalité, j'avais du mal à retenir un sourire béat pendant toute la conférence de presse.
Tu m'as avoué vouloir plus qu'une histoire d'un soir, c'était aussi mon cas. Nous avons fait l'amour dans ces vestiaires. Depuis, chaque année nous échangeons des regards malicieux quand nous nous y retrouvons. Et à chaque fois les souvenirs de ce soir-là remontent à la surface. Ce qui est loin de me déranger d'ailleurs.
Seulement il n'y a pas eu de deuxième fois. Avec Roger qui commençait à dégringoler au classement – d'ailleurs, c'est cette année-là qu'il a pris sa retraite -, tu étais numéro deux et moi numéro un. Si quelqu'un avait appris notre relation nos carrière auraient été anéanties et toutes nos victoires remises en question. Les fréquentes accusations de dopage que les journalistes ressortaient à chaque fois qu'ils ne savaient plus quoi écrire ou qu'ils trouvaient notre côte de popularité trop grande nous suffisaient largement. Avoir une relation aurait été bien trop compliqué, bien trop risqué. Nous avons décidé d'attendre que l'un de nous prenne sa retraite, nous avons pris cette décision d'un commun accord ce soir-là. Mais cela n'empêchait pas d'être aux anges. Tu m'aimais, c'est tout ce qui comptait pour moi.
Bien sûr, ça a été dur. Je mourrais d'envie de te sauter dessus à chaque fois que je te voyais et une voix dans ma tête n'arrêtait pas de me dire que nous étions parano et que, en faisant attention, nous aurions très bien pu être ensemble. Seulement je savais que cette décision était la bonne, nous le savions tous les deux. Cela ne nous a pas empêchés d'être plus proches qu'avant, mais cette période, rythmée de baisers volés et de regards complices, a parfois été une vraie torture.
L'attente à été longue, mais elle touche à sa fin. Même si, pour l'instant, attendre cet ascenseur me paraît plus long que toutes ces années. Enfin il arrive. J'entre et appuie sur le bouton portant le numéro quatre. Mon cœur s'emballe un peu plus. Je me rends compte que ce sera la première fois que je viens chez toi.
Alors que la cabine s'élève et me rapproche un peu plus de toi, je triture mon bracelet, de simples lanières de cuir tressées, mais qui a tellement de valeur pour moi. C'est toi qui me l'a offert, comme une promesse, la promesse qu'on se retrouverait et qu'on ferait un bout de chemin ensemble. Il n'a pas quitté mon poignet depuis le jour où tu l'y as noué. En échange, je t'ai offert une gourmette, tu m'en as un peu voulu, d'ailleurs, parce que tu disais que ce morceau du cuir était ridicule à côté. Pourtant pour moi, il vaut plus que toutes les richesses de cette Terre réunies.
J'essaye d'imaginer comment va se dérouler cette rencontre. Je ne sais pas dans quel état tu es. Cette blessure doit quand même beaucoup te peser. Ça fait plusieurs mois que c'est arrivé. Tu as toujours pensé pouvoir revenir, mais ton corps a fini par en décider autrement. Tu as eu une belle carrière, tu m'as pris ma place de numéro un il y a deux ans et tu l'as gardée une année entière. Et puis tu es repassé deuxième quand un jeune, inconnu jusque là, est monté en flèche. Moi je stagne en numéro quatre à présent, ce qui au fond n'est pas si mal, ça pourrait être pire. Mais cette année est difficile, je commence à me faire vieux et les jeunes sont si agressifs sur le terrain. Et puis, la motivation n'est plus la même maintenant.
L'ambiance est devenue bien morose depuis que tu n'es plus là, et pour ne rien arranger Feliciano a arrêté juste avant ta blessure. Heureusement qu'il reste Nando, les jeunes ne pensent qu'au tennis, ils n'ont pas de vie. Marat s'arracherait les cheveux en les voyant, à chaque fois que je les vois je l'imagine en train de s'évertuer à les dévergonder.
Je me demande comment tu as pris cette nouvelle. Probablement pas avec autant d'excitation que moi. Mais je suis bien décidé à te remonter le moral et à te faire voir les bons côtés de cette blessure.
J'arrive devant la porte et sonne. Mon estomac est noué et si mon cœur se met à battre plus fort, il va traverser ma poitrine. Enfin la porte s'ouvre.
Tu es encore plus beau que dans les rêves que je fais chaque nuit depuis quatre ans. Ta chemise blanche dont les premiers boutons sont négligemment ouverts te rend diablement sexy. Bon, j'avoue que tu aurais porté un sac poubelle je t'aurais probablement trouvé sexy quand même. Je souris tellement que j'en ai mal aux joues.
- Nole!
Je veux me jeter à ton cou, mais je remarque ton manque de réaction.
- Rafael?
Tu as l'air étonné de me voir, presque gêné. D'accord, j'aurais pu téléphoner, mais bon, je peux bien te faire une surprise non? Et tu vas pas me dire que tu n'attendais pas à ce que je débarque un de ces jours?
- Qu'est-ce que tu fais là?
Me sourire se décompose. Comment… Comment tu peux poser cette question? C'est ce qu'on avait convenu non? Qu'on se retrouverait quand l'un de nous quitterait le circuit? Tu n'as quand même pas oublié? Non, c'est pas possible! A chaque fois qu'on se croisait, il y avait ces regards, ces mains qui se perdaient discrètement. Tu ne peux pas… Je pose mon regard sur ton poignet, la chaîne qui ne le quittait jamais a disparu.
Des bruits de pas interrompent mes pensées, une vois masculine résonne à mes oreilles.
- Chéri? Qui c'est?
Roger apparaît dans l'embrasure de la porte, il te prend par la taille. En me voyant, il sourit.
- Hey! Rafael! Ça fait longtemps! Comment ça va?
Je n'arrive pas à répondre. Ma gorge est nouée, je sens les larmes qui menacent de se déverser à torrents. Je vois cette main sur tes hanches, ce "chéri" résonne dans ma tête. Mon cœur vient d'être pulvérisé, éparpillé, en miettes. Mais s'il n'en reste que des cendres, pourquoi il me fait si mal?
- Rogi, est-ce que tu… tu pourrais nous laisser seuls, s'il te plaît?
Ta voix tremble. Il s'en va s'en poser de questions devant ton air grave. Ne plus le voir si près de toi enlève un peu de ma douleur, mais je dois poser ma main contre le montant de la porte pour être sûr de ne pas tomber. Tu devais m'attendre. On s'était promis de s'attendre. Toutes ces années où j'ai souffert chaque seconde passée loin de toi parce que je savais qu'on se retrouverait. Tout ça pour rien?
L'air gêné que tu arbores depuis que je suis arrivé ne t'a pas quitté. Tu te mords la lèvre.
- Je…Je suis désolé Rafa. Je… Il était là après ma blessure, il m'a soutenu… J'allais mal, tu sais, mais il était là.
Il était là, il était là! Mais moi aussi j'aurais été là si j'avais pu! Qu'est-ce que tu crois? A chaque seconde je pensais à toi! Je mourrais d'envie de te rejoindre, de prendre soin de toi, de te réconforter! Mais je ne pouvais pas, j'avais top d'obligations. Et puis je suis venu te voir à l'hôpital après ton opération, mais tu m'as dit de ne pas m'en faire, que je devais me concentrer sur mon jeu et que tout irait bien pour toi. Je t'ai appelé mais tu n'étais jamais là. Je commence à comprendre pourquoi, tout comme je commence à comprendre pourquoi il vient de divorcer de sa Mirka. J'ai envie de hurler mais ma gorge est trop nouée.
Les larmes que je luttais pour retenir brouillent ma vision à présent. J'accepterais volontiers de me faire poignarder cent fois, mille fois pour ne plus ressentir cette douleur qui s'est emparée de tout mon corps. Tout s'écroule autour de moi. J'ai tout perdu, ce qui me faisait me lever le matin, ce qui me donnait la force d'avancer. Je croyais que la plus belle partie de ma vie allait commencer. Tous ces rêves, tous ces espoirs, envolés.Tu m'avais promis. Tu ne m'as pas attendu.
Tu poses une main sur mon épaule mais je me dégage vivement et me retourne, manquant de trébucher à chaque pas. La dernière image qu'il me restera de toi sera ce regard mal à l'aise déformé par mes larmes. Je me traîne jusqu'à l'ascenseur et me laisse tomber dans la cabine. Mes sanglots doivent s'entendre dans tous l'immeuble. Je ne pensais pas que c'était possible de passer d'une telle joie à une telle détresse en si peu de temps. Tu ne m'as pas attendu. Cette phrase résonne dans ma tête. Tu ne m'as pas attendu.
Fin (ou pas)
Voilà! Je sais, pour l'originalité, on repassera (en même temps, le jour où j'écrirai quelque chose d'original, le rose sera la couleur officielle de Wimbledon
). Et comment ça je cherche à vous faire détester Roger? Mais non, voyons!
Alors si je reçois pas trop de tomates pourries et que ça vous intéresse, il y aura peut-être une suite. Ca devait être un os, mais j'ai toujours de la peine à laisser mes doudous comme ça (oui, j'ai une tendance guimauve et je l'assume
). Qu'est-ce que vous en dites?