Pour Kamiel, j'espère que ça pourra un peu te remonter le moral après cette horrible défaite de Nolinou (
moi qui voulait une finale Nole/Rafa... Pff manquerais plus que Nady se fasse sortir, histoire que vraiment TOUS mes chouchous soient éliminés...
). Bon, je voulais un truc tout fluffy mignon sans déprimade mais Nolinou m'a un peu échappé
*jette un oeil sur les fics joyeuses et bourrées d'humour des autres slasheuses et soupire* Sinon, vous remarquerez que je suis toujours pas douée pour trouver des titres
Comme d'habitude, je ne connais pas les intervenants, je ne raconte pas leur vie, je gagne pas de sous en écrivant. Sur ce, bonne lecture.
Never AloneJ'y étais presque! Merde! J'étais à deux doigts de le battre enfin! Je le tenais pourtant! Pourquoi je l'ai laissé m'échapper? J'y croyais! J'y croyais dur comme fer! J'y ai cru jusqu'à ce que cette putain de balle de match finisse dans le filet. Merde! J'aurais pu gagner! J'aurais dû gagner!
J'ai tout donné. Je me suis surpassé. J'ai plongé dans mes réserves et j'ai sorti tout ce que j'avais. J'ai joué mon meilleur tennis. Mais j'ai perdu. Alors quoi? Je ne le battrai jamais? Je resterai dans son ombre pour toujours? Merde, je veux le battre, je veux être le meilleur, je veux être numéro un, je ne peux pas - je ne veux pas - me contenter de cette place de numéro trois. Non, quatre. Je suis numéro quatre maintenant. Comme si cette défaite n'était pas assez.
Ma vision se brouille un peu plus, mes sanglots se font plus bruyants. Qu'est-ce que je dois faire? Je passe des heures sur le terrain et dans les salles de fitness à m'entraîner. Je passe des heures devant ma télé à analyser son jeu, pour trouver la faille. Qu'est-ce que je peux faire de plus? Je ne trouve pas. Je ne sais pas comment faire.
Mes parents m'ont toujours dit que j'étais spécial, au-dessus des autres. Je le prouve à chaque fois que je me défais d'un adversaire. Mais lui… Lui je n'arrive pas à le battre. Cette phrase tombe comme un couperet.
Mes convictions vacillent. Et si je n'étais jamais numéro un? Et si je n'étais pas le meilleur et ne le deviendrais jamais? Et si tous ceux qui croient en moi s'étaient trompés? Et si tout cela n'était qu'une illusion? Et si au fond, je n'étais rien? Parce qu'en réalité, en dehors de ce numéro trois - non, quatre – à côté de mon nom, qu'est-ce que j'ai? Pas de relation sérieuse depuis… trop longtemps. Certains m'apprécient pour mes imitations, parce que j'amuse la galerie, mais en fait, je n'ai presque pas d'amis. Je suis bien trop occupé à m'entraîner pour atteindre mon objectif.
Et si j'avais tout sacrifié pour quelque chose que je n'aurai jamais? Qu'est-ce que cela signifierait? Que je suis passé à côté de ma vie. Que je me réveillerai un jour, seul dans mon lit, pour remarquer que tout le monde a oublié mon nom et que j'ai passé ma vie à poursuivre une chimère.
Une partie de mon monde vient de s'écrouler. Jamais je ne m'étais senti aussi seul.
Un bruit me tire de mes pensées. Je lève la tête et j'aperçois le visage de Rafael, déformé par mes larmes. La dernière personne que j'ai envie de voir. Je n'ose même pas imaginer de quoi j'ai l'air. Je n'ai pas besoin qu'il me voit aussi faible.
- Dégage, Rafa!
Les larmes que je verse maintenant sont des larmes de colère. Comment ose-t-il se montrer là? Qu'est-ce qu'il veut? Se délecter du spectacle de l'homme qu'il vient d'anéantir?
D'un geste rageur, j'essuie mes yeux.
- Qu'est-ce que tu veux? Fous le camp!
Mais il reste planté là.
- Novak, je…
- Vas-t-en!
Il avance d'un pas, son regard semble inquiet, concerné. Il est vraiment borné quand il s'y met!
- Nole…
Son ton est doux, presque suppliant. Mais j'en ai rien à foutre. Putain, je veux pas qu'on me voie dans cet état, cette putain de conférence de presse m'a suffi. Je dois être fort. On m'a toujours appris à donner l'impression d'être fort, même si à l'intérieur je ne suis plus que cendres. Personne ne doit me voir dans mes moments de faiblesse. Surtout pas lui.
Je me lève et lui hurle:
- En quelle langue il faut que je te le dise? Fous le camp!
Sans m'en rendre compte, j'ai avancé vers lui. Il n'est plus qu'à quelques centimètres de moi à présent. Et il n'a toujours pas bougé.
Son regard accroche le mien, je n'ai pas envie d'essayer de comprendre ce que j'y vois, je me contente de lui montre ma colère. Bordel, c'est si difficile à comprendre que je veuille être seul?
- Nole…
Sa voix n'est plus qu'un murmure. Il pose sa main sur ma joue. J'écarte vivement la tête et recule d'un pas.
- Qu'est-ce que tu veux, bordel? Laisse-moi tranquille! Fous. Le. Camp.
Il me lance un regard plein de tristesse et de… douleur? Oui, c'est ça, de douleur. Il semble hésiter, puis il baisse les yeux et se dirige vers la porte d'un pas lourd.
Je n'arrive pas à me contenir le temps qu'il quitte la pièce et m'effondre au sol en sanglots. Il avait l'air inquiet. C'est la première personne depuis bien longtemps à avoir l'air inquiet pour moi. Il n'y avait pas de pitié dans son regard, pas de joie non plus, il n'a jamais été du genre à humilier ses adversaires, il a toujours été un ami, il voulait seulement me réconforter. Et regardez comment je le traite… Je finirai seul, et haï de tous.
Je prends ma tête entre mes mains. Je vois mon destin à présent. Je serai apprécié quand je gagnerai et, fort de cette certitude, je redoublerai d'ardeur à l'entraînement, et avec cela, je n'aurai plus que des relations superficielles avec les gens qui m'entourent. Et puis, le jour viendra où des joueurs plus jeunes et plus forts que moi arriveront et je commencerai ma lente descente aux enfers jusqu'à l'oubli et la solitude la plus totale. Et j'aurais été si odieux avec tous ceux qui, un jour, auront été inquiets pour moi, que plus personne ne sera la pour m'aider.
Je sens des bras m'entourer, et la chaleur d'un être contre mon dos.
- Nole, calme-toi.
La voix de Rafael est douce. Je ne l'avais pas entendu s'approcher de moi. Son étreinte me rassure. Je n'ai plus la force de l'envoyer balader. Je ne suis pas seul. C'est la seule chose qui me paraît claire en cet instant. Je ne suis pas seul. Il est là, contre moi, et il se fait du souci pour moi. C'est tout ce qui compte pour l'instant.
Je sens son souffle chaud dans mon cou et j'essaye de calquer ma respiration à la sienne. Je laisse la chaleur de son corps emplir le mien. Mes sanglots finissent par diminuer, puis cessent complètement. Tout est tranquille et silencieux tout à coup. Je me sens vidé, mais étrangement calme.
Son regard concerné se pose à nouveau sur moi. D'un geste timide, il essuie ma joue. Cette fois, je le laisse faire, cela semble le rassurer. Il essuie délicatement mon autre joue.
- Je suis désolé.
Je comprends les mots, je comprends la phrase, mais je ne comprends pas pourquoi il la prononce. De quoi est-il désolé? C'est moi qui viens de lui hurler à la figure, et c'est lui qui a réussi à me réconforter.
Il semble lire mon incompréhension sur mon visage car il ajoute:
- Je suis désolé de te rendre si triste.
Son regard a vraiment l'air rempli de peine.
- Ce n'est pas ta faute.
Ma voix est rauque. Les mots sont sortis sans que j'ordonne à ma bouche de les prononcer. Je ne peux pas le laisser s'en vouloir à cause de moi. Et puis, ce n'est pas tout à fait faux. C'est ma faute si je ne suis pas le meilleur, c'est ma faute si je suis seul. Pas la sienne. Il n'a été que le grain de sable qui a enrayé la machine et m'a montré ce que je suis vraiment.
Mon regard accroche le sien, le temps semble s'arrêter. Je n'avais jamais remarqué à quel point son regard était profond. Il y laisse transparaître tant de choses. Je peux y lire de la tendresse, de la douleur et autre chose que je n'arrive pas à comprendre. Serait-ce…?
Au moment où je crois saisir ce que je vois dans ses yeux, il détourne le regard, l'air mal à l'aise. Je n'ai pas bougé, fixant toujours l'endroit où se trouvaient ses iris. Je croyais être seul et détesté et lui…
J'expire lentement, je ne m'étais pas rendu compte que j'avais retenu ma respiration. Mon cœur a légèrement accéléré.
- Rafael?
Ma voix n'est qu'un souffle, comme si parler plus haut aurait pu faire disparaître ce que je viens de voir.
En entendant son nom, il lève timidement les yeux vers moi. Ce que j'ai cru y lire est toujours là. Je suis comme hypnotisé par ce regard brun. Comment ai-je pu passer à côté de la beauté de ses yeux? Mon cœur a encore accéléré. Devant ce regard toutes mes barrières tombent. Je n'ai plus rien à faire paraître, je peux juste être moi-même. Je pose ma main sur sa joue et le sens frissonner à ce contact.
Lentement, j'approche mon visage du sien. Nos lèvres se frôlent, envoyant un frisson le long de ma colonne vertébrale. Je les caresse doucement puis m'empare de sa lèvre inférieure. Il n'a toujours pas bougé. Je m'apprête à m'éloigner quand sa main se pose sur ma nuque. Nos langues se découvrent, se mêlent. Cela me semble étrangement juste, comme si mes lèvres avaient été créées pour embrasser les siennes et ne voulaient plus jamais les quitter.
Nous nous séparons à bout de souffle. Ses yeux rient et la lueur d'amour que j'y lisais brille plus fort. Je souris. Je ne suis pas seul. C'est comme si un poids qui pesait sur mes épaules venait de s'envoler. Tout n'est pas perdu. Je vois le destin que je m'imaginais se désagréger et une autre vision le remplace. Deux vieillards sur un banc, main dans la main, la peau hâlée de l'un faisant paraître celle de l'autre bien pâle, ils se sourient tendrement.
Fin*retourne pleurer dans son coin et se cache derrière un bouclier anti tomates pourries*