Disclaimer : Je ne les connais pas, je ne raconte pas leur vie
Un grand merci à Mapi pour la bêtalecture !
Note : Je suis de celles qui écrivent une fois pas an donc …merci de votre compréhension…
Par la présente…
Comme toujours, c’était l’effervescence. Prenez un public d’aficionados, un casting de superstars et vous obtenez un cocktail détonant.
Quand Chris Jéricho pénétra enfin dans l’arène, la salle était au bord de l’explosion, et lui, tout disposé à jouer les détonateurs.
Endimanché dans un de ses costumes hors de prix, la démarche hautaine, respirant la suffisance, le catcheur gagna allégrement le centre du ring pour entamer l’une de ses fameuses jérémiades hebdomadaires.
« Je suis ravi d’être ici pour une première : en effet, contre toute attente et aussi misérables que vous puissiez tous être, vous allez
pour une fois servir à quelque chose. ME servir à quelque chose. »
Cortège d’huées et de sifflements, ne faisant qu’accroître le plaisir bien visible du lutteur.
Une de ses canines légèrement en avant lui donnait l’air d’un loup, et amenait à se poser une seule question : « Qui était le petit chaperon rouge ? ».
« J’ai dans les mains un document tout ce qu’il y a de plus officiel. Tout y est : le phrasé, la terminologie juridique, les diverses attestations. Il ne manque que les témoins. Car, même vous, vous savez que tout document juridique a besoin de témoins pour être entériné. Rassurez-moi vous le saviez ? »
Nouvelle vague de mécontentement avec lequel le showman ne put s’empêcher de jouer en mimant un sonotone.
Puis se reprenant :
« C’est décidément mon jour de bonté. En plus de vous donner une utilité, je vous éduque. »
Et nouvel accroissement des décibels, flirtant pourtant déjà avec les limites de l’audible. Quelques degrés de plus et c’est l’intégrité de la structure du bâtiment qui serait remise en cause.
« Ainsi, fort de toute cette grandeur dont vous ne faites que rêver, j’ai en effet décidé de vous allouer l’honneur d’être mes témoins. Les témoins d’une action tout ce qu’il y a de plus légale. Une action à laquelle il ne manque qu’un accord pour être juridiquement recevable. »
Petite provocation supplémentaire histoire de ne surtout pas faire retomber une ambiance aussi chaleureuse.
« Rassurez-vous, vous n’aurez qu’à témoigner, pas réfléchir ou agir. Contentez-vous d’ouvrir vos yeux et vos oreilles, je m’occupe du reste. Car cette action vous dépasse. Elle va sans aucun doute filer un coup de pied à la WWE et changer la vie d’au moins un de ses membres… Mais je parle, je parle et vous ne savez toujours rien… » Il rajouta, non sans un brin de sadisme : « pour changer ».
« Je vais offrir à la WWE ce qu’elle n’osait plus espérer : une issue, une solution, le dénouement d’une vieille rivalité. Le point d’honneur à un duel fratricide, ayant largement dépassé le cadre du ring et n’ayant que trop duré. Une porte ouverte sur une aire nouvelle. Ce soir, j’écris l’histoire. »
A ce moment là, la plupart des spectateurs se demandèrent si c’était son état naturel et comment il pouvait se mouvoir de manière aussi fluide avec un tel ego.
« Mais passons aux choses sérieuses. Oh si, juste une parenthèse : ce sont des termes juridiques, vous risquez de ne pas tout comprendre mais comme ce n’est pas ce que l’on vous demande… »
Heureusement pour le maître temporaire de cérémonie, les sifflements ne pouvaient tuer. Dans le cas contraire ce sont les services techniques d’après match qui auraient eu le plus de difficulté.
Fort de cette certitude, le canadien, toujours aussi sûr de lui, commença sa lecture, en lui donnant tout le cérémonial qu’elle méritait.
« Par la présente, moi, Christopher Keith Irvine, dit
Chris Jericho, dit
The Living Legend, dit
the Savior of the WWE, dit
The King of Bling–Bling, dit
The King of the World, dit
The Man of 1,004 Holds, dit
Lionheart, dit
The Ayatollah of Rock'n'Rollah, dit
Super Liger, dit
Last Survivor, dit
The Sexy Beast, dit
Y2J ; né le 9 novembre 1970 à Manhasset, dans l'État de New York aux Etats-Unis, et de nationalité canadienne.
Fils de Ted Irvine, ancien joueur de la Ligue nationale de hockey.
Exerçant les professions d’acteur, animateur de radio, animateur de télévision, chanteur d'un groupe rock, et catcheur.
Résidant à Tampa, Florida.
Déclaré par les corps professoraux du
Cook County de Chicago et
Princeton-Plainsboro Teaching Hospital dans le New Jersey, je cite « aussi saint de corps et d’esprit que puisse l’être un catcheur après 19 ans de carrière, et donc juridiquement responsable de ses actes. »
Reconnais être éperdument, follement, et irrémédiablement, amoureux de Michael Shawn Hickenbottom mieux connu sous le nom de
Shawn Michaels, dit
The Headliner, dit
The Icon, dit
The Main Event, dit
Mr. WrestleMania, dit
The Showstopper, dit
Sexy Boy, dit
The Heart Break Kid, né le 22 juillet 1965 à Chandler dans l'Arizona, exerçant la profession de catcheur et employé par la World Wrestling Entertainment.
Résident à San Antonio, Texas.
Par la présente et devant témoins, je lui demande donc officiellement sa main.
Christopher Keith Irvine, 9 Mars 2009.»
Qu’il soit sérieux ou non, Jericho venait de réaliser un miracle : faire taire plus de 7000 personnes en leur donnant l’air de carpes fraîchement pêchées croisées avec un des résidents du musée Grévin. Même les présentateurs, pourtant aguerris aux rebondissements les plus insolites, étaient bien trop stupéfaits par le culot du catcheur pour émettre le moindre petit
Unbelievable !!!! Seuls les caméramans, toujours plus vifs et réactifs que les autres, s’étaient retournés à temps pour enregistrer l’arrivée du Heart Break Kid.
Pas de musique d’entrée, juste un homme droit et fier.
Posté sur la rampe, le torse bombé, la tête haute, le visage globalement impassible, seule sa mâchoire serrée trahissait une certaine crispation. The Showstopper saisit le regard de sa Némécis, sans prendre pour une fois le temps de saluer son public.
Malgré cet accrochage visuel en règle, ce prélude au Xème épisode de « règlement de compte à O.K. Corral », aucun des deux hommes ne cilla. Fort de la certitude qu’il fallait passer à la vitesse supérieure, Shawn gagna lentement le ring sans pour autant rompre une seule seconde le contact.
Face à lui, Lionheart respirait plus que jamais l’arrogance. Les mains jointes sur le papier, il attendait que ce vieux roublard du catch vienne à lui.
L’air de Michaels se fît finalement plus menaçant, alors qu’il se postait à quelques centimètres de son adversaire de toujours pour lui dire dans un rugissement digne d’un roi de la savane :
« Peut-on savoir à quoi tu joues Jericho ? »
Le mugissement n’eut visiblement pas d’effet sur ce dernier qui répondit, presque innocemment :
« Mais je ne joue pas Shawn.
- Ah bon ? Qu’est-ce que tu penses faire alors Jericho ? » Demanda le vétéran en appuyant sur son nom de scène comme si c’était une insulte.
« Tu crois que pour enfin battre Mister WrestleMania, il te suffit de lui soumettre un défit impossible ?!?!
- Qui a dit que c’était impossible ? »
Décidément, Christopher devait avoir un bon kinésithérapeute, plusieurs homéopathes compétents, quelques chirurgiens esthétiques hors de prix, un assureur des plus compréhensifs et un excellent coiffeur.
Est-ce que c’était l’ensemble de cette logistique supposée qui lui conférait toute cette assurance ? Toujours était-il qu’il ne dit rien, et se contenta d’élargir son sourire déjà dangereusement présent.
« Et bien j’ai une grande nouvelle pour toi
Y2J… »
Au moment où la tension était à son comble, où la seule option semblait être la violence à l’état pur et alors que leurs souffles ne faisaient presque plus qu’un, il hurla : « I ACCEPT !!!!!! »
Sur ce, et sans plus de cérémonie, ils fondirent l’un sur l’autre laissant leurs mains voyager sur le corps de l’autre afin de l’emprisonner, et leurs langues entamer un type de combat auxquels les spectateurs de l’aréna étaient peu habitués.
De longues minutes passèrent, avant que les deux futurs époux ne se séparent. Ils étaient assez dissociés pour respirer mais pas assez pour confirmer qu’il s’agissait bien de deux personnes bien distinctes.
Les micros oubliés depuis longtemps, peu de personnes entendirent la suite de leur conversation :
« Toi et ta notion du romantisme.
- Tu voulais quelque chose de solennel non ?
- Je pensais plus à une bague ou un nouveau tatouage. » Expliqua l’aîné alors que son cadet lui mordillait l’oreille.
« Que vais-je bien pouvoir faire de vous Mr Irvine ?
- Me prendre pour époux me paraît un bon début. Ensuite m’appartenir Mr Hickenbottom. M’appartenir pour le reste de nos vies.
- Chouette programme. Comme quoi, pour une fois, tu avais peut-être raison.
- Vraiment ? » Prit le temps de répondre le canadien alors qu’il était occupé à marquer le cou de sa propriété.
« Oui, il ne nous manquait qu’un bout de papier. »
Par terre, abandonné, le bout de papier en question ne manquerait pas de devenir le plus célèbre de l’histoire de la WWE.
En coulisse Cody Rhodes, inspiré par le coup de théâtre et plus riche de quelques billets, en profita pour demander à Randy et Ted si ce type d’association les intéressait. Après tout, la Legacy se devait d’être en accord avec son temps… et sa libido.
Fin Je sors et je me cache…