J'espère que nos charmantes modératrices ne m'en voudront pas pour le fait que j'ai changé le titre du topic...
Mais je compte poster plusieurs "drabbles" au fil des jours afin de faire vivre cette histoire.
Voici le second drabble de cette histoire d'amour faite de glace et de feu.
D'autres viendront donc...
En espérant que cette histoire vous plaise!
(Drabble 2) – Rocher de paradisCe fut le pire voyage en avion de sa vie tant les conditions météo étaient mauvaises. Mais maintenant qu'il se trouvait à nouveau sur le plancher des vaches, il se moquait bien de l'inquiétude qu'il avait ressenti en vol et de l'orage qui grondait au dessus de l'aéroport de Nice.
Une sorte de félicité s'était emparée de lui à la pensée d'être enfin arrivé. Encore quelques dizaines de kilomètres, au sol cette fois, et il le reverrait. Il retrouverait Marat. C'était un peu comme si... comme s'il s'approchait lentement du bonheur en personne. Et son coeur en débordait de joie d'avance.
Rafael traversa rapidement l'aérogare en lançant quelques sourires timides aux fans venus l'accueillir, adressant un petit signe de la main aux photographes présents, et il suivit rapidement son entourage vers la sortie où la sécurité des lieux leur avait dégagé un passage. Une fois à l'air libre, il s'engouffra seul dans le taxi destiné à le conduire à son hôtel.
L'orage avait avancé l'heure de la nuit et tout s'assombrissait au dehors. Alors que s'offrait à son regard un paysage déformé par les gouttes de pluie sur les vitres de la voiture, son portable se mit à vibrer dans sa poche et il plongea la main dedans pour l'en extraire. Il du réprimer un sourire en découvrant le nom de l'homme qu'il aimait affiché sur l'écran à côté de la petite icône représentant une enveloppe. Sans plus attendre, il appuya sur une touche du clavier et le sms lui apparut.
« Espère que tu as fait bon voyage. Suis à l'hôtel. T'attends – Je t'aime Rafa. Je t'aime »Il posa son portable sur son coeur -geste désormais quasi inconscient à chaque fois qu'il recevait un sms de Marat- et son regard se posa à nouveau sur la vitre du véhicule. Ses yeux suivirent sans le voir le trajet d'une goutte qui ruisselait et un sourire tendre mais étrangement triste se dessina sur ses lèvres.
D'une certaine façon, le message de Marat le transportait, et le rassurait sur le fait que tout ceci était bien réel, qu'ils allaient vraiment se revoir et être ensemble sous peu. Rafael frissonna presque en s'imaginant dans les bras de l'homme qu'il aimait si fort.
Mais ce message lui rappelait aussi que leur amour si grand ne vivait que de cela: de quelques mots sans âme sur l'écran d'un mobile, de quelques chambres d'hôtel de part le monde où ils s'étaient aimés, d'absence plus que de présence...
Revenant à son portable, Rafael chassa ces pensées de son esprit à l'aide d'un soupir et il répondit à Marat.
« Je suis en route pour te retrouver. Je t'aime aussi Marat. Plus encore peut être »Se laissant ensuite aller contre le dossier de la banquette arrière de la voiture, il ferma les yeux et se mit à penser à ces quinze jours de tournoi monégasque qui se présentaient à lui, attendant que la vibration de son mobile lui indique que Marat avait bien eu son message.
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Lorsque le taxi entra lentement dans le parc qui entourait l'Hôtel Eden Roc d'Antibes, un violent éclair zébra le ciel et sa clarté brute révéla à Rafael toute la beauté du bâtiment face à lui. Un instant, le jeune homme songea qu'il n'y avait peut être nul autre endroit au monde qui pourrait servir de si bel écrin à leur amour. Puis cette pensée s'évapora comme la lumière céleste illuminant l'hôtel.
Quelques instants plus tard, il se trouvait dans le grand hall où le réceptionniste enregistrait son arrivée et, non sans un sourire étrange auquel le jeune majorquin opposa une sincère neutralité, lui donnait la carte magnétique d'accès à sa chambre.
« A
notre chambre, rectifia mentalement Rafael »
Quelques marches, un ascenseur... Derniers moments de solitude avant qu'il ne retrouve cet homme qu'il aimait et qu'il considérait déjà au fond de lui comme l'autre moitié de lui-même, le seul être humain de ce monde avec lequel il aurait accepter de mélanger son âme si cela eut été possible.
Quand Rafael se retrouva devant la porte de la chambre
-de notre chambre- il eut un moment d'hésitation: ouvrir cette porte était une fois de plus accepter l'idée que tout cet amour qui existait entre eux, si beau soit-il, n'avait de réalité que dans le secret et l'éphémère de rencontres qui ne duraient jamais assez à leur goût. Mais ne pas ouvrir cette porte... Non.
Le jeune homme fit glisser la carte magnétique dans le lecteur, la porte eut un déclic et elle s'entrouvrit légèrement.
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Une demie obscurité régnait dans la chambre, due au fait que la pièce était essentiellement éclairée par des bougies allumées et disposées un peu partout. Marat se trouvait près de la fenêtre. D'un bras tendu vers le haut, il maintenait rideau et tenture écartés afin de pouvoir regarder au dehors.
Lorsqu'ils se produisaient, les derniers éclairs de l'orage qui s'éloignait nimbaient la chambre d'une aura colorée particulière en mélangeant leur éclat à celui des bougies, et projetaient l'ombre du jeune homme dans toute la pièce. Il y avait quelque chose de... magique dans cette vision.
Rafael s'approcha lentement et silencieusement de Marat, retenant presque son souffle. Il comptait le surprendre mais le moscovite se retourna soudain et le dévisagea en souriant, amusé.
« Tu pensais que je n'avais pas entendu la porte s'ouvrir? »
Comme s'il était déçu de n'avoir pas pu le surprendre, Rafael eut une moue frustrée tellement fausse que Marat éclata de rire, entrainant à sa suite le jeune espagnol. Puis quand leur hilarité s'estompa en ne laissant qu'un sourire sur leur visage, Marat tendit lentement la main à Rafael, l'invitant à s'approcher, à le rejoindre.
A cet instant, plus rien au monde n'eut d'importance que leurs coeurs qui cognaient sourdement à l'unisson dans leurs poitrines, que la joie sans limite de s'être enfin retrouvé, que la sensation des doigts qui s'entremêlent avec ceux de l'autre, que le toucher de cette peau qui vous a tant manqué...
Plus rien n'eut d'importance. A part eux. Pour l'un comme pour l'autre.
Sans lâcher la main de Rafael, Marat plongea son regard dans celui de l'homme qu'il aimait et n'y découvrit une fois de plus que de l'amour. Son autre main vint se perdre dans les cheveux un peu fous de son amant, cheveux qu'elle souleva tendrement, avant de descendre en caresse sur la joue du jeune homme.
« Mi ángel... »
La voix de Marat était si grave que Rafael en vibra intérieurement. Sans se quitter des yeux, les deux garçons se rapprochèrent et vinrent unir leurs lèvres doucement avant de partager un baiser qui, les secondes s'égrainant, se fit de plus en plus langoureux.
Dans les bras l'un de l'autre, serrés l'un avec l'autre, la joie de se retrouver mêlée au désir de s'aimer les emporta brusquement sur les chemins de l'envie et, sans cesser de s'embrasser, ils reculèrent vers le lit où, basculant dessus, ils s'empressèrent avec un certain calme (cependant fiévreux) de célébrer leurs retrouvailles.
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Le temps perd toute sa valeur quand on s'aime et les différences s'effacent. Plus rien n'existe vraiment à part les sentiments et l'impression d'éternité qu'ils nous procurent.
Rafael et Marat partagèrent leur corps tout aussi bien que leur coeur. Les moments qui suivirent leur premier baiser ne furent que draps froissés, sueur, embrassades et mains qui cherchent l'autre. Le tout saupoudré de petits rires, de gémissements, de soupirs et de mots d'amour murmurés au creux d'une oreille complice. Le lien qui les unissait se renforçait un peu plus...
Tard dans la nuit, leurs corps au repos et leurs désirs assouvis, les deux amans enlacés poursuivaient peut être au pays des songes le sensuel combat commencé dans ce lit. Rafael dormait sur le dos d'un sommeil paisible et le bras de Marat qui lui ceinturait la poitrine ne semblait être là que pour le protéger. A deux ne faire plus qu'un et que tout le reste disparaisse.
Plus de différences... Dans cette chambre de l'Hôtel Eden Roc, plus de russe ou d'espagnol. Plus de catholique ou de musulman. Plus de nom à donner à une sexualité.
Plus rien. Et tout à la fois pourtant.
Juste deux être qui s'aiment. Un petit bout du Paradis.
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