Disclaimer : Je ne les connais pas, je ne raconte pas leur vie.
Drabble écrit spécialement pour le fanzine N°4.
Sretan Božic Tomislav(1)Tomislav Milicevic / Slaven Bilic.
Drabble de 798 mots.
- Je suis rentré mon amour ! claironna Slaven en pénétrant dans la maison et en accrochant prestement son épais manteau et son écharpe à la patère de l’entrée.
Le fumet appétissant qui s’échappait de la cuisine lui indiqua clairement où se trouvait son amant. Effectivement, c’est bien là qu’il dénicha Tomo, mais pas du tout dans les circonstances qu’il imaginait. Il croyait tomber sur son adorable petit ami, tout sourire comme à son habitude, occupé à leur mitonner un délicieux repas de Noël dans la plus pure tradition croate. Au lieu de ça il se retrouva nez à nez avec un jeune guitariste échevelé et couvert de farine en train de courir en tous sens dans la pièce. Tomislav était tout simplement au bord de la crise de nerfs.
- Chéri, commença l’aîné avec une certaine bravoure compte tenu de l’état de son homme, qu’est-ce qui se passe ?
- CE QUI SE PASSE ? rugit le musicien en se tournant vers l’ex-footballeur. Tu veux VRAIMENT savoir ce qui se passe ? En détail ? Ou tu en as déjà une PETITE IDEEEEEE !?!
- Mais enfin…
Peine perdue, le cadet n’écoutait pas ce que son entraineur de fiancé avait à lui dire… ou du moins tentait de lui dire. Au lieu de ça il contemplait d’un air désolé l’état du plan de travail. Il fallait bien reconnaître que les ingrédients, qui devaient à la base se transformer sans effort en un succulent déjeuner de Noël, étaient tous réunis, mais pas forcément dans le bon ordre… Le chou qui servait à confectionner des sarmas(2) miniatures gisait, réduit en trop fines lanières, au milieu des restes de sucre glace avec lequel le cuisinier avait saupoudré les krostuli(3). Quant aux struklis(4)… les légumes n’étaient tout simplement plus comestibles tellement ils étaient cuits. Certes les différents fruits secs achetés pour accompagner le dessert étaient encore mangeables, mais à moins d’avoir un appétit d’écureuil ils pouvaient difficilement nourrir six personnes. A la vue d’un tel carnage, le plus jeune fondit en larmes. Son compagnon le prit aussitôt dans ses bras et lui caressa doucement le dos, essayant de le réconforter comme il le pouvait. Autant il était habitué à gérer une équipe de onze grands gaillards fans du ballon rond, autant comprendre les méandres du raisonnement de son amant se révélait compliqué et parfois mystérieux. Il ne l’aurait jamais avoué mais cela faisait partie des nombreuses raisons pour lesquelles il était tombé amoureux du fils aîné des Milicevic.
- Bébé… allez, calme-toi mon amour…
- Non ! Tout est… fou-ou-tu… sanglota Tomo, accroché à la chemise de son vis-à-vis.
- Mais non voyons. Je vais t’aider, ça va aller.
- On n’a plus rien à manger Slaven ! Regarde dans quel état je suis ! Et nos parents arrivent dans moins de deux heures !
L’entraineur de l’équipe de foot de Croatie se recula légèrement et saisit le visage du violoniste entre ses mains. Plantant son regard bleu pâle dans celui, si profondément chocolat, de son amour il lui annonça d’une voix ferme :
- Maintenant ça suffit. Tu respires un bon coup et ça va aller mieux ok ?
- Oui…
- Bon. Alors, en dessert on a les fruits secs, et la bûche glacée que tu as voulu que j’achète au cas où. Ça c’est réglé. Ensuite, pour l’apéritif, je me charge de faire une jolie présentation avec les sardines en saumure. Pendant ce temps, tu épaissis le reste de soupe de bakalar(5) d’hier soir et tu en fais des toasts.
- Oui mais… et le repas.
- En entrée, le bouillon aux pâtes fraîches. C’est bien ce qui mijote dans cette grande casserole non ?
- Oui.
- Parfait. L’odeur qui sort du four… je pourrais jurer que c’est du cipov(6)…
- Ça en est, souffla le cadet en comprenant enfin où son futur mari voulait en venir. Il ne me reste plus qu’à mettre le cochon de lait et l’oie à rôtir.
- D’accord, et moi je me charge d’éplucher les légumes que l’on servira avec. Je vais les faire cuire à la braise, dans la cheminée, ils seront délicieux.
- Heureusement tu avais mis la table avant d’aller acheter la tresse de Noël(7).
- Oui, et je l’ai même décorée avec la trobojnica(8) que nous avons semée pour Sainte Lucie. Bon, si on s’y prend bien on devrait en avoir pour une demi-heure, plus encore quinze minutes pour nettoyer la cuisine.
- Heu oui, pourquoi ?
- Parce que je te trouve stressé Tomo, annonça Slaven tout en l’attirant dans ses bras pour lui voler un baiser… et je connais un excellent moyen de te détendre.
Le repas fut délicieux… mais servi avec un certain retard, ce qui amusa beaucoup les parents des deux hôtes.
FIN(1) « Joyeux Noël » en croate.
(2) Choux farcis.
(3) Beignets traditionnels de Noël, finement noués, frits et saupoudrés de sucre glace.
(4) Sorte de grands raviolis aux légumes servis avec une compote de fruits secs (prune, poire, pomme).
(5) En Dalmatie, la soupe de bakalar (morue séchée) est le plat typique de la veille de Noël.
(6) Il fut un temps où l'on cuisait le jour de Noël (ainsi qu'à Pâques) un pain traditionnel dit "cipov", fait de farine de blé, de levain et de lait.
(7) Pour réaliser une tresse de Noël, on mélange à la pâte de la noix muscade, des raisins et des amandes avant de la tresser en forme de couronne. On l'utilise souvent comme centre de table au soir de Noël où elle restera jusqu'à l'Épiphanie.
(8) A la Sainte Lucie, le 13 décembre, chaque famille sème du blé dans une assiette avec un peu d'eau, afin d'en décorer la table de Noël. Les pousses de blé sont alors nouées d'un ruban tricolore bleu, blanc, rouge appelé "trobojnica" autour de trois bougies.Pour ceux et celles qui ne savent pas à quoi ressemble Slaven voilà quelques photos
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