Note: Nous sommes le 24 Décembre depuis une heure et cinq minutes et j'ai retrouvé ceci au fond de mes cartons ... je sais que la plupart des membres de ce forum qui lisent ce que j'écris sont des Echelons , aussi je me suis dit que vous ne m'en voudrez pas qu'il n'y ait pas la moindre trace de slash dans ce OS ...
Bon je SAIS que Mapi va y voir du Letocest et que Chunhua va couiner ( oui je te connais toi ! ) et qu'on va encore medire que je fais chouiner dans les chaumières ...
Alors j'use pour la toute première fois (je crois) de ceci :
le sujet ? La fin du groupe ... je vous rassure c'est prévu pour dans une bonne quinzaine d'années ~_^
considérez ceci commemon cadeau de noel ^^
Fandom :30STM
Rating G
oui oui vous avez bien lu pas de slash , même pas le soupçon du commencement d'un vague embyon de... rien, nada, niet, que dalle, des clous j'en passe et des meilleures ...
Oui jesais venant de moi c'est choquant ^^
ca n'empêche pas ce OS d'être ma production préférée de l'année .
nous sommes le 24 Décembre depuis 53 minutes alors je suppose que c'est pas plus mal si je l'offre plus ou moins à Pitchouill qui m'a gentiment bêtalue et est totalement responsablede la fin ^^
J’entends enfin la foule qui hurle .
Je me lève en essayant de ne pas paraître essoufflé et observe Jared qui hésite à jeter un énième médiator dans la fosse. Tomo et Tim ont déjà disparu en coulisses, je sais que c’est dur pour eux de penser que plus jamais , plus jamais après cette nuit ils ne vivront ça .
Ils viennent de jouer leur dernière note , ce soir , c’est notre dernier concert.
Nous avons pris cette décision ensemble. Il faut savoir s’arrêter quand on n’a plus rien à dire, et en près de vingt cinq ans , je pense qu’on a tout dit sur l’univers que nous avons créé.
Je m’avance d’un pas hésitant vers la fosse qui hurle, je discerne nos noms dans les cris. Tout ceux qui sont là savent que c’est notre tout dernier concert. Sur le premier balcon ils ont étendu une banderole immense qui répète les mots «we’ll never fade away» tout autour de la scène. Je n’ai pas cessé de la regarder de tout le concert , je la trouve magnifique .
Je jette mes baguettes dans la foule mais j’ai du mal à rejoindre les coulisses. Je voudrais rester là , en profiter encore un peu.
Jared parle. Il a la voix un peu coupée, un peu chevrotante.
«Je ne suis pas sur que tout le monde se souvienne de cette chanson…»
Cris dans la foule. Je tourne les talons sur un dernier salut, ramasse une rose tombée à mes pieds. Elle est blanche et un peu froissée d’avoir passé tant de temps dans les mains de quelqu’un .
«Voici «A modern myth» Dit Jared .
Ce cri dans la foule , j’en ai des frissons . Mais plus que le bruit , le silence presque immédiat qui se crée me fait me retourner à peine les coulisses atteintes. Il n’y a plus un bruit dans la salle. Des briquets , des portables se sont allumés dans la fosse et les gradins, Jared les observe, tout seul dans un cercle de lumière bleue.
Quand il se met à chanter, on dirait qu’il s’adresse à une nuée d’étoiles qui clignotent, comme s’il se tenait au bord du ciel en grattant sa guitare. Les notes s’égrènent doucement, avec une lenteur une placidité insoutenable. J’ai envie de pleurer et je ne sais même pas pourquoi .
Je m’assied par terre à coté de Tomo qui observe Jared, replié sur lui même, ses bras entourant ses genoux sur lesquels il a posé son menton. Ses cheveux longs m’empêchent de voir son expression mais je sais qu’il murmure les paroles pour lui même. Il le faisait déjà à l’époque où cette chanson était jouée à presque tout les concerts.
«Did we create a modern myth?Have we imagine half of this ?”Depuis combien de temps n’avons nous pas entendu ce morceau ?Avec une telle intensité? Qui dans cette foule sait réellement ce qu’il signifie?
Qui sait en mémoire de qui il a figuré sur notre deuxième album?
Et qui se souvient de pourquoi Jared a cessé de le jouer?
A voir ces échelons immobiles, muets, je peux dire qu’eux s’en souviennent.
«To buy the truth , you sell a lie , the last mistake before you die»J’en ai la chair de poule tandis que Tim s’assied à coté de nous. Les roadies sont là aussi , il y a foule à l’entrée des coulisses.
«Goodbye … Goodbye…»Les mots me résonnent dans la poitrine comme si je les entendais, comme si je les comprenais pour la première fois. Mon cœur bat de plus en plus lentement, de plus en plus paisiblement. C’est comme s’il se calquait sur le rythme de ma respiration et essayait de faire passer trois battements en un seul; je serre les mains de Tim et Tomo tellement fort que même moi j’en ai mal aux doigts, eux aussi sans doute puisqu'ils me rendent mon étreinte.
Chaque «goodbye» est dit sur un ton différent , chaque fois avec une intensité supérieure à celle du précédent et encore bien inférieure à celle du suivant…
Chaque «goodbye» est pour chacun d’eux, pour chacun d’entre nous.
Il y en a pour ceux que nous avons perdu en chemin, les Believers qui ont choisit de croire à autre chose.
Il y en a pour nos amis qui sont morts, pour nos proches, pour leurs proches. Il y a assez d’émotion dans la voix de Jared pour la terre entière, et tout ça, c’est uniquement pour ceux qui sont venus nous voir pour notre dernier soir.
C’est de l’amour pur. Et il le leur offre, en cadeau.
« Goodbye»Nous nous sommes levés, nous allons revenir en scène pour un dernier salut. Je n’ai pas lâché les mains de mes amis et je sens la main d’un roady sur mon épaule, comme je ne détache pas mon regard de Jared, j’ignore qui nous suit et qui reste dans l’ombre.
La dernière note flotte dans l’air avec un «couic» qui ressemble à un sanglot quand il lâche le manche de sa guitare, il semble se tenir au micro et on l’entend reprendre son souffle avant qu’il n’ouvre encore la bouche pour remercier les Echelons de leur venue…
Mais il se tait , un bruissement léger monte de la fosse. Un bruit qui s’amplifie jusqu’à devenir un mot clair et précis, répété à l’infini par une foule qui me semble soudain gigantesque .
«Goodbye...»Les Echelons chantent. Ils reprennent le dernier mot de Jared inlassablement, tout doucement d'abord, comme une prière légère puis leurs voix s'assurent, s'accordent et le mot revient, lancinant et de plus en plus fort, de plus en plus assuré, et toujours en rythme, toujours en chœur.
Cette fois je pleure, et je n’ose plus bouger pour revenir sur scène de peur que le charme ne se rompe.
Je sens la main de Tomo qui quitte la mienne et l’instant d’après il est sur scène avec son violon. Une clameur gigantesque l’accueille, le sourire de Jared est si grand qu’il ne devrait même pas pouvoir tenir sur son visage.
Tomo accorde son violon dans une série de notes disgracieuses, secoue la tête pour écarter ses cheveux de ses yeux et se tourne, non vers mon frère mais vers la fosse.
Je m’attends un peu à ce que Jared reprenne son micro pour organiser les choses mais il se contente de s’asseoir au bord de la scène où pleuvent des roses; ses pieds battent dans le vide et il a l’air d’un enfant qui monte sur la grande roue pour la première fois.
L’archet de Tomo commence à caresser les cordes, doucement, comme en ondulant, il joue pour les fans, il joue avec eux et son improvisation accompagne parfaitement les «goodbye» qui s’élèvent à nouveau de la fosse.
Je tente d’entraîner Tim sur la scène mais il lâche ma main en secouant la tête .
«T’as créé ça… vas y , profites en!»
Derrière lui les roadies hochent la tête et je me précipite sur scène. Des cris m’accueillent, couvrant un instant le son du violon et Jared se tourne vers moi, en me tendant les bras. Je m’agenouille à coté de lui au bord de la scène; un mètre à peine nous sépare de la foule dans la fosse mais personne ne tend les mains vers nous, ils nous regardent juste avec de grands sourires et chantent.
J’ai le cœur tellement plein, j’ai une telle boule d’émotion au creux du ventre qu’il faut que je serre quelqu’un contre moi. J’attrape les épaules de mon frère et m’y agrippe comme s’il pouvait m’ancrer au sol pendant que l’émotion me submerge. Et puis un nouveau son apparaît, Tim a repris sa place sur la scène, il joue en sourdine, juste pour accompagner et lisser le son du violon de Tomo. Je dois lever la tête pour les voir communiquer par le regard tandis qu’ils accordent leur jeu, puis se retourner vers la foule qui scande à présent «We’ll never fade away».
Jusqu’à quand continueront-ils à chanter?
«Ca donnerait presque envie de ne pas partir.» Murmure Jared et s’accrochant à mes bras que je serre autour de sa poitrine. Je suis passé derrière lui, j’ai posé mon menton dans ses cheveux, de là, j’ai le même point de vue que lui, et c’est une vision que je n’oublierai jamais. Je n’ai même pas envie de prendre le spectacle en photo. Le souvenir , juste le souvenir sera parfait .
C’est au delà de tout ce que j’ai pu ressentir dans ma vie.
C’est mieux que tout.
C’est la foule qui fait le spectacle, Tomo et Tim les suivent avec un temps de retard, ce sont les Echelons qui mènent la danse et j’ignore totalement comment ils communiquent pour changer de chanson, mais ils le font.
«
Don’t forget to breathe tonight» Moi si, j’oublie de respirer, j’oublie même de regarder, je ferme les yeux et j’écoute. J’écoute cette foule immense qui chante nos chansons.
Rien que le son me transporte, c'est comme si je n'étais même plus là, comme si je rêvais tout éveillé.
«Tonight is the last to say goodbye»Quand je rouvre les yeux, la foule s’est tue, la tension est palpable, je la sens dans l’air. Personne n’osera bouger, personne ne veut rompre l’instant. Si on pouvait arrêter le temps, profiter de cette émotion jusqu’à la fin de nos vies, je crois que nous le ferions.
J’ignore si Jared s’est rendu compte qu’il avait encore son micro à la main, mais quand il souffle «Alors nous avons vraiment créé un mythe?» sa voix amplifiée résonne doucement dans toute la salle, nous ramenant tous doucement sur terre.
Une cacophonie lui répond et le fait sourire. Aucun de nous n’a besoin d’être expert en langue pour savoir que c’est un «oui» collectif.
Je me penche à nouveau vers lui et lui attrape l’épaule.
«Allez viens petit frère…»
Mais ce n’est pas pour autant que nous quittons la scène. D’un geste il ordonne que l’on enlève les barrières, que l’on laisse les échelons venir à nous, ou qu’on nous laisse les rejoindre. Ce soir, c’est juste pour nous tous.
Tomo a rangé son violon et il serre dans ses bras une dizaine de fans qui pleurent et qui rient, il a quitté la scène et prend un bain de foule. Une petite fille que j’ai vue durant le concert me fait un sourire et je lâche Jared pour lui tendre les bras . Je n’ai pas besoin que sa mère me l’explique pour savoir qu’elle est elle même une échelon de longue date et que sa fille a été bercée par notre musique. Tim a organisé un sitting sur le coté de la scène et il admire les tenues des échelons.
Jared a rejoint le calme des coulisses avec une poignée de fans et d'ici je le vois leur expliquer quelque chose qui les fait rire avec de grands mouvements de bras et un sourire de dément. Je suis impressionné du nombre d’Echelons qui parlent avec les roadies, échangent des anecdotes de tournées.
Puis je me laisse bercer par tout les gens que je vois , par tout ces fans qui ne me demandent même pas le moindre autographe, qui viennent juste dire « merci». Au fond, c’est moi qui devrait les remercier.
Nous sommes le 21 Décembre. Cette nuit est la nuit la plus longue de l’année. Jared l’a choisie exprès pour notre dernier concert, mais il ne s’attendait pas à ça, je le sais.
Et la seule chose qui me reste en tête c’est ce bonheur total, et une question qui restera sans réponse… Pourquoi avons nous qualifié ce que nous avons créé de «famille dysfonctionnelle»?
Peut être parce qu'une famille n'est qu'une succession de conflits et de ratés... et qu'avec eux, ce soir, j'ai vraiment l'impression que nous avons tout réussit.
Je regarde tout ces gens qui ne se connaissent pas, ne parlent pas la même langue... pourtant , tous ici nous sommes réunis par le même amour, la même passion, la même volonté de toujours aller plus haut.
Quelle famille fonctionne comme ça en réalité? Qui s'entraide et se tient la main dans ce monde? Qui se met à six pour monter un fauteuil roulant sur une scène?
Personne à ma connaissance.
Sauf eux.
J'ai créé le terme de famille dysfonctionnelle, et ce n'est que ce soir, au moment où ce concept perd tout son sens que j'en comprend réellement la signification.
Mieux vaut tard que jamais...