x) merci les filles, bon j'ai pas trop le choix vu que je vais profiter d'une de mes dernières semaines de vacs, je vous mets une suite maintenant...
La pancarte à l’entrée Est du village le fit sourire. Il était enfin parvenu à trouver un lieu civilisé, même si ses habitants étaient au moins aussi nombreux que les serfs de son château… cela suffirait pour qu’il se ravitaille, lui et surtout son cheval. Sans quitter son destrier, il s’avança, pas à pas, à la recherche d’un point d’eau et d’une taverne pour se restaurer.
Cent habitants disait le panneau, mais les rues étaient désertes. Les pas de son étalon résonnaient. Pourtant, les maisons semblaient en parfait état. Il plissa les yeux en observant une fenêtre entre-ouverte qui se referma dans un claquement. Le prince sursauta. Il n’était pas seul ici, les gens s’étaient simplement cachés à son arrivée. Il rejeta ses cheveux en arrière dans un geste plein de grâce puis il descendit de son cheval, au côté d’un récipient contenant le liquide de vie. Il s’agenouilla devant pour s’asperger le visage avant de le boire puis d’inviter son destrier à en ferme de même.
- C’est un bien bel étalon que vous avez là, fit une voix masculine imprégnée d’un for accent russe à quelques pas de lui.
- Hijo de la luna descend d’une lignée pure et noble, il est tout à fait naturel qu’il soit beau, monsieur.
- Votre accent… continua l’homme en flattant le flanc gauche du cheval, il n’est pas très commun, vous venez de loin, n’est-ce pas ?
Le prince acquiesça en regardant son interlocuteur. Il était grand, ses cheveux étaient relativement courts, bouclés et brun. Son regard était au moins aussi sombre que le jeune voyageur. Ses lèvres étaient entourées d’une moustache fine et d’un léger bouc. Aussi, il portait l’insigne d’un shérif.
- Je viens de Majorque. Une province de l’Espagne dont vous ignorez probablement l’existence.
Le chef de l’ordre étouffa un rire en approchant sa main de ses lèvres. Il fit signe à une personne qui se tenait cachée dans l’ombre d’un édifice, de s’approcher.
L’homme qui arriva était tout aussi grand, cependant ses cheveux étaient plus longs, plus clairs, son regard était également plus clair, entre le bleu et le gris. Son visage était fin, il n’y avait que les traces foncées en dessous de ses yeux qui trahissaient sa beauté.
- Rappelle-moi de quel lieu tu viens, Feliciano ?
- Tolède, au Nord-est de l’Espagne… je t’avais bien dit qu’il ne pouvait venir que de là-bas, vu sa démarche et la couleur ambrée de sa peau.
Le shérif afficha un sourire satisfait en contemplant la réaction du voyageur. C’est à ce moment que les volets des maisons s’ouvrirent et que les habitants encerclèrent les trois jeunes gens.
- Pourrions-nous connaître l’identité de l’étranger qui foule le sol de notre village ? demanda un des villageois en s’avançant de l’autre côté du jeune majorquin. Grand, brun, ses cheveux étaient aussi chatoyants que ceux du prince. Son regard était profondément intriguant. L’espagnol acquiesça alors sans réfléchir, puis il bomba son torse pour se présenter.
- Je me nomme Rafael Nadal de Manacor. Prince cadet de la famille royale de Majorque.
Un brouhaha s’éleva alors de la foule de manants, personne ne s’était douté qu’il s’agissait d’un prince. Ses vêtements étaient tout à fait normaux et puis il était en plein désert, complètement seul.
- Et qui êtes-vous pour avoir osé me demander mon nom ?
- Roger Federer, boulanger de père en fils dans ce petit village.
Le prince haussa son sourcil droit alors que le shérif et les deux autres hommes à qui il avait adressé la parole se rapprochèrent de lui.
- Vous avez dû faire un long voyage pour arriver à Winterend, commença Feliciano.
- D’autant plus que vous êtes de sang noble, votre estomac ne doit pas être habitué au jeûne, continua le boulanger.
- Un bon dîner plairait-il à sa majesté et à son fier destrier ? termina le russe.
Rafael approuva et se laissa entrainer par les trois hommes.
Ainsi donc, le jeune voyageur apprit qu’il avait mis les pieds dans un village constitué essentiellement d’homme. Les trop rares femmes étaient chouchoutées pour leur plus grand plaisir. Même quand elles devaient se rendre utile, elles en étaient heureuses. Le shérif s’appelait Marat Safin et Feliciano Lopez était son associé de loi. Chacun des habitants avaient une fonction définie qui se transmettait de génération en génération. C’est pourquoi les étrangers étaient très mal vus. Les derniers qui étaient passés à Winterend avaient pillé l’épicier, et détruit une partie du plus grand bien du village. Les villageois voulurent alors préserver ce bien précieux et ne le montrait plus. Ils ne s’en servaient qu’en cas de grande nécessité.
En comprenant cela, le prince ne demanda pas ce que pouvait être cette chose par pure politesse et réclama une nouvelle jarre de vin. Après tout, il n’avait pas l’intention de rester trop longtemps. Il souhaitait s’y reposer une nuit pour repartir le lendemain avec des provisions pour la suite de son voyage.
- Restez donc quelques jours, monseigneur !
Mais il fût incapable de refuser la supplique faite avec tant de ferveur par les trois hommes tous en cœur. Le sourire qu’ils affichèrent alors lui fit extrêmement plaisir au point d’en rougir.
- Le… vin, se défendit-il sans grande conviction.
Une fois le soir venu, le shérif confia le prince à Novak Djokovic, l’aubergiste du village. Il choisit avec précaution la clef de la chambre du voyageur.
- Par ici, monseigneur.
Ils grimpèrent un étage puis l’aubergiste s’arrêta devant une porte, l’ouvrit et s’écarta pour laisser le jeune noble entrer.
- C’est notre plus belle chambre. Prenez vos aises. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis là, prince.
- Je vous remercie, dit-il avec un franc sourire.
Novak quitta alors la pièce et referma la porte derrière lui.
Une fois la nuit tombée, le jeune prince ne tarda pas à se coucher. Son voyage avait été éprouvant, il était donc épuisé. A peine eut-il posé sa tête sur son oreiller qu’il rejoint les bras de Morphée.
Le village vivait un peu plus la nuit, mais ça, Rafael ne pouvait pas encore le voir. Les gentes dames s’amusaient le soir dans le cabaret, levant les jambes au rythme de l’orchestre, leurs frous-frous flottant dans les airs. Certains des hommes se régalaient de cette attraction, les autres discutaient en braillant, tapant du poing sur les tables pour avoir leurs verres plein. Et puis il y avait les rêveurs. Ce soir-là, ils étaient deux à contempler les étoiles plutôt que les danseuses. Ils pensaient à toute autre chose qu’un bon verre de vin. L’un était assis à côté d’une cellule de la prison de Winterend, l’autre au bord de sa fenêtre. Ils n’avaient qu’une seule idée en tête, que le lendemain arrive.
Lorsque les premiers rayons de soleils éclairèrent le village, Roger était déjà derrière ses fourneaux, s’affairant à préparer ce qu’il vendrait au court de la journée, mais surtout ce qu’il avait l’intention d’offrir au jeune prince.
De ce fait, à son réveil, le majorquin sentit un parfum alléchant, celui des pâtisseries encore chaude sortant à peine d’un four. Puis en ouvrant les yeux, il vit un panier rempli de viennoiseries, tenu par le boulanger souriant.
- Bonjour, murmura Rafael.
- Bonjour, j’espère que vous avez bien dormi. Le lit était confortable ?
Le jeune espagnol fit un mince sourire paresseux en acquiesçant.
- J’ai passé des nuits sur le dos d’Hijo de la luna, à la belle étoile, mais aussi sur de fin tapis d’herbe. Un tas de foin m’aurait amplement suffit pour cette nuit !
Et il éclata d’un rire cristallin qui ravit un peu plus Roger.
- Tu as fais tout ça pour moi ? demanda le prince avec le plus grand naturel alors qu’il retirait le drap qui le couvrait.
Le boulanger déglutit en découvrant le torse saillant et imberbe de l’espagnol. Son regard retenait chaque infime détail qui faisait ses formes, ce qui fit bien entendu réagir son propre corps. Il se félicita d’avoir prit un panier aussi long pour ses pâtisseries puis ses yeux remontèrent enfin sur le visage confu du majorquin.
- Tout à fait monseigneur. J’ignore si vous mangez beaucoup au lever du soleil, j’ai donc pris quelques réserves.
Rafael fit alors un sourire radieux, ce qui n’aidait en rien le pauvre boulanger.
- Merci !
Puis il prit le premier gâteau qui passa sous ses doigts, en invitant Roger à s’asseoir sur son lit. Ce qu’il fit, sans réfléchir, mais il dû se séparer de la barrière qui cachait son bien-être. Il commençait à se sentir mal à l’aise alors que son vis-à-vis prenait un vrai plaisir à avaler son petit déjeuner.
- Je suis désolé pour hier, dit le prince entre deux bouchées. En même temps, je ne pouvais pas savoir que les étrangers étaient si mal vus à Winterend, et puis je ne suis pas habitué à être défié par des manants alors que j’ai à peine posé les pieds à terre.
- Aucun souci… personne n’aurait pu deviner qu’un homme vêtu de haillon poussiéreux serait un prince.
Le majorquin éclata à nouveau de rire en claquant l’épaule du boulanger.
- Tu n’as pas tort ! Je te l’accorde !
Roger grimaça ; la force avec laquelle il l’avait gentiment tapé l’avait plus que surprise !
- Eh bien, tu es masochiste ou je te plais.
Cette simple phrase prononcée avec un sérieux presque royal fit réaliser au jeune boulanger que Rafael avait vu ce qui déformait la toile de son vêtement. Il cligna des yeux à plusieurs reprises, puis il se perdit dans le regard sombre et fascinant du jeune prince. Et quand il se sentit prêt à donner une réponse, on frappa à la porte. Il serra son poing convulsivement alors que le perturbateur entrait.
Feliciano referma le battant de bois puis s’inclina en retirant son chapeau.
- Bonjour beau prince !
Il se redressa et sembla enfin remarquer qu’il n’y avait pas une, mais deux personnes face à lui.
- Federer…
- Lopez…
Rafael étouffa un rire en sentant la tension dans l’air entre les deux villageois. Il était souvent courtisé, là n’était pas le problème, il n’était simplement pas habitué à avoir deux courtisans dans la même pièce au même moment.
Roger se leva, son plaisir étant retombé à l’arrivée du co-shérif, pour lui faire face.
- Que viens-tu faire ici, sous-shérif ?
- Apparemment la même chose que toi, fournier.
Les deux hommes se défièrent du regard pendant de longues secondes, jusqu’à ce que le prince ne puisse retenir davantage ses rires. Deux paires d’yeux confuses se tournèrent vers lui, alors qu’il se levait. Il se rapprocha d’eux et posa une de ses mains sur l’épaule de Feliciano, l’autre sur celle de Roger.
- Allons messieurs, soyez gentleman, réglez ce petit problème de façon noble !
L’espagnol du village laissa son regard divaguer sur le corps de l’étranger, se mordant la lèvre inférieure. Puis il observa ses deux interlocuteurs.
- Il y a bien une solution…