Un grand très grand immense merci à Aléa pour la bêtalecture.
Ce texte est né d'un (énième) délire avec Crazynuts et Essstel G McKay, et je le leur dédie donc. J'espère qu'on continuera à partir en vrille les filles
Disclaimer : Je ne suis pas eux, je ne raconte pas leur vie...
My darling shampoo.- Tomo ! appela Jared depuis la partie couchette du tourbus. Je voudrais un après-shampooing mangue, goyave, passion !
Aussitôt après il fit son apparition dans le ‘salon’. Le croate se mit soudainement à pâlir. Le produit que demandait le frontman ne se trouvait qu’en Indonésie… et encore, uniquement dans le sud ouest du pays, or ils étaient en France. Renonçant à faire durer la crise qui ne manquait pas de se profiler à l’horizon, il décida de jouer franc jeu.
- C’est impossible Jay. Ça n’existe pas ici.
Le chanteur ne se démonta pas pour autant.
- Hé bien cela doit bien exister quelque part, tu m’en as eu une bouteille, j’en veux une autre. Tout de suite.
Le guitariste essaya de garder son calme. Il allait expliquer à l’acteur que ce n’était pas si simple que ça, celui-ci se rendrait à l’évidence et choisirait un autre masque. Le problème serait très vite réglé.
- Je suis désolé Jared mais je ne peux pas te donner ce que tu veux. Par contre je peux te proposer tout un tas d’autres parfums.
Le plus célèbre mangeur de muffins avait en effet créé un fichier répertoriant, dans chaque pays, tous les shampooings, démêlants, masques, couleurs, sérums, et autres fabrications capillaires existants et disponibles à la vente, fichier comprenant la marque et la référence de chaque produit, ainsi que la liste de tous les magasins susceptibles d’approvisionner le tourbus, liste qui indiquait l’adresse et le numéro de téléphone de chaque boutique, ainsi que le numéro de portable de chaque patron, directeur ou gérant de magasin, de façon à pouvoir parer aux désirs de Jared, et ce même de nuit.
Au fil des mois Tomo était même parvenu à mémoriser l’ensemble de ces informations. Prendre le temps d’allumer son ordinateur quand Jay réclamait un masque karité, jojoba et noix de coco était inconcevable. Mais visiblement cela ne suffisait pas…
- Je me fiche des parfums que tu vas me proposer, lui répondit le chanteur sur un ton peu commode. Ce que je veux c’est mangue, goyave, passion et rien d’autre, continua-t-il comme si Tomislav était un demeuré à qui il fallait expliquer les choses plusieurs fois.
Et là, le croate craqua. Cela faisait des mois qu’il se débrouillait – plutôt très ingénieusement jusque là – pour satisfaire les lubies de l’acteur, mais maintenant cela suffisait. Si les autres membres du groupe voulaient conserver un guitariste sain d’esprit un changement s’imposait, et vite.
Renonçant à tenter de parlementer avec Jared, ce qui aurait tout aussi bien pu se comparer à dialoguer avec un sourd – qui plus est de mauvaise foi – le jeune homme se leva, se planta devant son ami et l’attrapa par les épaules avant de se mettre à le secouer comme un prunier en hurlant :
- J’en ai marre ! Je ne peux pas te procurer ton foutu shampooing et je refuse de courir pour trouver un transporteur qui puisse en rapatrier depuis le sud ouest de l’Indonésie en moins de douze heures ! Et tu sais pourquoi ? Parce que le temps que tu ais ton putain de produit de mes deux tu en voudras un autre, genre celui à la fraise des bois et à la mûre qui ne se trouve qu’à Lisbonne, dans une toute petite boutique du centre ville, derrière l’église Santa Maria et qui n’ouvre que de dix heures à quatorze heures un jour sur deux !!!! Bordel !
Shannon et Tim n’avaient pas bronché, surpris par l’explosion de colère de leur ami et attendant maintenant la réponse de Jared. Mais ils furent extrêmement surpris en voyant que le chanteur ne pétait pas un plomb face à ce refus. Ils le furent encore plus quand ils virent Jay se jeter fougueusement sur la bouche de son vis-à-vis pour lui rouler le patin du siècle. Enfin, ils restèrent complètement pantois quand Tomo, au lieu de repousser l’acteur et de lui coller son poing dans la figure, le plaqua contre la porte du tourbus pour mieux s’emparer de ses lèvres et initier un deuxième baiser.
Préférant battre en retraite hors du véhicule, les deux musiciens eurent l’étrange idée qu’il valait sans doute mieux pour eux aller prendre un café plutôt que rester dans ce bus où semblait régner un climat surprenant.
Quand ils osèrent enfin revenir après plusieurs heures – ce laps de temps leur paraissant un minimum à respecter pour assurer leur survie – pas le moindre indice ne leur fournit d’indication sur ce qui avait bien pu se passer pendant leur absence.
Par contre, depuis ce jour là, Jay ne réclama plus jamais un seul produit capillaire sans avoir consulté la liste de Tomo, lui demandant uniquement ceux susceptibles d’être achetés dans la ville dans laquelle ils se trouvaient.
FIN