Merci à Mapi qui m’a laissé utiliser son personnage de Jean pour que je puisse écrire une suite, qui n'est pas réellement une suite, de sa fic L'Echelon ultime.
Disclamer : Je ne prétends en aucune façon raconter des évènements réels et blablabla….
Et un deuxième merci à Mapi pour la bêtalecture
The apple of one’s eyeJ’ai le dos appuyé contre le cadre du lit. Je regarde face à moi mais je ne vois rien, trop perdu dans mes pensées. Mes doigts caressent tendrement le bras de Jared. Inconsciemment, ce sont les glyphes que je trace…
Lové contre moi, la tête sur mon torse, mon amour dort. Il est rentré d’interview il y a quelques heures. Il a bien tenté de rester éveillé mais comment ne pas remarquer que ses paupières se fermaient toutes seules sur ses magnifiques prunelles bleues ?
Il n’a pas voulu aller se reposer sans moi.
Je me souviens encore de ce temps, pas si lointain, où les seules siestes qu’il faisait accompagné étaient crapuleuses… Ces instants où je jalousais Jean au plus haut point. Jared ne lui accordait peut-être pas le plus grand respect mais au moins, le français avait la chance d’être dans son étreinte. La chance de sentir ses mains sur son corps…
Voilà pourquoi je suis là, son corps tout contre moi, égaré au milieu de mes incertitudes et mes doutes à propos de cette nouvelle relation. Je l’avais espérée. Et même rêvée. Etre dans ses bras. Entouré et protégé. Plus seulement pour cette partie de jambes en l’air que nous avons partagé. Seulement, pour le moment, je ne sais même pas ce que
lui ressent.
Matt et Shan ne sont pas au courant. Mais Jared et moi, on l’avait déjà fait. Une seule et unique fois. Cependant c’est gravé là, dans mon cœur, ma tête… dans tout mon être. C’était juste quelques mois après que j’aie intégré le groupe et à cet instant je savais qu’il ne m’offrirait jamais plus. Mais pour moi c’était déjà beaucoup…
Je crois que j’ai eu le coup de foudre la première fois que je l’ai vu. Alors quand ce soir là, dans cet hôtel où nous passions exceptionnellement la nuit, sa bouche a trouvé la mienne et que ses mains se sont faufilées sous mon T-shirt, je n’ai pas cherché à savoir pourquoi. J’ai simplement profité.
J’avais beau le connaître, être conscient du fait qu’il était trop égoïste pour assumer une relation, je n’ai pas pu m’empêcher de laisser la situation dégénérer. Et lorsqu’il a crié mon prénom d’une voix rauque en plein orgasme, un espoir s’est insinué en moi. Une seconde j’y ai cru. Cette nuit là a été… un moment magique. Un moment où tout aurait pu s’écrouler autour de nous que je ne m’en serais même pas rendu compte. J’étais tellement troublé par ce corps entremêlé avec le mien… Aujourd’hui encore quand j’y repense… Oui, ça m’a blessé d’avoir juste été un jouet pour quelques heures mais c’est et ça restera ma première fois avec
lui. J’ai eu mal de redescendre sur terre, de me souvenir que mes sentiments n’allaient qu’à sens unique… Je me suis senti si stupide. Avoir cru qu’il pouvait changer juste parce que nous avions vécu cet instant inoubliable pour moi…
C’est un ami génial. Toujours là quand quelque chose ne va pas. Oui, certaines fois il ne pense qu’à lui. Il n’en fait qu’à sa tête sans consulter les personnes qui l’entourent. Mais je ne l’ai jamais vu se défiler en amitié. Par contre, dès qu’il s’agit d’amour… c’est une toute autre histoire. Il passe de relation en relation en ne se souciant que de son propre plaisir. Il prend puis jette au gré de ses envies. Je pense être le seul à avoir eu droit à des excuses au réveil. Et c’est, je crois, ce qui m’a le plus touché. N’aurait-il pas pu agir avec moi comme avec tous les autres et se contenter d’assumer son choix ? Ces remords… oui ils étaient réels, vrais, mais ils me rappelaient aussi que j’aimais sans retour.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Quel déclic mon amour a eu. Mais Jared m’est revenu. J’étais tranquillement chez moi en train de flemmarder lorsqu’un importun a osé venir troubler cet instant – rare depuis quelques temps – de détente. Je me suis levé dans l’espoir de le congédier, mais sur le pas de la porte… c’était lui. Il a posé ses lèvres sur les miennes. Juste une caresse. C’était il y a un mois maintenant. Et depuis ça n’arrête plus. Sa bouche s’empare de sa consoeur dès que la situation l’y autorise… et même plus si affinité ! J’ai l’impression d’être sur un petit nuage. Mais par moment, comme maintenant, alors que mon esprit est libre de vagabonder, la peur que tout s’arrête s’empare de mon être. Peut-on réellement passer du stade de coureur de jupons égocentrique à celui de petit ami idéal aussi facilement ?
J’en ai parlé avec Jean. Lui il savait. Il connaissait l’existence de cette nuit perdue dans le temps et de mes sentiments.
Quand il a trouvé le bonheur dans les bras de Shannon, j’ai senti le besoin de m’expliquer, de m’excuser. J’ai pris conscience qu’on n’avait fait que lui voler sa dignité. Que nous n’avions pensé qu’à nous. Jared le premier, en lui faisant cette proposition. Et Matt, en le prenant comme substitut de sa femme. Puis moi… Si j’ai accepté ça, ce n’est que parce qu’il couchait aussi avec mon amour. Ce n’est pas une excuse mais j’avais, comme ça, l’impression de faire l’amour à Jay par l’intermédiaire du français. Seul Shannon lui a offert un peu de tendresse pendant tout ces mois. Il est celui qui lui donnait autant de plaisir qu’il en prenait. Pas que Matt, Jared ou moi ne lui en apportions pas. Je sais que c’est faux. Seulement nous trois, nous ne faisions qu’assouvir nos pulsions. Shan aussi bien sûr, mais pas de la même manière. Au début peut-être, mais plus après. On ne porte pas la même attention à un substitut, à un jouet, qu’à une personne pour qui l’on éprouve de la tendresse. Je suis sûr qu’il est celui qui lui a permis de garder la tête hors de l’eau. S’ils n’avaient pas trouvé le bonheur dans les bras l’un de l’autre, je pense que nous aurions détruit une vie. La vie de Jean. Qu’il aurait fini par avoir tellement honte de lui qu’un jour il ne se serait pas relevé. Qu’il aurait laissé la vague l’emporter. Il n’avait jamais imaginé faire ça. Vendre son corps n’était inscrit nulle part dans ses rêves. C’est tellement flagrant…
Mais tout ça lui a permis de trouver l’homme de sa vie. Ils sont si mignons avec Shannon. Un petit bisou par-ci, un autre par-là. Et les regards qu’ils se portent… Tout être normalement constitué trouverait ça attendrissant et serait jaloux de ce bonheur. Peut-être est-ce ça qui a déclenché cette remise en question chez Jared. Peut-être qu’en voyant son frère heureux, il a compris que c’est ce qu’il voulait aussi. Et que son comportement égoïste ne lui offrirait jamais cette chance.
Je ne sais pas ce qu’il craignait. Ce qu’il craint sûrement encore, au fond de lui. S’accrocher vraiment et souffrir ? Il se donne pourtant entièrement en amitié... C’est peut-être différent en apparence mais ça ne l’est pas autant qu’on le pense. Les déceptions font tout aussi mal.
Je quitte mes pensées négatives en le sentant remuer dans mon étreinte. La belle au bois dormant va se réveiller…
Une de mes mains s’égare dans ses cheveux tendrement, amoureusement, alors que l’autre va caresser sa joue. Il relève la tête en me souriant. En une seconde, je me perds dans son regard et mes doutes s’envolent. C’est un sentiment étrange mais grisant. Depuis que je le connais, à chaque fois que quelque chose ne va pas, il suffit que mes yeux rencontrent les siens, et j’oublie… c’est encore plus vrai maintenant que nous sommes ensemble.
Ses lèvres se posent sur les miennes. Doucement. Presque une illusion. Il sait que j’adore quand il fait ça. Il sait aussi que lorsque ses mains, taquines, se faufilent sous mon T-shirt, j’émets inévitablement un petit gémissement… comme à cet instant. Un éclat de rire s’échappe de sa bouche et il s’éloigne. Grandira-t-il un jour ?
Je lui tire la langue… Quoi ?! Ce n’était pas un reproche, mais une simple constatation. Je ne veux pas être l’adulte du couple, pas tout de suite du moins.
Je me lève et fait mine de quitter la chambre. Et là, soit il me suit, soit il attend que je sois celui qui me lasse, celui qui mette fin à ce petit jeu puéril…
- Je t’aime.
Je stoppe net.
Soit il me dit qu’il m’aime… Je me retourne lentement. La surprise doit se lire sur mon visage mais peu importe. Il me regarde, fier de lui, avec des yeux rieurs. Je m’attendais à tout sauf à ça. Je n’avais jamais imaginé entendre ces mots sortir de sa bouche. Comme quoi… Ne jamais dire jamais.
Je réagis enfin et m’approche lentement de lui. Ses bras s’ouvrent pour m’accueillir. Je pousse un soupir d’aise. Je crois que j’ai enfin trouvé ma bulle de bonheur, mon espace en dehors du temps où rien ne peut devenir noir. Mes lèvres rejoignent celles de mon amour pour, cette fois, un baiser passionné et plein de fougue.
- Moi aussi je t’aime.
FIN