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Chapitre IV/
- TOSHI !
Yoshiki apparut comme une bourrasque dans le jardin de la famille Deyama suivit de sa mère qui était amie avec celle de Toshi. Ce dernier, qui lisait couché sur la pelouse, abandonna sa lecture pour connaître la raison d’une telle effervescence. Yoshiki brandit une feuille à moité froissée sous son nez :
- Regarde, je suis reçu au lycée moi aussi ! On sera ensemble à la rentrée !
- Génial ! s’écria Toshi avec un immense sourire. Tu vois quand tu veux !
- Arigato, c’est grâce à ton aide.
Les deux mères observaient leurs progénitures d’un drôle d’air qui n’échappa pas à Toshi :
- Maman, c’est quoi ce sourire bizarre ? dit-il d’un air soupçonneux.
- Oh mais rien ! répondit-elle avec un regard complice à l’autre femme. Nos fils sont vraiment mignons à voir, n’est-ce pas Aiko ?
- Absolument ! Il ne manquerait plus qu’un bisou pour parfaire la scène !
- Maman ! s’exclama Yoshiki choqué. T’es pas censée dire des trucs comme ça !
Mais soudain, Toshi l’attrapa par le menton et lui plaqua un gros smack sur la bouche avant que Yoshiki ne lui assène un violent coup de poing dans le thorax. (1)
- Ah ! Tu m’as tué ! gémit Toshi plié en deux.
Yoshiki regretta immédiatement son geste hâtif.
- Oh merde ! Je t’ai fait mal ? Je suis désolé…
Heureusement, Toshi cessa tout de suite de se plaindre et éclata de rire :
- Mais je te fais marcher ! Ca va ! Le bisou c’était pour me venger de toutes les heures que j’ai passées à essayer de remplir ta cervelle d’oiseau !
- Baka !
Et une joyeuse bataille s’engagea.
* * *
Yoshiki se réveilla à l’aurore dans le coltar : mal de tête carabiné, envie de vomir et tête de déterré, ce qui dans un cimetière est d’un effet certain ! Par miracle, il réussit à se traîner jusqu’à son appartement, prit deux comprimés d’aspirine et se rendormit aussi sec.
Tard dans la matinée, quand il fut de nouveau capable d’aligner deux pensées cohérentes, il fit le point sur la situation : Toshi se comportait bizarrement et il y avait quelque chose de louche derrière tout ça. Mais il n’avait pas le moindre indice sur ce qui se passait et n’avait aucun moyen de le joindre. Yoshiki était maintenant fermement décidé à enquêter sur la situation réelle de celui qu’il aimait mais il ne savait pas par où commencer. Il se dit que la meilleure chose à faire était encore de retourner à Asakuza dans l’espoir que Toshi y soit toujours.
Il avait fini de s’habiller lorsqu’il entendit quelqu’un sonner. Il alla ouvrir et eut la surprise de tomber nez à nez avec :
- Heath !!!!
Ravi, Yoshiki sauta joyeusement au cou de son ami avant de le faire entrer. Avec Pata, Heath était l’un des rares de l’ancienne époque avec qui Yoshiki était toujours en contact. Il n’avait pas changé du tout : la même silhouette longiligne habillée de cuir noir et le même sourire réservé mais sincère.
- Alors ça c’est une bonne surprise ! s’écria Yoshiki tandis qu’ils s’installaient au salon. Je suis super content de te voir !
- Moi aussi Yoshi-kun ! répondit gaiement le bassiste dont l’épaisse chevelure noire avait été affectueusement ébouriffée par Yoshiki.
- Comment tu as su que j’étais là ? Ca fait à peine deux jours !
- Des amis à moi t’ont reconnu dans la rue !
Yoshiki roula des yeux amusés :
- Evidemment ! Tu as toujours des amis dans tous les coins toi !
- Tu comptais passer à Tokyo sans me le dire ? demanda Heath d’un air boudeur.
- Gomen…J’étais juste venu pour l’anniversaire de la mort de mon père et je comptais repartir aujourd’hui. Mais finalement, j’ai décidé de rester plus longtemps.
- Ah ? Pourquoi ?
- Bon écoute, ça tombe vraiment bien que tu sois là, j’ai des tonnes de choses à te raconter et tu vas peut-être pouvoir m’aider. Ca t’ennuie si on va quelque part ?
- Pas du tout allons-y. En fait, moi aussi j’ai des trucs à te raconter.
Les deux compères quittèrent l’appartement et prirent la voiture de Yoshiki.
- Où va-t-on ?demanda Heath.
- A la fête de Sanja Matsuri.
Heath lui jeta un coup d’œil et soudain, dit à mi-voix :
- Tu vas voir Toshi n’est-ce pas ?
Yoshiki lui fit un regard surpris qui fit sourire le bassiste :
- Je l’ai vu chanter là-bas. Mais je te préviens qu’il n’y est plus.
- Merde !
Yoshiki renonça immédiatement, se gara dans la première place qu’il trouva et coupa le moteur. Il se rejeta sur son siège avec un long soupir :
- Heath, je dois à tout prix retrouver Toshi ! Je suis convaincu qu’il a des problèmes. Est-ce que tu as eu des nouvelles de lui récemment ?
- Oui et c’est bien de ça dont j’étais venu te parler.
Le visage de Heath se fit triste :
- Raconte-moi ce que tu sais et ensuite ce sera mon tour.
Yoshiki lui narra par le menu tout ce qui s’était passé la veille. Heath écouta sans mot dire, sans paraître surpris le moins du monde :
- Bon OK… ça confirme ce que je craignais.
- J’al l’impression que tu en sais plus que moi Heath. Dis-moi tout.
Heath se pinça les lèvres et commença :
- Tu as sans doute eu vent de ces rumeurs disant que Toshi était tombé dans la secte de Masaya ? Elles sont vraies. (2)
- Comment tu le sais ?
- Parce qu’ils ne se cachent pas. C’est pour eux que Toshi chantait hier.
Yoshiki respira un bon coup :
- Mais attends… une secte… ils font quoi exactement là-dedans ? S’ils se montrent au grand jour sans avoir des problèmes, c’est qu’ils ne font rien de mal non ?
Le bassiste fit une moue sceptique :
- Officiellement, ils ne font rien d’illégal. Ils prétendent venir en aide aux gens en mal de vivre par le biais de la musicothérapie. Plus un discours vantant la camaraderie et la solidarité qui seraient les maîtres mots de l’organisation. Seulement, bon nombre de sectes tiennent des propos semblables et moi, j’ai vu assez de choses pour être sûr que Masaya a une face cachée beaucoup moins bienveillante.
- Si c’était vrai, ça se saurait non ? intervint Yoshiki. Et la police s’en serait mêlée.
Heath eut un petit rire sans joie :
- Ouais sauf que tu vois, Masaya est une organisation extrêmement riche et influente. On sait que beaucoup de gros bonnets de la finance et de la politique en sont membres. Je crois que les flics n’oseraient pas trop s’y frotter et en plus, ils sont si bien organisés que, jusqu’à maintenant, aucune preuve tangible n’a pu justifier l’ouverture d’une enquête.
Yoshiki sentait son corps et son cœur s’alourdir de seconde en seconde. Il ne comprenait plus rien et commençait sérieusement à angoisser. Il enfouit son visage fatigué dans ses mains :
- Mais… dit-il d’un ton las. Qu’est-ce que Toshi est allé foutre dans ce…ce bordel ?
Heath adressa un regard compatissant à son ami avant de répondre :
- Je crois qu’il n’est qu’une victime. Il a été manipulé. C’est sa femme qui l’a entraîné là-dedans.
Car ce n’était un secret pour personne que Kaori, la femme que Toshi avait épousé, était membre de la secte. A son nom, la voix de Yoshiki se fit dure comme de l’acier :
- Celle-là… je n’ai jamais compris comment Toshi a pu tomber amoureux d’elle. Elle détestait X-Japan, elle n’arrêtait de le critiquer et de lui faire une scène à chaque fois qu’il nous rejoignait pour les répèts ! Elle n’avait aucun respect pour lui, ni pour son travail ! Comment a-t-il pu être aussi stupide ?
- Je n’en sais rien, avoua Heath. Cependant, elle était d’une extraordinaire beauté. Les pauvres hommes que nous sommes ne pouvons rien faire devant des femmes comme ça !- ajouta-t-il en souriant. Même moi j’ai été sous le charme avant de comprendre quelle vipère elle était. Mais ce pauvre Toshi avait carrément eu le coup de foudre et je suppose qu’elle a été assez maligne pour l’ensorceler définitivement. Je n’avais jamais vu Toshi aussi amoureux…Elle aurait pu lui demander d’aller se jeter sous un train qu’il l’aurait fait cet idiot ! Alors ça a dû être facile pour elle de l’embrigader dans la secte.
C’était très douloureux pour Yoshiki d’écouter encore à quel point Toshi avait aimé cette femme. Yoshiki était passé par tous les enfers le jour où il lui avait annoncé qu’il allait se marier. Si au moins, Kaori avait été une fille bien, Yoshiki aurait eu la consolation de savoir Toshi heureux. Mais il était évident qu’elle le menait par le bout du nez.
- Cette pute ! cracha-t-il avec rage. C’est à cause d’elle que Toshi a quitté le groupe ! Elle l’a monté contre nous, contre moi ! Elle et sa putain de secte…
Heath posa sur son épaule, une main réconfortante. Yoshiki s’était mis à trembler de colère et de peine :
- Je sais à quel point ça a été dur pour toi de le voir s’éloigner, dit le bassiste d’une voix douce. Toi et Toshi, vous aviez vraiment un lien unique.
Yoshiki s’obligea à respirer profondément pour se calmer.
- Gomen… ça va aller. Continue s’il te plaît. Dis-moi ce qu’a fait Toshi ces dernières années.
- Il faut que tu saches que la secte l’a convaincu de couper les ponts avec toutes ses relations familiales et amicales. Ca aussi c’est une pratique classique. Le sujet est censé s’isoler complètement des « influences néfastes de l’extérieur » et cela inclut mêmes les plus proches parents.
- Nom de Dieu ! tonna Yoshiki. Mais qu’est-ce qu’il avait comme problèmes mentaux pour se laisser faire comme ça ! Il avait vraiment besoin de cette foutue secte ?
- Le fond du problème, seul Toshi le connaît. Toujours est-il qu’il s’est totalement isolé à peu près deux ans après la fin du groupe. Il ne répondait plus au téléphone alors j’ai voulu aller chez lui. Je suis tombé sur Kaori qui m’a dit d’une façon très désagréable que Toshi n’était pas là et que je pouvais déguerpir. Eh ben tu sais quoi ? C’était faux, il était là. Plus tard, il a déménagé. J’ai le sentiment que la secte lui a aussi pompé tout son fric puisqu’il en est réduit à faire des représentations minables.
Yoshiki était maintenant trop abattu pour faire autre chose qu’un hochement de tête.
- Et…tu ne l’as jamais revu depuis hier ?
Les yeux de Heath se voilèrent :
- Disons plutôt que je n’ai pas essayé. Peu après cet épisode, il y a eu cette vente scandaleuse durant laquelle Toshi s’est débarrassé de tous ses souvenirs de X-Japan. J’étais tellement furieux contre lui que j’ai décidé de le laisser dans sa merde et de ne plus jamais chercher à avoir le moindre contact avec lui. Je n’arrivais pas à croire qu’il aie pu faire une chose pareille, secte ou pas. J’ai bien cru que jamais je ne lui pardonnerai.
Pendant qu’il parlait, Heath jouait machinalement avec un anneau d’argent qu’il portait à son majeur droit. Il était gravé d’un X. Tous les membres du groupe possédaient cette bague. Yoshiki jeta un coup d’œil à la sienne qu’il n’enlevait jamais :
- Tu crois que ça aussi il l’a vendu ?
Heath haussa les épaules.
- En tout cas, il ne la portait pas quand je l’ai revu à Asabuza.
Un silence lourd de tristesse plana pendant plusieurs secondes. Puis Yoshiki demanda :
- Et aujourd’hui tu lui as pardonné ?
Heath leva la tête et porta son regard vers l’agitation extérieure :
- Pas complètement, répondit-il à mi-voix. Mais ça m’a fait quelque chose de le revoir. Pour être franc, il m’a fait pitié à chanter pour ces blaireaux qui ne le reconnaissaient même pas. Il y avait quelque chose de si triste en lui… Alors, je me suis dit que peut-être, il regrettait. J’ai eu envie de l’aider. Dés que j’ai su que tu étais de retour, j’ai filé chez toi pour te raconter tout ça. Je crois que la seule personne a pouvoir faire quelque chose, c’est toi.
- Oui…murmura Yoshiki plus pour lui-même que pour son ami. Je veux l’aider. Je veux qu’il foute le camp de cette secte et qu’il laisse tomber Kaori une bonne fois pour toute ! Je veux le voir heureux comme avant…
Heath l’observa en souriant doucement mais ne dit rien. Yoshiki tourna la tête vers lui avec une voix pleine d’espoir :
- Est-ce que tu sais où il habite maintenant ?
- Non mais je sais où obtenir des informations. Toshi bosse le week-end dans un bar miteux de Shinjuku. En posant les bonnes questions aux bonnes personnes, on finira bien par savoir ce qu’on veut.
- Allons-y ce soir ! proposa Yoshiki.
- Ok ! Mais je te préviens que tu m’attendras dans la voiture pendant que j’irai enquêter.
- Pourquoi ?
Heath donna un petit coup sur les lunettes de Yoshiki :
- Parce qu’on ne répondra pas à un mec qui se planque derrière des lunettes de soleil en pleine nuit ! Et si tu te montres à visage découvert, tu risques de créer une émeute ! Tu es une icône Yoshiki-sama ! Laisse les gens plus obscurs faire le sale boulot.
Yoshiki resta confondu devant ce dévouement. C’était si réconfortant d’avoir un tel ami près de soi.
- Je ne te remercierai jamais assez Heath…
Le bassiste éclata de rire et lui ébouriffa les cheveux :
- Ne me remercie pas ! Au fond, malgré toutes les conneries qu’il a faites, je l’aime quand même ce bâtard de Toshi ! S’il est décidé à nous revenir, je ferais tout ce que je pourrais pour lui.
Comme convenu, à la nuit tombée, Heath emmena Yoshiki à Shinjuku. Le bassiste s’était fait particulièrement séduisant et quand Yoshiki lui en demanda la raison, il lui offrit une petite mimique malicieuse :
- C’est une femme qui s’occupe du bar ! C’est elle que je vais interroger alors autant mettre toutes les chances de mon côté !
Yoshiki ouvrit de grands yeux :
- J’y crois pas, tu vas draguer cette nana pour avoir les coordonnées de Toshi ?!
Heath se mordit la lèvre inférieure en prenant son regard le plus ténébreux :
- Laisse-moi faire. Je n’en aurais pas pour longtemps.
Sans plus d’explications, il sortit de la voiture et entra dans l’établissement d’un pas décidé. Yoshiki secoua la tête. Décidément, Heath serait toujours le même. Dans la vie, c’était un garçon un peu mystérieux car très réservé. Durant les interviews, il avait toujours préféré laisser parler les autres. Mais il cachait un redoutable tempérament de séducteur, aidé en cela par un physique plus qu’avantageux. On ne s’en doutait pas toujours mais le nombre de ses conquêtes dépassait celles de tous les autres membres de X-Japan réunis ! La différence était qu’il ne s’en était jamais vanté.
Une demi-heure plus tard, il revint et mit sans rien dire un papier dans la main de Yoshiki. Il y était inscrit une adresse et un numéro de téléphone.
- Ce sont les coordonnées de Toshi ? T’es vraiment le meilleur Heath ! Mais…tu sens la bière !
- Ben oui, je n’allais pas rester au comptoir sans rien prendre !
Machinalement, Yoshiki retourna la feuille :
- Et ça c’est quoi ? Ces deux numéros ?
Heath prit un air faussement innocent :
- Euh… ce sont ceux de la barmaid et de la serveuse.
Les deux complices s’entre-regardèrent un moment et éclatèrent de rire.
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- Forever love…forever dreams, (3)
Kono mama soba ni ite…
- Tu chantes ? Ca me réchauffe le cœur de t’entendre.
- J’ai toujours adoré cette chanson. Ca m’a beaucoup touché que vous la jouiez à mes funérailles.
- Je savais que ça te plairait. Chante encore s’il te plaît…
- Yoake ni furueru kokoro dakishimete
Oh stay with me…
(1) J'ai lu sur un site que Toshi avait donné son premier baiser à Yoshiki juste parce que leurs mères voulaient prendre une photo sympa ! Je ne pouvais pas laisser passer ça !
(2) Ces rumeurs existent bel et bien mais comme il n'y a pas moyen de savoir si elles sont vraies et d'avoir des infos sur Masaya, j'ai inventé tout le reste.
(3) Paroles de Forever Love