Me voici de retour avec un petit OS qui, s'il ne casse pas trois pattes à un canard, me tenait vraiment à cœur depuis quelques semaines. Rien de joyeux, juste ma vision personnelle de ce qui se trame actuellement dans la vie de nos deux chouchous.
Rhoda, merci pour ton travail de fourmi à nous dégotter tellement d'infos sur eux, je m'en suis beaucoup inspirée pour ceci
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Une tasse de thé à la main – il aurait préféré quelque chose de plus fort mais il craignait qu’à trouver ainsi refuge dans l’alcool ce soit la porte ouverte à trop de dérives – Martin errait sans but dans l’appartement, ne prêtant même plus attention aux décorations de Noël. Tout avait pourtant été fait avec soin lors de la dernière visite des enfants mais cette année il n’avait décidément pas le cœur à la fête. Il avait actuellement deux jours de repos au beau milieu de son marathon promotionnel pour The Hobbit et aurait dû voir ce répit d’un très bon œil mais la perspective de les passer seul ces deux jours avait largement refroidi son enthousiasme. Il avait évidemment proposé à Benedict de passer du temps avec lui, mais si le cadet s’était effectivement montré enchanté il n’avait rien promis. Il assurait lui-même la promotion d’Imitation Game en plus de celle de leur film commun, course aux Oscars et autres récompenses à la clé, et devait également s’assurer d’être vu régulièrement en compagnie de sa "fiancée" pour faire taire les rumeurs qui commençaient déjà à circuler. Autant dire que le cadet était plus qu’occupé. Et les séparations forcées devenaient de plus en plus difficiles à gérer. Ils avaient pourtant pensé tout prévoir quand ils s’étaient lancés dans cette mascarade concernant la vie privée du brun, mais c’était plus dur que prévu finalement. D’autant que si tout avait été fait au profit de Ben et sa carrière florissante, Martin n’avait pas eu grand-chose à dire. Mais pour lui tout était beaucoup plus simple puisqu’il n’était pas autant sur le devant de la scène, c’est en tout cas là-dessus que tout le monde semblait se rejoindre, Ben le premier.
Les décisions de son compagnon devenaient pesantes mais il les subissait parce qu’il avait bien compris que c’était ça ou voir sa relation s’arrêter là, ce qu’il ne voulait pas. Assumer ce qu’il était, reconnaître son homosexualité, ne serait pourtant pas plus simple que pour Benedict, mais lui se sentait près à franchir ce pas. Il croyait en son étoile et partait du principe qu’il y aurait toujours des rôles pour lui dans des productions de qualité même si certains films lui tourneraient inévitablement le dos. Il n’avait aucun problème à envisager sa carrière future entre théâtre et cinéma indépendant. C’était au contraire des projets en général plus difficiles à monter et donc des challenges plus intéressants du même coup. De la même manière il se fichait bien de ne plus être du coup dans les petits papiers de certains, s’ils ne voulaient pas de lui comme il était autant qu’il se passe d’eux. Ben bien sûr était d’accord sur le principe, mais dans les faits c’était plus compliqué pour lui. Il nourrissait une certaine ambition compréhensible pour quelqu’un ayant envisagé une carrière en dent-de-scie et à présent que les choses allaient plus que bien pour lui il n’était pas question de se mettre sciemment des bâtons dans les roues.
Le blond au départ n’y avait rien vu à redire. Au contraire il était plus que fier de la réussite de son amant, heureux de le savoir sollicité plus que lui ne le serait jamais. Il avait craint un temps finir par être jaloux d’une carrière comme lui ne pourrait probablement qu’en rêver, mais ce n’était pas arrivé. Il était bien trop admiratif du talent de Benedict pour ça. Et puis il n’était pas certain de pouvoir supporter tous les inconvénients inévitables liés à une telle réussite. Las fans criant votre nom, les lettres enflammées, les fanfics et autres fanarts fleurissant sur internet…, c’était flatteur bien sûr, mais au point où en était arrivé son compagnon lui aurait eu l’impression d’être un monstre de foire. Idem pour les journalistes qui se faisaient de plus en plus pressants, et l’attaché de presse qui organisait plus de plateaux télé qu’il n’y avait d’heures dans une journée. Ben semblait gérer aussi bien que possible, même si lassitude et fatigue se faisaient bien souvent sentir, mais Freeman n’était définitivement pas fait pour ça. Il préférait l’anonymat relatif qu’il avait encore et avoir du temps à consacrer à ses enfants. Alors il se contentait d’entourer le cadet avec la dose d’admiration qui ne nuisait nullement à leur couple.
En dehors de cela, il subissait. Les absences, les intrusions dans leurs vies et surtout les mensonges qui étaient devenus leur lot quotidien. Et à mesure que le temps passait, il ne se sentait plus guère les épaules pour y faire face. D’autant qu’à son âge se cacher devenait usant. Parfois il se demandait combien de temps il saurait encore le supporter avant de jeter l’éponge. Il craignait d’en arriver là bien sûr parce qu’il y avait toujours autant de sentiments entre eux. L’amour n’était évidemment pas le problème et ne contribuerait qu’à les faire souffrir davantage au contraire. Mais celui-ci n’était pas toujours plus fort que les inconvénients qui n’avaient de cesse de s’accumuler. De cela Benedict n’en n’avait pas conscience cependant, même si lui aussi souffrait de certaines décisions prises pourtant par lui-même. En être le bénéficiaire aidait bien cela dit.
A présent la relation était plus sérieuse que jamais et Martin naïvement avait espéré que cela faciliterait les choses, mais ces derniers mois avaient été les pires. Ben tenait enfin le film qui pouvait tout changer, avec un possible Oscar à la clé, alors pour cela il fallait être prêt à faire certaines concessions. Le cadet était particulièrement fier de ce film et surtout de ce rôle. Une belle façon pour lui de rendre hommage à un héros méconnu qui avait été persécuté pour ce qu’il était. Les choses avaient beau avoir évolué pour les homos, s’assumer n’était jamais facile et ce film le montrerait. C’était important pour Benedict qui un temps avait pensé pouvoir profiter de cette opportunité pour lui-même s’assumer enfin. Cependant il n’était pas seul sur le coup, il y avait trop d’intérêts financiers en jeu alors les producteurs lui avaient fait comprendre que demeurer dans le placard était l’attitude la plus censé pour le succès de leur travail à tous. Martin avait été déçu comme il se devait de ce revirement mais comme toujours il avait accepté pour le bien de son amant. Il aurait probablement été moins indulgent s’il avait pu soupçonner ce qui s’annonçait.
Il se souvenait parfaitement de ce jour où tout avait empiré. Comme d’un fait exprès Ben rentrait tout juste d’un bref séjour aux États-Unis où il devait voir les producteurs américains du film en compagnie d’une partie de l’équipe et ainsi mettre en place le planning des prochaines avant-premières et autres conférences de presse. Martin était surexcité de le voir enfin rentrer, d’autant que dans les semaines précédentes ils ne s’étaient pas vus beaucoup. Lui-même, puisque Benedict voulait le secret, continuait à voir régulièrement Amanda, quoi qu’en tout bien tout honneur, pensant avant tout aux enfants. Son ex n’avait eu aucun mal à demeurer son amie à défaut de sa compagne et ne voyait aucun problème à passer du temps avec lui.
Mais ce soir-là c’était leur moment, que les deux hommes avaient planifié bien avant le départ du cadet. Des moments à deux qui se faisaient bien trop rares et pour lesquels le blond se réjouissait toujours longtemps à l’avance. Le cadet aurait dû s’en réjouir de la même façon pourtant lorsqu’il était enfin arrivé il était particulièrement nerveux, se montrant même distant. Après de longues minutes de négociation, Martin était parvenu à le faire parler, et il n’avait pas aimé ce qu’il avait entendu.
Lors d’une soirée chez Harvey Weinstein, l’un de ses producteurs, Ben avait eu la surprise de retrouver une amie qu’il croisait occasionnellement lors de divers évènements. Une Britannique plutôt mignonne et à la tête bien remplie, loin du star system qui fabriquait des potiches à la chaîne. Bref, Miss bien sous tout rapport. Leur rencontre n’avait pas été le fruit du hasard puisque Sophie faisait partie du cercle intime de Weinstein, qui l’avait invitée ce soir-là dans un but bien précis. Les deux amis avaient un peu bavardé jusqu’à ce que le nabab ne leur fasse remarquer quel couple intéressant ils formeraient. Et de faire comprendre à Benedict tout ce qu’il aurait à gagner dans cette période si cruciale pour sa carrière à s’afficher avec elle. Plus de rumeurs sur une potentielle homosexualité et ainsi plus de risque de se mettre à dos certains membres du business hautement vieux-jeu et réacs, mais surtout friqués et influents.
Après avoir rapidement pesé le pour et le contre, l’Anglais avait dû admettre qu’il y avait bien des avantages à se prêter à cette mascarade. Et rapidement les détails concernant l’annonce et la gestion de ces "fiançailles" avaient été définis, Ben comprenant que les deux complices préparaient leur coup depuis un petit moment déjà.
Ce soir-là en rentrant à Londres il avait mis Martin devant le fait accompli avant de ne lui demander sa bénédiction que pour la forme puisqu’il avait déjà pris sa décision. Comprenant qu’il n’avait pas son mot à dire, le blond avait accepté cette comédie d’un goût douteux du bout des lèvres. Dès le lendemain le Times avait publié l’annonce des fiançailles, confirmant ainsi que ce n’était pas un cauchemar mais bien la réalité, aussi sordide soit-elle. Et depuis lors chaque fois que Martin se plaignait de la situation Benedict s’empressait de lui rappeler qu’il avait pourtant donné son accord. Comme s’il avait seulement eut le choix.
L’aîné pourtant n’en voulait pas vraiment à son compagnon, se convaincant le plus souvent que lui non plus n’avait pas eu le choix. Pourtant il avait de plus en plus de mal à prétendre que tout allait bien. Ça devenait difficile de rester impassible surtout quand on venait lui demander s’il était heureux du prochain mariage de son meilleur ami. Dans ces moments-là il devait se faire violence pour ne pas tomber le masque et tout déballer. Mais il ne pouvait pas le faire, Ben ne le lui aurait pas pardonné, même s’il était clair qu’il aurait agi pour leur bien à tous deux.
Planté devant la fenêtre du salon, ayant abandonné sur un coin de meuble sa tasse de thé désormais froid, il ne sut s’il devait se réjouir lorsqu’il entendit s’ouvrir la porte d’entrée. Le cadet était donc venu, mais était-ce vraiment une bonne nouvelle ? Chaque fois qu’ils étaient ensemble la conversation virait immanquablement vers le sujet fâcheux et s’il n’y avait eu ensuite les réconciliations sur l’oreiller ils en seraient probablement à s’éviter. Cet équilibre précaire n’avait pourtant rien de sain, à tel point que Martin craignait désormais chaque retrouvailles autant qu’il s’en réjouissait.
Il eut un soupir d’aise quand sans un mot Benedict vint le prendre dans ses bras. Pour ces étreintes et la sensation de paix qu’il en retirait ça valait bien la peine qu’il supporte le pire.
Il ferma les yeux en se laissant aller contre le corps presque trop fin. Le tournage du prochain épisode de Sherlock approchant, Ben avait déjà commencé à perdre du poids et comme toujours son homme était admiratif de son sens du devoir. Une main autour de sa taille, le brun glissa l’autre dans ses cheveux et effleura sa tempe de ses lèvres. Martin frissonna en sentant le souffle chaud sur sa peau et eut toutes les peines du monde à retenir un gémissement de plaisir. Il en avait assez de se montrer trop heureux parce qu’il savait d’expérience que c’était dans ces moments-là qu’il était alors le plus vulnérable, rendant les mauvaises nouvelles – et elles ne manquaient jamais en ce moment – plus douloureuses. Il fallait à tout prix qu’il soit détaché, ou en tout cas qu’il en donne l’impression. Ce qui fut d’autant plus dur quand Ben, le serrant davantage contre lui d’un bras autoritaire, attira son visage à lui, le regardant un instant avec tendresse avant de l’embrasser lentement. Comme toujours Martin s’abandonna tout à fait, et tant pis pour les conséquences.
Rapidement le baiser se fit plus intense et les mains avides de Ben glissèrent sous la chemise de l’aîné. Ce dernier le repoussa gentiment, le fixant avec un sourire.
« Hey, maintenant que tu es là on a tout le temps. »
Il perdit pourtant son sourire en voyant l’expression de son amant changer. Ben avait de nouveau ce visage torturé dont il était bien souvent coutumier ces derniers temps et qui n’annonçait certainement rien de bon.
« Quoi ? s’enquit l’aîné.
- Justement… j’ai pas beaucoup de temps.
- Oh Ben…
- Sophie est à une réception et mon attaché de presse veut que j’y fasse un saut pour qu’on soit pris en photo ensemble. »
Martin eu un profond soupir tout en s’éloignant, les épaules basses. C’était décidément toujours la même rengaine.
« Et moi ? marmonna-t-il d’un plus douloureux qu’il n’aurait voulu.
- C’est pour ça que je suis là.
- Tu ne comprends pas, je ne veux pas me contenter des miettes. Un petit coup vite fait bien planqués ici entre deux évènements mondains où tu joues les fiancés modèles devant la presse, c’est vraiment tout ce que je vaux ?
- Tu sais que non. Je t’aime Martin.
- Tu le répètes souvent, mais je voudrais parfois des actes plutôt que des mots. Non, c’est même pas que je les veux, c’est que j’en ai besoin.
- Je suis là ce soir. C’était important pour moi de venir, d’être avec toi. Tu ne peux pas m’en demander plus pour l’instant.
- Oui, toujours cette éternelle rengaine…
- Tu étais d’accord.
- J’ai pas vraiment eu le choix il me semble. Si ce soir-là je t’avais demandé de choisir entre moi et ces fiançailles stupides je ne suis pas certain que j’aurais aimé ta réponse.
- Tu sais bien que si, s’empressa de s’écrier Ben.
- Vraiment ? J’ai plus l’impression de savoir grand-chose dans cette histoire sordide pourtant. Soit, alors ce soir si je te demande de rompre cet engagement, de me revenir, de me choisir, au risque de te quitter dans le cas contraire, tu me réponds quoi ? »
Martin fut profondément triste en voyant l’expression gênée de son compagnon. Il ne s’était pas attendu à autre chose mais ça n’en faisait pas moins mal pour autant.
« Laisse tomber, souffla-t-il. Je ne suis pas sûr de vouloir parler de ça. C’est déjà assez dur d’être bombardé de photos de vous chaque fois que je suis sur le net.
- J’imagine que c’est frustrant pour toi, mais c’était le but à atteindre. Cette petite médiatisation d’un couple parfait, c’est ce qu’attendent le public, les fans… »
Entendant cela, le blond ne put retenir un ricanement moqueur. C’était l’excuse qu’il entendait en permanence alors même qu’elle était on ne peut plus pathétique.
« Le grand public se fiche que tu sois fiancé ou non. Quant à tes fans… tu as pris le temps de prendre la température de leur côté ? Crois-moi toutes auraient préféré te voir faire ton coming-out. Actuellement une partie se fiche royalement de ta vie, une autre partie a le cœur brisé de te savoir pris et les dernières passent leur temps à se désoler de te voir aussi malheureux sur chaque cliché où on te voit aux côtés de Sophie. Quand tu fais ces belles déclarations comme quoi c’est la femme de ta vie avec un air lugubre que tu n’aurais même pas si tu avais perdu un membre de ta famille, tu t’imagines franchement que tu es crédible ? La plupart des gens te plaignent mais d’autres se fichent tout bonnement de toi, avançant qu’habituellement tu es meilleur acteur que ça. »
Benedict eut un haussement d’épaules nerveux. Ils abordaient là un sujet sensible et ce n’était pas vraiment ce que lui avait espéré pour les quelques heures qu’ils pouvaient enfin passer ensemble.
« Je ne veux pas en parler, tenta-t-il.
- Tu m’étonnes. Mais ça ne change rien. Outre le fait que tout ça était totalement inutile ça me fait craindre le pire pour notre avenir. »
Le plus grand revint vers lui mais Martin lui tournait toujours ostensiblement le dos, aussi se contenta-t-il de poser une main qui se voulait réconfortante sur son épaule.
« Rien de tout ça n’a jamais remis en cause mon amour pour toi. »
Tandis que seul un grognement douloureux lui répondait, il se força à continuer.
« Laisse-moi juste un peu de temps. Le contrat avec Marvel contient une close de moralité alors ça sera un peu plus long que prévu, mais même sans assumer publiquement je resterai toujours avec toi. Il n’y aura personne d’autre. Jamais.
- Ça je le sais. Enfin, je veux le croire en tout cas, mais je n’aime pas cette place qui me revient aujourd’hui dans ta vie. Et puis je vais devoir jouer quel rôle à votre foutu mariage ? Le témoin heureux et souriant ? Si c’est ce que tu prévois pour moi je préfère aller me pendre dès ce soir.
- Il n’y aura pas de mariage, ce n’est pas prévu dans l’accord, rappela Cumberbatch. On joue le jeu jusqu’aux Oscars, d’ici là le film sera sorti partout et les autre récompenses seront tombées… Ensuite on commencera à parler de problèmes liés à la distance… ce genre de conneries évoquées bien souvent et finalement on annoncera notre rupture. »
Martin se retourna vivement et son compagnon fut peiné de ce qu’il lu dans ses yeux. L’aîné habituellement était toujours le plus enjoué des deux, toujours de bonne humeur, prompt à toutes les facéties… c’était d’ailleurs ce qui avait attiré Benedict en premier. Mais depuis plusieurs semaines déjà il n’était plus que l’ombre de lui-même, souriant à peine, ne riant plus, mortellement sérieux en toutes circonstances, y compris en public, comme lors de l’avant-première du Hobbit où il avait mis un temps infini à commencer à se dérider et venir vers lui, ce qui avait lancé pas mal de nouvelles rumeurs les concernant d’ailleurs. Ben n’aimait pas cette facette de son homme mais ne savait comment s’y prendre pour arranger les choses, plus maintenant. Il était trop engagé dans cette mascarade et assumer maintenant leur liaison aurait plus de conséquences néfastes que cela n’en aurait eues à peine deux mois plus tôt. Il ne pouvait plus que le réconforter et espérer sa compréhension, même si c’était beaucoup trop demandé.
« Ben, tu es un idiot si tu penses que ce mariage ne se fera pas. Tu crois vraiment que ton agent, ton attaché de presse et tous les autres vautours qui se font du fric sur ton dos vont laisser passer ça ? Au début c’était peut-être prévu mais si vous rompez dans quelques mois Sophie et toi, alors ça donnera du crédit aux rumeurs de relation arrangée. Et plus personne ne te fera confiance. Ils ne te feront pas courir ce risque.
- Je n’ai pas l’intention de me marier avec elle ! Tu es le seul que j’épouserai un jour ! »
Le ton était sincère et cela fit sourire le blond, qui le croyait effectivement. Seulement tout cela avait dépassé depuis longtemps leurs deux petites personnes. Il y avait trop d’argent en jeu. Eux ne pensaient qu’à l’art et aux différentes opportunités qui étaient les leurs, mais leur entourage professionnel était plus terre à terre et ferait tout pour éviter le moindre dérapage. Parce que c’était la seule façon de réussir à durer à Hollywood, ne pas faire de vague.
« Oh je te crois, dit-il tristement. Pour l’instant tu ne l’envisages pas. Mais ils sauront te faire changer d’avis. Ils y arrivent toujours. Et c’est dommage, parce que les rôles qui te seront proposés ne te correspondront jamais autant que ceux que tu aurais pu avoir ici. Docteur Strange, marmonna-t-il avec un ricanement. Qu’est-ce que tu avais en tête ?
- C’est une sacré opportunité.
- C’est ce que ton égo te fait dire. Pour l’instant.
- Pas de mariage avec Sophie, je te le promets. »
Se rapprochant l’un de l’autre, les deux hommes entremêlèrent leurs doigts puis Martin déposa un baiser chaste sur ses lèvres.
« Ne me fais pas de promesses que tu ne pourras pas tenir. D’ailleurs quelque part tu y trouveras plus que ton compte. En te débrouillant bien je suis sûr que tu arriveras même à la convaincre de te donner cet enfant que tu désires tant. Celui que je ne pourrais jamais t’offrir. Et ne dis rien. Je sais ce que tu as en tête. Tu veux me rappeler cette promesse que tu m’as faite de ne jamais coucher avec elle. Celle-là je me plais à espérer qu’elle restera d’actualité. Il y a d’autres façons de faire un bébé. Je suis plus inquiet à songer que quand elle sera la mère de ton enfant il y aura un lien entre vous que je ne pourrai jamais égaler. Pour cette raison elle ne sortira jamais tout à fait de ta vie et ça, ça fait mal. »
Au bord des larmes, le plus petit ne trouva cette fois aucune excuse pour ne pas accepter l’étreinte qu’il avait longtemps cherché à fuir. Comme il aurait voulu ne plus aimer ces bras qui l’étreignaient, cette voix qui lui murmurait quelques paroles de réconfort. Tout aurait été tellement plus simple s’il avait pu effacer cet amour… Mordant sa lèvre tremblante il inspira profondément l’odeur entêtante de son compagnon et se rappela, tel un maigre réconfort, que jamais il ne le perdrait tout à fait. Peut-être qu’ainsi il saurait faire taire sa jalousie. Sa déception aussi. Et peut-être qu’il pourrait même sourire lors de ce mariage où il serait forcément invité, et aimer cet enfant qui ne pourrait jamais être tout à fait le sien. Il était prêt à tous ces sacrifices si seulement il avait l’assurance que Benedict serait heureux de vivre tout ceci. Mais de cela il en était de moins en moins convaincu et c’était ce qui l’effrayait. Comme s’il avait compris bien avant le principal intéressé que celui-ci faisait fausse route sans parvenir à le lui faire comprendre.
Ils restèrent longtemps blottis l’un contre l’autre et si le cadet était à la base venu chercher du sexe il ne s’y intéressa plus une seconde, ils étaient au-delà de ça ce soir. C’était aussi bien ainsi sinon meilleur et c’est donc le cœur meurtri que Martin le laissa finalement partir vers cette soirée où lui ne pouvait être le bienvenu. Il ravala chacune de ses objections, ce qui semblait être un bon entraînement pour ce que serait sa vie dans les années à venir. Restait à espérer qu’il saurait y faire face aussi longtemps, or de cela il n’était plus franchement convaincu et cela lui faisait peur.
THE END.