Lucy a écrit:
Haha, je savais que tu n'allais pas les laisser tranquille !!
Tu penses bien !
mumu71 a écrit:
j'espère qu'ils feront le bon choix et seront en harmonie avec ce dernier...
Comme toujours , c'est exactement là qu'est la question
10Roger se réveilla avec la lumière du jour. Il s'étira lentement, reprenant doucement conscience avec un sentiment de satisfaction et de profond bien-être, le corps chaud et alangui. Rafael dormait enroulé autour de lui sous les couvertures, un sourire sur les lèvres. Ce fut en l'observant que le suisse réalisa pleinement que le matin était arrivé...
- Rafa, Rafa ! lança-t-il en le secouant pour le réveiller.
L'espagnol sortit de son sommeil en affichant toujours le même sourire, jusqu'à ce qu'il remarqua aussi la lumière du soleil qui pénétrait dans la pièce.
- Oh non ! dit-il seulement, et cela suffit.
Ils sautèrent hors du lit aussi vite qu'ils le purent, enfilant leurs vêtements à la va-vite et coiffant grossièrement leurs cheveux pour les ordonner un minimum.
- Merde, merde, merde, répéta Roger encore et encore. Peut-être qu'il est encore assez tôt ? suggéra-t-il plein d'espoir, en terminant de mettre ses chaussures.
- Je ne sais pas. Cela dépend de si
elles se sont endormies.
Roger hocha la tête tristement et s'apprêta à quitter la pièce.
- Hé, attends, lança-t-il malgré tout, avant que Rafa n'ouvre la porte.
Le majorquin se tourna vers lui, le regard interrogateur et Roger l'embrassa une dernière fois avant de partir.
- Je ne sais pas quand je vais pouvoir faire ça, à nouveau, tu sais...
Ces simples mots illuminèrent le visage de Rafael de son habituel sourire de gamin.
- Bientôt, ne t'inquiète pas.
- Oui... Bientôt...
Mais là en cet instant, vraiment, il ne savait pas trop. Ils se séparèrent dans l'ascenseur, chacun regagnant son étage. Le couloir de l'hôtel était désert dans le silence du petit matin et le Bâlois tâcha de marcher le plus tranquillement possible jusqu'à sa suite. Son cœur battant contrastait pourtant avec l'apparente décontraction qu'il essayait d'afficher. Il glissa la carte magnétique à l'intérieur et poussa doucement la poignée. Il attendit un instant, reprit son souffle et fit un pas dans la pièce. Ce fut suffisant pour apercevoir Mirka assise près de la fenêtre.
Elle portait encore son pyjama et ses cheveux attachés en arrière. Elle n'avait pas l'air en colère. Elle était assise avec une tasse de café et son ordinateur portable ouvert sur la table en face d'elle.
- Regarde, dit-elle en se tournant vers lui. Il y a une photo de toi à l'hôtel, postée hier soir à onze heures sur Twitter, avec ton nom d'utilisateur.
Il regarda vaguement la photo, il revenait juste du restaurant, un bras autour des épaules d'un fan, le stylo dans l'autre main à signer des autographes. Il se souvenait à peine de ce moment, à présent.
- Où étais-tu ? Je t'ai appelé il y a une demi-heure, mais tu n'as pas répondu. Je ne sais pas s'il faut que je sois inquiète ou en colère.
Machinalement, Roger sortit son téléphone de sa poche.
Quatre appels manqués. Il tira une chaise de la table et s'assit en face d'elle.
- Je ne voulais pas que cela se produise..., dit-il, conscient que ça ne répondait à rien et que c'était d'une banalité affligeante.
- Roger, je ne sais vraiment pas ce qu'il s'est passé. Rafa est aussi sur les photos, donc je suppose que tu as bien été dîner avec lui, mais où étais-tu passé depuis ?
Il n'était pas prêt pour cette discussion,
pas du tout, mais ça se passait de toute façon. Il n'y avait aucun moyen d'y échapper, ni de pouvoir lui mentir.
- J'étais avec Rafa.
Elle secoua la tête, sans sembler comprendre.
- Avec Rafa ? Toute la nuit ? Mais à faire quoi ?
Il devina que c'était à sa façon de la regarder qu'elle comprit enfin. Et à sa tenue, bien sûr. Les cheveux pas franchement disciplinés comme à son habitude, ses vêtements un peu trop froissés et aussi... le fait qu'il y ait probablement encore sur lui, l'odeur caractéristique d'une nuit d'ébats,
le parfum de Rafa sur sa peau... En un instant, elle parut réaliser. Elle le regarda fixement pendant un moment et osa :
- La marque de morsure sur ton épaule. C'était Rafa ?
Il acquiesça presque imperceptiblement, se frottant les yeux avec ses doigts.
- Oui...
Il bénéficia d'un autre court répit alors qu'elle continuait de le dévisager, comme si elle était en train de l'évaluer et finalement, elle lâcha la phrase.
- Tu as couché avec Rafael Nadal ?
Présenté comme ça, prononcé de cette manière, ça semblait dégradant et de mauvais goût. Il aurait voulu lui expliquer, lui dire que certaines choses avaient changé mais d'autres pas. Non. Il était toujours son mari, elle était
encore sa femme. Mais qu'est-ce que ces mots auraient voulu dire, alors que quelques heures auparavant il avait eu un rencard avec Rafa - oui parce que c'est bien ce qu'était ce dîner, un rencard - et qu'il avait fini au lit avec lui ? Que restait-il à dire alors ?
Pouvait-il promettre ? Parler d'un moment d'égarement ? D'une passade ? Non. La seule pensée de ne plus jamais être avec Rafael, de ne plus jamais lui parler et passer du temps avec lui, de ne plus l'embrasser et, oui, de ne plus baiser avec lui...était impossible à seulement envisager... Il ne sut pas comment répondre. Il murmura simplement :
- Oui.
Elle était toujours assise sur sa chaise, mais elle eut l'air vraiment surprise, une main devant la bouche, elle tenta de rester posée :
- Wow, tu sais, je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais pas à ça.
Le soleil du matin était déjà bien haut à présent, illuminant la pièce d'une lumière douce et dorée. Sans le lâcher une seconde du regard, elle reprit :
- Alors, quand est-ce que ça a commencé ? Depuis combien de temps ?
- Depuis Wimbledon.
- Quoi ?
- Cette nuit-là, quand il est venu me dire au revoir, tu te souviens ? Je l'ai embrassé. Il m'a embrassé - Il fit un geste d'impatience - Bref, nous nous sommes embrassés.
- C'était la première fois ?
- Oui.
- Mais toutes ces fois avant, lorsqu'il te regardait, te touchait...
- Je ne savais pas. Je ne savais pas que c'était ce qu'il voulait.
- Tu ne savais pas ? Sérieusement ?
- Non Je sais. C'est stupide.
Elle resta silencieuse pendant un moment.
- Aurais-tu été avec lui
avant ? Si tu avais compris plus tôt ?
- Je ne sais pas, Mirka. Je ne savais pas, donc ça n'a pas d'importance.
- Pas d'importance ?
Elle se pencha vers lui, ses doigts se crispant soudainement autour de la anse de sa tasse de café. Sa voix sembla se briser malgré la maîtrise d'elle-même qu'elle continuait d'essayer de conserver avec un minimum de dignité.
- Roger, tout ce temps, je pensais que tu m'avais choisie. Est-ce que tu comprends ? Je croyais que tu savais que c'était lui ou moi et que tu m'avais choisie, moi.
Il ne se souvint plus de ce qu'il répondit à cela, peut-être même s'abstint-il de tout commentaire. Il se rappelait juste de Mirka se levant et déclarant d'un ton péremptoire :
- Bon, écoute. Nous nous occuperons de cela après le tournoi.
Elle ne laissait aucune place à la discussion. Elle lui conseilla d'aller dormir un peu jusqu'à ce que Stéphane vienne s'occuper de son dos. Roger entra alors dans la chambre, dans un état second. Il vit le lit encore à moitié défait, où elle n'avait dormi que d'un côté. Il s'allongea sur les couvertures mais ne parvint pas à s'assoupir.
Comment aurait-il pu ? Il regardait les ombres se déplacer à travers le mur, entendant juste les voix de sa femme et de ses filles feutrées depuis l'extérieur.
- Papa dort encore.
Il avait envie d'envoyer un message à Rafa, peut-être lui demander comment cela s'était passé avec Xisca, peut-être aussi pour lui parler de Mirka, mais l'idée même d'attraper son téléphone pour lui envoyer un texto lui parut comme une trahison supplémentaire. Alors, il y renonça, restant seul avec son mal-être.
La question de Mirka continuait de tourner dans son esprit en boucle :
l'aurait-il choisi, lui, s'il avait compris plus tôt ? L'aurait-il préféré ? La première réponse qui lui venait à l'esprit, c'était
non, bien sûr que non, car alors il n'aurait pas eu Myla et Charlène. Et cela aurait été impensable ! Mais avant elles ? Avant de savoir qu'il aurait deux petites filles, l'aurait-il fait ?
Aurait-il laissé Mirka pour Rafa ? Il ne savait pas. En réalité, la question était toute autre. Et Mirka ne l'avait pas posée. La vraie question était : pourrait-il laisser Mirka pour Rafa
aujourd'hui ? Était-ce même concevable ?
Il se retourna sur le ventre et enfouit son visage dans l'oreiller. Ces questions étaient impossibles. Cette situation était impossible. Mirka avait raison. Pour le moment, il lui fallait se concentrer uniquement sur le tennis.
A suivre