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Disclamer
Le dernier petit Fedal de l'année largement inspiré d'une fic anglophone intitulée Zero Sum de Ninnah.
La traduction/adaptation n'étant pas forcément mon fort , je remercie particulièrement mom qui m'a largement conseillé pour trouver le ton à employer. Et Lucy qui a épluché les écrits presque paragraphes par paragraphes.

Le déclic

Chap 1

Longtemps Roger Federer s'était cru un homme accompli. Il vivait de sa passion, avait épousé une femme qui partageait son amour pour le tennis et était le père de deux adorables petites filles. Cependant, il lui arrivait souvent d'éprouver un indescriptible sentiment de manque et une profonde mélancolie sans qu'il n'en ait jamais compris la raison. Une raison qui était sous ses yeux depuis des années...

Le déclic avait tardé à survenir. Il allait pourtant aboutir à une prise de conscience qui allait changer sa vie... Une prise de conscience qui avait débuté un soir de juillet, sous le ciel pluvieux de l'Angleterre, avant le tournoi de Wimbledon.

Wimbledon. Son jardin. Son tournoi. L'endroit où il se sentait le mieux au monde sur un court de tennis. Il avait encore dans le cœur l'amertume de sa défaite en quart de finale de Roland Garros face à Tsonga et il avait l'envie de l'oublier sur ce gazon anglais si cher à son cœur. Sa victoire à la Halle, ce premier trophée de la saison qu'il avait tenu dans ses mains, le confortait dans la certitude que tout était possible. Et puis, il y avait autre chose aussi... Si Rafa avait réussi à arracher un huitième titre sur terre battue, lui pouvait bien le faire sur gazon...

C'était dans cet état d'esprit, en tout cas, qu'il avait atterri à Londres avec Mirka et les filles. Il bruinait déjà lorsqu'ils débarquèrent et ils ne tardèrent pas à s'engouffrer dans deux voitures venues les attendre sur le tarmac pour les conduire à leur maison de location.

- J'espère que le temps ne restera pas comme ça, commenta Mirka, essuyant la condensation qui s'est déjà formée à l'intérieur de la vitre.

Roger haussa les épaules machinalement :

- C'est l'Angleterre.

Mais la pluie s'était estompée le temps qu'ils arrivent à Wimbledon, en bas des rues verdoyantes autour de Southend. Ils connaissaient bien cette maison au point qu'elle semblait presque leur appartenir. En son temps, ils y installaient tout leur staff mais depuis la naissance des filles, ils y logeaient désormais en famille dans une routine réconfortante. Charlène et Myla retrouvèrent avec plaisir leur chambre décorée en rose-princesse spécialement à leur attention et Mirka s'adonna sans attendre à son rituel de rangement. Comme chaque année...

Roger, lui, fatigué par un début de saison chaotique, préféra se poser au coin du feu pour décompresser. Enfoncé dans un confortable fauteuil en cuir, il regarda distraitement le porte-revues près de la cheminée. Et c'est à ce moment précis que tout avait commencé... à cause d'un fichu magazine...
D'ordinaire, il se contentait de feuilleter le Times, ignorant d'emblée les magazines à potins. Mais là, une photo et un titre captèrent immédiatement son regard: "Tennis Mag. Rafa Nadal et sa fiancée Xisca Perello", avec une photo d'eux deux dans une rue de Majorque et un encart zoomé d'une bague en diamant au doigt fin de Xisca.

Aussitôt, il avait senti un froid inexplicable fondre en lui. Comme un étrange et obscur sentiment de perte... Il était incapable d'en comprendre la raison mais il ne pouvait détourner son regard de la revue. Il détailla pendant un certain temps cette petite photo floue de ce qui était incontestablement une bague de fiançailles. Elle était juste parfaite, rien de trop flashy, un anneau de platine avec un diamant particulièrement élégant sur sa peau bronzée. Sur la photo principale, Rafa cherchait clairement la caméra du regard et lui souriait, tenant la main droite de Xisca dans la sienne. Ses cheveux tombaient sur son visage en boucles indisciplinées, il semblait heureux et décontracté.

Roger les imaginait revenant de la plage, ou d'une promenade en mer, ou quoi que ce fut de ce que Rafa faisait lorsqu'il se trouvait à Porto Cristo. Lui venaient aussi en tête des visions de rues inondées de soleil et des cafés en plein air et Rafa entouré d'amis, de beaucoup d'amis, avec des visages tannés par le soleil comme le sien. Mais au final, il réalisa avec surprise qu'il n'avait aucune idée claire de ce qu'était la vie de Rafael loin de la tournée...

Il resta comme ça un long moment, assis à regarder cette photo et sans vraiment comprendre pourquoi, il se sentit soudainement d'une humeur massacrante...
La nuit n'y changea rien et le lendemain, il partit à l'entrainement presque hors de lui, très peu enclin à sourire et ne répondant à son équipe que par monosyllabes. C'était comme si d'un seul coup, on lui avait enlevé un repère essentiel, comme une impression d'avancer à tâtons dans le brouillard et cette sensation s'intensifia dès lors qu'il aperçut Rafa entrer sur les courts d'entraînement avec son équipe.

- Hola, Roger !

Lorsque le majorquin lui adressa un sourire, il oublia un peu de son mal-être. Il y avait toujours un fond de mauvaise humeur présente mais le sourire de l'espagnol lui faisait toujours cet effet-là... comme une volée de moineaux dans le cœur, comme si le ciel devenait bleu d'un coup et que le soleil illuminait la planète.

- Bravo pour ton huitième Roland-Garros
- Gracias, dit-il avec sa modestie coutumière, félicitations pour la Halle !

Roger remercia d'un geste.

- Alors, quand es-tu arrivé ? demanda-t-il.

Il ne s'en souciait pas vraiment, pas plus qu'il n'écouta la réponse. Il voulait juste avoir un prétexte pour regarder plus longuement le visage de Rafael, voir s'il était devenu différent maintenant.
Et bien sûr, il le trouva différent. En fait, il était différent depuis un certain temps déjà, mais Roger ne l'avait pas réalisé avant. Seulement là, cela le frappait désormais, il n'était clairement plus le gamin de leurs premières confrontations. Non. Rafa était devenu un homme sans que le suisse ne s'en soit entièrement aperçu... du moins jusqu'à ce moment. Il était plus calme, plus sûr de lui. Physiquement, il avait changé aussi. Il n'était plus le jeune gladiateur musclé de ses jeunes années, mais un athlète plus complet et bien bâti. Oh ça oui...

Au regard de Toni qui ne lésinait pas sur les entraînements de son neveu, Roger comprit qu'il devait prendre congé, il lança d'un ton qui se voulait détaché :

- On se reverra peut-être sur le court.

Rafael lui tendit la main et l'attira dans une brève étreinte, comme il le faisait souvent.

Ce ne fut qu'une fois dans la voiture, sur le chemin du retour à la maison, en repensant à cette conversation et à la sensation de la main de Rafael dans la sienne, de sa poitrine pressée contre la sienne, que Roger identifia enfin la sensation installée dans sa poitrine depuis la veille.

Il était furieux.

A suivre

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* On peut résister à tout, sauf à la tentation. Oscar Wilde *

2

Roger était affalé sur le canapé, ses pieds sur la table basse. La télévision affichait silencieusement en arrière fond un soap opera britannique dramatique particulièrement lent que, de toute façon, il ne regardait pas. Il était définitivement distrait. En fait, il ne pensait plus qu'à ça. A cette colère irrationnelle. A Rafa...

- Tu as une interview au Times demain à onze heures, expliqua Mirka en feuilletant son agenda, puis, ce jeudi, tu as ce photoshoot avec Rafa et Andy, tu sais, celui de la London Eye? Roger, tu m'écoutes ?
- Quoi ?

Elle le dévisagea avec une certaine inquiétude, assise dans le fauteuil, les jambes croisées, le planning du jour à la main. Elle avait cette façon bien à elle de le regarder, avec un léger sillon sur son front, essayant de le comprendre et il se sentit comme un enfant pris en faute.

- Désolé, je suppose que j'ai la tête ailleurs.
- Est-ce que tout va bien ? Tu es tellement distrait aujourd'hui. Que se passe-t-il ?
- Je ne sais pas.

Et c'était la vérité.

- Est-ce que c'est Rafa ?

Il sentit comme un courant d'air froid dans sa poitrine, une diffuse sensation de culpabilité. Il leva les yeux vers elle et décidément peu loquace, répéta :

- Quoi ?
- Eh bien, tu sais... Huit titres à Roland Garros. Je sais que tu vas vouloir huit Wimbledon maintenant.

C'était le moment, celui où il aurait pu sortir le magazine, lui expliquer son état d'esprit, essayer d'exprimer ce qu'il ressentait depuis qu'il l'avait vu, parvenir à comprendre cette colère alors que rien dans cette revue ne le concernait. Pas directement. Mais quelque chose l'en empêcha.

- Oui, j'y ai pensé en effet, dit-il, à la place.

C'était plus facile de répondre ça pour l'instant. Ce n'était pas tout à fait un mensonge, non plus. Car ça aussi, ça lui avait effleuré l'esprit. Mais comme il ne se sentait pas réellement la conscience tranquille, il recentra le sujet.

- C'est quoi cette séance photo avec Rafa et Andy ?
- Ils vont prendre des photos de vous dans la grande roue à partir d'un hélicoptère au-dessus de la Tamise. Costume et raquettes, ça semble plutôt cool, en fait.
- Oui, c'est vrai.

En réalité, il n'était pas très sûr d'avoir envie de retrouver l'espagnol avec cet inconfort persistant au fond de lui. Au moins il y aurait Andy.... Malheureusement, le photographe trouva plus "vendeur" de faire monter Roger et Rafael dans la même nacelle de la Grande Roue. Le suisse avait bien envisagé de refuser mais Rafael avait paru si enthousiaste qu'il avait capitulé sans argumenter...

La roue de London Eye culminait à 135 mètres, dotée de nacelles en verre particulièrement élégantes qui permettaient une vue magnifique sur la Tamise et alors qu'ils commençaient doucement leur ascension, une odeur salée de limon émanant des bancs de vase du fleuve leur parvenait aux narines. Des touristes qui attendaient leur tour sortirent leurs téléphones pour prendre des photos et vidéo d'eux. Roger regardait Rafa leur sourire de ce sourire si enfantin et il ne pouvait s'empêcher de lui trouver une vraie grâce naturelle.
Rafael posa sa raquette sur le siège au centre de la nacelle et resta debout, les mains sur la rampe intérieure. Il parut un peu pâle, tout d'un coup.

- Puis-je te dire la vérité ? dit-il, en regardant Roger.
- Bien sûr.
- J'ai peur des hauteurs.
- Oh mon dieu, Rafa... Pourquoi as-tu accepté de le faire, alors ?

Roger se mit instinctivement face à lui, le dos à la vitre et appuyé contre la balustrade, s'imaginant pouvoir protéger Rafa de la vue, tout en sachant bien que cela n'y changerait rien. Le plus jeune répondit :

- Pour le tennis. C'est une grosse séance photo, non ? Il y ont mis les moyens. Ils voulaient que je vienne, alors je suis venu.
- Comment as-tu pu rester calme jusqu'à maintenant ?
- Je me concentre.
- Raf, tu es trop dévoué !

Rafa se fendit d'un sourire rapide. Le suisse reprit :

- Est-ce que je peux faire quelque chose ? Tu sais, pour aller mieux ?
- Il suffit de parler.
- De quoi ?
- N'importe quoi.

Roger parla de ses filles, de Charlène qui savait déjà brandir une raquette de tennis et de la main gauche en plus. Rafael parut amusé et il sembla se détendre.

- Hey, j'ai vu ta vidéo, déclara soudain l’espagnol, se tournant brusquement vers son ami, en souriant. Qu'est-ce qu'une raclette?

Roger retint un éclat de rire.

- C'est du fromage fondu. On fait fondre le fromage et on le verse sur la viande et les pommes de terre. C'est suisse.
- Je n'aime pas trop le fromage mais je pense que ce serait amusant, non ? Si tu me montrais.
- Bien sûr, je le ferai. Peut-être si tu joues à Bâle, hein ?
- Oui, j'y serai peut-être...

Rafa haussa les épaules et toucha son genou du bout de sa raquette.

- Tout dépend de l'état dans lequel il sera.
- Tu pourras venir avec ta fiancée.

Il avait enfin lâché ce mot qu’il semblait avoir sur le bout de la langue depuis la veille. Il eut comme l'impression de vouloir le tester, en essayer le son par rapport à Rafa, et décidément, ça sonnait bizarrement. Il se trouva un peu stupide…

Rafa sourit plus largement, soudainement un peu penaud.

- Oh tu es au courant de ça ?
- Ouais, je l'ai lu dans un magazine, je voulais t'envoyer un texto.

C’était un mensonge et il le savait.

- Nous avons pu passer beaucoup de temps ensemble quand j'étais blessé, Maria et moi. Nous n'avions jamais été sept mois tous les deux comme ça à Majorque avant. Jamais.

Roger se pencha vers Rafa.

- Je suppose que je n'avais jamais pensé que c'était différent pour toi. Mirka a toujours voyagé avec moi.

Le majorquin leva un sourcil.

- Maria a un travail à Manacor, je suis sur le circuit. C'est très différent. C'était agréable de passer autant de temps avec elle. Puis elle est venue avec moi pour la saison sur terre battue. Je l'ai demandé en mariage après Roland Garros et elle a dit oui.

Il sourit à nouveau.

- Tout ça a l'air parfait, félicitations.
- Gracias.

"D'accord, Rafa et Roger, c'est à vous», lança une voix dans leurs écouteurs les faisant presque sursauter dans l’intimité de cette nacelle. Instinctivement, le plus jeune s’éloigna de l’autre homme comme s'il était pris en faute, mais la voix du photographe reprit :
"Roger, pourriez-vous vous tenir à côté de Rafa, je vais faire quelques clichés de vous deux comme ça."
Roger fit signe au photographe qu'il avait compris, en levant le pouce et se déplaça vers l’espagnol. Celui-ci pressa brièvement une main dans son dos quand il se tint à côté de lui. C’était un geste si familier… Le suisse prit alors conscience qu'ils se touchaient toujours lors des séances photos qu’il s’agisse d’une simple poignée de main, de bras enlacés dans le dos ou même d’un contact discret des épaules ou des pieds…
Ils gardèrent la pose, les yeux au loin, pendant une minute ou deux.

"Brillant, merci beaucoup, les gars. On se voit quand vous descendez. "

- Ce n'était pas si difficile, conclut finalement l’espagnol avec un sourire désarmant et le suisse en ressentit comme une sorte de fierté.

A suivre

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* On peut résister à tout, sauf à la tentation. Oscar Wilde *

Contente que tu es mis en ligne le début de cette adaptation qui promet ! Avoir les deux premiers chapitres coup sur coup permet de bien rentrer dans l'histoire je trouve ! Et j'adore un Roger protecteur avec Rafa

J'adore ces deux chapitre, c'est trop mignon la photo séance et la fureur de Roger est acceptable

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@ mom : encore merci pour tout miss, le début était laborieux , j'ai publié les deux premiers pour suivre ton ressenti.
@ jashenry13 : ça me fait plaisir de te revoir

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* On peut résister à tout, sauf à la tentation. Oscar Wilde *

J'ai dévoré les deux premiers chapitres, avec un gros coup de cœur pour la séance photo, je les trouve trop mignons ensemble

pour cette nouvelle histoire et j'ai hâte de lire

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J'aime bien tous les chapitres que j'ai lu. J'attends les autres

Contente aussi de te retrouver par ici


ça vient, ça vient

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* On peut résister à tout, sauf à la tentation. Oscar Wilde *

Hop, on continue avec un chapitre de transition et d'introspection avant un peu d'action (enfin !)

Chap 3

Roger se vida un peu l’esprit de toutes ces sensations étranges qui l’assaillaient en tapant énergiquement quelques balles à l’entraînement. Mais il était toujours aussi préoccupé lorsqu’il rejoignit son épouse le soir.

- Alors, comment Rafa a-t-il fait face ? demanda Mirka en préparant le repas.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? questionna Roger surpris.
- Avec la hauteur... Je croyais qu'il avait le vertige ?
- Oh, tu savais ça ?

Elle fronça les sourcils.

- Je pense que je l'ai lu quelque part. Ce devait être dans son livre. Comme le fait qu'il ait peur des grands chiens noirs ou qu'il déteste les tomates, le jambon et le fromage.

Ce n’était pourtant qu’une simple remarque sans conséquences, mais quand elle avait dit cela, quelque chose d'indéfinissable se contracta dans sa poitrine. Il prit un verre d'eau, marqua une légère pause, et attendit que son souffle redevienne calme avant de se sentir tout à fait capable de parler.

- Je ne savais pas ça. Je ne savais rien de tout cela.

Plus tard, sous la douche, en y repensant, il se sentit vraiment stupide. Ce n’était pourtant rien. Pour quelle raison, aurait-il su que Rafael détestait le fromage ? C'était juste une blague, de toute façon, que l’espagnol avait semblé apprécier. Mais il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il aurait du savoir. Parce que c’était Rafa, justement.

C’est alors seulement qu’il accepta l’évidence, celle qu’il repoussait inexorablement depuis l’article dans le magazine. Et cela lui vint comme un flash. Il réalisa à quel point tout ce qui concernait Rafael avait de l’importance, il réalisa qu’à chacun de ses matchs, il cherchait son visage dans la foule, plus ou moins consciemment, ne le trouvant que de temps en temps, pas assez souvent. Jamais assez.
Et puis il y avait tout le reste, comme à cette séance photo. Chaque fois qu'ils se touchaient, chaque fois que leurs sourires se croisaient il y avait toujours eu un courant de chaleur que Roger n'avait jamais vraiment identifié. Il le reconnaissait parfaitement à présent, c’était un désir violent, trop longtemps enfoui, qui brûlait soudain dans son esprit et dans sa poitrine, tellement fort qu’il s’en sentit étourdi.

La migraine se fit plus forte. Comment cela avait-il pu lui échapper tout ce temps ?

Il ne sut pas immédiatement comment gérer cette « nouvelle donnée » et son premier réflexe fut d’éviter le majorquin à l’entraînement. Il essaya de pratiquer plus tôt mais ce fut peine perdue car il était toujours en train d'enfiler sa chemise quand l’objet de ses pensées apparut et ouvrit le casier à côté du sien.

- Hé, Roger !

Il était dégoulinant de sueur avec les cheveux collés sur sa nuque. Il jeta sa casquette sur le banc et s’assit lourdement pour commencer à délacer ses chaussures.

- Bon entraînement ? se força à demander le suisse.
- couci-couça.

Pour Roger, cela semblait absurde de discuter de cette manière depuis qu'il avait eu cette "révélation" et en même temps c’était la chose la plus naturelle du monde. Rafa le regardait chaleureusement et lui souriait. Il réalisait à présent que les autres joueurs leur laissaient toujours de l'espace quand le vestiaire était occupé. Il avait d'abord cru que c'était parce que Rafa et lui étaient les deux premiers de l'ATP, mais à présent, il se rendait compte que c’était juste parce qu'ils étaient précisément Roger et Rafa. Même les autres joueurs la sentaient, cette "chose" entre eux.

Le soir venu, seul dans sa véranda à l'arrière de la maison de location, il demeura un long moment assis, à regarder le jardin ombragé, à s'imaginer une autre vie... Peut-être qu'il fut un temps où lui et Rafa auraient pu poursuivre leurs matchs par un autre type de corps à corps... Il commençait à se souvenir de certains moments où cela aurait pu se produire s'il avait juste pris l'initiative... Des instants volés, des regards appuyés, des gestes équivoques… tellement de suggestions, de défi dans les yeux de Rafael… des invitations qu’il n’avait pas su voir…

Majorque... La bataille des surfaces. Rafael avait suggéré de lui montrer où il habitait. Il se rappelait parfaitement de sa main sur son avant-bras, en équilibre sur sa peau comme si le moindre regard, attitude ou suggestion auraient pu aboutir à quelque chose de plus... chaud, une sorte d'engagement tacite passé entre eux. Mais alors, il n'avait rien vu de tout ça...

Miami... Une défaite amère et pourtant... le souvenir diffus du sourire de Rafael dans le vestiaire, pas un sourire de victoire ou de conquête, mais le genre qui dit je suis heureux de te voir... Roger avait été incapable de détacher son regard de lui retirant son maillot trempé de sueur. Les yeux sombres de l'espagnol s'étaient rivés sur lui et le sourire s'était mué en un appel silencieux...

Rétrospectivement, ça lui paraissait ridicule de n’avoir pas correctement interprété tous ces signes comme il le faisait maintenant. Cela aurait été si simple alors, il aurait pu se rendre à la réception de l'hôtel et demander "Quelle est la chambre de Nadal, je tiens à le féliciter." Personne n'aurait contesté. Et il aurait pu toucher le corps bronzé qu'il avait aperçu sous sa chemise et goûter sa peau...

Il ne cessa de penser à toutes ces occasions manquées dont il se souvenait avec clarté… Des regards, des sourires, des promesses muettes à Rome, à Pékin, à Seoul... Il se souvenait de quelques blagues ensemble, quelques mots, des mains de Rafa reposant négligemment ici et là sur son bras, sur son dos, sur sa poitrine.
Autant de moments, autant de chances manquées... Puis, lentement, au fil des dernières années, Roger réalisa, qu'il y avait eu moins de signes. Moins de regards significatifs, moins de suggestions subtiles dans les doigts de l’espagnol, jusqu'à ce que finalement il n'y ait plus rien du tout. Pourquoi Rafa aurait-il continué de demander si Roger continuait de refuser ?

Parce que tout ce temps, il s'en rendait compte à présent, Rafa avait du penser qu'il refusait.

Depuis l'étage, il entendit Mirka crier aux filles qu’il fallait se coucher alors qu’elles protestaient parce qu'elles n’étaient pas fatiguées. Il savait qu'il aurait du aller aider, dire quelques mots apaisants, peut-être leur lire une histoire et laisser Mirka se détendre. Mais il ne le fit pas. Il continua de regarder le jardin, à demi caché dans la pénombre de la soirée. Il y avait à peine un souffle de vent. Il se sentait glacé et tellement stupide... Il n'arrivait pas à croire qu'il avait pu rater tous ces signes. Il y pensa encore et encore...

Oh mon dieu. Je les ai tous manqués...

A suivre

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* On peut résister à tout, sauf à la tentation. Oscar Wilde *

Ooh! Le chapitre suivant! Bonne continuation!

Oh j'avais râté le début de ta fic, et ça...

j'adore tout simplement. Roger/Rafa ça fonctionne comme toujours avec toi

Roger qui s'interroge sur ce qu'il ressent. et oui au détour d'une couverture de magasine le voilà qui apprend les fiancailles de son grand rivale et ami surtout!!!

le photoshoot dans la london eye est pour lui l'occasion d'en apprendre un peu plus sur Rafa. Non il ne connaissait pas sa peur du vide. il ne connaissait pas non plus celle des grand chiens noir et son aversion pour le fromage!
et retrospectivement il repense à tout ces petits gestes lors des séances photos. ces mains dans le dos, ou sur le bras!!!

il est perturbé. et les questions de mirka le prenne au dépourvu. de banales questions qui pourtant le font s'interroger sur sa relation avec rafa.


j'attends

Roger commence à voir ce que les gestes de Rafa cachaient, des sentiments qui vont bien plus loin qu'une simple amitié.
Et maintenant que va-t-il faire?

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chap 4

Son premier match fut parfait. Il se déplaçait avec fluidité et ne sentit pas de douleur au dos.

Une fois rentré, il avait d'abord voulu se consacrer à sa famille mais lorsque Mirka avait allumé le téléviseur sur le match de Rafa et qu’il vit le score, il se ravisa et s'enfonça dans le canapé. Darcis jouait le genre de tennis que seul un gars qui n'a rien à perdre pouvait jouer, alors que le majorquin peinait à se déplacer. C'était horrible à regarder. Et puis finalement, Rafael s'approcha du filet, une expression sinistre sur son visage, Steve Darcis avait remporté le match.

Le repas qui suivit fut silencieux comme si sa femme et ses filles pouvaient sentir sa fragilité en cet instant et son besoin de s’isoler. Dans ce silence pesant, tout le monde put entendre son téléphone vibrer.

- Qui est-ce ? demanda Mirka, distraitement, en écrivant quelque chose dans son agenda.

Le message qui s’affichait à l’écran demandait " Es-tu toujours dans la maison de d'habitude ? ". Il se sentit presque fautif, comme s'il avait un secret à garder et fit un réel effort pour répondre:

- C'est de Rafa.
- Oh ? Je pensais qu'il était sur le chemin du retour, maintenant.
- Je suppose que non.
- Peut-être qu'il veut te dire au revoir.
- Peut-être. Je vais lui dire de venir. OK ?

Elle acquiesça.

- Bien sûr. Je vais me coucher, mais je vais l'attendre pour dire bonjour.

Roger renvoya un texto, avec un sentiment de culpabilité et dix minutes plus tard, la sonnette retentit.

- Rafa, désolée pour aujourd'hui, lança Mirka en l'embrassant sur les joues.
- Merci, répondit l’espagnol, lui tenant la main et haussant les épaules.

Elle se dirigea vers l'étage et Roger, après un moment d'hésitation, l'invita au salon.

- Entre, entre. Puis-je t'offrir quelque chose ? Une boisson ou autre chose ? Une bière ?
- Non, non, Rogi. C'est bon. Je viens juste te dire au revoir.

Il souriait mais il restait des traces de tristesse dans ses yeux, alors Roger ne contourna pas le sujet :

- C'est la merde que tu sois déjà dehors.
- Oui...

Rafa enfonça ses mains dans ses poches. Le cerclage autour de son genou était visible sous l'ourlet de son pantalon. Il était un peu effiloché. Il ne s’était pas donné la peine d’en changer après le match.

- Toi, tu as fait un très beau match aujourd'hui.
- Tu dis toujours ça, répondit Roger, pour le taquiner un peu.
- C'est parce que c'est toujours vrai.

Roger réalisa que le plus jeune s’était toujours comporté avec lui comme un gamin qui aurait un coup de cœur. Il l'avait toujours regardé avec de grands yeux et des sourires moitié timides, moitié joyeux. Rafael reprit :

- Quoi qu'il en soit, il est tard. Je voulais juste te dire au revoir, non ? Et bonne chance pour le reste du tournoi.

Le suisse n’avait aucune envie de le voir partir. Tous ces moments revenaient à sa mémoire en cet instant, tous ces signes, toutes ces occasions manquées. Ici, après cette perte inattendue, il pouvait peut-être en créer un autre. Il posa sa main sur le bras de Rafa.

- N'y va pas.

Le majorquin sembla surpris.

- N'as-tu pas un entraînement demain ?
- Oui, mais pas très tôt.

Ce n’était qu’à moitié vrai, mais il pouvait reporter d'une heure ou deux s'il le fallait. Il fit un pas de plus, ses doigts effleuraient à présent le biceps de Rafael. Celui-ci le regarda étrangement, comme s'il voyait les pièces d’un puzzle sans parvenir à les assembler.

- Je déteste l'idée que tu partes si vite.

Ce devait être la façon dont il avait prononcé ces mots qui fit que tout s'enclencha. Parce que soudain, Rafa le regarda avec une sorte d'incrédulité.

- Roger...?

Les Rs profonds et doux résonnèrent à l'oreille de Roger comme si c'était ça son vrai nom, quelque chose de réconfortant et familier. Sa main dériva sur la courbe de l'épaule du joueur ibérique et s'immobilisa sur son visage. Celui-ci prit la main du suisse dans la sienne et demanda doucement :

- Roger, qu'est-ce que ça signifie ?
- J'ai réalisé beaucoup de choses récemment...

Il secoua la tête et sourit un peu.

- J'ai réalisé beaucoup de choses sur toi. Et sur moi.

Il mit son autre main sur la poitrine de Rafa, sa paume à plat contre le sternum. Il sentait monter et descendre son souffle rapide.

- J'ai réalisé tout ce que j'avais manqué auparavant.
- Tout ce que tu ... tu avais manqué ?
- Oui. Ce que je ne comprenais pas, tu sais. Ce que tu me disais.

Il avait l’impression d’être dans un autre monde, un monde où il pouvait oublier tout le reste et prendre Rafael dans ses bras.

- Ce que… je disais ?

Ce n'était pas que l'espagnol ne comprenait pas l'allusion, mais il voulait s'assurer que Roger parlait bien de la même chose. Après toutes ces années...

- ...que tu me désirais...

Roger fut presque étonné de sa propre audace, mais il était trop tard pour se montrer prudent. Rafa resta silencieux pendant un moment.

- Tu n'avais pas compris ? Toutes ces fois où j'essayais de te le dire, tu n'avais pas compris ?
- Non. J'ai été stupide. Je n'y ai même pas pensé.

Les doigts du plus jeune se serrèrent autour de la main de Roger. Il fit un pas plus près, son visage soudainement très proche du sien.

- Et maintenant, tu comprends ?

La proximité était telle que Roger pouvait parfaitement percevoir la chaleur de son corps.

- Oui.
- Maintenant, que tu as des enfants et une femme, et que je me suis fiancé.

Roger hocha la tête.

- Je sais.
- Maintenant qu'il est trop tard...
- Je sais, répéta-t-il, je suis désolé.

Et puis Rafa l'embrassa.

S’il existe des baisers désespérés alors ce baiser était de ceux-là. Il était brutal et chaud. Dans le même temps, les bras de Rafael s’enlacèrent autour de son aîné comme deux bandes d'acier le maintenant en place. Mais Roger ne protesta pas. Il se pressa plus fort contre le corps de Rafa, il l’embrassa avec la même insistance, furieusement, passionnément. Leurs poings se tordaient dans les vêtements, leur respiration était lourde contre la peau de l'autre. Ils s'embrassaient avec désespoir. Roger ne sut pas combien de temps cela dura, mais cela dura aussi longtemps qu'il put le supporter. Lorsqu’ils s’écartèrent enfin l’un de l’autre, ils pouvaient à peine respirer.

- Je dois y aller, murmura Rafael dans un souffle.

Roger pressa son front contre le sien.

- Ne fais pas ça, reste un moment.
- J'aimerais bien, Roger, mais j'ai un vol pour Majorque dans quelques heures. Et puis… ta femme est en haut, non ?

Roger se dégonfla aussitôt à ces mots. L'adrénaline qui l'avait porté les dernières minutes se dissipa.

- Tu as raison.
- Oui.

Ils se séparèrent doucement de leur étreinte.

- Quand vas-tu...

Roger s'interrompit brusquement, jetant un regard sur les genoux de Rafael.

- Quand vais-je rejouer ? Je ne sais pas. Je dois aller voir mon médecin à Majorque.

Le suisse hocha la tête.

- Je ne sais pas quand je te reverrai, alors ?
- Non...
- Oh... D'accord.

Mais il n'était pas d'accord du tout avec cette idée.

Plus tard, allongé dans le noir avec Mirka à côté de lui, Roger commença à ressentir la douleur de la séparation. Il avait senti Rafa contre lui, il avait goûté à ses lèvres. Il ne pouvait déjà plus s'imaginer ne plus jamais l’embrasser à nouveau. Ou le tenir encore, ou l'allonger sur un grand lit et cartographier chaque centimètre de son corps magnifique. A cette pensée, son sexe en devint dur entre ses jambes et il se tourna de façon à calmer son désir, en essayant de trouver le sommeil.

- Roger ? questionna Mirka, dans un murmure.

Il se sentit glacé d'un seul coup.

- Tout va bien ?
- Non... Viens ici.

Il la tira vers lui et l'embrassa, la déshabilla, juste pour sentir une peau contre la sienne, juste pour faire semblant et tromper l’absence...

A suivre

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* On peut résister à tout, sauf à la tentation. Oscar Wilde *

Quel magnifique chapitre
Rafaël durant tout ce temps envoyait des signaux à Roger. et lui ne les voyait pas, ne les ressentait pas. Mais comment aurait-il pu alors que lui même ne voyait pas ses propres sentiments.
Il a fallu ces fiançailles pour que roger s'interroge et il a fallu la visite de rafa après sa défaite pour que roger prenne totalement conscience des signaux que lui avait envoyé Rafaël.
c'est trop tard roger est marié et père, rafa fiancé.
Mais rien n'est jamais gravé dans le marbre...
Roger peut divorcer, rafa se séparer...
et roger ressent déjà la douleur de l'absence après ce baiser passionné et après avoir serré rafa tout contre lui.

Mirka est intelligente et je suis sûre qu'elle à déjà compris alors NON il n'est pas trop tard!!!

Quel chapitre merveilleux! Comme toujours!