Ashyra a écrit:
J'crois que je serai capable de défendre Almagro face à Federer c'est dire ....
Mouahahahaha
Sinon, vendredi, y'a Rafa contre Fabio, le fantasque Italien, là
Bon chapitre 4, un peu mollasson, un chapitre de transition, c'est toujours une POV Novak...
Chap. 4J'ai quitté sa chambre comme un automate et Stan m'a alpagué dans le couloir, le visage grave. J'imagine que mon esclandre n'avait rien de discret. Il m'a écouté sans un mot et m'a proposé de m'accompagner à l'hôpital. Sa présence à mes côtés me réconfortait et m'évitait de penser sans cesse à ton visage si pâle dans cette chambre d'hôtel.
Toni Nadal avait fait les choses bien, il n'y avait pas un reporter et pas la moindre fuite quant à ta présence dans cet hôpital, alors pour ne pas attirer d'avantage l'attention, Stan et moi, nous nous étions retirés de la vue du plus grand nombre, dans un recoin de salle d'attente.
- Tu penses toujours que Roger est quelqu'un de bien ? demandais-je légèrement acerbe.
Il me renvoya un sourire doux et hocha la tête. Lisant sur mon visage ma désapprobation, il demanda :
- Comment tu te sentirais, toi, si tu avais passé ta pire année tennistique, que ta femme se barrait avec tes gosses et que ton amant se retrouvait à l'hôpital parce que tu as manqué de discernement?
- Je pense que je me sentirais minable. Et malheureux.
- Et tu ferais quoi?
- Je crois que je sauterais d'un pont.
J'avais dit ça en souriant légèrement, mais il me répondit :
- Précisément.
Pour un peu, il m'aurait fait peur car l'idée m'effleura que tout champion qu'était Federer, mon irruption dans sa chambre avait pu lui donner des envies suicidaires. Non seulement, je me sentais coupable mais je savais que toi, tu en serais dévasté.
- Mais Roger, lui, il n'est pas comme ça, reprit le suisse à mes côtés.
- C'est-à-dire ?
- Il se bat. Pas seulement sur un terrain. Il se battra pour lui, crois-moi.
Je laissais paraître mon scepticisme mais Stan posa sa main sur mon genoux, provoquant chez moi un léger embarras et me murmura à l'oreille :
- Tiens, regarde.
Je suivis son regard pour voir Roger Federer entrer dans l'hôpital, il portait un sweet gris à capuche, probablement plus aisé à dissimuler son identité. Il semblait perdu , les yeux rougis et il cherchait quelqu'un à qui parler. Le choix ne manquait pas, en plus du clan Nadal, il semblait y avoir l'Armada au grand complet. A croire que les espagnols avaient toujours eu un lien amical et familial plus forts que les autres.
Il s'approcha directement de Toni Nadal, ce qui ne me parut pas le meilleur choix d'interlocuteur car le majorquin posa sur lui un regard noir presque orageux et le rembarra d'un geste autoritaire.
- Tu n'es pas le bienvenu ici.
- Je veux juste savoir comment il va.
- Tu veux savoir ? Alors viens contempler ton œuvre !
Je n'avais jamais vu cet homme, d'ordinaire si posé en interview, aussi hostile envers quelqu'un, il le saisit brutalement par le bras et l'amena à ta chambre et je sais parfaitement ce qu'il y vit.
Ta pâleur. Lui qui devait connaître mieux que quiconque le doré de chaque parcelle de ta peau et le rouge qui te montait aux joues lorsqu'il était près de toi, comment pouvait-il ne pas être saisi par ce spectacle? Il recula de quelques pas, encore plus blême qu'il ne l'était déjà et quitta les lieux sans un mot.
- Tu sais, reprit Stanislas, pour lui, ce n'était pas facile de tout abandonner pour Rafa.
- Moi, ça me parait simple pourtant.
- Mais tu n'es pas marié, Nole, tu n'as pas d'enfants et tu sais sans doute que tu aimes les hommes depuis un bout de temps.
Certes. Mais je refusais de lui trouver les circonstances atténuantes que mon ami lui trouvait. Enfin, jusqu'à ce qu'en me levant pour aller chercher une boisson, je jetais un œil dans la rue pour à nouveau l'apercevoir, Lui. Federer était assis sur un pas de porte, à même le sol, la tête dans ses mains, sous une pluie battante, semblant tout ignorer du monde qui l'entourait. Je soupirais et pour une fois, je comprenais comment il pouvait se sentir en cet instant.
Seul et désemparé.
- Te chopper une pneumonie ne changera pas grand chose à ce qu'il se passe là dedans.
Il releva la tête, parut surpris de me voir et ne répondit rien.
- Rentre au moins dans un café, je crois que tu as besoin d'un verre.
Il s'exécuta et me suivit l'air hagard. Pourtant il y avait quelque chose de très digne dans son attitude et je crois bien que pour la première fois, je me mis à comprendre que tu puisses aimer cet homme-là.
- Comment as-tu fait pour savoir que Rafa se trouvait ici ?
- J'ai soudoyé le réceptionniste de l'hôtel en lui filant ma Rolex.
Ce fut mon premier sourire pour lui. Même si je me doutais qu'une Rolex était peu de chose pour lui, ça montrait néanmoins sa détermination.
- Je lui avais tout raconté...
- Quoi ?
- A Mirka, je lui avais tout raconté avant que tu n'arrives. Dès que j'ai quitté Rafa, j'ai su que c'était une erreur. Que je ne pourrais jamais renoncer à lui. Il me fallait ressentir ce manque pour comprendre... On avait mis tant de temps à se trouver enfin, ce n'était même pas concevable...
Il n'attendait pas de réaction de ma part, il disait cela sur le ton désabusé du constat, laissant éclater la cruelle ironie de celui qui a besoin de tout perdre pour comprendre ce qu'il possédait. Il me regarda enfin dans les yeux, soufflant sur son café et demanda d'une voix moins ferme :
- Parle-moi de lui.
- De Rafa?
- De ses loisirs, de ses envies, de ses peurs, de tout ce que j'ai manqué...
Il y avait du respect dans ses yeux et je fus touché malgré moi par sa sincérité et son désarroi. L'évidence me frappa, celle que je n'avais pas voulu entendre de la bouche de Stanislas. Roger Federer t'aimait de cet amour que tu espérais tant et qu'il s'était obstiné à te cacher, effrayé qu'il était par ce qu'il découvrait...
Alors d'une voix sans jugement, de la plus douce que je pus, je lui racontais, ta peur du noir et des orages, ta passion pour le Real Madrid, pour les jeux vidéos, pour la simplicité de ta vie à Manacor, ton sens de l'amitié,... et il me remercia dans un souffle.
Je le croyais vaincu mais il se leva et son regard retrouva une lueur de défiance, sa voix était posée pourtant lorsqu'il me lança :
- Tu crois sans doute que tu aurais été un meilleur choix pour lui, Novak et peut-être que tu as raison, mais je l'aime et je ne suis pas disposé à laisser passer ma chance.
Il n'avait pas demandé ce que j'étais pour toi, ce que je faisais dans ta chambre ce soir-là. Et il savait comme moi que j'avais une part de responsabilité dans ce qui était arrivé, mais de cela non plus il n'avait pas parlé. Il était simplement capable de t'aimer malgré ce que je pouvais éventuellement représenter pour toi...
Il me remercia, laissa un billet sur la table pour l'addition et s'en alla sans autre forme de procès. Je fus ébranlé malgré moi par le charisme qu'il dégageait en cet instant, un homme blessé mais déterminé.
Je compris seulement à ce moment-là que je ne pourrais pas lutter face à lui et une seule phrase me vint alors en tête. De Stan, bien sûr...
Il se battra pour lui, crois-moi...A suivre