Eh bien voilà, ayant totalement succombé au couple Lestrade/Mycroft, il semblait naturel que je trouve le courage de bricoler quelque chose concernant leurs interprêtes
Par contre pour ceci il me faut vous demander votre indulgence, parce qu'à part Robert et Jude (et encore, ça fait une éternité^^) chaque fois que j'écris du RPS je suis hyper mal à l'aise. Pas certaine de moi du coup. Mais bon, je voulais tout de même avoir votre avis
Bonne lecture.
ooOoo
Assis un peu à l’écart de la scène qui se jouait, Mark gardait les yeux fixés sur l’acteur qui citait son texte avec une ardeur envoutante. C’était fascinant à regarder, à plus forte raison quand on connaissait l’homme derrière le comédien. Rupert Graves était un être intéressant, et le plus plaisant était justement qu’il ne s’en rendait pas compte un instant. Dans son esprit il n’était rien d’autre qu’un tout récent quinquagénaire totalement banal. Quand une foule de curieux se bousculait lorsqu’ils tournaient en extérieur, que Benedict et Martin étaient dans leurs petits souliers face à cet intérêt qu’ils suscitaient, Rupert faisait remarquer avec son flegme habituel que tout ce beau monde n’était certainement pas là pour lui, facilitant clairement son travail. Près de trente ans de carrière et pas grand-chose dont il s’estimait véritablement fier. Des premiers rôles dans ses productions qui ne faisaient pas l’unanimité, d’autres projets au contraire d’envergure mais dans lesquels il se faisait systématiquement voler la vedette. Il s’amusait à assumer n’avoir jamais eu le nez pour choisir les bons rôles. Mark ne partageait pas ce point de vue, adopté sans nul doute pour se protéger, et admirait l’acteur autant que sa carrière. Cette facilité qu’avait l’aîné à mener plusieurs projets de front, y mettant tout son cœur, demeurant toujours aussi humble, comme si chaque film risquait bien d’être le dernier. N’avait-il pas été étonné justement que les deux producteurs pensent à lui pour un rôle aussi important dans leur série ? Dans ce milieu où la grosse tête était monnaie courante, son intégrité était rafraîchissante.
Ce qui l’était moins en revanche c’était les propres pensées du cadet. Depuis que ce fichu tournage de la saison 3 avait commencé, Mark se sentait étrangement attiré par Rupert. Et si le principal intéressé semblait ne s’être rendu compte de rien, normal étant donné le peu d’estime qu’il avait pour lui-même, d’autres s’étaient avérés plus perspicaces en revanche. Steven avait proposé avec un sourire entendu qu’ils écrivent quelques scènes entre Mycroft et Lestrade pour les épisodes à venir. Quant à Ian, il avait fait preuve d’une ouverture d’esprit totalement inattendue, quoi que collant parfaitement avec leur idée du couple qui ne devait souffrir d’aucune contrainte, lui conseillant d’aller au bout de cette attirance qui commençait à le bouffer de l’intérieur. Un bon conseil effectivement, quand quelque chose virait à ce point à l’obsession, y succomber ne pouvait que faciliter les choses. Facile à dire cependant. Restait encore à convaincre Rupert.
Avec un soupir de dépit, l’auteur passa une main sur sa joue mangée par une barbe de plusieurs jours, détail qu’il se permettait n’ayant lui-même aucune scène à tourner avant un moment. Et même si son ami s’avérait partant, était-ce réellement un bon plan ? Que deviendrait leur relation après ? Après quoi d’ailleurs ? Qu’attendait-il exactement de tout cela ? Simplement un lien plus fort que celui déjà existant ? Du sexe ? Concernant ce dernier détail, si sexe il y avait, Mark saurait-il se contenter d’une seule fois ? Que de questions. Et combien elles étaient pathétiques tant que l’autre homme n’était pas davantage impliqué.
Arriva Martin, qui se laissa tomber sur la chaise près de lui avant de se perdre lui aussi dans la scène qui se déroulait à proximité. Quoi qu’il n’ait certainement pas d’yeux pour le même protagoniste. Il était effectivement de notoriété publique sur le plateau que lui et Benedict avait une relation plus que professionnelle. Mark n’était pas au courant de tout et s’en fichait pas mal tant qu’ils étaient heureux, ce qui semblait bien le cas.
« Ils sont bons », fit remarquer le blond.
L’aîné hocha la tête en souriant.
« C’est bien ce qui arrive à Ben, continuait Martin, il le mérite vraiment. »
Nouveau hochement de tête de la part de Mark. C’était la stricte vérité, avec son talent Benedict méritait cette carrière qui prenait enfin toute son ampleur. Mais tout ce même, c’était fâcheux que même auprès de ses partenaires il n’y en ait en permanence que pour lui, comme si les fans et les journalistes ne suffisaient pas. Pas étonnant dans ces conditions que Rupert, qui avait pourtant tellement plus de bouteille, se sente mis au placard.
Remarquant enfin l’air mélancolique de son producteur, Martin se tourna vers lui avec un sourire bienveillant.
« Je suis certain qu’il serait fier de l’intérêt que tu lui portes. Si seulement il s’en rendait compte. A toi de lui mettre les points sur les i.
- Martin ?
- Ben et moi on en parle souvent. Vous pourriez faire comme nous. On ne se voit que pendant le tournage. Ça a un côté excitant sans avoir pour autant de conséquences.
- Vous êtes deux gamins, soupira Mark avec lassitude.
- Peut-être bien. Mais je ne suis pas sûr de voir le problème. On est coincés à Cardiff, loin de nos familles… Il n’y a jamais eu de mal à se faire du bien, tu ne crois pas ? Et puis ce qui se passe à Cardiff reste à Cardiff. On ne s’est quasiment jamais vu ailleurs. »
Cette dernière remarque fit tiquer Mark, qui en comprenait la portée. A Londres effectivement Martin avait une compagne, tout comme lui avait Ian et Rupert son épouse. Décidément, ils étaient tous bien pathétiques, même si à cet instant son interlocuteur ne semblait guère troublé par toute cette situation.
« A méditer ! », lança encore le blond en se levant.
Les deux acteurs en avaient finis avec leur scène et Martin s’empressa de rejoindre le plus jeune. A les regarder échanger sourires et regards énamourés tout semblait effectivement tellement simple, songea Mark. Mais voulait-il seulement de cela ? Une histoire en pointillés qui risquait de surcroît de compliquer le travail. A ce détail il secoua la tête avec une grimace. Le travail de Benedict n’avait jamais été aussi bon que depuis qu’il avait fait une place dans sa vie à son collègue. Pourquoi cela serait-il différent pour eux ?
Du coin de l’œil il vit Rupert s’approcher de lui. Cigarette à la bouche, il se débattait avec le vent pour allumer son briquet. Une sale habitude selon son propre aveux mais qui revenait systématiquement quand la pression montait. Mark aimait à le voir faire. Lui-même avait arrêté de fumer des années plus tôt et appréciait depuis retrouver ces gestes familiers chez autrui. D’autant que Rupert parvenait à rendre cela tout à fait sexy.
« Tu as aimé ce que tu as vu patron ? »
L’auteur eut un petit rire. Il était bien le seul à les appeler ainsi lui et Steven alors même qu’il était le doyen de leur fine équipe. D’aucun y aurait vu une moquerie douteuse, Mark savait pour sa part qu’il n’en était rien. Il savait que ce n’était rien d’autre qu’une forme de respect à l’égard de ceux qui lui avaient donné l’un de ses meilleurs rôles.
« C’était parfait. Il faudrait penser à vous faire jouer ensemble plus souvent.
- Ça me dérangerait pas. D’ailleurs puisque tu abordes le sujet, je ne serais pas contre une scène ou deux entre nos personnages. »
Le cadet hocha la tête en se mordant la lèvre. C’était définitivement quelque chose auquel lui pensait souvent, même si dans sa tête la scène qu’il imaginait ensuite ne cadrait pas avec l’image tout public de la série. Pourtant ce fut sur un autre détail qu’il s’arrêta. Pourquoi Rupert lui tenait-il justement ce discours ? Quand Steven tenait les mêmes propos il le taquinait clairement, mais Rupert. Quel intérêt avait celui-ci à vouloir travailler davantage à ses côtés ? Se pouvait-il que les sentiments qu’il éprouvait soient finalement réciproques ? Malgré ses hésitations, il devait en avoir le cœur net, ou il n’était pas certain de pouvoir se pardonner un jour ce manque d’initiative de sa part.
« Rupert, il faut que je te demande quelque chose », commença-t-il non sans hésitation.
Le sourire avenant de l’autre homme, qui avait renoncé à allumer sa cigarette, le motiva à continuer sur sa lancée.
« Que dirais-tu de venir boire un verre dans ma chambre un de ces soirs ? »
Pas de date précise pour laisser une porte de sortie. Il comprit que c’était une précaution inutile en voyant le sourire de son ami s’agrandir.
« Depuis le temps que j’attends que tu me poses cette question, souffla Rupert.
- Ce soir alors ?
- Ce soit, c’est parfait.
- Parfait », répéta Mark, comme pour se convaincre que c’était bien réel.
En face de lui, envolé le Rupert si peu sûr de lui, comme si l’initiative de son ami lui avait donné des ailes. Il prit discrètement la main de l’auteur dans la sienne et la serra doucement.
« Je vais rentrer à l’hôtel maintenant patron. Il fait que je me prépare, j’ai un rencart ce soir. »
Et avec une moue tout à fait charmante il s’éloigna sous le rire joyeux du cadet, qui n’aurait pu se sentir mieux qu’à cet instant.
A proximité, Martin et Benedict, qui avaient suivi tout l’échange, rivalisaient en sourire entendus à l’adresse de leur ami.
THE END.