Merci à vous toutes pour vos charmants commentaires ! Voici le dernier chapitre qui tardait un peu
Je suis pas trop habituée au mode fluffy-romantico-mélancolique
4.Ils échangèrent quelques balles sous le soleil trop chaud de juillet, veillant à ne pas trop forcer sur les genoux encore fragiles de l'espagnol puis ils oublièrent l'effort fourni dans une baignade sur la plage privée de Rafael. A chaque seconde qui passait, la défaite londonienne paraissait plus lointaine et les cœurs s'apaisaient doucement des blessures d'orgueil des deux champions.
Il y avait pourtant quelque chose de différent des précédentes fois où ils s'étaient retrouvés ainsi. Une atmosphère plus lourde. Moins nonchalante. Une sorte d'épée de Damoclès qui leur disait que leur carrière ne tenait peut-être plus à grand chose. Roger avait toujours eu peur de cet instant et pour Rafael, c'était peut-être une angoisse plus sourde encore... comme s'il ne pouvait se résoudre à ce que sa santé vienne à bout de sa volonté de se relever chaque fois... Et puis il y avait cette conversation laissée en suspend... Bref, l'impression diffuse que les choses ne pourraient pas continuer de tourner ainsi encore longtemps...
Roger sentit pour la première le poids de tout ceci peser sur sa poitrine. Il mesurait aussi bien le vide que laisserait le tennis dans sa vie que celui que laisserait Mirka. Ou Rafael...
Rafael... Il vint encercler les hanches de son espagnol qui s'était mis en tête de préparer une paella et cette fois-ci, le visage calé dans le cou de son amant, le serrant bien fort dans ses bras, les mots vinrent tous seuls...
- Oh Rafa, j'aimerais tellement te rendre heureux.
-
Elle aussi te rend heureux,
elle fait partie de toi.
Roger fut touché, l'amour de Rafa avait quelque chose d'absolu et de sacrificiel, il l'avait toujours su et avait repoussé toujours à plus tard le jour où il quitterait sa femme pour lui, mais il n'y était jamais parvenu et
il avait toujours fait comme si ça n'était pas important pour Rafael.
- Je te blesse.
- Roger...
- Je te blesse et je
lui mens tous les jours.
Il sentait les larmes monter à ses yeux et les réprima du mieux qu'il put, mais son amant latin le connaissait trop bien pour ne pas voir cette douleur-là, mélange de honte et de souffrance, ce déchirement intérieur qui rendait chacun de leurs instants si fragiles... il l'étreignit sans rien demander d'autre. Et comme à chaque fois, Roger se sentit plus vivant que jamais dans ces bras-là... Cette évidence le frappa avec force. S'il n'avait jamais voulu "choisir", une chose était certaine cependant, c'est qu'à chaque défaite, à chaque coup dur, c'est auprès de lui qu'il se réfugiait. Et c'était ici, à Majorque, loin des paillettes qu'il retrouvait la paix de l'âme.
- Je ne suis pas assez fort pour affronter les questions, les regards, les journalistes,... ma carrière, c'est presque tout ce que j'ai.
- Je sais.
- Mais quand tout sera fini, Rafa, c'est auprès de toi que je veux vivre...
- C'est une promesse? demanda la voix hésitante du joueur ibérique.
Cela y ressemblait. En fait, là encore, c'était plutôt une évidence.
Il ne pouvait pas y avoir de marche arrière.- C'en est une.
Et il ne cilla pas lorsqu'il accompagna ces mots d'un regard profond dans lequel aucun doute ne pouvait subsister.
- ça me va.
A nouveau, ce sourire contagieux sur les lèvres du plus jeune, ce soleil communicatif qui soufflait au Bâlois que c'était ça le vrai choix et que son cœur l'avait toujours su.
Non, Mirka ne pourrait jamais comprendre cela. Sinon, elle aurait continué de se taire. Un jour, oui, elle avait raison, ses filles seraient assez grandes pour se demander où partait leur père et lui, il ferait tout pour qu'elles comprennent. Ce que Rafael représentait pour lui. Quel sens il donnait à sa vie. Elles comprendraient. Elles apprendraient à le connaître. Et elles l'aimeraient aussi parce que personne ne pouvait détester Rafael.- Te quiero, murmura le suisse.
- Ich liebe dich, répondit l'espagnol en l'embrassant.
Les mots murmurés tous bas avaient la saveur de l'espoir de lendemains pleins de promesses. L'échec de Wimbledon et ceux qui suivraient nécessairement un jour ou l'autre parurent soudain bien futiles au suisse. Ses mains glissèrent à nouveau sur la peau mate de son insulaire. Les yeux clos, il s'enivra de ce parfum familier et parcourut son corps de caresses légères, vibrant avec la même force à chacun de ses frissons. Il ne se lassait pas de réapprivoiser ce corps que chaque parcelle de lui connaissait pourtant parfaitement... La paella serait pour une autre fois.
Tu seras mon dernier choix.
Je t'attendrai.FIN