Un petit OS de début de semaine, voilààà
IncandescenceJude avait des yeux d'un bleu si pur qu'on pouvait s'y noyer sans même s'en rendre compte, des mèches sauvages pas toujours bien disciplinées qui donnaient un air de mauvais garçon à son visage d'ange, cette petite fossette au menton qui rendait irrésistible le moindre de ses sourires. Et cette petite étincelle dans le fond de ses yeux qui rappelait à quiconque le prendrait pour un Petit Prince innocent que quelques démons intérieurs rendaient son âme plus tourmentée qu'elle n'y paraissait.
Ce mélange détonnant de candeur et de sauvagerie était tout ce qui le rendait si spécial aux yeux de Robert. Si irrésistible. Il s'y brûlerait les ailes autant de fois qu'il pourrait y survivre. Parce qu'il avait compris depuis bien longtemps qu'il ne pouvait se soustraire à son attraction.
Même si parfois, ça faisait mal.
Même si parfois, il craignait de ne plus avoir la force.
De ne plus avoir la foi.
Parce que Jude avait ce côté mi-ange, mi-démon si difficile à vivre.
Il y avait le Jude des mauvais jours, laissant éclater des colères incompréhensibles de son âme troublée, comme si d'anciennes souffrances tapies quelque part derrière ses yeux si clairs jaillissaient comme la lave d'un volcan avec une insoupçonnable violence. Avec ces mots blessants capables de terrasser l'homme impuissant qui voulait parfois retenir cette douleur incontrôlée qu'il ne comprenait pas.
Avec ces verres cassés. Ces éclats de voix. L'alcool qui coule à flot, la poudre blanche qui libère sans libérer...
Et puis...
Et puis, il y avait le Jude fragile qui s'effondrait en larmes dans ses bras le suppliant de ne jamais l'abandonner, le comblant de mots tendres et de promesses, couvrant son corps de baisers et de caresses capables à eux seuls de faire renier le paradis à n'importe quel saint. Avec ce regard perdu d'enfant sage à qui Robert aurait pu tout donner...
Longtemps, Robert avait agi comme s'il pourrait toujours supporter ça. Il n'était pas un ange lui non plus et était passé par ses propres années noires dont il gardait ses propres stigmates. Il comprenait mieux que personne. Il savait être là mieux que quiconque. Pourtant un jour, Susan lui avait murmuré tout bas :
- Il va te détruire et je refuse d'assister à ça.
Un ultimatum qu'elle n'avait pas vraiment formulé, Susan était comme ça, elle ne menaçait jamais mais Robert avait compris. Elle lui imposait un choix. Et c'est elle qu'il avait laissé partir. ..
Il n'avait pas pu retenir les larmes d'amertume qui avaient coulé sur ses joues ce soir-là. Susan était son point fixe, son repère. La seule femme qui lui convenait.
Et puis il avait senti les mains de Jude dans son dos, l'encercler, le serrer dans une étreinte muette, compatissant à sa manière, respectueux de sa douleur. Les battements de son cœur s'étaient apaisés au fur et à mesure que cette présence se faisait plus perceptible. Le souffle tiède de Jude sur sa nuque, l'effleurement fragile de ses lèvres, sa poitrine contre son dos se soulevant au rythme de ses respirations.
- Pourquoi l'as-tu laissée partir? entendit-il dans un murmure.
- Parce que je t'aime.
Il sentit juste les larmes de Jude contre sa joue, il devina un sourire sur les douces lèvres de son jeune amant et il se sentit enfin en paix.
Non, Susan avait tort, Jude ne le détruirait pas. Ils s'aimaient bien trop pour ça.
Et peut-être que plus tard, lorsque la passion se sera dissipée, la tendresse apaisera définitivement les démons qui se cachent tout au fond d'eux... Peut-être...FIN